Chapitre 4 - Et il s'accroche

Le silence est pesant. Même Danzo se tait, alors qu'Iruka reprend son souffle devant le juge éberlué. Ses mains tremblent. L'adrénaline bouillonne jusque dans ses orteils.

Et il sourit.

Oui, Iruka n'a pas choisi un métier facile. Il le sait. Mais il s'est promis que rien ne viendra jamais se mettre en travers de la justice. Et ce, même si tout semble impossible. Et le regard que vient de lui offrir Kakashi vaut bien tous les carburants du monde. Si resserrer sa queue de cheval redonne de l'espoir à Kakashi, alors l'espoir crépitant au fond des pupilles inquisitrices sera le sien.

« Pouvez-vous m'expliquer la raison de votre interruption, Umino-san ? Demande sévèrement le juge Hiruzen.

- Votre honneur ! Commence Iruka en croisant les bras, frottant son menton. Origami-san était sur les lieux du crime. Bien qu'elle ait été appelée à la barre en tant que témoin, il est étonnant qu'aucun soupçon n'ait été porté à son encontre.

- Vous m'accusez ? S'offusque la serveuse.

- Silence ! S'exclame Hiruzen d'un coup de marteau. Umino-san, je vous prie d'en arriver rapidement au fait. Pensez-vous qu'Origami-san ait tué Jiraiya ?

- C'est ridicule ! S'exclama Shimura d'un coup de canne au sol.

- Ce qui est ridicule, Shimura, c'est la façon dont vous tapez votre canne au sol ! Gronde le juge, lui, d'un coup de marteau. Veuillez laisser la défense exposer une dernière fois sa version des faits. J'apposerai ensuite mon verdict. Umino-san, continuez, je vous prie.

- Votre honneur, puisque la cours considère ma question comme inutile, j'aimerais appeler mon témoin à la barre. L'on m'a pourtant appris ces dernières années d'études, que rien ne devait être mis de côté quand il s'agissait de découvrir la vérité. J'aimerais exercer mon métier convenablement, est-ce possible ? »

Le juge Hiruzen souffle en se grattant la barbe.

« Très bien. Sachez que si aucun nouvel élément ne se révèle, je serai obligé d'établir mon verdict cette fois. Est-ce bien clair ?

- Oui, votre honneur, déglutit Iruka. J'appelle Uchiha Itachi à la barre. »

L'appelé s'installe, présente ses vœux.

Sans plus attendre, Iruka prend la parole, confiant. Kakashi, lui, ne perd pas une miette du retournement de situation. Il se pourrait bien finalement que oui, Iruka soit celui qui parviendra à sauver son père.

« Uchiha-san, présentez-vous.

- Je m'appelle Uchiha Itachi. Je suis réalisateur au sein de la production HollyTsuki.

- J'irai droit au but, dit Iruka à l'encontre de la cour entière. Origami-san entretient-elle une relation avec un employé d'HollyTsuki ?

- Objection ! S'écrie Danzo de son éternel coup de canne. Il a déjà été démontré que cette information était d'ordre privé.

- Objection refusé, répond Hiruzen. Comme l'a rappelé la défense, aucun élément ne peut être mis de côté. Uchiha-san, veuillez répondre à la question.

- Oui votre honneur, répond rapidement le jeune homme. J'ai déjà vu plusieurs fois le nouveau, Yahiko, accompagné de cette jeune femme.

- Etes-vous certains qu'il s'agissait bien d'Origami-san ? Insista Iruka en fronçant les sourcils.

- Oui, je suis catégorique.

- Pouvez-vous m'expliquer ce que cela change à la situation ? Grogne Danzo. Si je ne m'abuse, les empreintes d'Hatake Sakumo sont toujours sur l'arme du crime et...

- Votre honneur ! Coupe Iruka. Je pense que cette révélation mérite une enquête approfondie.

- Euh... Pouvez-vous en venir au fait, Umino-san ? Demande le juge, dubitatif.

- Bien-sûr, votre honneur. J'ai en ma possession des documents officiels HollyTsuki attestant de récents évènements ayant eu lieu au sein de la production, dit Iruka en posant une feuille sur la table. J'aimerais que ce document soit ajouté au dossier.

- Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

- Il y est relaté que la production a décidé d'annuler les projets de Nagato Uzumaki, ainsi que d'Itachi Uchiha au profit de l'adaptation cinématographie de la saga Icha Icha Paradise. J'ai de bonnes raisons de croire que le mobile principal de ce triste évènement, ait été un coup monté dans le but d'inculper Sakumo Hatake tout en se débarrassant de l'auteur de la saga.

- Êtes-vous en train d'inculper votre propre témoin ? Se mit à rire Danzo. On ne l'avait jamais faite celle-là.

- Vous vous trompez, se défendit Iruka, toujours aussi confiant. Itachi, veuillez rappeler à la cour où étiez-vous le 26 Novembre en fin d'après-midi ?

- J'ai été embarqué malgré moi avec mon petit frère Uchiha Sasuke. L'un de ses ami, un prénommé Rock Lee, fêtait son anniversaire. Les photos sur SuitonBook le confirment.

- Votre honneur, commence Iruka en frappant la table. Lors de ma visite au sein de la production, j'ai appris que, Yahiko-san, qui je le rappelle, est le petit ami de Konan-san, qui, je le rappelle également, était aux premières loges ; est l'assistant d'Uzumaki Nagato.

- Et qu'est-ce que cela prouve, au juste ? Demande Danza, sarcastique.

- Pour le moment, rien du tout, finit par répondre Iruka après un silence.

- Umino-san, commença Hiruzen en se pinçant le nez.

- Votre honneur, ne trouvez-vous pas que tout ces éléments méritent à ce que la police dirige une enquête en ce sens ? Pour ma part, la défense demande un report d'audience pour étudier ces nouveaux faits.

- Objection ! S'écrit Danzo. Cette mascarade a assez duré ! J'exige à ce que l'accusé soit nommé coupable !

- Objection ! Répond Iruka en resserrant sa queue de cheval. Ce n'est pas à vous de décider ! »

Iruka soutient le regard meurtrier de Danzo, le sourire aux lèvres. Il tremble toujours. Il ne sait par quel miracle ses jambes parviennent encore à le maintenir debout tant il les sent flageller sous lui. Mais il ne laisse rien démontrer de son stress.

- Objection ! Cela n'est pas à vous non plus de le décider. Et ce n'est pas un bleu comme vous qui va me faire flancher ! Se met à crier le vieil avocat de l'accusation, réveillant la foule endormie.

Pourtant, Kakashi la voit bien, la goutte de sueur sur la tempe d'Iruka et le tremblement de ses mains. Selon lui, et contre toute attente, il doit bien admettre qu'Iruka est fait pour ça.

« ASSEZ ! »

Plusieurs coups de marteaux retentissent dans la salle et tout le monde se tait.

« Nous ne sommes pas dans une cour de récréation. Le seul qui décidera de ce qu'adviendra ce procès, c'est moi. Alors je vous pris de bien vous tenir tranquilles ! »

Iruka déglutit du plus silencieusement qu'il ne le peut. Son cœur bat à en faire exploser des montagnes. Le soudain silence dans la salle le prouve. Il n'entend que son cœur et sa respiration saccadée, qu'il tente de camoufler derrière un masque d'assurance. Il a tout donné. Il a jeté toutes les cartes qu'il avait en sa possession. Il ne peut plus rien faire d'autre que d'attendre le verdict du juge en se retenant de craquer. Il sent le regard de Kakashi sur lui.

Il ne se retourne pas.

Et si le verdict tant redouté tombe, alors il ne pourra plus jamais le regarder dans les yeux.

Ni même se retourner pour le regarder.

« Bien. Laissez-moi réfléchir. Et en silence ! Demande Hiruzen en fermant les yeux. »

Iruka, lui aussi, ferme les yeux.

« Iruka, murmure Kakashi en posant doucement sa main sur son avant-bras, le faisant sursauter. »

Iruka joue nerveusement avec ses doigts. La proximité de Kakashi lui semble être à la fois la chose la plus merveilleuse et douloureuse à la fois.

« Merci pour tout. »

Kakashi sourit tristement. Peut importe le verdict, il sait qu'Iruka a tout donné. La dernière chose qu'il souhaite à cet instant, c'est que ce jeune homme si gentil avec qui il s'est montré comme le parfait salop, ne s'en veuille.

« Si je venais à devoir partir, ne vous en sentez pas coupable, dit-il tout bas en serrant son bras nerveusement. »

Le silence est pesant dans la salle. Kakashi se prépare au pire. D'un bref coup d'œil, il échange un regard empli de peine et d'espoir à la fois avec son père. Rien n'est plus dure que de retenir ses larmes à cet instant. La vie est injuste. Comme si perdre la personne le plus importante en ce monde autant pour le fils que le père n'était pas suffisant. Le bruit d'une inspiration fut suffisant pour briser le lourd silence, et alors que tout le monde rouvre les yeux, Kakashi et Sakumo les ferment en même temps. Peut-être que jamais leurs yeux ne se rouvriront sur l'avenir. Peut-être vont-ils à jamais se fermer pour quitter le monde ensemble. C'est ce que Kakashi se dit à cet instant. Et dans faible sourire incontrôlable, une chose le réconforte. Une chose qui n'aurait jamais dû arriver mais qui est bel et bien arrivée.

Kakashi retient son souffle. Ses doigts se crispent nerveusement autour du bras de l'avocat.

« La proposition de la défense est acceptée. L'audience est reportée demain matin. La séance est levée. »

Iruka souffle de soulagement. Kakashi aussi.

Ce n'est pas beaucoup de temps, alors pas le temps pour les grandes paroles et les remerciements larmoyants. Ils se hâtent hors de la salle comme le reste de la foule. Iruka cherche l'inspecteur du regard. Il doit absolument obtenir l'adresse de Yahiko.

« Je ne peux pas vous donner cette information maintenant, Umino-san. La police doit s'y rendre en premier lieux.

- Mais on n'a pas le temps d'attendre ! Protesta Kakashi. »

L'inspecteur Asuma souffla doucement en se grattant la barbe, jetant un regard lourd de sens au jeune roux qui se dirige vers la sortie. Lui aussi trouve que quelque chose cloche et sait que les choses peuvent vite leur filer entre les doigts à partir de cet instant.

« N'en dites pas plus, sourit narquoisement Kakashi en attrapant le bras d'Iruka en se dirigeant vers la sortie du tribunal.

- Pas de bêtises les jeunes ! Prévient Asuma. La police se rend au bar dès maintenant et se rendra ensuite au domicile de...

- Qu'est-ce que vous faites ? S'exclama Iruka sans pour autant se débattre.

- Ouvre ta voiture Iruka ! »

Kakashi est plein d'espoir. C'est pour ça qu'il vient de tutoyer Iruka, rien de plus.

Ce dernier bégaye et ouvre sa voiture sans protester, éberlué de voir Kakashi ainsi. Cela lui met du baume au cœur, cela-dit, que de le voir si enthousiaste.

« Dépêche-toi ! S'impatiente Kakashi en enfilant sa ceinture. Qu'est-ce que tu attends ?!

- Il faut de toute façon attendre que la police soit sur les lieux pour aller au bar, proteste doucement Iruka en démarrant sa voiture.

- Mais qui te dit que je veux aller au bar, s'agite Kakashi en jetant des regards affolés au dehors. Ah, il est là, allez, roule !

- Mais où voulez-vous en venir ?!

- Suis Yahiko, allez ! »

Iruka ouvre grand les yeux en digérant l'information. Pas le temps de se demander ce que Kakashi a en tête, il obéît docilement en prenant gare à ne pas le suivre de trop prêt.

« Et qu'est-ce que vous... Tu as en tête au juste ? Ose demander Iruka alors qu'il s'arrête à un feu rouge.

- A partir de cet instant, Iruka, nous sommes des Ninja. Discrétion, invisibilité ! »

Iruka se mit à pouffer doucement sans pour autant lâcher de vue la voiture de leur nouveau suspect.

« Je crois que tu as trop regardé Menma Shippuden, Kakashi, murmure Iruka dans un sourire confiant. »

Et Iruka démarre. Et bien vite, ils se retrouvent au pied d'un immeuble de deux étages. Iruka prend gare de se faire discret. Si Yahiko est vraiment mèche avec Nagato, il ne doit surtout pas les remarquer.

Yahiko semble regarder autour de lui avant de pénétrer dans une hâte maladroite dans l'enceinte du bâtiment. Kakashi et Iruka échange un regard.

« Il agit comme s'il redoutait être suivi, dit Iruka en coupant le moteur de sa Raitondes.

- Il sait que la police doit venir l'interroger, dit Kakashi d'un ton sérieux.

- Il doit se hâter de-

-Cacher des preuves, finit Kakashi en déverrouillant sa portière.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- On ne va pas attendre et le laisser faire ! »

Iruka acquiesce et souffle un bon coup. Ses mains tremblent.

Kakashi compte bien s'infiltrer chez Yahiko. Il ne sait pas quand ni comment, mais il va le faire. Il comprendrait si Iruka ne le suit pas. Sa carrière commence tout juste et probablement qu'il ne souhaite pas là mettre en danger. Mais Kakashi, lui, n'a plus rien à perdre. Alors il avance. Et avec son pied, il bloque la porte extérieure avant qu'elle ne se ferme.

Le couloir et silencieux. Il entend juste le bruit d'une serrure qu'on ouvre. Caché derrière le bloc de boîte aux lettres, il juge rapidement que le son provient du premier étage.

Il sort de sa cachette et sursaute lorsqu'il aperçoit Iruka.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Chuchote-t-il.

- A ton avis ? On est une équipe non ? »

Kakashi sourit.

« Comment tu es rentré ? J'avais fermé la porte derrière moi. Demande Kakashi, perplexe, avant d'ouvrir grand les yeux. Tu sais crocheter les serrures ?

- Malheureusement non, dit Iruka la moue boudeuse.

- Alors comment-

- Je ne t'ai jamais quitté d'une semelle, Kakashi, sourit Iruka et Kakashi fronce les sourcils.

- Comment-

- Discrétion, invisibilité, chuchote Iruka d'un clin d'œil. Moi aussi, je regarde Menma Shippuden. »

Iruka s'avance dans la pénombre du couloir et Kakashi est fasciné.

Fasciné par la façon dont Iruka lui a coupé le souffle avec une telle suffisance qui ne lui ressemble pas.

Mais aussi, par sa maladresse.

Dans un bruit pouvant réveiller les morts, voilà qu'ils se retrouvent tout deux au sol.

« Discrétion et invisibilité hein ? Se moque gentiment Kakashi en lui tendant la main après s'être redresser.

- Le héros Menma est loin de respecter le code, et pourtant, se défend Iruka en attrapant la main. »

Kakashi s'apprête à répondre mais Iruka le plaque contre un mur dans un renfoncement du couloir.

« Qu'est-ce que tu »

Et la main d'Iruka se comprime contre sa bouche sans plus de cérémonie.

Une porte vient de s'ouvrir.

« C'était quoi ce bruit ? »

Une voix inquiète, celle de Yahiko.

Des bruits de pas se rapprochent.

Kakashi ne sait pas pourquoi son cœur bat si fort. C'est sans aucun doute dû à l'adrénaline et la crainte de se faire repérer avant même que la mission ne commence, mais il ne peut nier le fait qu'Iruka a sa main sur sa bouche. Sa peau et douce, et sent bon.

Le vacarme de son cœur est assourdissant.

Les bruit de pas s'éloignent finalement et Kakashi tente de reprendre son souffle quand Iruka reprend l'usage de sa main. Il s'était arrêté de respirer. Rapidement ils notent ensemble d'un regard entendu, que Yahiko a descendu les escaliers.

« La porte est ouverte ! Murmure Kakashi d'un sourire exalté. Viens ! Dit-il en trottinant discrètement jusqu'à la porte.

- Tu sais ce qui caractérise le héros Menma, Kakashi ? Dis calmement Iruka en resserrant sa queue de cheval, déjà derrière lui. L'imprévisibilité. »

Kakashi sourit en pénétrant dans l'appartement.

Ils font rapidement le tour. L'air frais de la fenêtre ouverte fait frissonner Iruka. Yahiko vit dans un studio et rien n'attire leur attention plus que ça, à leur grande déception. Tous deux savent quoi chercher : un ordinateur, une tablette. Mais rien de tout ça n'est visible immédiatement visible dans le petit appartement.

Et c'est cela qui est étrange.

Kakashi se hâte de chercher sous le lit tandis qu'Iruka ouvre un placard exigu.

Du bruit se fait entendre du couloir. Ils échangent un regard affolé. La voix de Yahiko. Il est au téléphone.

« Oui, bien-sûr. Je serai chez moi monsieur l'agent. »

Avant même de se demander ce qu'il lui arrive, Kakashi est attiré dans le placard à peine assez grand pour lui.

Avec Iruka.

Leur respiration est saccadée alors qu'ils aperçoivent leur suspect dans les interstices du vieux bois.

Et Yahiko se laisse lourdement tomber dans son canapé en se tenant la tête.

Et il ne semble pas vouloir bouger de là avant un certain moment.

Et les minutes s'étirent en heures.

Dans quoi on s'est fourré ? Se demandent-ils à l'unisson.

Yahiko ne semble pas à l'aise cela-dit. Et mine de rien, cela les conforte d'une certaine façon. Il n'agit certainement pas comme quelqu'un qui n'a rien à cacher.

La situation ne pouvait pas être pire.

Kakashi est enlacé par la taille car Iruka ne peut pas mettre ses mains ailleurs. Elles sont jointes par-dessus son ventre. Et les hanches du brun sont comprimées contre son postérieur. Même sa respiration caresse sa nuque et il ne peut réprimer un frisson. Il est même certain de sentir le bout de ses lèvres sur un morceau de sa peau agir comme une brulure.

Un halètement lui échappe.

Et Yahiko vient de se redresser du canapé et marche droit vers eux.

Il va ouvrir le placard ?!

Kakashi peut deviner que la respiration d'Iruka s'accélère dangereusement, elle vient s'écraser dans le creux de son oreille. C'est bruyant. Un vacarme assourdissant se mêlant aux battements de son propre cœur.

Pourquoi sa respiration est-elle tant saccadée ? Se demande Kakashi mais la réponse est évidente :

Ils vont se faire choper.

Non, vraiment, la situation ne pouvait pas être pire.

Dans les romances, ce serait probablement l'instant où Kakashi se retourne pour l'embrasser et le faire taire. D'ailleurs, jamais encore il n'avait eu autant envie d'embrasser quelqu'un à cet instant. Probablement par peur de se faire prendre, rien de plus ? Kakashi sait qu'il se ment à lui-même en cet instant précis, mais ce n'est clairement pas le moment de ne serait-ce qu'y penser.

Yahiko est debout, devant le placard.

Il s'accroupi et sa main se pose sur le plancher.

Kakashi se demande si le rouquin peut entendre son cœur de l'autre côté du placard. Iruka vient de comprimer ses lèvres dans sa nuque, probablement pour faire taire sa propre respiration. Et il le sert. Il le sert fort et Kakashi se mort la lèvre d'appréhension.

Malheur ! Un ventre gargouille.

La sonnette de l'appartement retentit.

Bien vite, Yahiko est de nouveau assez loin pour qu'ils puissent de nouveau respirer. Les lèvres d'Iruka ont laissé derrière elles un engourdissement étrange.

L'agent Sarutobi fait le tour de l'appartement.

Ça, ça craint.

Ce n'est pas le moment de penser à ça, et pourtant Iruka a besoin de tout son self control pour ne pas qu'une part de son corps ne se réveille. Avoir Kakashi si proche de lui n'est clairement pas quelque chose à laquelle il s'était préparé ce matin. Ses cheveux lui chatouillent les yeux et bien que son invité se soit douché avec ses propres produits de toilettes, son odeur corporelle est difficilement soutenable tant elle est agréable. Iruka n'a jamais eu autant le désir d'embrasser quelqu'un qu'en cet instant présent.

Les deux hommes sont au bord du gouffre. C'est une douce torture qui s'abat sur eux, entre la crainte de se faire prendre et le désir qui s'influe en eu malgré eux.

Mais le visage éberlué de l'agent Sarutobi à l'instant où ce dernier ouvre le placard, a bien vite le pouvoir d'éteindre les flammes.

Ils deviennent livides.

Fort heureusement, l'agent referme le placard et Yahiko ne regardait pas en cette direction.

Iruka songe brièvement à aller acheter un ticket à gratter aujourd'hui.

« Je vais vous demander de me suivre, pour recevoir votre déposition.

- Je serai tranquille après ? Demande nerveusement le jeune roux.

- Oui, cela durera plus ou moins une heure, ajoute l'agent en faisant une pause. »

Il s'abaisse pour lacer ses chaussures en jetant un regard en direction du placard.

« Mais si jamais vous trouvez des éléments pouvant nous aider dans l'enquête, je serai présent au poste de police jusque vingt-deux heure ce soir. »

Iruka et Kakashi soufflent un bon coup quand, quelques minutes plus tard, la quiétude est de nouveau présente dans l'appartement.

Le vrombissement de la voiture agit comme la fin du calvaire et ils quittent l'endroit exigu, étonnement essoufflé.

Ils s'en sont sortis ! Kakashi est atteint d'une drôle d'euphorie. Ils ont une heure pour fouiller l'appartement.

Tout lui semble possible soudainement.

L'espoir semble littéralement couler dans ses veines et Kakashi en tremble même.

« Désolé pour, commence Iruka mais Kakashi plaque son sourire sur ses lèvres. »

Ses mains se sont accrochées autour de ses joues.

« Désolé, c'est l'adrénaline qui-, s'empresse de répondre Kakashi mais Iruka ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. »

Kakashi est surpris par l'ardeur dont fait preuve Iruka. Probablement l'euphorie de l'instant, se dit-il en se laissant malmener par les mains fermes d'Iruka qui le pousse doucement contre le fameux placard.

Kakashi n'a jamais embrassé personne et ses joues le brulent soudainement. Tout son corps crépite à l'instant où Iruka se colle à lui.

Le baiser est à leur image. Maladroit et spontanée.

L'écrire, c'est bien.

Le vivre, putain, c'est fou.

C'est ce que se dit Kakashi à l'instant où Iruka se recule les lèvres gonflées. Iruka passe sa langue dessus.

Tu verras, un jour la guimauve se colle à toi comme un vieux chewing-gum que tu n'arrives pas à décoller. Et tout ce qui se passe normalement uniquement dans les livres apparaît subitement dans la vraie vie ! C'est magique, tu verras. Tu le sauras quand ça arrivera.

Et Iruka est splendide. Il semble en effet, une fois de plus, tout droit sortir d'un de ses bouquins à l'eau de rose.

« Désolé, halète Iruka en retraçant sa cicatrice, alors qu'il pince ses lèvres d'une manière que Kakashi catégoriserait de naïvement érotique dans ses écrits, tu n'imagines pas à quel point-

- J'avais envie de t'embrasser, coupe Kakashi en fronçant les sourcils, comme s'il s'en rendait compte lui-même à cet instant. »

Ils sont tous deux silencieux avant qu'Iruka ne s'éclaircisse soudainement la gorge en resserrant sa queue de cheval, un sourire niais sur les lèvres cependant.

Il s'accroupi au pied de Kakashi et passe sa main sur une latte du plancher.

Kakashi l'observe toucher le sol comme il toucherait une porcelaine de valeur. Il n'en revient toujours pas d'avoir osé embrasser Iruka. Et encore moins qu'Iruka l'ait embrassé tout aussi fort en retour. Il n'a pas de réponse à apporter quant aux questions qu'il se pose soudainement. Cela fait plusieurs jours qu'il ne se pose plus de questions, justement, se laissant porter par le chemin de la vie comme s'il connaissait sa triste destination. Mais Iruka a ouvert d'autres chemins. D'autres question. Des questions qu'il ne s'était même jamais posé jusqu'à maintenant. Alors qu'il observe la mine concentrée de l'avocat, Kakashi se demande : pourquoi Iruka l'a embrassé ? Était-ce simplement un moyen d'évacuer le stress ? Kakashi sait qu'il ne maitrise pas les relations sociales aussi bien qu'il ne les écrit. Et plus que tout, Kakashi sait mieux que tout le monde et en est persuadé, que les relations dans la vie réelle sont loin d'être aussi belles que celles qu'il aime lire et écrire. Mais alors il lui suffit de repenser à Iruka le plaquant contre le placard et ses lèvres sur les siennes, et toutes ses certitudes volent en éclat comme de la porcelaine.

Kakashi redescend sur terre à l'instant où un petit crac retentit de dessous les mains étonnement habiles d'Iruka. L'homme est fascinant. Son habilité pourrait rivaliser avec sa maladresse et ce paradoxe fait écho à ses tourments.

« Bingo ! S'écrit Iruka en sortant un ordinateur portable de la cachette.

- Il faut le fouiller sur place, dit Kakashi en regardant autour de lui. Mets-le sur la table.

- Attend avant de l'allumer, dit Iruka en le posant. Il est probablement protégé par un mot de passe.

- Au fait, tu crois que l'appartement est surveillé ? Demande Kakashi en cherchant tout autour de lui.

- Je ne pense pas, sinon l'agent Asuma l'aurait remarqué et nous l'aurait fait savoir d'une façon ou d'une autre, dit Iruka en sortant son smartphone de sa poche. Il a pris de gros risques pour nous, nous devons à tout prix trouver ce que cache Yahiko. »

Kakashi acquiesce en revenant à ses côtés.

« Qu'est-ce que tu fais ? Demande Kakashi à Iruka qui compose un numéro sur son téléphone.

- Je connais un gamin que j'ai aidé qui serait ravi de nous aider, sourit Iruka. Allô ? »

Pendant qu'Iruka passe son coup de fil, Kakashi en profite pour allumer l'ordinateur qui est en effet protégé par un mot de passe. Il souffle en fermant les yeux. Ils sont trop près du but pour abandonner. Il doit trouver une solution. Il s'apprête à essayer sa date de naissance après l'avoir vérifiée dans le dossier HollyTsuki mais Iruka l'en empêche en attrapant son avant-bras de sa main libre.

« Nickel, je peux te mettre en hautparleur ? dit Iruka avant de pousser gentiment Kakashi pour se mettre devant l'ordinateur. »

Kakashi le laisse faire et s'adosse contre le mur en croisant les bras.

« ...mots de passe de session ne sont pas fiables, je vais vous dire la manip à faire et vous aurez accès au pc. »

Iruka suit les indications de l'interlocuteur et bien vite ils ont accès à l'ordinateur. Malheureusement, l'accès aux documents est crypté.

« Naruto, les documents sont cryptés, dit Iruka en fronçant les sourcils. Je n'ai accès à rien. »

Kakashi et Iruka tentent de suivre les instructions du garçon à l'autre bout du fil, mais rien ne semble fonctionner.

Une demi-heure s'est écoulée depuis le départ de Yahiko. Le temps passe dangereusement.

« Il faudrait que je sois sur place, finit par dire Naruto. Je peux être là d'ici dix minutes.

- Il te faudra combien de temps pour décrypter les dossiers ? Demande Kakashi d'un ton sérieux en vérifiant l'heure sur sa montre. L'autre revient d'ici trente minutes. »

Des bruits parasites se font entendre dans la communication. Naruto semble être sur le chemin.

« ... dépend du niveau de protection... minutes ou plusieurs heures.

- On a pas ce temps-là, Naruto ! S'inquiète Iruka.

- ... tenter de copier le disque dur pour finir le reste chez toi !

- Il y a un dernier problème...

- Encore ?

- Tu ne pourras pas accéder directement au pc, répond Kakashi.

- Qu-... dit Iruka avant de réaliser. Comment on va sortir au fait ?

- Il y a une gouttière. Il faudra quitter l'appartement par la fenêtre.

- Tu nous prends vraiment pour des ninja, hein ?

- Mah, on a pas vraiment d'autres choix... »

Iruka acquiesce en déglutissant.

« Tu sais que... Je ne suis pas très habile.

- Ça va aller, rassure Kakashi. Il n'y a pas de vis-à-vis mais il faudra tout de même faire vite pour ne pas se faire repérer. »

Un sourire fatigué se dessine sur leurs visages. Le silence s'installe en attendant l'arrivée du jeune hacker.

« Eh les vieux, j'ai besoin du nom du wifi ! »

La voix de Naruto les sort de leur bulle. Kakashi trouve rapidement le modem, et le transfert peut commencer.

« Vous ne pouviez pas plutôt prendre directement l'ordinateur ? Demande Naruto pour faire la conversation et Iruka lui fait alors un cours barbant sur la législation.

- Euh... Iruka, dit Kakashi.

- Quoi ? S'il y a bien une chose que je ne veux pas que ce garçon devienne c'est un voleur. »

Le silence fait office de réponse.

« Oui, bon, c'est pour la bonne cause finit par se défendre Iruka en retraçant sa cicatrice.

- Dites les gars, j'veux pas plomber l'ambiance mais....

-Hm ? T'en a encore pour longtemps ? Demande Iruka.

- Une petite minute devrait suffire... dit Naruto en pesant ses mots. Mais votre gars-là, c'est pas un rouquin ? Parce-que y a un gars qui vient d'ouvrir la porte d'en bas !

- Merde ! Jurent-ils. Naruto dépêche-toi !

- Encore une dizaine de secondes ! »

Des bruits se font entendre dans le couloir.

« J'ai terminé ! »

Ils referment ensemble le pc portable après lavoir éteint à la hâte, puis Iruka part le replacer dans la cachette tandis que Kakashi est déjà agrippé à la gouttière.

« Iruka, s'exclame discrètement Kakashi en regardant par-dessus lui. Dépêches-toi ! »

Iruka se penche par-dessus la fenêtre et le vide fait trembler ses jambes.

« Je... Je peux pas ! »

Sa voix tremble, note Kakashi, inquiet.

Iruka se retourne. Il entend une clef s'agiter dans la serrure.

« Iruka, prit silencieusement Kakashi alors qu'il est arrivé en bas. »

Iruka prend son courage à deux mains à l'instant où la porte s'ouvre. Yahiko a dû l'entendre. Il n'a pas de temps à perdre. Il se laisse glisser le long de la gouttière. Il ferme ses yeux. Son visage se crispe. Ses mains brûlent. Et il descend beaucoup trop vite à son goût.

Sa chute est amortie soudainement. Il se retrouve dans les bras de Kakashi.

« Je... Je crois qu'il m'a entendu, murmure Iruka en s'agrippant instinctivement à sa nuque. »

Leurs regards se lient d'une étrange façon avant que Kakashi ne vienne couper le silence en reposant Iruka au sol.

« Dépêchons-nous. »

Ils courent se mettre à l'abri des regards dans la voiture. Ils sont essoufflés. L'adrénaline les maintient toujours dans un état second d'euphorie.

« On a réussi !

- On a réussi... Oh mon dieu je suis rentré chez quelqu'un sans autorisation et je l'ai volé ! S'exclame Iruka en s'attrapant les cheveux.

- Tu es descendu par la fenêtre aussi.

- Mon dieu, continu de dire Iruka en reprenant sa respiration, avant de se retourner vers Kakashi. »

Kakashi soutient son regard, lui-même encore tremblant d'exaltation.

« Et je t'ai embrassé aussi, murmure Iruka pour lui-même mais Kakashi l'a très bien entendue.

- Mah... commence ce dernier, soudainement gêné en passant sa main dans la nuque. C'est que... »

Iruka se redresse vivement en se cognant.

« Mon téléphone ! J'ai oublié mon téléphone chez Yahiko !

- C'est pas bon ça, dit Kakashi en grimaçant.

- Pas de panique si je vous entends c'est que vot' téléphone n'est pas bien loin !

- Naruto ?! Naruto ! Oui, Naruto, souffle Iruka en laissant son dos lourdement tomber dans son siège, ses mains sur son visage. Oh la la...

- Dites les amoureux, j'veux pas plomber l'ambiance mais qu'est-ce que je fais, moi, dans l'histoire ?

- Passe à l'Ichiraku pour nous prendre à manger et va chez moi pour faire ce que tu as à faire, dit Iruka en démarrant sa voiture. J'ai encore quelques petites choses à régler.

- On peut dire que toi, tu sais me parler ! A tout à l'heure Iruka ! »

La communication se coupe et alors que nos deux ninja prennent la route. Ni Iruka ni Kakashi ne relève la remarque de Naruto.

Iruka et Kakashi se font tout petit dans le bureau de l'agent Sarutobi. Il faut dire qu'ils se prennent actuellement un bon gros savon.

« Les preuves ne seront recevables que parce que j'avais un mandat. Vous auriez fait tout cela pour rien sinon, s'énerve Asuma en écrasant sa cigarette. Je ne suis pas censé laisser passer ça, vous savez, finit-il par dire plus doucement. »

Iruka baisse la tête, les larmes de stress comment à perler sur ses yeux alors qu'il sert les points et la mâchoire. Sa carrière est probablement fichue mais il ne regrette rien. Il l'a fait pour la bonne cause, pour la justice... Pour Kakashi et son père. Et s'il faut transgresser les règles pour sauver la vie d'un homme innocent, alors soit. S'il parvient à ses fins, alors ce sera sans aucun doute sa seule et unique affaire. Mais il aura le mérite de ne pas avoir sa mort sur la conscience. Et surtout le mérite d'être devenu le héros d'une famille brisée.

« C'était mon idée, dit Kakashi en brisant le silence, les mains dans les poches. Je l'ai forcé. Je l'ai menacé de me suivre. Si vous devez arrêter quelqu'un c'est moi mais laissez l'avocat de mon père en dehors de ça.

- C'est faux ! S'exclame soudain Iruka. Il ne m'a pas forcé, j'ai agi de mon propre chef ! Et vous savez quoi ? Je suis fière de l'avoir fait ! »

Kakashi regarde Iruka du coin de l'œil. Ses yeux brillent mais il tient le menton bien haut, le regard déterminé.

« Calmez-vous, finit par dire Asuma en se rallumant une cigarette. »

Il tire une longue bouffée avant de continuer.

« Il n'y a que les pions qui suivent bêtement les règles. Vous avez eu de la chance que ce soit moi et pas mon collègue Dan, sinon vous seriez en cellule ce soir. Cependant, je ne vous encourage pas à recommencer. »

Les deux hommes grimacent mais sont reconnaissants.

« Vous avez trouvé quelque chose ? Finit par demander l'agent en leur montrant les chaises du doigt. »

Ils s'installent. Kakashi commence à avoir la gorge irritée avec toute cette fumée de cigarette.

« Un ordinateur caché sous le planché, commence Kakashi en s'accoudant au fauteuil.

- On a copié les données et on étudie ça dès qu'on rentre à la maison.

- Rien n'est crypté ? Demande l'agent en s'enfonçant dans son siège songeur.

- Malheureusement si mais... J'ai la solution pour ça, répond brièvement Iruka.

- Vous êtes doués en informatique Umino-san ? Demande Asuma en fronçant les sourcils. »

Les agents de police ont un don pour ça. Peu importe ce qu'ils vous demandent, vous avez toujours l'impression d'être le suspect numéro d'une série de meurtre.

« Euh, je, baragouine Iruka. »

Il n'a pas l'intention de vendre son petit protégé. Il a déjà assez eu de problème avec la police et maintenant qu'il s'est assagit, il ne mériterait pas d'avoir de nouveaux soupçons de cyber-rançons sur son dos.

« Je le suis, dit Kakashi en croisant ses jambes. Un problème avec ça, monsieur l'agent ?

- Aucun, répond-il en tirant silencieusement sur sa cigarette, le regard perçant. La section criminelle recherche actuellement un informaticien. Très doué. »

Iruka sait aussi que la police préfère avoir dans leur camp les meilleurs hackers. Mieux vaut s'en faire des amis que des ennemis, et Iruka est d'accord avec cela. Il n'aimerait certainement pas être l'ennemi de Naruto. Sa candeur cache une part sombre.

Asuma confie son numéro personnel à Kakashi. Et les deux hommes se doutent bien qu'Asuma ne l'a pas cru une seule seconde. Iruka en parlera brièvement ce soir à Naruto.

« Et vous, qu'avez-vous trouvé au bar ? Demande Kakashi, impatient.

- La réserve donne sur une ruelle parallèle. La encore aucune caméra n'y a accès, c'est presque comme si c'était fait exprès.

- Quelqu'un aurait pu rentrer dans le bar, songe Iruka. Mais qu'est-ce que cela change ?

- Il y a une cave où un soupirail donne sur la ruelle où Jiraiya a été retrouvé mort. »

Assuma leur confit des photographies prises sur les lieux.

« Ça change tout ! S'exclame Iruka. Ça signifie que dans l'angle mort des caméras, quelqu'un aurait pu rentrer par derrière, se rendre dans la cave, et tirer depuis l'entrebâillement du soupirail ! Pourquoi ne l'a-t-on pas remarqué avant, ce soupirail ? Gronde Iruka. Je croyais qu'il n'y avait pas de fenêtres ?!

- Souvenez-vous de la poubelle. C'était le jour des poubelles. Le soupirail était caché derrière. Mais d'après les traces laissées par la benne à ordure, il est possible que l'espace ait été suffisant pour un bon tireur. »

Iruka se redresse soudainement de sa chaise en la faisant valser en arrière. Il plaque fermement ses mains sur le bureau de l'agent de la criminelle. Il grimace brièvement, ses mains sont douloureuses, aujourd'hui.

« Konan n'était pas au téléphone dans la réserve ! Crie Iruka. Elle ouvrait la porte arrière à l'assassin ! Son petit ami ! Yahiko ! »

Asuma souffle doucement en écrasant sa cigarette.

« Et nous savons que Konan ne travaillait pas ici depuis longtemps. Et Yahiko non plus ne travaillait pas depuis longtemps chez HollyTsuki. Tout porte à croire qu'ils sont impliqués dans cette histoire de meurtre Asuma-san !

- C'est une hypothèse, mais cela ne prouve rien. Cela voudrait dire qu'ils savaient que Jiraiya et Sakumo viendraient à ce bar précis ? De ce que j'ai appris, ils n'étaient pas des habitués et n'étaient même encore jamais venus ici. Et surtout, il manque le mobile dans votre hypothèse. »

Iruka sert les points. Il sait qu'il ne fait pas fausse route, il en a la conviction. Ils sont tout près du but. Mais tout est encore trop flou.

« Nagato a un mobile, lui. Et il travaille avec Yahiko, dit calmement Kakashi.

- Exactement ! Surenchéri Iruka en serrant toujours plus les poings. »

C'est le monde à l'envers, pense l'agent Asuma. Le fils du suspect est calme tandis que c'est l'avocat cette fois qui est exalté. Il semble être parvenu à travailler ensemble.

« Ça, ce sera à vous de le prouver demain, dit Asuma en écrasant sa cigarette dans son cendrier déjà plein à craquer. La vérité finira par se savoir si vous êtes un bon avocat, Umino-san. Alors allez-vous en trouver des réponses. Envoyez-moi tout ce que vous trouverez sur cette adresse mail sécurisé, dit-il en confiant un morceau de papier griffonné à Iruka. Sinon les preuves ne seront pas recevables par la cour.

- S'il vous plait Monsieur l'agent, si nous trouvons des pièces à convictions intéressantes, elles doivent être une surprise pour Shimura, sinon... s'inquiète Iruka. Vous savez il est connu pour...

- Je sais, dit Asuma sombrement. La police mène une enquête sur lui pour falsification de preuves mais le fait est que... nous n'avons aucune preuve contre lui. Je vous souhaite bien du courage pour gagner votre procès contre lui. »

Kakashi profite d'être au commissariat pour aller rendre visite à son père. Iruka doit également lui faire part des éléments qu'ils ont en leur possession, mais il choisit de laisser un peu d'espace à Kakashi, afin qu'il puisse se retrouver seul à seul avec son père, malgré les agents de police sur place.

« Je vais bien me comporter, c'est promis, dit Kakashi lorsqu'il aperçoit le regard anxieux d'Iruka. »

Iruka acquiesce et s'installe sur une chaise mise à disposition dans le couloir, et regarde Kakashi disparaitre de son champ de vision. Il y a un lien qui commence à se former, Iruka en est sûr. Il ne dit pas ça uniquement car ils se sont embrassés. D'après Iruka, ce baiser ne représente probablement rien pour Kakashi. Ils étaient tous les deux en danger, et sous les effets de l'adrénaline, c'est arrivé. Voilà tout. Pour Iruka... Eh bien, pour Iruka ça restera l'un de ses plus beaux souvenirs.

Ce qui lui fait dire qu'un lien se crée, c'est la façon dont leur relation a évolué ces derniers jours. Il ne se sent plus détesté par Kakashi, ni même dénigré. Il n'était pas sur de ce sentiment qui grandissaient timidement, mais ce que Kakashi a fait tout à l'heure en est la preuve. Kakashi était prêt à se faire accuser de menaces et à se faire arrêter pour sauver sa carrière et ça, Iruka ne peut s'empêcher d'en sourire. Ça l'énerve aussi. Iruka est têtu, et est un homme d'honneur. Jamais il ne laissera quelqu'un endosser ses responsabilités à sa place. Il ne lui dira pas, mais le fait est que l'acte l'a touché. A la place, il se permettra de le réprimander, et cette idée le fait doucement sourire. Il sourit, car en peu de temps, ils en sont venus à un point où ils peuvent se montrer familier l'un envers l'autre.

« Papa, dit Kakashi en s'asseyant sur la chaise face à ce dernier. Papa... »

Voir son père le soulage autant que cela ne le brise. Sakumo ne le montre en rien, mais Kakashi le voit. Le regard vide, vidée de tout espoir.

Kakashi sourit simplement à son père, lui attrape les mains, et engage la conversation. Il décide de discuter avec son père comme il l'a toujours fait. Aucun des deux ne met sur le tapis cette terrible histoire. Ils s'échangent des blagues foireuses, Sakumo continue d'insister sur la nécessité pour Kakashi de racheter une nouvelle bibliothèque. L'espace d'une dizaine de minutes, cette histoire n'existe plus et, Sakumo et Kakashi parlent, rient.

Comme si c'était la dernière fois.

Et même si chacun sait qu'ils y aient des chances pour que cela ne soit vrai, aucun des deux ne le montre.

Et ils passent un bon moment, entre père et fils.

« Dis-moi, Kakashi.

- Oui papa ?

- Ce brun avec qui tu traines en ce moment. Comment c'est son petit nom déjà ? »

Bien-sûr, Sakumo sait quel est son nom. Il sait aussi qu'il est son avocat, et bien-sûr que Kakashi sait, que son père sait. Mais en cet instant, ils sont dans leur bulle. Fragile.

« C'est Iruka. Je croyais que c'était un secrétaire débile et maladroit mais au final, il s'avère être... eh bien il est maladroit, ça oui. Mais il est aussi... Bien d'autres choses. »

Kakashi laisse planer un silence, avant de se confier à son père. Et à lui-même, d'un murmure.

« Je l'aime bien.

- Intéressant... Taquine Sakumo, avant d'ajouter plus sérieusement. Tu as besoin de personnes qui t'entourent, tu le sais ça, hein, Kakashi ? »

Parce que tonton n'est plus là, et je ne le serai bientôt plus, entend Kakashi dans sa tête mais il refuse cette idée.

« Oui papa. Et tu sais quoi, son restaurant favori c'est l'Ichiraku, alors tu viendras y manger avec nous un de ses quatre ? »

Kakashi sent les doigts secs de son père serrer les siens.

« J'aimerais beaucoup fiston. »

Leurs yeux se parlent durant le silence. Leurs mains sont jointes et Kakashi ressent tout. Le regard de son père, la peau de son père, sa voix, sa respiration.

Son père est là, il est encore en vie. Et ils leurs restent une nuit pour faire en sorte qu'il ne le reste.

Kakashi décide de dire au revoir à son père dès lors que les larmes menacent une nouvelle fois de tomber, aussi bien dans ses yeux et que dans ceux de son père.

Ainsi lorsque Kakashi quitte la cellule, Iruka lui confie les clefs de sa voiture avant de rejoindre Sakumo à son tour.

Iruka trouve son client en larme. Sakumo l'invite d'un mouvement de main à faire comme si de rien n'était. Ainsi, Iruka se retrouve à lui faire un topo sur la situation entre deux sanglots. Mais Sakumo semble avoir déjà perdu tout espoir et prend à peine le temps d'écouter.

« Umino-san, coupe Sakumo. Vous aimez bien mon fils, non ? »

Iruka se retrouve bouche bée, et ses joues le brulent. Il ne peut que bégayer à la question.

« C'est bon. Vous savez, un père voit ses choses-là. J'ai bien vu au tribunal comment Kakashi vous regardait. »

Le sourire de Sakumo accompagne ses larmes.

« Il aura besoin de vous quand je ...

- HATAKE-SAN ! Se mit à crier Iruka en se redressant de sa chaise, la faisant valdinguer en arrière dans un vacarme. Votre fils se donne corps et âme pour vous sortir de là ! Vous n'avez pas le droit de perdre espoir !

- Vous savez aussi bien que moi que

- Que quoi ?! Vous avez tué Jiraiya ?

- No-

- Eh bien foi d'Umino, vous sortirez innocent demain ! Crie Iruka en frappant la table du plat de ses mains. Parce que Kakashi et moi... dit Iruka en reprenant son souffle. Parce que vous êtes innocent, corrige-t-il. »

Iruka sait qu'il a un tempérament colérique. Mais il vient de s'énerver contre son client, et se sent soudainement bien bête.

« Je-

- Je crois comprendre ce que mon fils aime bien chez vous.

- Pardon ? Dit Iruka en touchant ses joues brulantes du revers de ses mains.

- Vous êtes tout ce dont il a inconsciemment besoin. Beau garçon, vous saurez indéniablement lui tenir tête dans ses mauvais jours. Vous êtes chaleureux et positif tandis qu'il est taciturne et pessimiste. Si Jiraiya serait encore là, il serait vraiment heureux de voir enfin notre fiston... eh bien avec vous à ses côtés. Et je vous assure... Je vous assure que c'est un bon garçon, mon Kakashi. Il... Il mérite d'être heureux. »

Iruka déglutit en se mordant la lèvre devant Sakumo qui reprend son souffle.

« Il... Il n'y a rien de tout cela entre nous, mentit Iruka, le feu aux joues.

- Eh bien, il faut y remédier. La vie est fragile, Umino-san. Trop courte et trop fragile pour vivre avec des regrets. »

C'est sur ces derniers mots qu'Iruka quitte la cellule, secoué.

Vivre avec des regrets, c'est bien quelque chose qu'Iruka craint le plus au monde. Et c'est bien pour cette raison que gagner ce premier procès est une nécessité. Une obligation. Jamais il ne pourra se regarder dans le miroir s'il conduit un innocent à la mort.

Le trajet en voiture est ponctué par l'émission de radio KatonMoon, comme d'habitude présenté par Sasuke, jusqu'à ce que Kakashi ne demande à Iruka de s'arrêter à l'Ichirauku.

« J'ai déjà demandé à Naruto d'y aller, répond Iruka. Il doit nous attendre.

- Je dois réserver une table pour mon père et moi pour demain soir. »

Kakashi sourit pour lui-même, en jetant un regard à Iruka.

« Mon père apprécierait si tu te joins à nous. »

Qui serait Iruka pour refuser un diner de victoire avec la personne dont il est amoureux ?

« J'aimerais beaucoup. »

La douceur dans la voix et dans le regard d'Iruka étonne les deux hommes mais aucun ne relève, une nouvelle fois.

*

Le repas est avalé rapidement.

Dès lors qu'ils sont arrivés devant l'appartement d'Iruka, Kakashi a tiqué sur Naruto. Il n'a rien dit mais, maintenant qu'il y réfléchi, il est certain de l'avoir déjà vu quelque part.

Comme s'il était chez lui, Kakashi débarrasse la table avec Naruto, tandis qu'Iruka s'est déjà installé dans le canapé avec ses dossiers.

« La poubelle pour le recyclage est sous l'évier m'sieur, dit Naruto en quittant la cuisine. »

Naruto qui, lui aussi, semble connaitre les lieux. Bien mieux encore que lui. Il l'attrape par le poignet, l'empêchant de sortir.

« Tu ne serais pas le fils de Minato ? Demande Kakashi sans ambages. »

Naruto se tend en retirant son poignet.

« Et quoi ?

- Simple question, rassure Kakashi en lui lâchant le poignet. »

L'échange ne dure pas plus longtemps.

Rapidement Iruka les appelle pour enfin commencer à travailler.

Naruto s'installe sur le canapé, accompagné par Kakashi et Iruka qui s'installe à ses côtés.

Il faudra à Naruto quelques dizaines de minutes pour déjouer la sécurité des documents. Pendant ce temps, Kakashi et Iruka ne lâchent pas les mains de Naruto qui pianotent, des yeux.

Chaque seconde compte.

« Ça y est ! Dit Naruto en tendant son ordinateur à Iruka, vous avez accès à l'entièreté des documents que j'ai copié tout à l'heure.

- Merci Naruto ! S'exclame Iruka en frottant ses cheveux affectueusement. Tu es le meilleur. »

Naruto ricane avec fierté en se redressant.

« Je t'emprunte ta douche Iruka, j'espère que tu trouveras ce dont tu as besoin. »

Dans le silence accompagné par le son de la douche, Kakashi et Iruka font défiler les fichiers jusqu'à tomber sur quelque chose qui attise la curiosité de Kakashi.

« C'est étrange, dit-il en attrapant Iruka par le poignet, l'empêchant de quitter le fichier. »

Iruka ne retire pas son poignet malgré l'intense chaleur qui se dégage de cet échange.

« Tu as vu quelque chose ?

- On dirait une liste. »

Les deux hommes acquiescent. Tout porte à croire qu'il s'agit d'une liste.

« Mais ça ne veut rien dire, souffle Iruka en réajustant ses lunettes de repos qui avaient glissé sur le bout de son nez. J'ai beau connaitre diverses langues étrangères, je ne comprend absolument rien à-

- La liste ! S'écrit Kakashi en attrapant la sacoche d'Iruka pour là fouiller sans ambages.

- La liste ? Iruka fronce les sourcils avant de réaliser. La-

- Liste qu'on a photocopié dans le bureau de Nagato ! Dit Kakashi en tirant la feuille du dossier. »

Les deux hommes regardent silencieusement la feuille avant de se regarder droit dans les yeux.

« Et c'est Yahiko qui l'a mise sur le bureau de Nagato, se murmurent-ils à l'unisson avant qu'Iruka ne se redresse dans la hâte. La liste sur l'ordinateur n'est pas écrite dans une langue étrangère ! Dit Iruka.

-C'est les codes ! Comprit Kakashi, les mains tremblantes. »

Avant même que Kakashi ne réalise ce qu'il se passe, Iruka est en train de frapper la porte de sa salle de bain, hurlant sur Naruto comme s'il s'agissait de son petit frère. Kakashi commence à se demander quels liens entretiennent ces deux-là. Kakashi entretenait une relation de confiance avec son chef Minato. Ce dernier parlait souvent de son fils comme la prunelle de ses yeux et même si ce n'est clairement pas les préoccupations actuelles de Kakashi, une pointe de curiosité s'installe.

« Il y a de grandes chances que ce soit en effet le code, dit Naruto en fronçant les sourcils, alternant entre l'ordinateur et la feuille. Mais c'est vraiment complexe.

- Tu penses que tu pourrais parvenir à décoder ça ? Demande Kakashi, et Iruka sourit.

- Ça me semble diffi-

- Pass Ichiraku à volonté pour deux mois si tu y parviens ce soir, coupe Iruka.

- Bien sûr que je peux, vous me prenez pour qui ? S'offusque Naruto en se mettant au travail prestement. »

N'ayant rien d'autre à faire en attendant que Naruto ne termine, Kakashi part se doucher, et Iruka reçoit un appel téléphonique de Genma. Ce dernier lui rapporte que le livre lui a fort plu et qu'il éprouve l'envie de l'éditer dans sa boite, IchaRanui. Iruka ne sait pas s'il doit être soulagé ou trembler d'appréhension. Il a d'une certaine façon bafoué la confiance fragile d'un homme qui semble ne pas être habitué à la donner à n'importe qui et pourtant, Iruka peut encore se souvenir de la force émotionnelle des lèvres de Kakashi sur les siennes. 

Iruka n'est pas éperdument amoureux telle une adolescente. Ils se connaissent depuis quelques jours mais, il serait mentir que de dire qu'il n'y a rien. Il est amoureux, et sent qu'il est possible de construire quelque chose avec Kakashi. Peut-être pas pour la vie, mais il serait stupide de ne pas essayer.

Stupide de ne pas l'espérer.

Et Genma lui a bien rappelé tout du long de leur conversation.

Et de toute manière, la très brève vue de Kakashi sortant de la salle de bain, uniquement vêtu d'une serviette autour de la taille, est bien suffisante pour le motiver à ne pas laisser sa chance tomber à l'eau. Kakashi est juste passé en coup de vent. Mais les quelques secondes ont suffi à Iruka pour détailler les abdominaux dessinés, la chevelure humide laissant les gouttes d'eau dévaler sur ses magnifiques pectoraux qui ne demandent qu'à être touchés.

« Allo la terre ? Entend Iruka près de lui, et il se retourne pour voir Naruto les yeux mi sérieux mi suspicieux.

- Combien de temps ça va te prendre ? Demande Iruka soudainement redevenu sérieux, en vérifiant l'heure sur sa montre. Vingt-deux heure déjà, murmure-t-il en déglutissant. »

*

Si Kakashi est sorti de la salle de bain uniquement vêtu d'une serviette autour de la taille, c'est parce que son pyjama est dans la chambre d'Iruka. Rien de plus. Et s'il n'a pas jugé bon d'enfler un peignoir pour se cacher plus que ça, c'est parce qu'il n'a pas osé lui emprunter. Un peignoir c'est personnel, s'est convaincu Kakashi. Toujours est-il qu'il n'est justement pas passé à côté du regard d'Iruka sur sa personne.
Et alors qu'il enfile son pyjama aux motifs canins qui l'attendait d'ailleurs, plié sur le lit, il ne peut s'empêcher de se demander encore quand est-ce qu'il est devenu si à l'aise dans l'appartement d'Iruka. Il en vient presque à s'insulter d'oublier qu'il n'habite ici que parce qu'un drame est arrivé.

La douce odeur de thé embaume l'entièreté de la pièce et Kakashi s'en imprègne. C'est apaisant. Il n'est pas capable de dire quand est-ce que les larmes ont cessé de couler. Jamais il ne pourra accepter ce qui est arrivé mais, tout ce qui lui reste, c'est l'espoir. Tout ce qui lui reste, c'est...

Tout ce qui lui reste à cet instant, c'est Iruka. Cet homme qu'il connait à peine et qui est pourtant devenu si important.

Bien-sur qu'il est important du fait qu'il est le seul espoir de lui et de son père mais, Kakashi sait. Kakashi sait car, son hobby favori, c'est justement d'écrire des histoires d'amour. Des choses qu'il connait de par ses lectures, qu'il ne connait pas lui-même, mais qu'il ressent pourtant à cet instant.

Des choses qu'il écrit dans ses boysloves.

Le cœur qui bat. Les papillons. La chaleur qui tinte probablement ses joues à cet instant où il s'assoit sur le lit d'Iruka, dans lequel il a déjà dormi. Les lèvres qui s'entrouvrent d'elles même au simple souvenir de celles d'Iruka sur les siennes.

Est-ce sa beauté ? Le fait qu'il soit son unique espoir ? Kakashi n'en sait rien et ne veut pas le savoir.

Kakashi s'assoit sur le lit, passe doucement sa main sur les draps, et se demande pour la première fois de sa vie, quelle serait la sensation de dormir avec un autre homme. De dormir avec un autre homme pour lequel il éprouve un désir nouveau. De dormir avec Iruka.

Il n'a pas le droit de penser à ça ! Pas maintenant, alors que sa seule préoccupation devrait être toute concentrée toute entière sur son père. Kakashi se sent torturé par ces émotions nouvelles qui grondent dans ses veines. Il s'empresse de se vêtir du pyjama. Et alors qu'il arrive dans le une involontaire discrétion dans l'entrebâillement de la porte du salon en pyjama, il est de nouveau subjugué par le fait qu'il ne s'en sent pas gêné le moins du monde.

« Ça va me prendre la nuit si je commence maintenant.

- Tant de temps ?! Mais- »

La panique soudaine se lit dans la voix d'Iruka, claire comme de l'eau de roche. Kakashi l'entend. Naruto reprend en posant une main sur son épaule.

« Ne perd pas espoir Iruka, tu sais bien que j'suis l'meilleur dans le domaine. »

Kakashi reste silencieux dans le coin de la pièce. Dans son dos, il ne peut le voir clairement mais, il lui semble d'après la main qu'il se passe sur sa joue qu'Iruka ressui une larme. Le regard soudainement compatissant de Naruto l'informe sur le fait qu'Iruka est réellement en train de pleurer. Kakashi ne se sent pas à sa place. Il a l'impression d'être de trop dans cette conversation alors, il quitte la pièce et s'adosse au mur du couloir. Mais l'écho de leurs voix se promènent jusqu'à ses oreilles.

« Je ne peux pas perdre ce procès Naruto. Je ne peux pas. Je ne m'en remettrai jamais si c'est le cas. »

Bien sûr, Kakashi peut imaginer la détresse d'Iruka à cet instant. Dans un pays où la peine de morte est en vigueur, la pression d'un avocat doit être lourde. D'autant que de se sentir responsable de la mort d'un innocent doit être d'autant plus pesante.

« Tu vas faire de ton mieux comme tu l'as fait pour moi. Tu vas y arriver, et si tu n'y arrives pas tu n'auras pas le droit de te blâmer.

- Si je n'y arrive pas je ne pourrai plus jamais me regarder dans un miroir, Naruto. »

Kakashi put entendre la sévérité dans la voix d'Iruka.

« J'imagine la responsabilité que ce doit être de défendre Sakumo Hatake, souffle Naruto. Mais il y a autre chose hein ? dit Naruto d'une voix taquine. »

Iruka ne répondit rien, mais Kakashi a pu entendre un snif silencieux, suivi d'un silence religieux.

« Oui. »

Le murmure est si fragile que Kakashi se demande s'il ne l'a pas imaginé.

« Bon, retentit la voix de Naruto, accompagné probablement d'une tape sur l'épaule. Alors j'ai pas le choix, je vais tout déchirer cette nuit et tu auras tout ce qu'il faut demain pour sauver le papa de ton mec ! se met à crier Naruto dans le salon.

- NARUTO ! Semble gronder Iruka en se mettant à bégayer ensuite. »

Le rire de Naruto semble diabolique et Kakashi peut facilement imaginer Iruka devenir aussi rouge pivoine que lui.

« Bon, Tu m'apportes de quoi pioncer dans le canapé quand j'aurais fini ? Et ça coutera cinq CupNoodle pour moi tenir le coup durant la nuit. »

Et c'est la dernière chose que Kakashi entend de la conversation avant d'entendre des pas arriver vers lui. Rapidement, il court silencieusement jusque dans la chambre, faisant mine de terminer de se sécher les cheveux avec la serviette qu'il a oublié d'aller pendre dans la salle de bain. Il pourrait même s'amuser à se demander quelle serait la réaction de l'avocat maladroit à la queue de cheval s'il vivait avec le héros de l'histoire. Iruka semble être quelqu'un de maniaque. Probablement qu'il se ferait gronder, étant donné le tempérament impulsif qu'il semble entretenir également.

C'est en marmonnant dans sa barbe qu'Iruka pénètre la chambre. Il n'a plus qu'à espérer que Kakashi n'a rien entendu de cette conversation gênante. Ce dernier semble heureusement être occupé à se sécher les cheveux.

« Il y a un... léger problème pour ce soir, dit Iruka en se mettant pour la pointe des pieds devant son armoire.

- Un problème ? Entend Iruka derrière lui.

- Naruto doit... dit Iruka en peinant à atteindre le haut de son armoire, là où se trouve les linges de lit. Il doit...

- Tu as besoin d'aide ? Demande Kakashi derrière lui. »

Reprend toi Iruka !

« Il doit dormir dans le canapé, finit par dire Iruka en essayant d'attraper une couverture par-dessus sa tête.

- C'est pas un problème, je peux aller dormir à l'hôtel, te tracasse pas. »

Iruka se souvient très bien que malgré le fait que Kakashi ne lui cache, que ce dernier ne pourrait se payer une nuit à l'hôtel. Et il est hors de question que Kakashi ne-

Après moults essais, la couverture finit par se défaire du reste et Iruka tombe à la renverse, entrainant Kakashi avec lui dans sa chute sur le lit.

« Comme tu peux le constater, marmonne Iruka en se redressant avec la couverture dans les mains, j'ai un lit. »

Iruka fait une pause, détourne le regard de la silhouette autant amusée que gênée de Kakashi dans son lit. D'ailleurs, la vue de Kakashi en pyjama dans son propre lit est diablement satisfaisante et Iruka doit déglutir avant de reprendre la parole.

Kakashi laisse échapper un souffle discret alors qu'Iruka replace nerveusement certaines de ses mèches sauvages derrières ses oreilles rougies. Toutes ces nouvelles sensations qui dansent dans son for intérieur, amène Kakashi à une sombre conclusion. Si la sentence tant redoutée doit vraiment tomber demain, alors Kakashi souhaite-

« Et tu peux dormir dedans, je peux dormir par terre et-

- On peut dormir ensemble, coupe Kakashi abruptement, les laissant tous les deux sans voix.

- Tu-

- Mah... Dit Kakashi en passant une main nerveuse derrière sa nuque. Juste pour cette nuit, je ne veux pas t'imposer à dormir par terre, dit-il en détournant le regard. »

Kakashi se trouve soudain quelque peu idiot d'avoir proposé cela sans réfléchir. Le fait est qu'Iruka n'a rien répondu depuis de longues secondes et Kakashi se sent alors obligé d'ajouter :

« Cela ne me dérange pas vraiment de dormir par terre, sinon.

- Non, dit Iruka d'un mouvement de main. Ça... ne me dérange pas. J'amène ça à Naruto, je prends une douche et j'arrive. »

Et Iruka quitte la pièce aussi tôt d'un pas vif, manquant de tomber en trébuchant sur la couverture trainant au sol.

Kakashi lève les yeux aux ciels dans un sourire en se laissant tomber dans le lit, les yeux rivés au plafond. Ce soir, il va dormir avec un autre homme. Après s'être installé sous les linges de lit aux odes de jasmin, Kakashi laisse son esprit vagabonder en attendant le retour d'Iruka. Il ferme les yeux, et se laisse emporter dans la félicité qu'il n'a jamais expérimenté lui-même, mais qui pour la première fois, réveille en lui l'homme qui sommeille.

Il sursaute presque lorsque finalement, silencieusement, Iruka s'installe près de lui dans le lit après avoir éteint la lumière, les baignant dans une ambiance de clair de lune.

Il leur faut à tous les deux un moment d'adaptation pour s'habituer à la chaleur corporelle de l'autre qu'ils se partagent malgré la distance qu'ils peinent à garder.

Les bras croisés derrière la nuque, c'est Kakashi qui brise le silence, ressentant un besoin irrépressible de se confier, avant que la tant redoutée journée du lendemain ne commence.

« Je n'ai jamais dormi avec un autre homme, dit-il de but en blanc, sans lâcher le plafond des yeux. »

Bien qu'Iruka en soit étonné, il ne le montre en rien. A vrai dire, il s'imagine facilement Kakashi comme étant un bourreau des cœurs en raison de sa beauté évidente. Et ainsi, son talent dans l'écriture de scènes grivoises n'a plus de secret. Il était peut-être un peu présomptueux de sa part de s'imaginer pouvoir vivre quelque chose de réel avec Kakashi dans le futur. Il tente tout de même de demander :

« Tu ne restes jamais dormir ? »

Après tout, Kakashi l'a embrassé deux fois, et il estime avoir le droit de savoir à quoi s'attendre maintenant.

« Comment ça ? Demande Kakashi, et Iruka fronce les sourcils en tournant son visage vers lui.

- Avec tes... »

Comment appeler ça ? Des petits amis ? Des conquêtes ? Iruka ne sait pas comment terminer sa phrase.

Kakashi tourne à son tour son visage pour regarder Iruka dans les yeux. Il comprend soudainement ce qu'a voulu demander Iruka, mais il met un certain temps à trouver le courage d'y répondre.

« Je n'ai jamais couché avec personne, avoue Kakashi, faisant de nouveau pivoter sa tête face au plafond. Je n'avais même jamais embrassé personne avant toi, continue-t-il sans lâcher le plafond des yeux, avant d'ajouter d'un rire moqueur à l'égard de lui-même, tu dois trouver ça ridicule. »

Il faut un long moment à Iruka pour réagir à cet aveu. Et s'il ne sait pas comment prendre l'information, il ne le montre pas et demande calmement d'une douce voix :

« Pourquoi trouverais-je cela ridicule ? »

Kakashi hausse les épaules en expirant longuement.

« Comment je peux prétendre vouloir devenir écrivain de romance si je ne l'ai moi-même jamais connu. »

Iruka se retourne pour s'installer sur le flan, face à Kakashi.

« Je compte bien à ce que tu m'écrives la suite alors tu n'as pas intérêt à te défiler, taquine Iruka d'un léger coup dans le bras de Kakashi, lui arrachant un minuscule rictus, avant d'ajouter : pour quelqu'un qui n'a jamais connu d'histoires d'amour, tu les écris drôlement bien. »

Du coin de l'œil, Kakashi capte le regard d'Iruka pour lui répondre :

« ... J'ai eu un bon professeur, ajoute-t-il plus doucement dans un triste sourire qui fait qu'Iruka s'en mord la lèvre.

- Je suis désolé, murmure Iruka, Kakashi cligne des yeux en réponse et Iruka reprend : il y a une raison particulière au fait que tu n'aies jamais fréquenté ? »

Un énième silence s'installe et Iruka s'insulte mentalement d'avoir demandé quelque chose d'aussi personnel, mais Kakashi finit se retourner lui aussi sur le flan pour faire face à Iruka.

« J'ai été bercé dans les histoires d'amour à l'eau de rose de mon oncle et d'autres auteurs, commence Kakashi, Iruka l'écoutant attentivement. Mais j'ai toujours pensé que ce n'était pas pour moi... Tout du moins que ce que je recherche ne se trouve que dans les livres.

- Qu'est-ce que tu recherches Kakashi ? »

Dans l'atmosphère lunaire, Iruka voit Kakashi fermer les yeux.

« Ça n'a jamais eu d'importance. Avant que je ne te rencontre, termine Kakashi dans sa tête.

- Tu peux toujours me dire. Si du moins tu en éprouves le besoin, ou ne serait-ce que l'envie de m'en parler. »

Kakashi ne semble pas hésiter longtemps, et Iruka ne sait pas s'il doit en être surprit ou pas.

« Je me suis toujours dis que j'attendrais la bonne personne, sans vraiment essayer de la chercher, confie Kakashi. Tu dois trouver ça niait.

- Au contraire, sourit Iruka. Je trouve ça noble. »

Et Iruka se retient ainsi de demander pourquoi Kakashi l'a embrassé, s'il attend réellement la bonne personne. Et après une courte réflexion, il en vient à se dire que la situation dans laquelle se trouve Kakashi ne doit pas être à mettre de côté. Peut-être Iruka est-il seulement une épaule sur la quelle Kakashi a besoin de s'appuyer, et Iruka est prêt à endosser ce rôle même si c'est éphémère.

« Noble ? S'amuse Kakashi et Iruka acquiesce d'un mouvement de tête.

- Si j'avais attendu moi aussi, j'aurais évité bien des choses, dit Iruka en grimaçant. »

- Tu... veux en parler aussi ? Hésite Kakashi.

- Je n'ai pas envie de t'ennuyer avec mes histoires, sourit maladroitement Iruka.

- Tu ne m'ennuie pas. »

Tu ne m'ennuie jamais.

Iruka souffle doucement en passant sa main dans sa nuque avant de se réinstaller plus confortablement dans le lit, se rapprochant de Kakashi inconsciemment.

« Mon unique ex petit ami s'appelait Mizuki, commence Iruka. Au début, tout était beau, et puis... Il est devenu... possessif, dit Iruka en fronçant les sourcils. Jusqu'à vouloir m'empêcher de continuer mes études de droit. Je n'avais plus le droit de voir mes amis, à peine le droit d'aller en cours. Mais j'acceptais parce que naïvement, je l'aimais. J'ai fait tout ce que je pouvais pour entretenir notre relation malgré le fait qu'elle était malsaine et au final... hésite Iruka. Au final je n'étais rien d'autre pour lui qu'un jouet, tu vois ? Tandis que j'avais coupé tout lien social pour ne pas qu'il ne me quitte, lui, et bien... Il courait partout, dit Iruka en haussant les épaules. Alors c'est moi qui l'ai quitté.

- Ça n'a pas dû être facile, dit sincèrement Kakashi. Je suis désolé d'entendre ça.

- Ce n'est rien. Il m'a ensuite harcelé mais, dit Iruka en soufflant. Mais c'est du passé maintenant. Il ne m'évoque plus rien et a interdiction de m'approcher.

- C'est allé jusque-là ? Demande Kakashi avec intérêt.

- Non, tu vois, je suis bien trop gentil, s'amuse amèrement Iruka. C'est juste qu'il s'il ose m'approcher, je lui colle mon point dans la figure. »

Kakashi n'a aucun doute sur le fait qu'Iruka en serait parfaitement capable. Il a bien remarqué ce matin le tempérament dont peut faire preuve le brun.

« J'aimerais voir ça, dit Kakashi en réinstallant sa tête plus confortablement dans l'oreiller, faisant leurs cheveux se rencontrer par-dessus leurs visages.

- Je pourrais t'étonner Kakashi, s'offusque Iruka. Je peux-

- Je sais, coupe Kakashi en souriant. J'ai vu ce matin.

- Ah, se mit à rougir Iruka en grattant sa cicatrice nerveusement, avant de changer de conversation. J'avais cru que tu... entretenais une relation avec Uchiha Obito étant donné que

- Grand dieu non, se mit à se plaindre Kakashi. Trop ambitieux, trop sur son argent, trop... Trop Obito, souffle Kakashi, avant d'ajouter après un silence : J'ai eu une amie un jour, la seul et unique, et il était aussi le sien. C'est pour cela qu'on se connait, au-delà du fait qu'il travaille avec mon père.

- Tu... as eu ? Demande Iruka, qui a bien noté que Kakashi ait parlé au passé.

- Elle est décédée quand nous étions au collège. Rin avait le cœur fragile.

- Je suis désolé, dit une nouvelle fois Iruka qui ne sait pas quoi dire de plus. »

Kakashi semble avoir comme lui perdu beaucoup de proches, ainsi Iruka reprend :

« J'ai moi aussi perdu mes parents, j'ai grandi dans un orphelinat. Ils étaient agent de sécurité dans une banque. Braquage qui a mal tourné.

- Je suis aussi désolé de l'apprendre, murmure Kakashi. »

Iruka acquiesce silencieusement. Kakashi réalise qu'ils sont semblables sur certains points. Tout deux ont connu des évènements difficiles, et Kakashi se dit que lui au moins a eu la chance de grandir au sein de sa famille.

« Les coupables ont été libérés faute de preuves et de témoignages, dit Iruka et Kakashi remarque ses poings serrés.

- C'est pour cette raison que tu-

- Oui, coupe Iruka. Je sais, ça semble ridicule. Un bleu comme moi ne changera jamais rien au système mais... »

Iruka ne semble pas parvenir à terminer sa phrase. Il se gratte une nouvelle fois sa cicatrice et Kakashi ressent l'intense besoin de là toucher, lui aussi.

« C'est loin d'être stupide, murmure Kakashi d'une main sur son bras, faisant naitre un sourire maladroit sur le visage du brun. Je suis content que tu l'ais fait, dit-il tout bas. »

Iruka sent son cœur s'agiter au contact de la main qui monte doucement le long de son bras. Kakashi lui offre un regard tendre tout du long. La tendresse de son regard cache bien des choses qu'Iruka est attristé de deviner.

« Tu es content d'être tombé sur un bleu ? Taquine gentiment Iruka en glissant sa main sur son bras lui aussi. »

Il y lit de la détresse, de la tristesse.

« Tu n'as pas idée, lit Iruka sur les lèvres si silencieuses de Kakashi. »

De l'espoir et... de l'envie ?

« Kakashi, murmure Iruka en glissant ses doigts sur la cicatrice verticale de son visage. »

La peau est encore sèche des jours difficiles que Kakashi passe mais, Iruka peut sentir sous ses doigts la peau exempte de toutes imperfections.

Son prénom dans le murmure de ses lèvres conduit Kakashi sur un doux nuage, duquel il se laisse transporter en se laissant hypnotisé par le regard de biche.

Leurs paupières papillonnent presque au ralenti. Leurs yeux se ferment. Leurs nez se rencontrent, se câlinent tendrement et, Kakashi effleure la cicatrice d'Iruka du bout des doigts.

Mille frissons les parcourent en même temps, tandis que leurs cœurs s'affolent dans leurs poitrines. Doucement, leurs visages se penchent. Leurs lèvres s'entrouvrent, se rapprochent, lentement. Kakashi fait rapidement la comparaison avec une scène qu'il a déjà écrite. Même Iruka fait rapidement la comparaison avec une scène qu'il a déjà lu. Les lèvres tremblent... se frôlent ! Leurs souffles se rencontrent et virevoltent ensemble.

Et la magie opère. Le baiser est délicat cette fois. Timide. Sincère. Cependant bien vite la passion prend possession de leur corps. Les caresses délicates du bout des doigts deviennent plus curieuses sans pour autant écarter la tendresse.

Et Kakashi découvre réellement ce soir le bien-être que procure la proximité de deux corps. Une explosion de métaphores, de scènes, de figures de style fulminent dans son esprit alors que ses lèvres goutent la nuque d'un autre homme pour la première fois. Celle d'Iruka qui, dans un souffle qu'il ne peut retenir, continue de soupirer le prénom de Kakashi comme la plus belle des poésies dans le creux de ses oreilles. Des frissons s'élèvent sous ses lèvres tandis qu'il frissonne lui-même sous la pulpe de ses doigts, qui se promènent sur la peau de son torse.

Et se sentant homme pour la première fois, Kakashi ne peut s'empêcher de glisser une jambe par-dessus celles d'Iruka. S'il meurt demain alors-

« Kakashi, halète Iruka mettant brusquement fin au baiser. On ne peut pas-

- Pourquoi ? demande Kakashi en soufflant dans son oreille. Ose-me dire que tu n'en as pas envie ? »

Wow.

Iruka sent son corps entier s'électriser. Si Kakashi n'a aucune expérience, il ne le montre pas le moins du monde. Sa voix est si suave qu'Iruka doit déglutir pour répondre.

« Il ne s'agit pas de ça, parvient-il à dire en se mordant la lèvre.

- Pourquoi alors ? dit tristement Kakashi en glissant une main sur sa joue. Je veux savoir ce que c'est. Je veux le vivre... murmure Kakashi, sa main se perdant dans la chevelure brune.

- Tu mérites mieux que ça Kakashi, chuchote Iruka en fermant les yeux au contact de la main dans ses cheveux.

- Mieux que quoi ? Souffle-t-il près de ses lèvres.

- Tu as dit que tu attendais la bonne personne, dit sèchement Iruka en le repoussant gentiment. »

Si son père meurt demain et qu'il ne doive le rejoindre comme il se l'est promis... Kakashi souhaite gouter au moins une fois dans sa vie aux plaisirs charnels. Et son regard le fait bien savoir à Iruka. Mais il se sent néanmoins obligé de clarifier une chose, comme le héros d'une histoire d'amour le ferait.

« C'est toi cette personne Iruka. Je suis sincère. »

Silence.

« Qu'est-ce que tu as dit ? dit Iruka en clignant des yeux.

- Montre-moi, demande Kakashi en s'installant par-dessus lui et Iruka ne l'en empêche pas. Je veux vivre ce soir ce qu'il y a dans les livres, avec toi. »

*

Quand Kakashi se réveille, il se demande pourquoi il se sent si lourd. La réponse lui parvient sous un rayon de soleil faisant s'élever des notes acajous dans la chevelure de l'homme endormi sur son torse. La vision est digne des plus belles scènes d'Icha Icha Paradise.

Wow.

Kakashi est figé. Il baisse brièvement le visage pour vérifier si c'est bien réel et ainsi, les cheveux viennent chatouiller son nez.

Iruka dort paisiblement sur son torse. Son bras entoure même sa taille.

Et tout lui revient en mémoire.

Tout semble si simple pour Iruka. Pour Kakashi, tout est si compliqué. Comment réagir ? Il n'a jamais ressenti ce genre de chose. Il n'avait même jamais dormi avec quelqu'un. Il est pétrifié dans les sensations agréables qui le traversent sans savoir quoi en faire. Mais tout devient limpide, soudainement. Il lui suffit d'écrire la scène dans sa tête et de se demander que ferait le héros à sa place, en cet instant. C'est ce qu'il a justement fait durant leur nuit... d'amour ?

Il passerait sa main dans le bas du dos, et glisserait un pouce timide sous les textiles. Il enfouirait ensuite son nez dans la chevelure. Alors c'est ce qu'il fait. La peau d'Iruka est brulante contre la pulpe de ses doigts. Douce, aussi. Et ses cheveux, n'en parlons pas.

L'homme frissonnerait au contact et bredouillerait dans son sommeil en souriant.

Des frissons s'élèvent sous son pouce curieux et une jambe se glisse par-dessus les siennes.

Le héros trouverait ça mignon et embrasserait son front doucement sans le réveiller, glissant une main légère dans sa nuque.

Kakashi dépose ses lèvres sur la peau. Quelques cheveux égarés s'invitent dans le chaste baiser. Kakashi les replace doucement et sa main se perd dans la nuque bronzée.

Le goût du bonheur sur ses lèvres est délicieux et dégoutant.

Kakashi s'en veut de se servir une part de bonheur. Son oncle moisi dans un tiroir glacé de la morgue, tandis que la chaleur d'Iruka l'enveloppe sous un rayon solaire de l'aube d'un nouveau jour ; que son oncle ne verra plus jamais. Son père croupi seul dans une cellule sombre et froide tandis qu'il est confortablement installé sous un corps chaleureux.

Une larme coule sur sa joue.

Il sert Iruka contre lui sans réfléchir. Sa main se crispe dans ses cheveux doux dans lesquels il plonge son nez en reniflant.

Et il s'accroche. Il s'accroche.

Il s'accroche, à son unique espoir.

***

Yo !

On approche de la phase finale !

Qu'avez-vous penser de ce chapitre ? Il était axé mi-relation mi-intrigue, c'était assez compliqué à écrire, alors n'ésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.

Il m'a ACHEVEE. Mais j'ai bien aimé l'écrire.

Le prochain chapitre sera le dernier!

Bien à vous,
Sweetysamaa