Peu d'instants après, le jeune roi Andy reparut, menant lui-même un magnifique cheval,blanc comme la neige; sa selle était en velours bleu, brodée de perles; sa  bride était en or et en perles.
Quand Huruna voulut monter dessus, le cheval s'agenouilla, et ne se releva que lorsque Huruna fut bien placé sur sa selle.
  Le jeune roi Andy sauta lestement sur son beau cheval alezan, et vint se placer aux côtés de Huruna.
   Le roi, la reine et les princesses,qui avaient tout vu,étaient pâles de colères, mais ils n'osèrent rien faire, de peur de la fée Puissante.                    
   Le roi donna le signal du départ. Chaque dame avait son chevalier; Tracy et Diana durent se contenter de deux petits princes, qui n'étaient ni beaux ni aimables comme le jeune roi Andy; elles furent si maussades, que ces princes jurèrent que jamais ils n'éspouseraient des princesses si peu aimables.

  Au lieu de suivre la chasse, le jeune roi Andy et Huruna restèrent dans les belles allées de la forêt; ils causaient et se racontaient leur vie.
   «Mais, dit Andy, si le roi votre père s'est privé de votre présence, comment vous a-t-il donné ses plus beaux bijoux, des bijoux dignes d'une fée?
—C'est à ma bonne marraine que je les dois »,répondit Huruna et elle raconta au roi comme quoi elle avaient été élevée dans une ferme, comme quoi elle devait tout ce qu'elle savait et tout ce qu'elle valait à la fée Puissante, qui avait veillé à son éducation et qui lui donnait tout ce qu'elle pouvait désirer.
  Andy l'écoutait avec un vif intérêt et une tendre compassion.
À son tour, il lui raconta qu'il était resté orphelin dès l'âge de sept ans, que le fée Prudente avait présidé à son éducation, que c'était elle qui l'avait envoyé aux fêtes que donnait le roi, en lui disant qu'il trouverait à ces fêtes la femme parfaite qu'il cherchait.
  «Je crois,en effet, chère Huruna, avoir trouvé en vous la femme parfaite dont me parlait la fée : daignez associer votre vie à la mienne, et autorisez-moi à vous à vous demander à vos parents.
  —Avant de vous répondre, cher prince ,il faut que j'obtienne la permission de ma marraine; mais croyez que je serais bien heureuse de passer ma vie près de vous. »

    La matinée s'écoula ainsi fort agréablement pour Huruna et Andy. Ils revirent au palais faire leur toilette pour le dîner.
  Huruna monta dans sa laide mansarde ;en y entrant, elle vit un magnifique coffre en bois de rose qui était ouvert et vide; elle se déshabilla, et à mesure qu'elle ôta ses effets ,ils allaient se ranger d'eux-mêmes dans le coffre, qui se referma quand tout fut placé.
  Elle se recoiffa et se rhabilla encore avec soin, et,quand elle courut à sa glace, elle ne pût retenir un cris d'admiration. Sa robe était en gaze qui semblait faite d'ailes de papillons, tant elle était fine,légère et brillante; elle était parsemée de diamants qui brillaient; elle était parsemée de diamants comme des etincelles;le bas de la robe,le corsage et la taille étaient garnis de franges de diamants éclatants comme des soleils. Sa tête etait à moitié couverte d'une résille de diamants terminée par de gros glands de diamant qui tombaient jusque sur son cou; chaque diamant était gros comme une poire et valait un royaume. Sin collier, ses bracelets étaient en diamants su gros et si étincelants,qu'ils faisaient mal aux yeux lorsqu'on les regardait fixement.

  Huruna remercia tendrement sa marraine, et sentit encore sur sa joue le doux baiser du matin. Elle suivit le serviteur, entra dans les salons; le jeune roi Andy l'attendait à la porte, lui offrit son bras, la mena jusqu'au salon où étaient le roi et la reine. Huruna alla les saluer; Andy vit avec indignation les regards furieux que jetaient à la pauvre Huruna le roi, la reine et les princesses. Comme le matin,il restait près d'elle et fut témoin de l'admiration qu'inspirait Huruna et du dépit de ses sœurs. Huruna était triste de se voir l'objet de la haine de son père, de sa mère, de ses sœurs. Andy s'aperçut de sa tristesse et lui en demanda la cause; elle la lui dit franchement.
  «Quand donc,chère Huruna, me permettrez-vou de vous demander à votre père? Dans min royaume, tout le monde vous aimerai,et moi plus que tous les autres.
  —Demain,cher prince, je vous transmettrai la réponse de ma marraine ,que j'interrogerai à ce sujet.»
   On alla dîner; Andy se plaça près de Huruna, qui causa de la manière la plus agréable.
   Après dîner, le roi donna des ordres pour que le bal commençât. Tracy et Diana, qui prenaient des leçons de danse depuis des dix ans, dansèrent très bien, mais sans grâce ;elles savaient que Huruna n'avait jamais eu occasion de danser, de sorte qu'elles annoncèrent d'un air moqueur que c'était au tour de Huruna.La modeste Huruna s'en défendait vivement parce qu'il lui répugnait de se montrer en public et d'attirer les les regards; mais plus elle se défendait et plus les envieuses sœurs insistaient, espérant qu'elle allait enfin avoir l'humiliation d'un échec. La reine mit fin su débat, en commandant impérieusement à Huruna d'exécuter la danse se ses sœurs.
   Huruna se mit en devoir d'obéir à la reine; Andy, voyant son embarras,lui dit :«Je serai votre cavalier, chère Huruna; quand vous ne saurez pas un pas ,laissez-moi l'exécuter seul.
  —Merci,chère prince, je reconnais là votre bonté. Je vous accepte avec joie pour cavalier, et j'espère que je ne vous ferai pas rougir. »
  Huruna et Andy commencèrent; jamais on n'avait vu une danse plus gracieuse, plus vive, plus légère; chacun les regardait avec une admiration croissante. C'était tellement supérieur à la danse Tracy et Diana,que celle-ci, ne pouvant plus contenir leur fureur, voulurent s'élancer sur Huruna pour la souffleter et lui arracher ses diamants; le roi et la reine,qui ne les perdaient pas de vue et qui devinèrent leurs intentions, les arrêtèrent et leur dirent à l'oreille :
«Prenez garde à la fée Puissante; patience,demain sera le dernier jour.»

Quand la danse fut terminé, les applaudissements éclatèrent de toute part, et chacun demanda avec insistance bâ Huruna et Andy de recommencer. Comme ils n'étaient pas fatigués, ils ne voulurent pas se faire prier, et exécutèrent une danse nouvelle plus gracieuse et plus légère encore que la précédent. Pour le coup, Tracy et Diana n'y tinrent plus; la colère les suffoquait; elles s'évanouirent; on les emporta sans connaissance. Leurs visages étaient tellement enlaidis par la colère et l'envie, qu'elles n'étaient plus jolie du tout; personne ne les plaignait, parce-que tout le monde voyait leur jalousie et leur méchanceté. Les applaudissements et l'enthousiasme pour Huruna devinrent si bruyants, que pour s'y soustraire elle se réfugia dans le jardin, où Andy la suivit; ils se promenèrent le reste de la soirée et s'entretinrent de leurs  projets d'avenir,si la fée Puissante permettait à Huruna d'unir sa vie à celle de Andy. Les diamants de Huruna brillaient d'un tel éclat que les allées où ils marchaient, les bosquets où ils s'asseyaient ,semblait éclairés par mille étoiles.
  Il fallut enfin se séparer.
  «À demain! Dit Andy :j'espère demain pouvoir dire :À toujours! »»
  
  Huruna monta dans sa chambre; quand elle fut déshabillée, sa riche parure alla se ranger dans sa un coffre plus beau que les précédent : il était en ivoire sculpté, garni de clous en turquoises. Quand Huruna fut déshabillé et couchée, elle éteignit sa bougie et dit à mi-voix :
   «Ma chère, ma bonne marraine,que dois-je répondre demain au roi  Andy? Dictez ma réponse, chère marraine; quoi que vous m'ordonniez, je vous obéirai.
—  Dites oui, ma chère Huruna, répondit la voix douce de la fée;c'est moi  ai arrangé ce mariage, c'est pour vous faire connaître le jeune roi Andy que j'ai forcé votre père à vous faire assister à ces fêtes. »
   Huruna remercia la bonne fée, et s'endormit après avoir senti sur ses deux joues la baiser maternel de sa protectrice.

Est-ce que le roi et la reine accepteront-ils leurs union???
Merci mes à touts mes lecteurs.
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