District 9.
- Je te dis que je vais bien Chan, votre réaction est complètement abusive. J'ai fait un malaise, rien de grave. J'ai même pas eu le temps de voir Morphée que j'étais déjà de nouveau là, à voir vos visages de dramas, c'est trop les gars !
- T'es blagues me font pas rire Hyunjin, putain, c'est pas le moment !
Minho était en colère, gravement. Il ne l'était pas contre son ami, il l'était contre lui-même. Les trajets en avions, en taxi, les trains et les décalages horaires couplés au manque de nourriture et au stress de devoir tout gérer l'avaient conduit jusqu'ici, il le savait. Hyunjin avait dû tout préparer, tout calculer et être toujours au maximum. Minho n'avait pas été assez prudent et il avait le sentiment d'avoir usé de sa capacité à travailler vite et bien.
Alors, la seule chose à laquelle Minho pensait à cet instant, était que tout était de sa faute. Il aurait dû être plus attentionné et comprendre que son rythme n'était pas le rythme de tous. Seungmin l'avait pourtant prévenu, d'une certaine manière...
- Le médecin a dit que tu étais surmené... Puis tu es en hypothermie Hyunjin, EN HYPOTHERMIE, donc non, désolé, mais j'ai pas envie de rire. Peu importe ton regard et ton pseudo humour pour minimiser ce qui se passe.
- Calme toi Minho, c'est pas de ça dont il a besoin. On ne va pas partir dans des reproches ou de l'autoflagellation, ça ne sert à rien. Il a besoin de se reposer, il a besoin de nous et...
- Je suis là les gars ! Vous ne pouvez pas faire comme si je n'étais pas dans la pièce ou que j'étais un enfant de 6 ans incapable de s'occuper de lui-même ou de comprendre ce qu'il se passe.
Le ton d'Hyunjin s'était fait sec, presque autoritaire. C'était la première fois que les garçons l'entendait s'adresser à eux de cette manière. Ils étaient tous les deux surpris et tout à coup, bien plus attentifs à leur ami.
- T'es déçu Minho, je l'entends bien. Moi aussi je suis déçu et crois-moi, je le suis beaucoup plus que toi, mais ce n'est pas comme avant et tu le sais, toi aussi Chan.
Hyunjin regarda ses deux amis avec intensité, captant leur attention,
- Ça n'a rien à voir. J'ai fait un malaise parce que je suis épuisé et que je ne dors pas très bien en ce moment, notamment parce que je suis stressé et que OUI j'ai pas beaucoup mangé ces derniers temps, je vous l'accorde, mais je t'en ai parlé Minho. Immédiatement et depuis j'ai mangé, et je me sens mieux.
Hyunjin s'était redressé dans son lit blanc et aséptisé. Chan le regardait, soucieux alors que Minho ne pouvait plus regarder personne, rongé par ses remords.
- Vous devez comprendre que je ne suis pas, ou que je ne suis plus une poupée de porcelaine prête à se briser à tout instant. Je suis plus fort que vous ne le pensez et mes problèmes ne sont pas tous liés à mon anorexie ou au boulot. Je suis responsable de ma propre condition et vous n'y êtes pour rien. Tout ça là, c'est le contrecoup de ces dernières semaines, mais je vais bien. Je ne ferai aucun retour en arrière, vous devez apprendre à me faire confiance.
Chan s'approcha du lit de son ami pour prendre délicatement sa main dans la sienne et s'essaya sur le fauteuil attenant pour rester au plus proche de lui. Son sourire était compréhensif et son regard lui demandait implicitement pardon pour avoir parlé à sa place.
La vérité c'est que malgré les circonstances Chan se sentait fier de son ami. C'était la première fois qu'Hyunjin prononçait le nom de sa maladie à voix haute, la première fois qu'il la nommait. L"artiste avait fait du chemin, il avait bougé et visiblement, ils ne s'en étaient pas suffisamment rendu compte.
De son côté, Minho, lui, restait prêt de la fenêtre. Sa colère était toujours perceptible alors qu'il semblait perdu en lui-même.
- Tu as raison, excuse-moi Hyunjin. J'ai eu peur, ça fait tellement longtemps que je n'avais pas eu ce genre de coup de fil..
La voix de Chan était étrangement douce alors qu'elle s'était légèrement brisée sur la fin. C'est comme si tous les souvenirs d'un passé lointain et sombre lui revenaient en mémoire.
N'entendant pas Minho le rejoindre dans ses paroles, Chan se retourna vers lui, inquiet. Minho semblait totalement fermé, l'esprit embué alors que Chan se dirigeait doucement vers lui. Lentement, avec autant de douceur que de fermeté, il déposa sa main sur l'épaule de son meilleur ami, captant enfin son regard. Ce dernier avait légèrement sursauté et le temps d'un instant, c'est comme si Chan avait réussi à le tirer de ses pensées invasives et tourmentées.
- Hyunjin a raison Minho... Et le médecin semble aller dans son sens. Avec un peu de repos et une alimentation plus riche ça ira mieux en un rien de temps. D'ici quelques jours tout sera réglé. On doit lui faire confiance... Ce n'est plus un ado même si ça restera toujours notre bébé.
- HEY ! Je vous entends.
- Je ne suis pas déçu de toi Hyunjin.
Le plus âgé fixait l'artiste, le visage couvert d'une peine qu'il semblait se reprocher. Sa posture, elle, restait sévère, le regard de nouveau fermé.
Pour qui ne connaissait pas Minho, on aurait pu croire à de la colère ou à de l'arrogance, mais pour qui savait observer, alors, on pouvait apercevoir, le temps d'un quart de seconde, cette lèvre tremblante et ce menton fragile. Pour qui avait su l'apprivoiser, alors, on pouvait constater que ses yeux étaient bien trop brillants pour être indifférents.
- Je sais que tu n'es pas fâché, mais être déçu de toi-même pour quelque chose dont tu n'as pas le contrôle est absurde Minho et s'il te plait, crois-moi, je vais bien. Je ne mentirai plus à ce sujet, je vous l'ai promis il y a bien longtemps et à toi plus qu'à quiconque... Ne crois pas que j'ignore ou que je n'ai pas conscience de tout ce que tu as fait pour moi Lee.
Le regard de Minho s'éclaircit et le temps d'un moment, les deux amis se regardèrent avec complicité et intimité. Chan regagna sa chaise et il prit de nouveau la main de son ami alors que Minho acquiesça de la tête,
Il devait lui faire confiance.
—
Jeongin avait le sentiment que la terre venait de s'effondrer sous ses pieds et qu'il était de retour neuf années auparavant.
Seungmin, conscient de ce qui pouvait se jouer en lui, le regarda avec tristesse, comprenant tout l'impact de la violente nouvelle qui venait d'exploser dans le cœur de son cadet. Ce dernier semblait savoir de quoi il retournait, mais l'ingénieur ne posa pas plus de question, suffisamment inquiet.
Jeongin, de son côté, semblait coupé du monde.
Jisung, qui n'avait pas eu le temps de se servir une tasse de thé, proposa aux garçons de rejoindre Hyunjin à l'hôpital et Félix lui expliqua qu'une voiture les attendait déjà en bas, Changbin au volant. Il était déjà tard, personne ne viendrait leur dire quoi que ce soit.
- Je ne peux pas venir, désolé. Vous me téléphonerez pour me raconter, je dois aller bosser.
Dans la panique, Jisung et Félix ne firent pas attention et descendirent avec hâte vers le hall, après tout, quoi d'anormal à ce que le stagiaire ne veuille pas rendre visite au secrétaire malade. Seungmin, lui, resta un instant tout en promettant à ses amis de les rejoindre en bas.
Sur qu'ils étaient déjà descendus, il observa avec plus d'inquiétude son ami. En ne venant pas, Seungmin sentait que Jeongin était en train de faire une erreur. Il ne savait pas déterminer dans quelle mesure, mais il savait au plus profond de lui que sa présence serait importante.
- Ne fuis pas Jeongin, je ne sais pas ce qu'il s'est passé et j'ai bien compris que tu ne voulais pas en parler. Tu m'en parleras de toi même et seulement si un jour tu en as envie, mais ne fuis pas, tu le regretteras toute ta vie. Crois-moi... C'est la pire chose que j'ai faite...
Seungmin attendit un instant, quelques minutes peut-être, espérant faire réagir son ami. Il le regardait avec gravité, essayant de lui faire comprendre la véracité de ses propos.
De son côté, la ville impatiente, attendait elle aussi un signe de sa part, mais malheureusement, seul le silence leur fît réponse,
- D'accord... C'est comme tu veux, mais tu finiras par le regretter et je pense au fond de toi que tu le sais.
- À demain Seungmin.
La réponse de Jeongin n'attendait aucun retour et Seungmin le savait. Terriblement inquiet, il passa sans même oser le toucher sa main au-dessus de son épaule, la laissant quelques secondes en suspension. Ne trouvant aucune validation, il se dirigea finalement vers les ascenseurs, pas sûr de lui aussi faire le bon choix.
Une fois parti, Jeongin rejoignit les cabines des toilettes les plus proches, tout au fond du laboratoire, là où personne n'allait jamais, là où personne ne pourrait le trouver. Il fît attention à ce que les quelques rares collègues encore présents ne le voient s'y engouffrer et sans attendre, il s'y enferma avec avidité.
Le silence assourdissant de l'espace et l'odeur caractéristique du carrelage froid et aseptisé le fît plonger encore plus profondément dans son désespoir. Abattu, il glissa lentement et avec douleur le long du mur adjacent à la porte et sans retenue, il pleura dans ses mains qui venaient maintenant recouvrir tout son visage.
Rapidement, des sanglots étouffés et des cris de douleurs commencèrent à baigner l'espace d'une mélodie si douloureuse et si insupportable à l'écoute, que la même ville éveillée commença à gronder de son tonnerre, les couvrant d'un bruit encore plus profond et plongeant tous les habitants avec lui,
Dans sa mélancolie.
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Pauvre bébé :$... Votre personnage préféré pour le moment ?
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