Chapitre 6: Fête au chalet
Devant le grand miroir de ma chambre, je fixe mon reflet avec désespoir. Mon visage est trop long et mes cheveux pendent étrangement sur mon front. J'ai tenté de les coiffer un peu mieux, mais ça rend la chose encore plus laide. Même après avoir changé de vêtements plusieurs fois, j'ai toujours l'air d'une échalote aux cernes trop prononcés. Génial.
-Tu sais, déclare Annie qui fixe mon bureau, quand je t'ai conseillé d'entrer dans l'équipe de baseball pour parler avec Reiner, jamais je n'aurais cru que tu le ferais. Tu es plus motivé que je le croyais.
-Hum... Tu me trouves comment?
Je me tourne vers mon amie en ouvrant légèrement les bras pour me montrer entièrement. Annie me regarde de haut en bas, sans sourire.
-Pas terrible.
-C'est sympa...
-Je ne t'ai jamais trouvé beau, Berth. Tu n'es pas mon genre, donc pourquoi je te mentirais? Ça ne veut pas dire que Reiner ne te trouvera pas mignon ce soir. Au fait, ce n'est pas étrange de continuer à le dessiner même si tu lui parles tous les jours?
Sans répondre à sa question, je me contente de lui retirer le dessin qu'elle tient dans ses mains afin de le remettre doucement sur mon bureau, là où est sa place. Non, ce n'est pas étrange. Au contraire, j'ai l'impression que côtoyer Reiner m'aide à faire ressortir davantage sa véritable personnalité à travers mes coups de crayon.
Ce soir, c'est la fête qu'organise l'équipe au chalet. Annie a accepté de venir me prendre, car mes parents sont partis chez mes grands-parents avec la voiture familiale. Faire la fête avec eux m'angoisse. C'est la première fois qu'on m'invite à ce genre de soirée, donc j'ignore à quoi m'attendre. Connaissant mes nouveaux amis, ça risque d'être tout sauf relaxant.
Je reste silencieux pendant tout le trajet en voiture, admirant le paysage qui défile par la fenêtre. Sur mes genoux, je tiens contre moi un sac contenant des vêtements de rechange que Reiner m'a conseillé d'amener, ainsi que mon cahier au cas où la soirée m'ennuierait. Nous pénétrons bientôt le chemin de terre qui mène au chalet, puis Annie arrête son véhicule dans la cour bondée. Il y a tellement de gens!
Certains invités discutent dehors, d'autres fument ou boivent. La musique populaire résonne depuis la bâtisse et je commence à regretter mon lit douillet. Avec une tape amicale sur l'épaule, Annie me force à sortir. Nous marchons jusqu'à la porte restée ouverte pour une libre circulation. J'aurais dû arriver plus tôt, mais mon amie s'y est opposée. À ses yeux, les fêtes ne commencent jamais avant 21 heures.
La blonde me laisse rapidement seul, préférant aller retrouver des gens qu'elle connait. Debout au milieu de cette cuisine remplie d'invités, je me sens comme un crocodile perdu dans le désert, esseulé à travers cette masse d'inconnus. Du regard, j'essaie de repérer des visages familiers.
Près du comptoir, Mike essaie de discuter avec Erwin, un verre à la main. Notre entraineur semble s'ennuyer, regardant partout autour de lui avec fatigue. Peut-être cherche-t-il un moyen de fuir le forceur? Le pauvre, il doit commencer à se sentir harcelé.
Plus loin, Livai et Hansi conversent avec une jolie rousse et Auruo. Il vaut mieux ne pas les déranger. Dans un soupir, je vais vers le salon et un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque j'aperçois des gens assis en rond sur le sol. Il s'agit de plusieurs personnes de l'équipe, dont Jean, Marco, Eren, Conny et Reiner. Avec eux se trouvent aussi des filles comme Historia ou une Asiatique aux cheveux courts, mais elles ne m'intéressent pas.
Timidement, je m'approche du groupe et Reiner sourit en me voyant. Il tapote une place près de lui où je vais m'assoir.
-Tu arrives tard, me reproche le blond en souriant.
-J'ai embarqué avec Annie, donc il fallait que j'attende qu'elle soit prête.
-Tu aurais dû m'appeler. Je serais allé te chercher.
Je rougis faiblement en baissant les yeux vers le sol. Oui, j'aurais peut-être dû... Dans le centre de notre cercle se trouvent un petit pot rempli de papiers, une bouteille d'alcool et des petits verres en plastique pour des shooters.
-Tu veux jouer? S'enquiert Jean dont la voix est légèrement déformée par un abus d'alcool évident, c'est un jeu d'actions. Tu piges un défi et si tu n'as pas les couilles de le faire, tu prends deux shooters.
Il sourit en buvant une gorgée dans une canette de Smirnoff qu'il tient. Le garçon est déjà presque ivre.
-Le jeu vient juste de commencer, explique Reiner, personne ne t'oblige à jouer, mais c'est parfois marrant. Par exemple, tantôt Conny a dû faire la danse du bacon et Jean a pris les shooters pour ne pas devoir faire une déclaration d'amour à Eren.
-J'emmerde Eren, réplique Jean.
Même si ce jeu ne semble pas être ce que j'aime, j'accepte pour que Reiner ne me prenne pas pour une mauviette. La partie reprend et les défis sont plutôt amusants, rien de bien compliqué. Eren se retrouve à lécher le dessous de pied à Conny, qui selon son visage ne doit pas sentir très bon. Il se redresse en frissonnant de dégout, puis il boit rapidement dans sa bière pour masquer le goût.
-Marco, c'est à toi!
Marco sourit en se penchant vers le pot pour en sortir un papier qu'il lit. Son sourire s'efface doucement alors que ses joues se teignent en rouge.
-C'est quoi? S'enquiert Historia.
-Euh... En fait... je ne peux pas.
-Donne-moi ça.
Jean, lui arrache le papier des mains afin de le lire à voix haute:
-Embrasse sur la bouche l'une des deux personnes près de toi. Choisis le/la plus belle/beau. Voyons Marco, ce n'est pas difficile! Tu as le choix entre moi ou Bertholdt... Oh, finalement c'est vrai que tu es dans la merde.
Marco n'est plus qu'une grosse tomate bien rouge. Je le comprends. À sa place, je boirais sans hésitation les shooters. Je n'ai même pas à m'inquiéter de son choix, car ses regards embarrassés vers son meilleur ami veulent tout dire.
-Aller Marco, embrasse Jean, rigole Eren.
-Si tu ne veux pas, tu peux boire, affirme Reiner, c'est compréhensible. Jean l'a fait tantôt pour quelque chose de plus facile.
-Plus facile? Se plaint Jean, tu veux rire? Entre dire des mots doux à Jager et embrasser Marco, le choix est vite fait. Je veux dire, mec, t'es mon meilleur ami. Il y a des filles qui font ça tous les jours entre copines.
-Euh, non, réplique froidement l'Asiatique, personne ne fait ça.
Jean doit être vraiment plus ivre que ce que je croyais pour tenir de tels propos. Marco le regarde timidement, puis il s'approche doucement de son meilleur ami. Ce dernier lui agrippe le menton afin de le tirer plus rapidement vers lui et ainsi seller leurs lèvres dans un baisé rapide.
-Vous voyez? Ce n'était pas sorcier, se défend Jean.
Même si pour lui ça ne doit rien signifier, c'est clairement différent pour Marco. Un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres. Malgré tout, il semble avoir adoré ce défi.
Nous ne tardons pas à terminer le jeu. L'unique défi que j'ai eu à relever a été de boire une bière le plus rapidement possible. Le goût est absolument infect, mais j'ai réussi à ne pas vomir malgré mes hauts le cœur. Comment des gens peuvent-ils boire une dizaine de ces canettes sans en être répugnés?
Le reste de la soirée, moi et Reiner discutons de tout et de rien sur le canapé. C'est la meilleure partie de cette fête.
-Tu es plus bavard que d'habitude, rigole le blond, c'est ce défi qui t'a rendu comme ça?
-Non! Seulement, je ne bois jamais... Je suis simplement bien en ce moment, donc je ne vois pas pourquoi je resterais silencieux. Je veux dire, tu n'es pas gênant et j'aime bien parler avec toi.
Il sourit alors que je réalise qu'effectivement je parle peut-être trop, contrairement à d'habitude. C'est sans importance. J'aime beaucoup être avec Reiner. Ses yeux sont si beaux... et son sourire!
-Tu passes la nuit ici? Demande-t-il, toute l'équipe dort toujours ici après nos fêtes. Il y a trois chambres, donc suffisamment de place.
-Euh, non... je ne peux pas.
-Pourquoi pas? Annie a disparu depuis un moment et je te promets que personne ne va te faire de mauvais coup dans ton sommeil.
-Ce n'est pas le problème.
-C'est quoi dans ce cas?
Comment lui dire que je ne peux pas dormir ici, car j'ai un assez gros problème de somnambulisme? Je n'ai aucune envie qu'au matin on me trouve dans l'une de mes positions étranges! Je regarde autour pour m'assurer que personne n'écoute, puis je m'avance un peu vers Reiner.
-La nuit, j'ai tendance à être somnambule, avouai-je.
-Et alors? C'est simplement drôle.
-Non, tu ne comprends pas. Je me suis déjà réveillé sur la pelouse devant chez moi et je ne sais pas tout ce que je fais quand je dors. Je pourrais très bien frapper quelqu'un.
-Oh... Dans ce cas, tu dormiras simplement avec moi pour que je te surveille?
Mon cœur fait un bond. Qu'est-ce qu'il vient juste de dire? Mes joues rougissent en m'imaginant dormir avec Reiner. J'ai terriblement envie d'accepter. Son sourire qu'il a en attendant ma réponse me met dans tous mes états et je ne résiste pas à lâcher un petit « OK ».
La plupart des invités sont partis et je commence à cogner des clous. Eren et Jean ont fait un concours de shooter parfaitement ridicule qui les a conduits à l'ivresse totale. Alors que le brun a dû être ramené chez lui par sa sœur, l'autre vomit tout son corps dans la salle de bain. Marco prend avec patience soin de lui, caressant ses cheveux avec bienveillance. Lorsque Jean se plaint du mauvais goût dans sa bouche, le tacheté lui sert de l'eau. C'est adorable le voir ainsi s'occuper de lui... Dommage qu'il n'ait pas le courage de lui dire ce qu'il ressent.
Quand vient l'heure de se coucher, je suis Reiner jusqu'à une chambre au deuxième étage. Plutôt petite, mais charmante, je sens mon cœur s'accélérer en voyant l'unique lit double dans la pièce. Je vais vraiment dormir avec ma muse... Le blond ne me porte aucunement attention et il retire ses vêtements avant de se faufiler sous les draps, uniquement en caleçon.
Tel un poteau, je reste planté au pied du lit à regarder Reiner. Ses muscles bien dessinés semblent encore plus sexy que ce que j'ai vu dans les vestiaires.
-Je dors toujours en caleçon, affirme d'une voix fatiguée le blond, j'espère que ça ne te gêne pas?
-N-non...
Ce n'est qu'un ami... Je dois me calmer! Avec timidité, je décide de faire comme lui et retirer mes vêtements en trop pour la nuit. C'était donc pour demain matin, mon habit de rechange? Je me glisse dans le lit près de Reiner, gardant le plus de distance. Le beau garçon me sourit avant de fermer les yeux pour la nuit. Il doit faire exprès pour m'embarrasser!
Non, pourquoi ferait-il ça? Ses fesses musclées viennent se coller contre les miennes, ce qui est terriblement excitant. Je dois absolument penser à autre chose ou bien... trop tard. Pour m'assurer qu'il ne voit rien, je m'éloigne encore plus et je reste sur le côté. Après quelques minutes, je parviens à m'endormir.
Le matin, c'est le bruit de la télévision au rez-de-chaussée qui me réveille. J'ouvre doucement les yeux, toujours fatigués. Il est quelle heure? Une chose est certaine, c'est qu'en ce moment, je suis très confortable.
Trop confortable...
J'ouvre grands mes yeux et je remarque avec stupéfaction que je suis allongé sur le corps chaud de Reiner en sous-vêtements! Ce dernier me regarde avec un sourire en coin.
-Quand tu dis que la nuit tu bouges beaucoup, tu avais raison, rigole-t-il, tu t'es cramponné à moi toute la nuit et voilà où tu es rendu.
-Je...
Merde! C'est exactement le genre de chose que je voulais éviter en dormant ici! Paniqué, je bondis en bas du lit. Après avoir trouvé mes vêtements de la veille, je les enfile plus rapidement que jamais pour cacher cette chose gênante qui apparait au mauvais moment. Sans même saluer Reiner, je quitte le chalet en courant.
Qu'est-ce que Reiner va penser maintenant?
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