
03/07/2028 5.30 p.m.
Arrivé au bout de mon ascension je m'écroule au sol hors d'haleine. Je crois entendre des pas. Découpé sur le soleil de plomb une silhouette sombre me domine. Elle me parle. Je suis si bouleversé que son langage me paraît inconnu.
_ T'es encore là l'étranger ? Oh, tu m'entends, t'es sourd ? Me dit-il en me poussant brusquement du pied.
H.O. _ Je cherche de l'eau.
_ Ici, on est des gens méfiants, on n'aime pas vraiment les curieux.
H.O. _ Mais je ne vous espionne pas !
_ D'après ton allure et ton air tout déboussolé personnellement je dirais que t'as vu quelque chose qui ne passe pas, mais je peux me tromper.
H.O. _ Comme quoi ?
_ Houla, toi tu vas vite revenir sur terre, ici c'est moi qui pose les questions ! Le vieux, tu l'as pris pour une baltringue ? Il m'a dit Firmin surveille nos arrières y'a un corniaud qui nous tourne autour.
H.O. _ Et puis ?
Firmin _ Et puis si tu fermes pas ta gueule j'te fourre une bastos dans le cul.
H.O. _ T'énerves pas.
Firmin _ Non mais pour qui tu te prends avec tes grands airs de pas vouloir y toucher, tu crois que tu vas sauver le genre humain à toi tout seul ? Monsieur a un petit peu soif et il a tout les droits. Ta morale à deux balles tu te la gardes, tu sais pas ce qu'on a subi nous autres.
H.O. _ Je comprends très bien vos difficultés mais...
Firmin _ Non tu comprends rien, t'es un de ces suceurs de cerveaux. Je sais pas ce qui me retient.
H.O. _ Vous n'êtes plus à un meurtre près !
Firmin _ Apparemment Monsieur croit encore en la justice. Eh bien ici le shérif c'est moi ! Avec le vieux, on circule librement, la préfecture nous a fourni tout les laissez-passer nécessaires. T'es baisé des deux côtés ! Tiens je vais t'en boucher un coin. Tu sais ce qu'elle faisait avant Enna ?
H.O. _ Aucune idée. Elle gardait des enfants ou elle était serveuse.
Firmin _ Faux, archi faux. Elle était juge au tribunal de Montargis.
H.O. _ Tu te fous de moi ?
Firmin _ Non, elle a suivi de longues études. Son seul problème c'était le fric. Pour pouvoir se payer sa chambre, sa nourriture, ses bouquins, ses fringues, elle travaillait en parallèle pour un mafieu notoire, un ancien militaire engagé officieusement par des élus locaux pour s'occuper de la sécurité de leurs circonscriptions et officiellement pour gérer quelques affaires immobilières. Il l'a beaucoup aidé financièrement. Elle était très séduisante et lui connaissait tout les notables. De temps en temps, elle bossait dans un bar de nuit et de fil en aiguille elle s'est prostituée. Mais elle a réussi à tenir bon, elle a obtenu tout les diplômes nécessaires. Malheureusement elle croulait sous les dettes. Quand elle a pris ses fonctions de juge, ses anciennes connaissances réapparurent et ils exercérent des pressions sur elle. Que voulais-tu qu'elle fasse, elle était prise au piège. Le manège a duré plusieurs années et puis elle a craqué, elle a fait un burn-out et elle est retombée dans la coke. Point barre, finito, on remballe. Personne pour la ramasser. Elle est revenue chez Barnard.
H.O. _ Pourquoi tu me racontes toutes ces conneries, vous allez me tuer ?
Firmin _ Si tu te tiens tranquille y'a pas de raison. T'as compris qu'ici c'était notre territoire et le risque que tu compromettes le vieux reste plus qu'improbable. En plus t'as au moins cinquante piges tu vaux plus un clou. Qu'est ce que tu crois, on n'est pas des barbares. Allez dégage !
Inutile de me le répéter deux fois. Je me relève furax, je pars, je rentre à ma cabane. Sur le chemin je m'arrête pour vomir, mon estomac se contracte, ma gorge aussi, mais rien ne vient, pas de salive. Juste un mal de chien !
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