Je voyais l'horizon.

J'étais en haut d'une montagne, et je voyais l'horizon comme si je regardais le monde depuis un avion. Il n'y avait personne autour de moi, seulement quelques fleurs qui bruissaient dans le vent. Je les écoutais. Il me sembla qu'elles racontaient quelque chose. Une histoire. Je me rapprochai pour mieux les entendre, mais je ne percevais qu'un babil, comme si je me penchais sur le berceau d'un nouveau-né. Je restais là et j'attendais, essayant de comprendre ces paroles qui m'étaient étrangères. Petit à petit, des mots, mal prononcés, se firent entendre et je les écoutai avec plus d'attention encore. Je commençais à comprendre. Les fleurs racontaient la vie d'une petite fille, qui grandissait et qui s'épanouissait petit à petit. Je ne comprenais pas de qui il pouvait s'agir. Alors, au risque d'interrompre les plantes parlantes, je chuchotai à mon tour :

-De qui s'agit-il ?

Comme je le craignais, les plantes s'interrompirent.

-Ne vous arrêtez pas pour moi, dis-je. Je n'en vaut pas la peine. Continuez votre histoire, s'il vous plaît...

-Nous nous arrêtons car nous voulons vous répondre, rétorquèrent les plantes en un souffle. Nous vous trouvons intéressante, restez, s'il vous plaît. Nous voudrions discuter avec vous. Cela fait si longtemps...

-C'est d'accord, dis-je. Je vous écoute.

-Venez avec nous. Et, appelez nous acajou. Nous ne faisons qu'une.

Sur ce, elle (ou elles) partit, se dressant sur ses racines, et marchant comme si elle avait eu des jambes. Je la suivis, laissant mon étonnement de côté. Mais lorsque j'arrivai dans une sorte de citrouille, je ne vis plus rien, et lorsque je clignai les yeux, je me retrouvai chez moi, allongée dans mon lit, le soleil de printemps me caressant le visage.