Sherlock était mort depuis deux ans déjà. Mme. Hudson avait pleuré toutes les larmes de son corps lorsqu'elle avait appris son suicide. La silhouette atypique de Holmes, elle savait qu'elle ne l'oublierait jamais. Mais c'était pour John Watson que le choc fut le plus terrible, il l'avait vu sauter de l'immeuble. L'image tournait, tourbillonnait même, dans son esprit, puis il voyait le corps de son ami, allongé par terre, sans vie. Watson en était presque mort lui-même, cette perte tragique l'avait bouleversée, presque détruit.

Mais durant ces deux longues années, John a rencontré Mary. Une jeune femme, joli visage, blonde, cheveux courts à la garçonne, mais restant très féminine. Il en était presque tombé amoureux, et elle lui avait permis de se remettre de la perte de Holmes. Et ce soir, dans ce restaurant de grand luxe, tout y est. Champagne de qualité, musiciens prêts à démarrer et lui-même sur le point de se mettre à genoux. Il allait lui demander de devenir sa femme dans la minute qui suivait, lorsque le serveur lui rappela un air familier. Il leva la tête, se redressa en trombe (manquant de faire tomber la table et le festin compris), il titubait presque. "Sherlock. Vivant. Devant-moi." pensa-t-il dans un moment flou. Ce dernier, avec un brin d'humour annonça "La moustache, c'est nouveau, ça te vieillit un peu.". Watson, qui fixait Sherlock depuis plus de trois minutes maintenant, sans dire un mot, lui sauta à la gorge, et le frappa à la joue gauche (histoire de refaire une pommette).

Dans le  feu de l'action, ils tombèrent au sol, l'un contre l'autre (ils n'avaient jamais été aussi proches). Pendant ce moment de lutte, John embrassa Sherlock, mais ce fut si succinct que très peu de personnes ne le remarquèrent, et pour le reste, ils prirent cela pour un accident. Mais ce n'était pas un accident et Holmes à l'instar de Watson le savaient, mais ils savaient aussi qu'ils n'en parleraient jamais. Ils sont restés comme ça, quelques secondes au sol, durant lesquelles ils se regardaient droit dans les yeux, sans expression, mais ils se comprenaient car ils se sont toujours compris.

Les deux se relevèrent et ajustèrent leurs costumes. On pouvait clairement voir que John était mal à l'aise, il ne tenait pas en place, avait le regard fuyant en évitant à tout prix celui de Sherlock. Celui-ci, esquissait un faible sourire malicieux, il se recoiffa et sortit de la salle avec classe et sans se retourner sous les yeux de son fidèle ami.