Chapitre 2
Salut les amis !! Comme promis, voici la suite de mon histoire :) Je posterai un chapitre tous les samedis ( sauf imprévu évidemment XD) Dites moi ce que vous en pensez et surtout, n'oubliez pas de me signaler les fautes que j'ai pu faire !! Bonne lecture !!!
Il sirotait un café à l'ombre d'une terrasse, observant les gens alentours. Quelques alcooliques se disputaient une bière, attirant les regards indignés du personnel tandis que de jeunes couples riaient aux éclats sous les plaisanteries douteuses de leurs amis. A quelques pas de lui, des enfants fabriquaient des avions avec une serviette en papier et les envoyaient dans les airs. Ils virevoltaient, s'entrechoquaient avec violence sous les yeux émerveillés de leurs créateurs. Dereck réfléchissait, perdu dans ses pensées. Cela faisait maintenant une semaine qu'il s'était juré de mettre fin aux jours de son frère. Il lui avait fallu du temps, mais il avait mis en place un plan infaillible. Il était certain que tout fonctionnerait à merveille. Il s'imagina la scène. Il avait donné rendez-vous à Tyers dans un parc où ils se rendaient souvent étant plus jeunes, à 20h précises. Celui-ci croyait dur comme fer que cette soirée allait se dérouler en l'honneur du bébé à venir, mais en l'occurrence il se trompait. Des pensées ignobles lui traversaient l'esprit. Il s'en délectait. Il voyait clairement le visage épouvanté qu'aurait son frère lorsqu'il l'étranglerait de ses mains. Bien sûr, pour s'amuser un peu, Dereck laisserait Tyers le supplier de tout son être, juste avant de l'achever. Il allait enfin être le maitre du jeu. Il contrôlait tout désormais. Il était le roi, et ses proches les pions. Il avait les ficelles en main, il ne lui restait plus qu'à les manipuler avec soin et délicatesse. Il allait réussir, il en était certain. Une fois son jumeau mort, il n'aurait plus qu'à lui prendre ses papiers d'identité. Cacher le corps ne serait pas une étape difficile. Cependant, démarrer sa nouvelle vie sous le nom de Tyers Tressant allait être une autre affaire. Personne ne devrait le soupçonner, remarquer une quelconque différence dans son comportement. Lucie et ses neveux le côtoieraient tous les jours, il devrait donc faire attention à sa personnalité et ressembler en tout point à son frère. Bien que son physique, identique à Tyers, fût un avantage primordial, il devra tout de même changer sa coiffure négligée, ses vêtements, et son allure. Se créer un déguisement. A son plus grand bonheur, Dereck Tressant ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Et même si sa disparition soudaine venait à se faire remarquer, ce dont il doutait, il avait rédigé ce qui pourrait être interprété comme une lettre d'adieux. Tout le monde penserait alors qu'il était parti vivre ailleurs pour fuir sa misère. Ou dans des cas extrêmes, qu'il s'était suicidé. Son image dégradée et insignifiante, toute son existence allait disparaitre, se volatiliser, tomber dans les profondeurs de l'oubli au profit de ce qu'il avait toujours souhaité. Ou était le mal ? Ce serait juste l'échange de deux vies, si différentes, reliées seulement par le même sang. Non, en fait ce serait un vol, au fond de lui, il le savait. Mais il s'en fichait. Tyers n'avait cessé d'être arrogant, maintenant c'était son tour.
Il consulta sa montre. 19h40. Il se leva, déposa l'argent qu'il devait dans la coupelle prévue à cet effet et partit. Il sentit le contact glacé du pied de biche qu'il maintenait sous son blouson. Cela le rassura d'une certaine manière. Il appela alors un taxi. Il indiqua au chauffeur sa destination, puis, assis sur la banquette arrière, se réjouit des événements qui allaient bientôt avoir lieu. Une fois arrivé, il passa une main dans ses cheveux noirs ébouriffés et profita de la vue splendide qui s'offrait à lui. Il faisait étrangement beau ce jour-là. Etait-ce pour encourager son acte ? C'était une raison de plus pour sourire. La berline bleue de son frère était soigneusement garée devant le portail en fer forgé du parc. Il était sans doute déjà au point de réunion. Il était si parfait. Dereck parcourut lentement le sentier de gravier, et se rendit devant une statue de cuivre représentant un homme de La grande guerre qui arborait fièrement plusieurs médailles. Une inscription y était gravée « A nos frères manqués ». Il avait toujours apprécié cette sculpture sans qu'il ne sache dire pourquoi. Tyers patientait, adossé à un chêne juste à côté. Il fixait le ciel en sifflotant. Lorsqu'il vit Dereck, son regard s'illumina.
« Salut Tyers, excuse moi je suis un peu en retard.
-Oh, ce n'est pas grave. J'ai tout mon temps tu sais, répondit-il en esquissant un faible sourire.
-Quelque chose ne va pas ? Demanda Dereck, intrigué.
- Si ne t'en fait pas, c'est juste que cet endroit me rend un peu nostalgique. Ça me rappelle quand on passait nos après-midi ici avec maman. Tu te souviens ?
-Oui, et on attrapait les papillons dans des petites boites.
-On était tellement insouciants en ce temps-là.
-Oui c'est vrai. »
Dereck décida de changer de sujet. Il ne voulait pas se replonger dans les souvenirs, il avait horreur de ça. C'était ridicule, déplorable et pathétique.
« C'est une magnifique journée, pour fêter l'arrivée prochaine du bébé, tu ne trouves pas ?
- En effet. C'est sympa de ta part d'y avoir pensé. D'ailleurs, ça fait un moment qu'on ne s'est pas retrouvé rien qu'à deux. Juste toi et moi. C'est dommage, non ?
-Mais nous sommes ensemble n'est-ce pas ? Alors profitons-en !
-Tu as raison frérot. Dis-moi, comment ça se passe toi en ce moment ? La dernière fois, tu m'as paru assez discret. Plus que d'habitude il me semble.
-Non pas du tout, tu te fais des illusions je t'assure ! Figure toi que j'ai un petit boulot et peut-être même une femme à la clé !
-Et bien c'est génial ça ! Je suis content pour toi Dereck ! »
Les mensonges. Il savait les inventer. Pour améliorer un peu son semblant de vie. Il lui arrivait même d'y croire quelques fois. Comme toujours, son frère ne s'en était pas aperçu. Si seulement il savait ce minable, pensa-t-il. A présent, il était 20h08. Il fallait qu'il se lance, il ne se pardonnerait pas d'abandonner. Quelques promeneurs s'attardaient sur les lieux. Il ne pouvait pas faire ça ici. Il s'accorda donc une autre affabulation.
« Mince, j'ai oublié quelque chose pour toi dans ma voiture !
-Ah bon, qu'est-ce que c'est ? Interrogea Tyers en regardant son frère, étonné.
-Tu verras par toi-même. Viens, je ne suis pas garé très loin.
-Tu es mystérieux Dereck, dit Tyers. »
Les deux hommes traversèrent le parc, discutant de choses futiles et sans importance. Une fois sortis, ils empruntèrent une rue en partie déserte. Dereck, empressé de se débarrasser de son frère, marchait d'un pas vif, le cœur battant. Dans la pénombre, il distingua un escalier qui débouchait sur une ruelle étroite. C'était ici que ça allait se passer. Il en était sûr.
« Eh bien, tu m'emmènes ou là ? Pourquoi tu ne t'es pas garé près du parc ? Demanda Tyers devenu sceptique.
-J'aime bien marcher, c'est reposant, répondit-il avec une pointe d'agacement dans la voix. »
Ils se tenaient à présent devant l'escalier, éclairé par une lanterne tremblotante.
« Allez, vas-y, dépêche-toi ! ». La sueur perlait son front, l'excitation et l'angoisse s'entremêlaient dans son esprit.
Tyers reprit la conversation, légèrement mal à l'aise.
« Au fait, Max est ravi du circuit que tu lui as offert, il joue tout le... »
Fin de la partie. Ou presque. Dereck avait dégainé le pied de biche de dessous sa veste et avait asséné un grand cou à la nuque de Tyers. Celui-ci dégringola les escaliers, et se retrouva face contre terre sur le sol en béton. Empli d'adrénaline, il descendit les marches et s'agenouilla près de lui. Tyers ne semblait pas réaliser ce qu'il se passait. Il était perdu.
« Dereck, balbutia-t-il en tentant de se relever.
Il le repoussa violemment. Sa tête heurta le sol avec un bruit sourd.
-Non Tyers, c'est moi qui parle maintenant. Et c'est toi qui écoute. Les rôles sont inversés tu comprends ? »
Sa voix tremblait, la rage l'envahissait. Une joie profonde aussi. Il prenait plaisir à le voir souffrir ainsi.
« -Pourquoi...
Tyers ne bougeait pas, il le fixait dans les yeux. Du même bleu profond que les siens. Il s'était résigné, il ne luttait pas. Un filet de sang s'écoulait de sa tempe et couvrait une partie de son visage.
-Ca fait quoi de se sentir impuissant ? D'être à côté de la plaque ? Pour une fois, tu ne maitrises rien, ça ne doit pas te plaire je me trompe ? »
Il ne répondit pas.
« Tu sais, c'est pour notre bien à tous les deux. Crois-moi, si je pouvais l'éviter, je le ferai. Tout ça est ta faute, uniquement ta faute, murmura Dereck d'un ton glacé.
-Tu es fou, dit Tyers d'une voix faible.
-C'est ce que tu crois. Au contraire, je suis parfaitement lucide, je sais ce pourquoi je me bats. Ta femme et tes enfants méritent mieux que toi. Tu es insignifiant. Je prendrai soin d'eux, je serai un vrai père, un vrai mari.
-Je... Je ne comprends pas... Je croyais que tout allait bien entre nous. »
A présent, des sanglots étouffés secouaient tout son être. Il savait que c'était fini, qu'il ne pouvait rien faire. Une partie de lui s'était brisée.
« Tu te trompes encore. De toute mon enfance, je n'ai cessé de te haïr. Toi le frère adoré, le préféré de tous. J'étais toujours à la deuxième place, c'était toi le premier. Plus on grandissait, plus l'on m'écartait, on m'effaçait. On me comparait toujours à toi, parce que tu étais soi-disant un enfant admirable. Ça continue encore aujourd'hui. Je n'ai plus rien, je n'ai jamais rien eu. Pas de boulot, pas de femme, pas de gosses... Je ne peux plus supporter ça.
-Tu m'as dit que... tu n'avais pas de problèmes...
-J'ai menti ! A chaque fois que je te vois je mens ! Parce que j'ai honte, parce que je suis un pauvre abruti qui n'a pas réussi contrairement à toi ! Et je ne voulais pas voir ta pitié ! Cette pitié qui sonne faux ! Les rares fois où je me confiais à toi, tu t'en fichais, je le sais bien!
-Tu te trompes Dereck...
-Non, pas du tout. Tu veux te rattraper c'est ça ? C'est trop tard mon vieux, ça fait bien longtemps que je n'ai plus de sentiments à ton égard. Tu sais quoi, maintenant, le meilleur, ça sera moi ! »
Il avait porté les mains autour du coup de Tyers et commençait à l'enserrer. Ce dernier suffoquait.
« Dereck, je t'en prie...
-Je te l'ai déjà dit. C'est trop tard, c'est fini. »
Il serrait de plus en plus fort, d'une énergie nouvelle, qui le submergea soudain.
« Laisse-moi... On peut tout arranger...
-Il n'y a strictement rien à faire. »
Dereck avait les larmes aux yeux. Des larmes de joie, de libération. Il se libérait de ce poids infernal. Plus aucune contrainte, plus aucune gêne. Il ne s'aperçut qu'au bout d'un certain temps que son frère venait de mourir. Alors, d'une attitude calme et posée, il se leva et cacha le corps derrière deux grosses bennes à ordures. Il fouilla dans les poches de veste et de pantalon de Tyers, en sortit ses clés de voiture, son portefeuille et son portable. Il retourna ensuite au parc et se mit au volant de la berline de son jumeau. Il respira profondément. Il se trouvait étrange. En fait, il n'éprouvait rien. Il était calme, serein, sûr de lui. Il avait l'impression de rêver, d'être aussi léger qu'une plume. Il retourna sur les lieux du crime et gara la voiture devant l'escalier. Il mit ensuite la dépouille de sa moitié dans le coffre, non sans difficultés. Il prit à nouveau le volant, claqua vivement la portière et démarra en trombe dans la nuit noire.
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