𝑪𝒉𝒂𝒑𝒕𝒆𝒓 𝟔 : 𝑰'𝒅 𝒍𝒊𝒌𝒆 𝒇𝒐𝒓 𝒕𝒉𝒊𝒔 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒕𝒐 𝒔𝒕𝒐𝒑 𝒇𝒐𝒓 𝒂 𝒃𝒊𝒕

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Pour leur dernière journée de route, ils ont troqué leur voiture pour une moto et filent à toute vitesse vers la mer. Les bras de Jisung sont serrés autour de la taille de Minho et sa joue repose sur son épaule. Il s'emplit de son odeur, tant qu'il peut. Chan les a appelés, Jisung est officiellement recherché. Minho ne manquera à personne mais il sait qu'il faut faire vite, alors il roule plus vite qu'il ne l'a jamais fait, et Jisung s'accroche.

Ils n'ont pas vraiment défini ce qu'il se passe entre eux, ils vivent et c'est déjà bien assez. Minho sent le cœur de Jisung battre contre son dos. Il ne peut refréner le sourire qui pointe sur ses lèvres.

Le temps a toujours été leur ennemi, celui qui les empêchait de vivre. Mais maintenant qu'ils sont ensemble, le temps ne leur paraît plus si imposant. Il semble même s'allonger en la présence de l'autre. Est-ce que c'est ça d'être amoureux ? Minho n'a jamais été amoureux. Il n'y connaît pas grand chose, alors il s'interroge.

« T'as déjà été amoureux ? » demande-t-il lorsqu'il s'arrête pour manger.

Jisung lève la tête de son sandwich triangle pour le regarder. Minho a la tête penchée sur le côté, ses yeux noirs plantés dans les siens, en attente d'une réponse.

« Une fois, répond-il.

- C'était bien ?

- Au début. Ensuite c'est devenu trop lourd. Et puis j'étais un vrai con à cette époque.

- T'es toujours un con. »

Jisung lui lance sa tomate que Minho esquive en rigolant. Ils sentent leurs joues rougir et détournent le regard.

« C'était il y a longtemps ?

- J'avais 18 ans. Il y a cinq ans.

- T'as rencontré personne depuis ?

- Si.

- Qui ? »

Les yeux bruns de Jisung s'ancrent dans ceux de Minho qui déglutit.

« Je vois... »

Ils finissent leurs sandwichs et les voilà repartis. Le vent fouette leurs visages malgré la visière de protection de leurs casques. Ils ont les joues rouges, mais on ne sait pas si c'est la présence de l'autre ou le froid qui leur fait ça. Peut-être un peu des deux.

Le paysage montagnard laisse peu à peu place à des champs qui s'étendent à perte de vue. Ils croisent de temps en temps des paysans perchés sur leurs tracteurs ou des enfants qui courent après un chien.

Les nuages s'amassent à l'horizon, le ciel se teinte de gris : il va pleuvoir.

Jisung s'en fiche. Il aime la pluie. Elle lui rappelle son enfance, quand il jouait dans les flaques d'eau, quand tout n'avait pas encore dégénéré, quand son plus grand problème était de gagner à la course dans la cour de récréation. Elle lui rappelle leur premier jour de fuite ensemble.

Minho n'aime pas la pluie. Elle rend la route glissante, elle le laisse transi de froid, elle lui rappelle les longues après-midi à rester cloîtré chez lui. Elle lui rappelle les larmes qui coulaient sur les joues de Jisung lorsqu'ils sont partit. Alors il accélère encore et Jisung se serre un peu plus contre lui.

Ils arrivent à la petite ville portuaire dans laquelle ils ont rendez-vous juste avant que la nuit tombe et qu'il ne commence à pleuvoir. Jisung sent les gouttes tomber sur son front lorsqu'il enlève son casque. Il le pose par terre et lève la tête vers le ciel. Les yeux fermés, les bras ouverts, il tourne sur lui-même dans la pâle lueur du crépuscule. Minho le regarde faire. Il a envie de le rejoindre, même s'il n'aime pas la pluie.

Finalement, peut-être que c'est ça être amoureux. Peut-être que c'est accepter de sortir de sa zone de confort pour rentrer dans celle de l'autre.

Et puis Jisung s'arrête brusquement, comme un glitch dans les jeux vidéo.

« J'ai pas envie de partir, » dit-il dans un souffle, le nez levé vers le ciel sombre.

Minho ne sait que répondre. La question n'en a jamais été une pour lui. Partir ou rester, ça revenait au même. Maintenant encore plus.

« Tu peux rester si tu veux.

- Vraiment ? »

Il a planté ses yeux dans les siens. Il est trempé et l'eau continue de dégouliner sur son visage, mais il ne semble pas s'en préoccuper. Minho est à l'abri sous l'avancée du toit de l'hôtel, et ça le préoccupe.

« C'est ta vie, Jisung. T'en fais ce que tu veux.

- Je sais pas vraiment si on peut dire que c'est ma vie. Je l'ai offerte à un paquet de gens. »

Sa voix est lointaine, toujours un peu ancrée dans le passé.

« Alors c'est à toi de la reprendre en main. »

Jisung le regarde sans le voir, perdu dans ses pensées. Il n'en sort que lorsqu'il éternue violemment. Minho soupire. Voilà pourquoi il n'aime pas la pluie.

« Tu vas attraper froid.

- On dirait ma grand-mère. »

Jisung ricane, Minho soupire.

« Je m'en fous d'être malade. Comme ça, tu pourras t'occuper de moi.

- Je m'occupe déjà de toi. »

Le garçon aux cheveux bleu aussi sombre que la nuit éclate de rire et Minho suit, parce que son rire est communicatif et que la situation est tout de même assez comique : deux idiots dont l'un recherché par la police en train de rire sans aucune raison sous la pluie.

Il y a de quoi rire en effet, si on oublie le caractère problématique de la situation.

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NDA :

Dernier chapitre avant l'épilogue.

Court et efficace mais je sais pas, y a un truc que j'aime bien dans ce chapitre :)

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