Journal #9
J'avais continué de lui rendre visite tous les soirs et tous les week-ends, profitant de chaque moments que je pouvais passer avec elle sachant très bien qu'une épée de damoclès attendait, en équilibre instable, au dessus de sa tête.
Jusqu'au jour où après les cours, j'avais trouvé sa maison vide. Ayant son numéro, j'avais donc décidé de l'appeler. Elle ne m'avait pas répondu. Non. C'était sa mère. Une sueur froide m'avait alors parcourue de la tête au pied. Elle m'avait expliqué que son état s'était empiré dans la nuit et qu'ils étaient tous à l'hôpital de la ville. À peine avait-elle raccrochée que je remontais sur ma planche espérant arriver à temps pour ne pas manquer les heures de visite.
La femme de l'accueil avait vraiment hésité à m'indiquer le numéro de sa chambre avant de s'y résigner sous mes demandes incessantes. Je m'étais ensuite dépêché de la trouver. J'avais attendu un certain temps devant sa porte, le poing levé prêt à frapper contre celle-ci. Je ne voulais pas la déranger.
J'avais fini par prendre mon courage à deux mains et toquer. Ses parents m'avaient ouvert et laissé entrer avant de nous laisser tout les deux, seuls. Je m'étais approché de son lit avant de lui prendre la main en souriant, sourire qu'elle me rendit faiblement, à mon plus grand malheur. Nous avions discuté un moment, de tout et de rien comme à nos habitudes, puis j'avais du repartir, lui promettant tout de même que je reviendrais le lendemain.
Ce que je fis, comme les jours qui suivirent durant deux semaines.
Et ce mercredi là, en ouvrant sa porte et en voyant ses parents effondrés en face de son petit corps faible, pâle et maigre, j'avais eu un temps d'arrêt. Je n'arrivais pas à réaliser ce que je voyais. Reprenant mes esprits, je m'étais précipité à ses côtés, lui prenant la main comme à chaque fois. Elle était glacée, sans vie. Les larmes coulaient toutes seules sur mes joues. Leur flot ne se tarissait pas. Je ne pouvais les empêcher de s'écouler. J'avais trop mal. Cette douleur dans ma poitrine était de retour. Celle que je ne voulais plus ressentir. J'étais si faible et sans défense face à elle. Elle me possédait tout entier. J'étais impuissant. Je n'arrivais pas à accepter.
Tu ne peux pas me laisser de la même façon que lui!
Même si je savais qu'elle n'était plus là quand j'avais prononcé ces paroles, j'avais besoin de les laisser sortir, que quelqu'un le sache. Elle avait comblé une partie de ce vide qu'il avait créé en disparaissant. Elle reprenait ce qu'elle m'avait donné. Brutalement. Elle m'était devenue vitale. Comme une deuxième famille.
Une soeur de cœur.
Je n'aurais jamais cru que cela serait arrivé si vite. Même si nous savions qu'elle ne pourrait pas survivre, nous n'étions pas prêt. On ne pouvait pas se préparer à perdre quelqu'un. On ne pouvait pas s'y habituer.
Elle était partie aussi en emportant une partie de moi.
Encore une fois...
L'enterrement avait eu lieu quelques jours après. J'avais assisté à la cérémonie. Je lui avais laissé un des portraits d'elle que j'avais fait avant de regardé son cercueil descendre lentement dans ce trou où elle serait seule, sans compagnie. Puis toutes les personnes présentes avaient peu à peu quitté les lieux. J'étais le dernier. Seul, fixant sa tombe. Je m'étais alors approché avant de m'agenouiller devant celle-ci et de l'effleurer de ma main en prononçant ces quelques mots.
J'ai tellement l'habitude d'être abandonné, je suis seul maintenant, mais je ne t'en veux pas.
Puis je m'étais relevé et j'avais rejoint mon père à la sortie. Il m'avait pris dans ses bras et j'étais resté longtemps ainsi. La tête reposant son sur torse profitant de cette étreinte paternel.
En rentrant ce soir là j'avais demandé à mon père pour changer d'école, il ne s'y était pas opposé et m'avait dit qu'il se chargerait le lendemain de m'inscrire dans l'autre établissement de la ville.
Je ne voulais pas retourner en cours comme si de rien n'était. Je ne voulais pas continuer à aller à cet endroit sans elle. Comment pourrais-je continuer si chaque lieu me fait repenser à elle.
J'avais besoin de prendre un nouveau départ, encore une fois.
Allez-vous donc tous m'abandonner un par un?
Ce soir là je n'avais pas trouvé le sommeil. J'étais donc sorti dans le jardin et je m'étais allongé pour mieux observer les étoiles. Elle était maintenant là haut. Peut-être me regardait-elle.Tout comme Sam'. Elle me manquait déjà. Je n'arrivais pas à imaginer mon quotidien sans elle, tout comme je n'avais pas réussi à l'imaginer sans Sam'.
J'allais devoir me relever seul une nouvelle fois. Vaincre cette tristesse et cette souffrance. Essayer de les rendre fier et heureux de là où ils sont. Avancer pour eux. Porter leurs poids et leurs espérances sur mes frêles épaules.
Je devais vivre pour eux.
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Voilà j'espère que cette partie vous plaira, on en apprend de plus en plus sur le passé de Shawn, mais ce n'est pas encore finit.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :D
Ma'
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