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Mistral

De petites bulles voletaient sans but dans l'air vespéral poussées par Mistral vers des contrées nouvelles, et laissant derrière elles une odeur de printemps provençal.
De petites herbes à thé reposaient au fond d'une tasse couverte de lavandes et de roses, esquissées, inodores. Trois doigts s'emparèrent de son anse, et la soulevèrent sans effort. Une bague à l'annulaire fit tinter la porcelaine. Il y était inscrit les initiales d'une femme, sa femme, Francesca. Jacques fit mousser la tasse, c'était la dernière. A chacun de ses gestes, de petites bulles s'échappaient par la vitre ouverte de la cuisine. Au dehors, de petites mains potelées s'agitaient vainement en dessous d'elles. Plus loin, quelques pieds pendaient mollement d'une balancelle en fer forgé. Deux d'entre eux étaient serrés dans de fins escarpins imitation Louboutin. Deux autres étaient nus, les ongles rayés jaune et violet. Une dernière paire de pieds était blottie dans de larges espadrilles bleus marines.
On leva la tête: une main striées, les veines marquées, presque saillantes, les ongles rouges, venait d'ouvrir une fenêtre à l'étage. Une autre main se joint bientôt à la première pour contrer Mistral, dont le souffle emportait désormais même la table de jardin. A elles deux, elles parvinrent à rabattre des volets lavandes sur la fenêtre et le regard qu'on pouvait percevoir derrière elle. Le regard d'une femme, de celle qui aurait pu devenir sa femme...
Les langues se délièrent ce soir là. Elles étaient restées dans les bouches toute la journée en dépit de tout ce qu'il s'était dit. Jacques s'excusa d'abord d'avoir fait venir José. Il était évident à présent que cela avait fait plus de mal que de bien à Madeleine comme à José...
Il parla également de la dure réalité de sa famille, du triste état de sa mère.
José, quant à lui, finit par avouer le tragique de son histoire avec Madeleine.
Même Francesca se livra au jeu: ses Louboutin avait coûtés bien plus chers que ce que Jacques pensait !
Mistral soufflait de plus en plus fort. Ils ne rentrèrent pas pour autant. Ils peinaient à s'entendre et s'étaient mieux ainsi: les confidences se faisaient de plus en plus importantes, dérangeantes; on pourrait dire qu'on avait pas entendu.

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Selon vous, à qui appartiennent tous ces pieds ?? XD

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