Chapitre 28: "Je t'aime"
PDV Erwin
Cela fait deux jours qu'il est parti... Deux longues journées sans nouvelles de Mike.
J'aurais pourtant cru qu'il reviendrait le lendemain matin en me suppliant de le reprendre comme il l'a fait les fois précédentes, mais ce n'est pas le cas. J'ai attendu les deux nuits passées sur le canapé dans l'espoir d'entendre sa voiture pénétrer dans la cour et de voir son beau visage qui me demanderait de le laisser revenir. Mais non, il n'est toujours pas là. Où peut-il bien être?
J'ai pensé à l'appeler pour m'excuser, mais je n'arrive pas à terminer son numéro sans raccrocher. J'ignore quoi lui dire. J'ai été un salopard avec lui, donc un simple « excuse-moi » ne risque pas de suffire. Maudit orgueil!
Quelqu'un appuie sur la sonnette d'entrée. Je lâche le énième café que je préparais pour foncer vers la porte, le cœur battant. Ça doit être lui, c'est certain! Je tourne la poignée, mais mon sourire s'efface quand je tombe face à un petit homme aux cheveux d'ébène et non mon petit ami. Il est seul? Pourquoi Mike ne l'accompagne-t-il pas?
-Je peux rentrer? Demande froidement Livai, je crois qu'on a deux mots à se dire.
Je hoche simplement la tête avant de le laisser passer. Depuis que je suis avec Mike, Livai est devenu un très bon ami pour moi, même mon meilleur. Il dit toujours sans tact ce qu'il me reproche et c'est ce genre d'amitié dont j'ai besoin.
Le garçon me suit jusque dans le petit salon où je me laisse tomber sur le canapé. Il passe avec dégout un doigt sur une table poussiéreuse avant de s'assoir dans le fauteuil que la mère de Mike nous a offert à Noël l'an passé.
-Pourquoi Mike a-t-il passé deux jours à pleurer chez moi? Crache soudainement Livai, il m'a simplement dit que tu l'avais largué encore une fois, mais ne sais pas pourquoi cette fois.
-Je... c'est compliqué.
-Compliqué? Je vais être franc avec toi, Erwin, car je t'aime bien. Je n'ai jamais compris comment Mike faisait pour rester avec toi quand je vois la manière dont tu le traites. Il fait vraiment tout pour toi et te le remercie en le jetant à la porte! Mike est naïf, tu le sais... mais c'est un gentil naïf qui ne mérite pas qu'on lui brise le cœur.
-Je le sais... il mérite mieux que moi...
Je baisse la tête, les yeux remplis d'eau. Non, je ne peux pas pleurer devant Livai. Ce n'est pas digne d'un homme et pourtant, les larmes roulent sur mes joues. Serait-ce ça, le vrai problème? Je ne me crois pas assez bien pour Mike? Il est vrai que je ne comprends pas comment il arrive à rester avec moi alors que je ne me supporte même pas.
-Mais lui. il ne croit pas ça, ajoute Livai, il t'aime vraiment et il se voit passer sa vie avec toi. Si tu ne l'aimes pas, alors tu as le droit de lui redonner sa liberté, mais si tu l'aimes, bouge ton cul et va le voir!
-JE L'AIME!
Je dis ça un peu fort et pour être franc, je suis surpris par moi-même. Est-ce que je viens vraiment de dire que j'aime Mike? Je savais que j'avais des sentiments forts pour lui, mais j'ai été incapable de le dire pendant cinq longues années.
-Alors, appelle-le maintenant.
-Tu... tu dis qu'il est chez toi?
-Nan, il est parti hier soir pour ne pas déranger Hansi. Tu sais, puisqu'elle est enceinte? Je crois qu'il est chez Bertholdt et Reiner.
Je hoche la tête avant d'agripper le téléphone. Je tremble, inquiet à l'idée d'entendre sa voix masculine. Heureusement que Livai se tient devant moi pour m'encourager à ne pas raccrocher. Ça sonne...
-Bonjour, qui appelle? Réponds Bertholdt.
-Bertholdt, c'est Erwin. Est-ce que Mike est chez toi?
-Euh, je ne crois pas... Du moins, s'il est là, je ne l'ai pas vue. Il est censé venir ici? Avoir su, j'aurais fait le ménage. Je ne sais pas si Reiner a prévu à manger pour trois... Il arrive quand, tu dis?
-Laisse tomber, c'était juste une question. Bonne journée.
-Euh, bonne journée à toi aussi. Donc Reiner n'a pas à préparer un autre repas?
Sans répondre, je raccroche en soupirant. Où peut-il bien être? Je commence à m'inquiéter pour Mike en sachant à quel point il est une personne sensible dans le fond. Jamais je n'aurais dû le laisser! Il serait près de moi en ce moment, heureux, et peut-être que je lui ferais l'amour pour profiter de notre fin week-end.
Dans une autre tentative, je compose le numéro de son téléphone. Il ne répond pas souvent, mais ça vaut la peine d'essayer. Ça sonne, puis j'entends décrocher :
-Allô?... Allô?
Mon sang fait un tour, mon cœur s'accélère, m'empêchant de répondre quoi que ce soit. Une larme coule le long de ma joue, puis je raccroche en fixant le vide. Livai me regarde, inquiet.
-Qu'est-ce qui s'est passé?
-C'était Sieg...
PDV Mike
J'ouvre difficilement les yeux, aveuglé par la déplaisante lumière du soleil qui traverse les rideaux de soie. Qui s'achète des rideaux transparents dans une chambre à coucher? J'ai mal à la tête... Elle tourne terriblement. Où suis-je?
J'essaie de me souvenir de la soirée d'hier. Je suis partie de chez Livai pour me rendre chez Reiner, puis j'ai décidé de faire un arrêt au bar pour me changer un peu les idées. J'ai commencé à boire, un peu comme la fois où je me suis réveillé au poste de police. L'alcool qui glissait dans mon œsophage me faisait du bien et c'est pourquoi j'ai continué sans m'arrêter, discutant avec le barman sympathique. Je me souviens brièvement avoir vu Sieg, puis c'est le néant total. Peut-être qu'on m'a drogué?
Dans une grimace de douleur, j'essaie de m'assoir au bord du lit. Depuis quand ma tête est plus lourde qu'un éléphant? Je regarde ce qui m'entoure, puis je remarque que je suis dans une chambre inconnue au papier peint très laid. Je suis en simple caleçon, mais ne vois mes vêtements nulle part. Bordel...
J'entends des pas à l'extérieur de la chambre qui s'arrête devant la porte. Je vais enfin connaitre l'identité de mon kidnappeur. La poignée tourne, puis je me fige en voyant Sieg qui me sourit gentiment. Double-bordel...
Toujours barbu avec ses lunettes rondes, il n'a pas changé d'un poil si l'on omet le nouveau piercing à son oreille. N'était-il pas parti à l'autre bout de la Terre?
-Je suis allé porter tes vêtements dans la laveuse, m'apprend-il, tu t'es vomi dessus hier soir et je trouvais ça dégoutant. J'ai trouvé un chandail et un jogging qui devrait te faire.
Sans un mot, j'agrippe les vêtements qu'il me tend, puis je les enfile avec embarras. Je n'ose pas le regarder, ayant trop honte de ne me souvenir de rien. Pourtant je dois poser la question si je veux être certain que je n'ai pas trompé mon Erwin!
-Je ne me souviens de rien, soufflai-je, peux-tu me dire ce qui s'est passé hier?
-Je m'en doutais. Tu étais vraiment ivre, Mike. Fais attention avec l'alcool! Quand je t'ai trouvé, tu étais déjà pas mal avancé. On s'est mis à se parler, puis tu as commencé à pleurer en me parlant d'Erwin. Je suis vraiment surpris que tu sois avec lui, même si en y pensant bien, c'était évident qu'il était fou de toi quand on était ensemble... bref, quand j'ai décidé de te ramener chez toi, tu ne parlais plus, donc je t'ai ramené ici. Tu as été malade, donc je t'ai dit de te déshabiller pour que tu ne salisses pas le lit de mon ami, puis tu t'es endormi.
-Donc on n'a pas...
-Bien sûr que non! Tu étais tellement saoul que si je t'avais touché ça aurait été un viol. De plus, tu aimes ton Erwin, non?
Sieg vient s'assoir en tailleur sur le lit pour mieux discuter. Qu'il me parle d'Erwin me fend le cœur, mais j'essaie de ne pas le montrer.
-Moi je l'aime, mais je crois que ce n'est pas réciproque finalement, soupirai-je.
-Ah non? Pourtant, quand on était ensemble ça paraissait déjà... Tu savais qu'il m'avait menacé afin que je ne te brise pas le cœur le lendemain où j'ai rencontré tes amis? Il est venu me voir et il m'a dit que si je te faisais mal j'allais recevoir son poing. C'est là que j'ai compris.
J'ouvre grand les yeux quand il révèle cette information qui m'était jusqu'alors inconnue. Pourtant, à cette époque nous n'étions même pas encore de bons amis. Je ne comprends rien. Je chasse le sujet pour me changer les idées et comprendre ce que Sieg fait ici. Il m'apprend que nous sommes en ce moment dans l'appartement qu'un ami lui prête puisqu'il est en vacances dans le coin. Il est maintenant animateur de radio. Je suis fier de lui.
-Au fait, maintenant que j'y pense, ton téléphone a sonné quand je faisais laver tes vêtements. J'ai répondu, mais personne n'a parlé.
Sieg sort de sa poche mon téléphone qu'il me tend. Personne ne m'appelle jamais sur ce numéro. Je me demande même pourquoi je paie encore un forfait. Avec curiosité, j'ouvre l'historique des appels, puis je me fige en reconnaissant le numéro de mon appartement. Je me lève d'un bond.
-C'était Erwin! Je dois y aller avant qu'il s'imagine des choses!
Mon ex approuve de la tête, puis il me reconduit jusqu'au bar où j'ai laissé ma voiture. Je lui promets de passer le voir cette semaine pour récupérer mes vêtements et boire un café. Même s'il m'a déjà brisé le cœur, Sieg reste un bon ami que j'aimerais avoir à nouveau dans ma vie.
Tout en respectant les limites de vitesse, j'entreprends le trajet jusqu'à l'appartement. Je monte à pas de course l'escalier qui mène à la porte, puis le cœur battant, je cogne. Une fois, deux fois...
Quand la porte s'ouvre enfin sur mon petit ami, je ne peux m'empêcher de sourire. Malgré notre dispute, l'envie de folle de sauter dans ses bras chauds et l'embrasser langoureusement se répand en moi. Les cheveux blonds d'Erwin sont dépeignés et sa barbe est non rasée. Est-ce que son choix le rend tout aussi triste? Je le crois, sinon il n'aurait pas appelé.
-Salut, mon amour, soufflai-je, je peux revenir?
Je m'attends à me faire sauter dans les bras, mais à la place, sa main rentre brutalement en contact avec ma joue. Outch! Pourquoi me frappe-t-il alors que ça devrait être le contraire?
-COMMENT TU AS PU ALLER VOIR AILLEURS ALORS QUE TU ME CONNAIS ET QUE TU SAIS QUE JE NE LE PENSAIS PAS!
-Hein?
-J'AI RECONNU LA VOIX DE SIEG QUAND J'AI APPELÉ SUR TON TÉLÉPHONE!
Tiens, je savais qu'il se ferait des films. J'aime toujours le voir jaloux. N'est-ce pas une preuve qu'il m'aime, même s'il ne le dit jamais?
-Erwin, tu sais que je te connais et que jamais je n'irais voir ailleurs. Sieg m'a seulement hébergé pour la nuit parce que j'étais un peu saoul quand il m'a trouvé. Tu sais que je t'aime. Je peux rentrer, maintenant?
Erwin semble réfléchir. Il me regarde, désormais plus calme grâce à mes explications, puis il me signe d'entrer. Je ne peux m'empêcher de sourire avant de pénétrer dans mon chez-moi.
-Tu sens l'alcool, affirme Erwin, tu vas devoir aller te laver.
-Je sais, c'est parce que...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que mon blond m'attire par le chandail contre lui. Ses lèvres douces rentrent en collision contre les miennes, puis avant que je ne puisse réagir, ses bras musclés m'entourent avec affection et son visage s'enfouit dans mon cou. Je lui rends l'étreinte en souriant.
-La prochaine fois que je veux te laisser, frappe-moi s'il te plait, souffle Erwin, je suis vraiment désolé, Mike... je t'aime.
Vient-il vraiment de dire ce que je pense? Après cinq ans, il me dit enfin les grands mots? Mon cœur s'accélère puis je le serre avec plus de force.
-Je t'aime aussi, Erwin.
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