La fin de soirée du vernissage se passa sans encombre. Hyunjin s'était excusé auprès de Soo, un sourire scotché aux lèvres que ce dernier avait parfaitement compris, étant lui-même marié et très heureux en ménage depuis de nombreuses années... pendant que Chan n'avait rien loupé de cette soirée. Lui et Iseul avaient fait leur pronostic et aucun des deux n'avaient perdu d'argent ce soir-là.

Jeongin se retrouva seul avec Hyunjin, légèrement moins assuré que quelques heures auparavant.

Jeongin était maintenant habillé d'une chemise beige en lin et d'un pantalon droit bleu foncé qui venait encadrer ses hanches fines. Ses cheveux, maintenant bruns foncés depuis son départ de SDD, tombés négligemment devant ses yeux effilés qui avaient repris de leur éclat.

Jeongin commença à ramasser quelques gobelets, s'occupant les mains et l'esprit. Il était tard dans la nuit et Hyunjin ne savait pas vraiment sur quel pied danser non plus et ce qu'il en était d'eux à présent. Les amoureux s'étaient jaugés du regard toute la soirée, dansant dangereusement prêt l'un de l'autre, frôlant leurs mains au moment d'attraper un verre, riant aux blagues qui ne leur étaient pas adressées, s'enfonçant davantage dans une tension qui les rendait tous deux extatiques, ne repérant plus que l'un et l'autre, attendant avec voracité que tous quittent enfin leur espace.

Jeongin balançait maintenant des regards timides au travers de la pièce espérant croiser malencontreusement celui d'Hyunjin et ainsi enclencher un premier contact, ce qui n'arriva malheureusement pas. Jeongin tournait alors la situation dans tous les sens dans son esprit quand il émit un petit rire franc et doux qui couva la pièce de sa lumière.

- « On est timide l'un envers l'autre maintenant ? Vu comment tu m'as cherché toute la soirée, j'aurais pensé que tu aurais été heureux que l'on se retrouve tous les deux ... ».

- « Comment ça je t'ai cherché ? Je ne t'ai pas approché de la soirée ! »

Hyunjin ne croyait pas à ses propres mensonges et un sourire venait faire ressortir ses joues d'enfant qui se mirent à roussir de malice. Il était amusé et Jeongin l'était également. Ils se toisaient, se jaugeait, attendant de voir qui oserait en premier.

Jeongin continua à débarrasser les tables et quand il eut finit il alla déposer les poubelles dans les conteneurs devant le bâtiment, et sur le retour, en traversant la cour, il se dit en lui-même qu'il ne savait même pas ou vivait Hyunjin...

En pénétrant de nouveau l'atelier qui était resté ouvert, Jeongin pouvait apercevoir son amant en train de se frotter énergiquement les mains de nervosité, tentant probablement de reprendre une contenance pendant son absence furtive, comme il avait pu le faire en prenant lui-même l'air doux de la ville à l'instant. Hyunjin se tapait les joues avec vitalité, les faisant légèrement rougir quand il remarqua la présence de son, il l'espérait, petit ami.

- « Je t'intimide autant que ça ? ».

- « N'y prends pas goût, ça va vite me passer ».

Leur complicité et leur humour pince sans rire commun étaient toujours évidents, c'était un soulagement pour chacun d'entre eux.

Maintenant que le ménage n'était plus une excuse, les deux amis se regardaient avec une intensité nouvelle et leurs yeux ne leurs apparaissaient plus timides, ils étaient avides. Avides du temps perdu, du temps manqué, avides de rattraper l'irrattrapable, de se sentir, de se toucher. Avides de savoir ou si situait le commencement de l'autre et d'à quel moment ils ne feront de nouveau plus qu'un, émotionnellement, psychiquement, physiquement.

Leurs regards se faisaient de plus en plus intense et la cage thoracique d'Hyunjin se soulevait avec de plus en plus d'intensité à mesure que les secondes défilaient.
Prit d'un mouvement de crainte, Jeongin coupa leur échange un instant, il ne souhaitait pas aller trop vite et il sentait, à son tour, la tension monter dans tout son corps, le rendant fébrile de désir pour son ami,

- « Je ne sais même pas où est-ce que tu habites Hyunjin ».

- « Au-dessus de l'atelier ».

- « Comment ça ? ».

- « T'es parents m'ont fait l'avance pour pouvoir demander un prêt et il y a quatre ans, j'ai acheté le studio au-dessus. C'est pas immense, mais je l'aime beaucoup. Je ne leur avais rien demandé bien sûr, ils l'ont fait d'eux-mêmes et comme tu t'en doute je leur rembourse tous les mois l'argent ».

- « Ça me fait plaisir d'entendre ça Hyunjin et ne t'inquiète pas, j'espère que tu sais que ça a aucune importance pour moi. Je ne savais juste pas qu'ils étaient restés en contact avec toi, c'est ça qui me surprend.. Ma mère m'avait dit... en fait elle m'a jamais vraiment dit que vous n'étiez pas en contact maintenant que j'y pense ».

- « Je le lui avait demandé de rester flou à ce sujet... ne soit pas trop dur avec elle, on sait tous les deux que tu l'es déjà trop ».

Hyunjin lui sourit avec complicité. Il ne le jugeait pas, il était au contraire heureux pour lui. Jeongin était suffisamment proche de ses parents pour avoir de quoi leur reprocher des choses et être, de temps en temps, un enfant capricieux. Jeongin, de son côté, les trouvait parfois étouffants, de vrais parents poules, c'était souvent une réalité, mais Hyunjin, lui, sans véritablement de famille depuis Jeongin, rêvait d'en construire une et il avait trouvé un substitut qui comblait toutes ses attentes chez la famille Yang.

- « Tu me montre ? ».

- « Mes cotisations ? 585 par mois pendant 20 ans, rien d'extraordinaire ».

- « Idiot ».

Jeongin s'approcha de son vis à vis en riant se trouvant maintenant à quelques centimètres à peine. Il osa frôler ses hanches de ses doigts, avant de finir par s'y accrocher, survolant de ses pouces la commissure des sous-vêtements de ce dernier, touchant sa peau dans un contact électrisant. Il humidifia ses lèvres de sa langue, joueur et Hyunjin n'en perdit pas une miette. Avidement, Jeongin approcha ses dernières de l'oreille de son amant, sans véritablement croiser son regard,

- « Je veux voir ton appartement ».

Le sous-entendu était à peine voilé et Hyunjin pouffa de rire, lui faisant oublier le temps d'un instant les mains qui entouraient ses hanches et imperceptiblement, comme dans un mouvement naturel, un réflex longtemps refoulé, il avança son bassin vers celui de son cadet. Leurs torses étaient sur le point de se toucher et Jeongin fronça ses sourcils de désir dans une moue dévorée par le désir.
C'était le signe qu'il était à cran, qu'il en voulait plus, Hyunjin le savait, il connaissait son corps et ses réactions par cœur, il connaissait chacune de ses crispations, chacun de ses désirs, même les plus secrets, même les plus discrets et surtout les plus refoulés.

Il glissa sa main douce remplie de bagues au cou de son homologue et rapprocha doucement leur visage. Hyunjin ne pouvait que loucher sur les lèvres de Jeongin, il ne pensait qu'à cela depuis leur dernier contact, il voulait les sentir à nouveau, tout son corps le suppliait de les faire se rencontrer encore et encore.
Son souffle devint plus intense, plus chaud contre la peau de son amant et Jeongin pouvait observer ce dernier humidifier frénétiquement ses lèvres, les rendant luisante de luxure. Cette scène s'ajouta encore à ses pensées et Jeongin ne pouvait plus attendre, il devait l'embrasser, il n'en pouvait plus.

Doucement, il s'approcha du corps du plus grand, collant leur torse dans une luxuriante lenteur. Jeongin pouvait sentir le souffle chaud et rapide de son ainé contre sa peau luisante de leur désir. Cette sensation au creux de son ventre le rendait brûlant d'avidité et sans le vouloir, ses mains se crispèrent davantage sur les hanches de son petit ami ce qui le fit gémir dans une supplique insoutenable à l'oreille de son amant.

Il se regardèrent intensément, et d'un commun accord, il se détachèrent rapidement, l'un alla fermer l'atelier quand l'autre courait presque pour éteindre les lumières.

Hyunjin attrapa son petit ami par la main et l'amena dans un escalier de métal dans la cour privée. Ils y gravirent quelques marches avant d'atteindre un palier unique qui menait à l'appartement du secrétaire. Ils y entrèrent hâtivement, Hyunjin ne prit pas la peine d'allumer les lumières, il se contenta uniquement de fermer derrière Jeongin, le plaquant volontairement à la porte maintenant scellée derrière eux, le provoquant avec sournoiserie. Ce dernier, surprit, frémit et gémit au contact de leurs corps, s'agrippant, comme dans un réflexe, au torse de son ainé. Hyunjin le guida jusque dans la chambre, un peu plus haute de quelques marches, dans une semi mezzanine que Jeongin ne découvrirait qu'au petit matin.
Il y alluma une petite lampe murale et observa un instant son vis à vis, comme pour être sûr.
Hyunjin avait trop attendu et il en voulait plus, mais il ne voulait pas non plus mettre à mal l'équilibre qu'ils venaient difficilement de se construire au fil des derniers mois, alors, il toisa avec questionnements son homologue qui, comme toujours, sans mots, lui transmis du regard son approbation. Il le voulait aussi. Il voulait le voir, le toucher, le sentir, c'était viscéral, tel que ça l'avait toujours été entre eux.

Face à son accord tacite, Hyunjin n'attendit plus, avec hargne et empressement, il embrassa les lippes sucrées et fines de son homologue, le faisait tanguer par la puissance de leurs retrouvailles, écrasant leur corps contre le matelas de ce dernier.

Leurs gémissements se mêlèrent au bruit nocturne de la ville qui, bien timide tout à coup, couvrirent leurs bruits de klaxons, d'ambulances et de bruitages dont elle était la seule maitresse.