Hôpital (part.3)
C'est en m'approchant de la vitre que je vous ai aperçus, vous étiez là, seul, en train de boire tranquillement votre café. Vu que vous ne me sembliez pas bizarre malgré le manque de surprise que j'ai lu dans votre regard, je suis entré, intrigué, et je dois bien l'avouer, heureux d'enfin rencontrer une présence non hostile.
Et on arrive donc à là, moi qui viens te voir, puis te déballe mon histoire en échange de ton aide.
Le récit du jeune être était intéressant. Je l'ai un peu corrigé. J'ai enlevé toutes les hésitations, pauses, et erreurs de langage de son véritable discours. Ça serait bête de gâcher une telle histoire.
Dans tous les cas, j'espère qu'elle t'aura diverti, et que tu pourras me renseigner, tu auras remarqué qu'il y avait plein de choses louches dans cette histoire. À commencer par ces fameuses photos, j'ai demandé au jeune être de les montrer. La fameuse photo du liquide? Pas de liquide, juste la photo d'un plancher sale. La photo du chat? Pas de chat.
Si tu veux mon avis, il se cache quelque chose, quelque chose de très louche dans cet hôpital.
Les descriptions du jeune homme de son périple me rappellent certains passages du Taxídia krymméno de Homère. Notamment cette histoire de chat et de liquide. Il me semble que tu as un exemplaire de ce parchemin chez toi. Ça pourrait t'être utile. Dans le doute, j'ai rapporté l'intégrabilité de son récit. Si quelque chose m'a échappé, tu le verras, je te connais bien.
Pour la question du jeune être, je l'ai aidé. À trouver l'endroit où il pourra mourir de la manière la moins lente possible. Je ne vais pas te le cacher, je lui ai carrément menti en lui disant que le vieux château lui permettrait de retourner à son foyer.
Il semblait un peu méfiant, mais au fond de lui, je sentais qu'il bouillonnait intérieurement d'espoir. À l'heure actuelle, il doit être un peu refroidi, dans tous les sens du terme. Mais je pense avoir pris la bonne décision. Je sais que tu n'aimes pas cela, mais rends-toi à l'évidence, il n'aurait pas pu continuer à vivre comme avant. Tu sais bien que des choses qui lui échappaient jusqu'à aujourd'hui deviendraient soudainement évidentes, la folie le guetterait à chaque lieu familier. Et puis, soyons francs, on ne peut pas prendre le risque de briser le voile. Dans tous les cas, j'espère que tu tireras les choses aux clairs. J'étais occupé ces derniers temps, on a pas pu beaucoup communiquer. J'espère que toi et ta fille vous vous portez bien.
Gloire à Hastouras.
Amicalement, ton ami aux mains pâles.
Le texte que vous venez de lire est une lettre que j'ai reçue récemment. Ce n'était pas une erreur, l'adresse était bien la mienne. Par contre, le destinataire, de toute évidence, n'était pas moi.
J'ai un peu fouillé, il semble qu'un vieil homme habitait ma maison il y a 10 ans de cela. J'ai interrogé le voisinage, il me parle d'un vieillard discret et bien intentionné du nom de Frédérique. Il vivait avec sa fille âgée d'une trentaine d'années qui souffrait de retard mental.
Je n'ai pas encore retrouvé sa trace. J'ignore s'il s'agit d'un canular particulièrement bien fait ou d'une authentique lettre. Ça sent l'occulte à plein nez. J'ai fait quelques recherches sur la toile, au sujet du liquide, du chat, de cet hôpital dont la ville n'est (volontairement ?) pas précisée, ainsi que du fameux parchemin que mentionne « l'homme aux mains pâles » (c'est comme ça que j'appelle celui qui a écrit la lettre) :Le Taxídia krymméno. Pour l'instant, je n'ai rien trouvé, mais vraiment rien. Je commence à croire qu'il s'agit peut-être vraiment d'un canular. Mais malgré tout, il me semble invraisemblable d'avoir d'un côté des d'informations précises sur le destinataire, et de l'autre ne pas savoir que ça fait 10 ans qu'il a déménagé. Je suis donc dubitatif. Ça fait quelque temps que je lurk le forum. J'ai vu que vous connaissez bien le milieu de l'occulte. Peut-être certains d'entre vous ont des informations qui pourraient m'aider. Je suis pas mal perturbé par cette lettre.
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