❄️Pour ne pas te laisser seule [Noël 2023] 4/5 ❄️
Rhabillés pour combattre le froid, nous payâmes en laissant un pourboire, et nous ressortîmes sous la neige. Elle glissa à nouveau sa main contre la mienne, dans ma poche, et je la saisis fermement.
« Tu vois que tu les mets, mes gants.
— Ils sont pratiques, concéda-t-elle.
— Je te les offre. »
Elle leva l'œil au ciel :
« Idiot, ils sont trop grands pour moi. En pleines manœuvres ou en plein abordage, ça risque de me poser problème...
— Alors on t'en trouvera à ta taille. Je suppose que si on demande des gants pour enfants...
— Eh ! »
Je soufflai de douleur en recevant un coup de genou dans la cuisse. Arrêté au beau milieu du chemin, je massais le morceau de chair – très bien choisi – en grommelant et en jurant dans ma barbe.
Le sourcil haussé, elle attendait devant moi, les mains sur les hanches :
« Ose encore me traiter d'enfant.
— Mais, souris-je, c'est vrai que pour toi... »
Une tape sur la tête, par-dessus mon foulard.
« Vois le bon côté des choses, les vêtements pour enfants sont souvent moins chers... »
Elle pinça ma joue plus doucement :
« Pff, pour l'or, d'accord, j'accepte. »
J'éclatai de rire, et une fois remis de son attaque, nous reprîmes le chemin.
« Tout de même, plus jamais un truc pareil, je t'en prie, ça fait beaucoup trop mal...
— Je sais, c'est mon père qui m'a appris.
— Pourquoi il t'a appris ça ?
— Eh bien, regarde. Tu as beau faire deux têtes de plus que moi, je n'y suis même pas allée fort, j'ai juste touché le point sensible, et tu n'as pas pu bouger pendant quelques minutes... pratique, non ?
— Pratique, acquiesçai-je. »
Elle avait un petit sourire amusé sur les lèvres.
« L'enfant t'apprendra, si tu veux... »
Nous rîmes.
Peu de temps après, nous arrivâmes devant la plage sauvage parsemée de flocons. La mer, fidèle à elle-même, continuait de s'élancer vers le sable, croquant la neige qui se déposait sur son passage, et l'emportant avec elle.
Elle se tourna vers moi, posant sa tête au niveau de mon torse. L'œil rivé sur l'horizon, elle était perdue dans ses pensées.
« Tu veux qu'on s'installe quelque part ?
— On risque de se mouiller les fesses.
— Tu t'assiéras sur mes genoux. Moi, j'ai mon manteau, donc ça ira. »
Je l'entraînai près de rochers suffisamment hauts pour que la mer ne nous atteigne pas. Je m'installai le premier en prenant soin de protéger mes fesses à l'aide de mon manteau en cuir. Peu après, elle s'installa sur mes cuisses, et je l'enveloppai dans mes bras.
« Tu es au chaud, là ?
— Oui, ça va bien... et toi ? C'est toi, le frileux, d'entre nous deux ! »
Je souris :
« Quand tu es là, je me sens toujours bien. »
Elle leva l'œil au ciel, les joues un peu plus roses :
« Idiot, je ne parlais pas de ça.
— Tu me tiens toujours chaud, je suis sérieux. »
Je posai un baiser sur son front. Elle sourit et brandit à nouveau sa fleur :
« Merci encore, elle est vraiment jolie...
— Je suis heureux que ça te fasse plaisir. »
Elle recala sa tête sous mon menton et détendit son corps :
« La mer est toujours aussi belle, quel que soit le moment de la journée, quelle que soit la saison... »
Je l'entendis sourire.
« Je me souviens d'un soir... un soir de fêtes, comme celui-là... On devait avoir... sept ans, tout au plus. Papa n'était pas rentré à temps... Mora et moi, on était très déçues car il nous avait assuré qu'il serait présent pour Noël... »
Elle posa sa main sur la mienne, se recroquevillant un peu plus dans mes bras.
« Moi, j'y croyais encore un peu, que notre père pouvait débouler d'une minute à l'autre... mais Mora n'arrêtait pas de pleurer. Ma mère et moi on essayait de la calmer, mais elle était inconsolable... »
Elle se perdit un moment sur la mer.
« Alors, j'ai dit à Mora de s'habiller pour qu'on aille voir la mer et jouer avec la neige. Elle a refusé dans un premier temps, mais je me souviens lui avoir pincé les joues et l'avoir fait rire en la chatouillant. Qu'est-ce que j'avais dit, déjà ? Un truc comme « Tu vois que tu souris ! Donc tu veux venir te balader avec moi sur la plage ! Donc viens avec moi ! ». Elle avait cédé en séchant ses joues. »
Neven se mettait désormais à sourire, je l'entendais à sa voix :
« Avec notre mère, on est parties sur la plage. On a commencé à se balancer de la neige et du sable dessus... maman n'était vraiment pas contente, soupira-t-elle. Elle disait que ça allait être un enfer pour nous nettoyer, mais elle nous a laissé jouer quand même. Elle a dû se dire que comme papa n'était pas là, au moins on serait consolées avec ça... »
Elle joua avec un flocon jusqu'à ce qu'il tombe sur son gant.
« Et là, d'un coup... on s'est toutes les deux prises une boule de neige dans la tête. »
Intrigué, je tendis plus encore l'oreille.
« Papa était rentré. On était tellement heureuses... on lui a couru après et on lui a sauté dans les bras. Il nous a prises toutes les deux contre lui, une dans chaque bras, et il nous a embrassées très fort en s'excusant du retard. Nous, on était toutes heureuses qu'il soit présent... et je crois que c'est ce jour-là qu'on s'est rendu compte que la présence de notre père était mille fois plus importante que n'importe quel cadeau qu'il pourrait nous offrir. »
Elle poussa un soupir plus triste :
« Je crois que ça fait deux ans que je n'ai pas fêté Noël avec ma famille... je crois que j'évite de rentrer pour ce genre d'évènements... ça me brise le cœur de voir que la chaise de ma sœur est vide. Ça me manque, un repas avec toute ma famille... »
Je caressai sa joue avec douceur :
« Beaucoup de souvenirs doivent te remonter...
— Oui, surtout par rapport à Mora. On était tout le temps collées ensemble, alors... pff... être à ses côtés me manque. Pas forcément besoin de rire, de jouer, ou quoi que ce soit... je veux juste qu'elle soit là, à côté de moi. Que je puisse prendre sa main, lui parler, l'entendre. J'aimerais tellement être à nouveau avec elle... ça me dévore de l'intérieur... »
Elle reniflait.
« Je crois que mon souhait le plus cher... souffla-t-elle d'une voix tremblante. Je crois que mon souhait le plus cher, c'est d'être avec elle...
— On fera tout pour réaliser ton vœu. J'y travaillerai d'arrache-pied, lui assurai-je. »
Elle releva la tête, me fixant de son œil embué de larmes. Elle sourit en glissant sa main gantée sur ma joue :
« Merci, Malo...
— C'est normal que je veuille te rendre heureuse, soufflai-je en posant mes doigts sur le coin de ses lèvres. »
Nous nous fixâmes un moment en silence, happés l'un par l'autre. Mon ventre était à nouveau devenu un tourbillon de peur glaçante et de passion enflammée. Je jetai un regard désireux vers ses lèvres qui s'entrouvrirent. Mon pouce glissa sur sa pommette, et mes autres doigts enveloppèrent délicatement sa mâchoire.
Le cœur battant plus violemment que la pluie en pleine tempête, je me penchai vers elle lentement. Nos souffles se mélangeaient dans le froid alors qu'elle se redressait pour me rejoindre. L'œil mi-clos, elle s'avança un peu plus, et nos lèvres se frôlèrent, sur le point de s'embraser avec l'étincelle d'un bécot.
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