Journal #4
Avec mon père, nous avions fini par déménager. Nous voulions juste quitter cette maison qui avait été si chaleureuse mais qui n'était à nos yeux, plus qu'un endroit emplis de souvenirs douloureux venant remplacer tous ceux qui avaient fait notre bonheur.
C'est ainsi qu'à un peu plus de sept ans, je me suis retrouvé à vivre seul avec mon père, sans mon frère jumeau et ma mère, l'un étant parti trop tôt, l'autre nous ayant lâchement abandonnés.
J'ai eu beaucoup de mal à accepter cette deuxième disparation, car c'est clairement ce que ma génitrice a fait, elle a purement et simplement disparu de ma vie. Pas une lettre, pas un message depuis son départ.
Je me souviens qu'avant notre déménagement, j'avais refusé de sortir de ma chambre, puis d'aller à l'école. J'attendais qu'elle revienne, j'espérais qu'elle pensait à moi malgré ce qu'elle avait dit. Normalement, un enfant est tout pour ses parents, surtout pour sa mère. Cette femme qui m'avait porté pendant neuf mois dans son ventre avec mon frère. Neuf mois. Puis six ans où nous avions été là chaque jour. Comment aurait-elle pu oublier tout ça, ces moments de complicités, ces sourires éclatants, ces éclats de rire, ces repas en famille, ces jeux, ces blagues...comment pouvait-elle effacer tout ça de sa vie en si peu de temps. Pour moi, c'était impossible.
Quand on est enfant, on a toujours cette part d'espoir qui subsiste, il a y toujours cette illusion qui te fait tenir. Tu peux continuer à y croire, continuer à espérer, à te laisser berner par tous ces mensonges. Ou tu peux grandir, accepter et la fermer. C'est ce que j'ai fait. J'ai fini par comprendre qu'elle ne reviendrai pas, qu'elle nous avait rayés de sa vie. Que j'étais encore plus seul. Ce jour-là j'ai décidé de m'attacher au moins de personnes possible. Je ne voulais plus souffrir.
À l'école, j'avais pris l'habitude de rester seul, je ne voulais plus avoir d'amis si c'était pour qu'ils partent et m'abandonnent à leur tour. Je préférais me cloîtrer dans ma solitude que de souffrir d'un nouveau départ. C'est aussi à cette période que j'ai cherché quelque chose à laquelle m'accrocher. C'est comme ça que je me suis plongé dans l'art et le dessin.
À la fin des cours, mon père venait me chercher et nous allions dans son salon de tatoueur pendant plusieurs heures avant de rentrer à la maison. Je faisais mes devoirs. Puis je l'observai. Ses moindres gestes. Son matériel. L'aiguille. L'encre. Ses croquis. Les dessins. Les tatouages. Ce qui devenait une partie de ces clients. Ces dessins qu'il ancrait dans leur peau. Ça me fascinait. Alors je griffonais sur mes cahiers.
Et j'ai appris à être attentif à ce qui m'entourait. Les tags sur les murs de la villes. Les arbres, les animaux. Tous ces gens. Pressés, inquiets, impatients, tendus, heureux, euphoriques, tristes, dépressifs. Les couchés de soleil. Toutes ces choses qui nous entouraient, riches ou non en couleur, que la plupart des gens ne prenaient même pas la peine de regarder.
Tous ces aveugles dans un monde d'ignorants.
Puis nous avions déménagé. Et du haut de mes presque huit ans, j'ai rompu une des promesses que je m'étais faites.
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Voilà, j'espère que ça vous plaira :)
N'hésitez pas à me laisser des avis :D
Au fait, Shawn est représenté par weekly Chris, avec les tatouages en plus :)
M.
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