Au revoir là-haut : comparaison entre le livre et le film
LE VOILÀ ENFIN ! LE CHAPITRE SUR...
(Vous remarquerez que ce chapitre déborde de style grâce aux nombreux gifs qui le remplissent (je les ai piqués sur Tumblr ptdrr chuuut))
Au revoir là-haut est un film réalisé par Albert Dupontel et sorti dans les salles en octobre 2017. Il est (librement) adapté du roman éponyme de Pierre Lemaître qui a remporté le prix Goncourt en 2013. Je vous mets ci-dessous le résumé du film qui est à peu près le même que celui du livre :
En novembre 1919, à l'issue de la Première Guerre mondiale, deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire.
J'avais vu le film au cinéma à sa sortie, et je l'avais tellement aimé que j'avais presque peur d'en être déçue par un deuxième visionnage. Et en fait c'est drôle parce que PAS DU TOUT ! Je l'ai revu une deuxième fois au mois de mars et j'irais même jusque dire que j'ai "vécu" le film comme je l'avais fait lors de mon premier visionnage ; j'avais envie de rire aux mêmes moments, j'avais le coeur qui battait aux mêmes instants... (Notamment pour la scène de la terrasse, les vrais savent)
ET IL SE TROUVE QUE JE VIENS DE LIRE LE LIVRE. 600 pages, j'en suis fière. Je vais donc dans ce chapitre comparer le film et le livre - de manière un peu bordélique, excusez-moi.
Sans déconner, ce film est putain de drôle. Mais ce que j'adore c'est que c'est pas l'humour fait exprès, c'est pas les vannes ultra prévisibles des comédies humoristiques un peu limitées, c'est pas les blagues de remplissage qui sont là juste pour "faire rire". Non, c'est un humour beaucoup plus fin, cynique également (surtout dans le livre). Ouais en fait je pense que dans le livre c'est un humour très noir (du type "Un gars qui n'a plus de mâchoire ça a pas toujours envie de se marrer, mais quand même, comment il allait faire Édouard quand il voudrait rire ? Ça turlupinait Albert.") Tandis que dans le film c'est plutôt un humour genre comique de situation, comique de mots... (Merci les cours de seconde sur le théâtre 👍) Et des exemples j'en ai mais à la pelle ! Par exemple y'a une situation hyper drôle mais en même temps assez dérangeante, c'est trop spécial : ce moment où Madeleine, la soeur d'Édouard, vient rendre visite à Albert à son domicile pour l'inviter à dîner. Madeleine croit que son frère est mort sur le champ de bataille puisque Albert le leur a écrit dans une lettre destinée à elle et son père. Donc elle vient le voir : "Mr Maillard, je suis la soeur d'Édouard... Je vous invite à dîner, etc... Mon père aimerait mieux connaître les circonstances de la mort d'Édouard." ET EN MÊME TEMPS, tandis que Madeleine parle au pauvre Albert (à noter que Albert c'est le pauvre type qui demande qu'une chose, c'est une existence tranquille, et il lui arrive que des merdes) EN MÊME TEMPS t'entends à l'étage Édouard riant à gorge déployée (je ris toute seule face à ce jeu de mot on ne peut mieux trouvé) avec Louise, mais genre le mec il se tape la barre du siècle alors qu'en bas on parle de sa prétendue mort. C'est vraiment énorme comme scène. Ou encore j'aime beaucoup quand Louise (c'est une petite fille qui traîne avec eux) "traduit" ce que dit Édouard (ce qu'il n'y a pas dans le livre, notamment). Parce que du coup, Édouard n'ayant plus de mâchoire, donc plus de langue hein, ni de lèvres, plus de bouche du tout en fait, il parle très guturalement, et c'est souvent difficile à comprendre. Donc Louise, qui elle comprend parfaitement, traduit à Albert les mots d'Édouard. Et parfois c'est drôlement mignon genre t'as Édouard qui fait "Rhââ rhââ" et en fait la traduction c'est un sifflement d'admiration, vous savez là, "Uuuuh Uuuuh !" x)
Albert, la petite Louise et Édouard
Je pense qu'il y a plus d'humour dans le film. Le film est sûrement plus léger que le livre, qui lui possède une atmosphère plus dure, plus réaliste, je dirais même. C'est-à-dire que le livre te plonge plus dans la véritable misère, les véritables problèmes, il est plus cru que le film, qui lui est plus poétique, plus léger à certains moments. Dans le livre, on appuie plus sur les sentiments, la psychologie, il y a plus "d'introspection" dans les ressentis des personnages. Les mots ont une puissance, un impact, que les images n'ont pas. Dans le film, tu vois bien qu'Édouard il va pas bien, forcément, c'est normal. Mais dans le livre c'est écrit mot pour mot "Édouard était terriblement déprimé." Cette notion de perte de goût de vivre est beaucoup plus présente dans le livre, c'est beaucoup plus palpable. Et c'est aussi pour ça que lorsqu'Édouard commence à retrouver le sourire, jusqu'à éclater de rire (bon c'est vrai qu'il y a un petit côté fou, voire à enfermer dans un hôpital psychiatrique) mais ça fait du bien. C'est beau. J'imagine ce rire aigu, presque féminin, voler, planer, partout où il passe, restant suspendu dans l'air bien après son arrêt, tel des particules de poussière qui danse dans les airs à la lumière. Et ça me rend heureuse. (Nan mais cherchez pas, j'ai un truc de pas normal avec ce personnage)
Ce film respire une poésie inouïe
Par contre, je sais pas si c'est moi qui ai un problème ou quoi mais, je trouve que dans le film les choses ne sont pas assez... fortes. Violemment explicites. (Tiens j'aime bien cette formulation) Genre le moment où Édouard se prend l'obus en pleine gueule, et bien je le trouve pas hyper bien réalisé pour le coup. J'aurais voulu que ce soit encore plus... trash. Oh c'est comme le moment où il se regarde dans la glace pour la première fois pour voir à quoi il ressemble (et surtout découvrir l'horrible vérité : qu'il n'a plus de mâchoire ! Tout le bas de son visage, y'a plus rien, c'est ouvert sur la gorge, imaginez !) et bien, dans mes souvenirs c'était beaucoup plus fort. Cette scène m'avait marquée, et dans mes souvenirs c'était beaucoup plus dégueulasse. Alors qu'en fait on voit quasi rien ! (Ou alors c'est moi qui prend tout à la légère x))
Puis y'a des fois où moi je cogite pas, c'est un truc de malade. Genre le moment où Albert est dans le salon des Péricourt et découvre avec stupeur que Madeleine s'est mariée avec Pradelle (l'antagoniste principal), c'est un moment crucial. Bah moi ça m'a semblé normal, j'ai pas cogité t'sais xD
On est d'accord, Pradelle c'est un putain de spectre ? CE MEC IL EST PARTOUT
Je suis une personne trop "tolérante" mdrr, comment expliquer ? C'est-à-dire que moi - vous aurez peut-être pu le remarquer dans les écrits de ce RB, notamment dans la rubrique ciné sur Christiane F. - y'a des choses qui ne vont pas me choquer, je vais prendre ça à la légère, voire ici en l'occurrence, ça va m'amuser. Je vous explique : pour ce deuxième visionnage, j'étais entouré de mon père, mon oncle et ma tante. Et quand ils voyaient Édouard s'amuser avec ses masques, ce genre de choses, moi intérieurement j'étais fascinée, je trouvais ça génial, j'étais un peu à la place de Louise, la petite fille dans le film et amie d'Édouard. Bon après faut peut-être aussi éventuellement prendre en compte le fait que je suis plus ou moins (carrément, oui) tombée sous le charme du personnage d'Édouard, ce protagoniste me fascine, j'y peux rien. (Puis ses yeux putain, ça c'est réellement des yeux inqualifiables que j'ai pu admirer à plusieurs reprises) Bref tout ça pour dire que mon père et mon oncle ils ont vu ça, ils étaient en mode "Ah la la, le pauvre est devenu complètement barge." "En même temps quand tu te réveilles avec une gueule pareille, c'est compréhensible." ALORS CERTES, le petit changement facial, moralement, ça aide pas, CERTES, il devient totalement morphinomane, psychologiquement, ÇA AIDE PAS. Mais Édouard c'est un artiiiiiiiste ! Il a toujours été barge, ce type ! Il nage en plein délire ! Et c'est justement ça qu'on aime chez lui ! Ce trait provocateur, ce côté très SCANDALE (putain ce mot, à chaque fois que je le vois je peux pas m'empêcher de le lire avec un bon accent allemand comme dans Personne Ne Bouge sur Arte "SKANDAL" 😂), j'adore. "Une arnaque aux monuments morts" ÇA PÈTE LA CLASSE PUTAIN ! D'ailleurs, en parlant de provocation, ils ont été gentils dans le film, hum. Je dis ça parce que dans le film on voit juste en flashback du passé d'Édouard que, enfant, il avait caricaturé son père en écrivant "Gros con". Alors, oui, c'est osé, mais dans le livre, pfalalaaaaa. Le gars à 8 ans il dessine ses profs en train de se sodomiser hein, littéralement xD
Y'a pleins de petites choses qui diffèrent du livre quand même. En fait c'est assez paradoxal parce que, d'un côté l'adaptation est hyper fidèle, mais en même temps le film saute des tas de moments et donc le scénario change un peu au passage. Par ailleurs, souvent quand je vois un film puis que j'apprends que c'est l'adaptation d'un roman, dans mon esprit j'ai très tendance à imaginer que le livre c'est le "scénario du film." Genre j'ai l'impression que chaque scène du film est présente dans le livre. Or, pas du tout, c'est une ADAPTATION. Donc, forcément, ça a dû être adapté, donc quelque peu modifié. Et quand tu penses, heureusement ; quel intérêt sinon de lire le livre après avoir vu le film ou de voir le film après avoir lu le livre si les deux sont exactement pareils ? Ce ne serait qu'un triste copier/coller, ce serait quand même beaucoup moins intéressant, beaucoup moins riche. Mais si je pense comme ça c'est parce que, souvent, quand j'écris une histoire, j'ai tendance à directement l'imaginer en film. Limite parfois j'ai l'impression de décrire la "scène" que j'entrevois dans mes pensées pour ensuite la réaliser en film.
En parlant de différences, LAISSEZ-MOI VOUS PARLEZ DE LA FIN. (sauf si vous n'avez toujours pas vu le film/lu le livre et que vous ne souhaitez pas être spoilé)
/!\ ÉNORMES SPOILS /!\
Je vous aurais prévenu.
Il y a quelque chose qui me frustre, que je ne comprends pas, c'est la réaction de certaines personnes vis-à-vis du suicide d'Édouard. (Je parle ici du film) MAIS C'EST HYPER CHOQUANT, ENFIN JE SAIS PAS MAIS ÇA PREND AUX TRIPES QUOI, TU T'Y ATTENDS PAS, C'EST HORRIBLE. C'est horrible, mais en même temps c'est magique. Je veux dire par là, c'est filmé d'une manière, tu le vois sauter au sommet du Lutetia (je sais pas du tout du combientième étage mais je peux vous assurer que c'est haut), puis tu vois les voitures en plongée, c'est fabuleusement filmé, avec la musique en plus en fond, oh la la ça me prend au coeur. ET ÇA ME TOUCHE TERRIBLEMENT. Bref ça reste horrible, et pourtant, j'ai l'impression qu'il y a des gens, ça les choque pas plus que ça. Ils s'en foutent. MAIS ATTENDS C'EST SUPER TRISTE ! Tu viens de suivre pendant près de 2h la vie d'un gars auquel tu t'es attaché (éventuellement), tu as espoir pour lui, tu veux qu'il s'en sorte, qu'il reprenne goût à la vie, et au lieu de ça IL SE TUE. Et le pire c'est que tout laisse à penser que tout va bien se passer, que Albert, Louise et lui vont se barrer avec tout leur fric à Saïgon ou Casablanca, ciaocia amiga, et tout est bien qui finit bien. Arrive un moment dans le film (peu avant la fin) où tu crois vraiment que ça va finir comme ça ! Mais ce aurait été trop beau. Beaucoup trop. Et c'est vrai que, quand t'y penses, c'était tout bonnement impossible pour Édouard de reprendre une vie normale. Il ne pouvait pas. Ça peut paraître superficiel mais, franchement, c'est pas une vie de vivre dans des conditions pareilles, c'est-à-dire ne plus avoir de mâchoire à cause d'une guerre horriblement traumatisante, ne plus parler normalement donc, ne plus manger et boire normalement... (ne plus fumer normalement, le gars fume par une narine tandis qu'il se bouche l'autre x)) Tu ne peux plus avoir une vie sociale normale. Et puis tu restes forcément psychologiquement marqué à vie. Toutes ces choses font que la solution la plus expéditive pour notre Édouard, et bien c'était la mort, tout simplement. Mais je trouve ça tout de même tellement triste. Ah ça m'arrache quelques larmes, oui. Et puis même pour Louise, quoi ! Le gars il se suicide sous ses yeux (oui oui elle est là, faut pas oublier) et elle, elle part toute joyeuse avec papa Albert et maman Pauline au Maroc ! MAIS PUTAIN MÊME LOUISE ELLE S'EN FOUT QUOI.
Ce regard...
Vraiment, j'ai l'impression que je suis la seule à me préoccuper du personnage d'Édouard. Je ne sais pas si c'est parce que Nahuel Perez Biscayart ne leur dit rien, mais ma famille elle n'en avait que pour Laurent Laffitte ! Alors oui, il interprète très bien son rôle de méchant qu'on se surprend à adorer détester, c'est vrai qu'il est vachement cool en Pradelle cynique et narcissique, mais y'a pas que lui ! Même sur les plateaux télé y'a que lui qui est invité ! C'est parce qu'il est de la Comédie française ou... ?
D'AILLEURS MON PETIT NAHUEL A REMPORTÉ UN CÉSAR ! (À prononcer NaHOUel s'il vous plaît) (ouais, je sais, César ça fait tout de suite moins classe)
NPB c'est trop ce genre de personnes dont j'en ai rien à foutre de ce qu'elles disent, j'aime bien juste les écouter parler (accent sud-américaaaain ablblbl)
Bref, revenons-en à la fin, mais la fin du livre cette fois-ci ! ☝
Hé bien j'ai été grandement déçue 😐
Laissez-moi vous expliquer.
Vous voyez dans le film c'est émouvant car avant que Édouard ne se lance corps et âme du dernier étage du Lutetia, son père qu'il n'avait pas vu depuis deux ans (et qui croyait son fils mort !) vient le voir, le reconnaît malgré le masque de paon que porte Édouard, le serre dans ses bras, et AAAAH LA MUSIQUE VIENT DE ME REVENIR C'EST MAGNIFIQUE
Bref, vous l'aurez compris, c'est à couper le souffle.
TANDIS QUE DANS LE LIVRE...
BON.
GROSSO MODO Édouard quitte le Lutetia après y avoir séjourné plusieurs semaines et avoir salué tout le personnel de l'hôtel (en plus il me semble que ça se passe le jour alors que dans le film c'est la nuit alors c'est encore plus beau), une voiture débarque sur la route et, avant qu'elle n'ait le temps de freiner, Édouard se jette dessus. Et meurt.
Alors déjà c'est carrément moins aérien, ET PUIS SURTOUT JE NE VOUS AI PAS ENCORE TOUT DIT ☝
Le conducteur de cette voiture n'était autre que Marcel Péricourt, LE PÈRE DE ÉDOUARD PUTAIN
AUTREMENT DIT : ÉDOUARD A VOLONTAIREMENT FAIT UN PAUVRE SAUT DE 60CM, AVANT DE SE PRENDRE LA CAISSE DE SON PÈRE EN PLEINE (demi) GUEULE ET DE SE MANGER LE TROTTOIR D'EN FACE
Le must c'est qu'après l'accident, évidemment M. Péricourt se rend immédiatement auprès du corps qu'il vient de percuter ET LÀ stupeur, IL SE REND COMPTE QU'IL VIENT DE TUER SON FILS 👍👍👍
C'est horrible.
Et c'est presque encore plus triste que la version filmique car elle est horriblement plus dure. D'ailleurs à la fin du livre l'auteur dit un mot sur les soldats morts à la guerre, et tu penses à tous ces mômes dont les vies ont été fauchées à cause de cette putain de boucherie injuste et totalement gratuite, AAZGJKITRFD ÇA M'ENRAGE 😭😭
En fait je suis tombée sous le charme de cet artiste qui n'avait rien demandé, cet homme envoyé au Front contre son gré, ce pauvre garçon sur qui c'était tombé, et qui n'aspirait qu'à dessiner.
Franchement, si vous avez aimé le film et que vous voulez vous replonger dans l'ambiance de l'histoire, ou alors mieux comprendre l'histoire - notamment la supercherie des cimetières militaires, ce genre de trucs - lisez le livre. Vous ne pourrez qu'apprécier. Après c'est vrai que c'est 600 pages, ça peut peut-être en rebuter quelques uns, mais vraiment ça vaut le coup.
Je vous laisse sur ces belles images 😉😍
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