CHAPITRE 3
Alaïa
Je n'ai pas le temps de me pencher pour attraper mon sac et me diriger vers les douches qui nous sont attribuées, que deux bras m'entourent et me soulèvent du sol.
— J'ai vu ta pirouette poupée. J'aime quand tu prends des risques.
Aaron.
Athlétique, charismatique, il en impose. Tous les regards convergent vers lui. De son sourire ultra-bright à ses cheveux blonds soigneusement coiffés en arrière, ensembles, nous formons le couple parfait. La co-capitaine des pom-pom girls et le capitaine de l'équipe de basket. Tout était prédestiné.
Le grand blond me repose au sol avant de me faire pivoter vers lui et de m'embrasser avec passion, comme s'il cherchait à marquer son territoire, même si je lui appartiens déjà. Personne n'oserait essayer de venir tenter quoi que ce soit avec moi. Qui oserait s'opposer à lui et sa taille imposante ? Même s'il râle souvent, puisqu'à un petit centimètre près, son mètre quatre-vingt-dix-neuf, atteindrait les fameux deux mètres. À son corps sculpté par les nombreuses heures d'entraînement, mis en valeur par son maillot de l'équipe qu'il arbore fièrement ? Je lui rends son baiser en m'accrochant à son cou. Les sifflets fusent lorsque ses coéquipiers nous rejoignent.
— Tain mec, t'as vraiment tiré le gros lot avec elle.
— Et encore, tu sais même pas, ajoute Aaron avec un sourire obscène.
Je n'y prête pas attention. J'y suis habituée. Ce ne sont que des plaisanteries auxquelles ils sont coutumiers. Ils sont simplement jaloux de notre relation.
Aaron et moi, nous connaissons depuis l'enfance. Nos mères, meilleures amies, semblaient avoir tout planifié. Dans la haute société, on ne se mélange pas avec le commun des mortels. Le sang pur ne se mêle pas au reste de la société. C'est ainsi que les acquis sont préservés et que les fortunes restent entre les mains des familles. Une sorte de mafia, qui sous prétexte de faire se fréquenter les enfants dès le plus jeune âge, maintient le contrôle. Aaron et moi, c'était une évidence. Nous nous complétons parfaitement, nos familles ayant toutes deux hérité de grands noms. Quand je pense à ma cousine qui a quasiment terminé à la rue d'avoir voulu épouser un « pauvre », j'en ai des frissons. Depuis, elle jongle entre deux petits boulots mal payés, et n'est même pas capable de se mettre quoi que ce soit de décent sur le dos. Quelle horreur ! Alors Aaron, j'ai de la chance. Il me fait rire, ce qui est déjà bien, et il aura une bonne situation en reprenant le prestigieux cabinet d'avocat de son père. Et puis, j'ai appris à l'aimer.
— Ce week-end, j'organise une fête. Vous êtes toutes invitées, les filles.
— Normal, fait Lexie. Tu comptais la faire sans nous ?
Elle éclate de rire en glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. Depuis que celle-ci arbore une coupe carrée, elle ne peut s'empêcher de les toucher sans cesse pour attirer l'attention sur eux. Andrew passe un bras autour de ses épaules. Grand, roux, deuxième meilleur marqueur de l'équipe de basket, il est aussi séduisant que vicieux. Les deux forment un duo parfait. Je sais qu'il brigue le poste de capitaine de l'équipe, mais Aaron, avec sa tête de plus et son compte en banque bien plus fourni, le surpasse. Rien n'est basé sur le mérite ici, même si pour une fois, mon futur mari est bien meilleur que lui et mérite sa place.
— Faudrait pas traîner, les bouseux commencent à envahir les lieux.
Lexie lui frappe légèrement l'épaule, plus par habitude que pour autre chose. Je sais qu'elle pense la même chose.
— Oui, j'voudrais pas attraper leur mauvais goût, dit-elle en désignant du menton une fille qui n'a rien demandé et qui passe près de nous en serrant ses livres contre elle.
Je grimace.
— T'as pas tort.
Elle reprend, choquée.
— Regarde-moi ce pull bon marché et ce jean ! J'ose même pas mentionner ses chaussures. Elle a dû trouver ça dans une friperie du coin.
Elle éclate de rire, et moi aussi, ce qui ne manque pas de parvenir aux oreilles de la pauvre fille qui accélère le pas comme pour s'échapper.
Andrew commence à émettre des petits bruits, comme s'il chassait une poule, ce qui nous fait rire de plus belle.
Au milieu de toute cette agitation, Aaron trouve son chemin derrière moi et m'attire à lui.
— Viens ici, bébé.
Je me laisse faire et me glisse dans ses bras.
— J'ai un cadeau spécial pour toi ce week-end.
Je me contente de hocher la tête.
Il me repousse légèrement pour me tenir à distance.
— C'est quoi l'problème, t'es pas contente ?
— Si, si, c'est juste que j'ai commencé à avoir très mal à la tête. Les filles ont été tellement agaçantes ce matin...
— Pas mieux pour l'équipe. Pas un pour relever le niveau. J'devrais jouer seul, j'frais un meilleur boulot.
— Toi, tu peux, moi j'ai besoin d'un lanceur et d'un receveur.
Un sourire en coin, il hausse les sourcils de manière suggestive.
— Si tu veux, j'peux te lancer, moi... Et t'inquiète que je vais bien te recevoir.
— Aaron, t'es con...
Mon ton désapprobateur ne le dissuade pas, car il commence à ôter son t-shirt.
— Tu vas voir, j'vais t'faire une démo.
— Aaron...
Torse-nu, il fait jouer ses muscles dans une danse qui en émoustillerait plus d'une. Aaron est beau. Très beau et il le sait. Malgré moi, je ris, ce qui sonne comme une invitation pour lui. Il balance son t-shirt floqué du numéro 1 au sol, tout comme son ego, et se jette de nouveau sur mes lèvres. Ses baisers sont toujours avides. Il ne me laisse pas le temps de respirer et grogne comme une bête enragée. Je sais qu'il me désire. Tout le temps. Partout. Mais ici, ce n'est ni le lieu ni le moment.
— Aaron, stop. On est pas tout seuls...
Une de mes camarades de classe me rappelle de loin que notre premier cours de la journée débute dans une demi-heure.
— Allez, fonce bébé. Ton dieu Aaron doit lui aussi aller prendre sa douche. Tu veux la prendre avec moi ?
Aaron a souvent l'habitude de parler de lui à la troisième personne.
J'avoue hésiter un instant, tant la proposition est tentante et j'aurais bien besoin de me défouler, mais je n'ai pas le temps.
— Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver...
Il me claque les fesses sans ménagement et part en petite foulée en direction des vestiaires non sans s'être retourné pour me faire une petite danse suggestive.
***
Maddy, qui m'attend dans les vestiaires, a commencé à se déshabiller pendant que les autres filles sont déjà sous la douche. L'avantage avec elle c'est qu'elle ne me tient jamais rigueur de mes remarques. Elle ne doit même pas en comprendre le sens de toute façon...
Nous sommes en retard.
— Dépêche-toi, ça va être juste pour nous refaire une beauté, glousse la grande rousse qui me suit partout en se glissant dans la cabine.
— Parle pour toi ! Moi, j'ai pas grand-chose à faire...
J'enlève mon uniforme marqué de mon nom et le balance négligemment au sol. Maddy, elle, est déjà en train de se rincer, quand j'entre à peine à mon tour sous la douche. Le jet froid, censé stimuler ma peau et la rendre plus ferme, me coupe le souffle. Je ne m'y suis toujours pas habituée et je serre les dents en attendant que mon corps s'acclimate. La voix de Maddyson parvient jusqu'à moi par-dessus le bruit de l'eau.
— Toi et Aaron, c'est toujours aussi chaud dit donc.
La fleur de douche glisse sur ma peau et le parfum de coton commence à embaumer la petite cabine dans laquelle je me trouve.
— Oui oui.
— Vous faites vraiment un super couple...
La pointe de jalousie dans sa voix est évidente et je ne peux m'empêcher de sourire.
— Je sais.
Beaucoup nous envient. Évidemment, nous sommes parfaits.
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