Mon dernier psychologue, contrairement aux autres, n'a pas cherché à me tirer les vers du nez. Il a plutôt cherché à vraiment m'aider, à m'enlever ce poids qui pèse sur mes épaules. C'est pour ça que je me trouve à écrire ce journal, c'est lui qui me l'a conseillé, et je suis ces conseils. On verra bien ce que ça va donner, espérons que ça m'aide.

Autant commencer par ce qui a tout déclenché. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Cette date sera gravée à jamais dans ma mémoire, le 20 Avril 2004.

Je me souviens de tout. Ce jour-là, je jouais avec ce deuxième petit garçon, du haut de nos six ans, nous étions tout les deux de la même taille, avec les même cheveux noirs partant dans tous les sens et les mêmes yeux bleus pétillants. Nous étions complètement identiques. Avec Samuel, aussi appelé Sam, nous avions décidé de faire une partie de foot devant la maison car nos parents ne voulaient pas que nous restions enfermés par un temps pareil. Mon jumeau tira trop fort dans le ballon cette fois-là, et il passa au-dessus de la haie. Nous avions donc commencé à courir. Il avait quelques mètres d'avance sur moi. Quelques mètres qui firent la différence. Alors que je contournais les arbres. Je vis le corps de mon frère voler sur plusieurs mètres après avoir été percuté par cette voiture. La seule chose que je pus faire à ce moment-là fut de crier son prénom en courant vers lui. Chose que je n'aurais jamais du faire car encore maintenant, je revois son petit corps étalé sur le sol, couvert de sang, complètement immobile.

C'est à partir de ce moment-là que ma vie a dérapé. J'avais perdu le seul être avec qui je n'avais pas besoin de parler pour me faire comprendre, celui qui était présent depuis le début, avec qui je partageai absolument tout. Nous faisions tout ensemble, nos conneries, nos blagues, nos jeux, nos devoirs, nos anniversaires. TOUT ! On m'avait arraché la moitié de mon être et j'avais assisté à la scène complètement impuissant. J'aurais préféré être à sa place, prendre sa souffrance, rendre le dernier souffle. Je ne supportais pas l'idée de devoir passer le reste de ma vie sans sa présence à mes côtés. Je voulais rentrer au collège avec lui, connaître sa première copine, lui présenter la mienne, sortir avec nos amis, avec notre premier match de basket, aller à notre première fête ensemble. Mais non, ça je l'avais fait seul, sans lui. Il était toujours présent dans un coin de ma tête et dans mon coeur, mais ce dont j'avais besoin c'est sa présence physique avec moi. J'aimais le fait de pouvoir le regarder comme je me regarderais dans un miroir. On s'amusait souvent à faire croire aux gens que j'étais lui ou qu'il était moi, il nous arrivait d'échanger nos classes, juste pour embêter nos professeurs.

Même aujourd'hui, onze ans après, je ressens encore son absence. Il a toujours ce vide que je n'arrive pas à combler, j'ai cherché je ne sais combien de moyen de le faire, mais toujours le même résultat, il me manque la moitié de moi-même...

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Voici le début du journal de Shawn, il a commencé à l'écrire après la mort de son père, sa belle-mère et sa petite demi-soeur.

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M.