The truth
Papy a mis du temps avant de réellement commencer son récit, mais cela paru normal. Je m'impatiente en silence sur ma chaise. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il se passe actuellement dans la tête de mon père. Mais je n'ai pas le temps d'émettre des hypothèses, un raclement de gorge annonce le début de ce qui va être un sacré bouleversement pour ma famille.
- Avant que la guerre n'éclate, je vivais chez mes parents avec mes frères et sœurs et ma fiancée, et aidais mon père à la ferme. Je ne voulais pas m'engager au début, mes frères non plus. Cependant, les autorités nous ont obligés à envoyer l'un d'entre nous et j'ai préféré en prendre la responsabilité plutôt que l'un de mes cadets. Je me suis rendu à Paris pour suivre un entraînement avant d'être envoyé au front. J'ai passé quatre semaines là-bas avant d'être renvoyé chez moi pour quelques jours, histoire de me reposer avant de mettre à l'œuvre mes apprentissages. Puis à mon retour à la capitale, un commandant m'a convoqué dans un bâtiment un peu à l'écart. Je me suis retrouvé dans une petite pièce, assez sombre, un peu comme dans les films. Il a regardé mes résultats et m'a posé quelques questions. C'était étrange mais je me suis dit que ça faisait partie de la procédure habituelle...
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L'homme lâcha le tas de papiers qui s'écrasa contre la surface de la table en un bruit sourd. Il attrapa le dossier de la chaise en face et la tira doucement, créant un son insupportable. Le jeune homme, déjà installé regardait autour de lui, prudemment, et retenait inconsciemment son souffle. Personne ne lui avait dit ce qu'il faisait ici, seulement que cela concernait son enrôlement pour la guerre dans laquelle son pays s'était engagé. L'homme face à lui était très intimidant, plus grand, plus âgé, plus costaud, un air sévère qui correspondait à son poste. Il ne perdit pas de temps avant de commencer ce qui ressemblait à une analyse.
- Peral Joseph Georges Augustin, a commencé l'entrainement il y a six semaines.
L'homme leva les yeux du document pour observer celui assis en face. Il le trouvait bien jeune mais cela ne dépendait pas de lui, il ne faisait que suivre les ordres.
- Test de santé parfait, rien à signaler. Très bons résultats dans la plupart des exercices, sauf le tir. Le tir est très moyen jeune homme.
- Je- Je n'avais jamais touché une arme auparavant.
- Pas même une arme blanche ?
- À vrai dire, je suis capable de me servir de faux et différents types de couteaux mais ce n'est pas le plus utile dans ces conditions...
- Détrompes-toi, c'est quelques fois très utile.
Il marqua une pause tout en continuant de parcourir des yeux les papiers, mais, en vérité, la décision était déjà prise.
- Très bien M. Peral, je vais avoir besoin de votre confiance et de votre parole.
Joseph n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit.
- Votre famille, vos amis, qui que ce soit, ne doit pas être au courant. Est-ce clair ?
- Ou-Oui
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- Il m'a expliqué qu'ils préparaient des offensives en Sarre tandis que partout ailleurs la stratégie pour laquelle ils avaient opté était la défensive. Pour ces avancées, ils préparaient une équipe spéciale, un genre d'élite. J'avais été sélectionné selon mes résultats, exactement comme les 5 autres hommes avec moi.
- Vous étiez l'équipe bêta...
- C'est le nom qu'ils nous ont donné. L'objectif était simple...
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Ils étaient six, assis sur ces chaises en bois inconfortables devant un mur sur lequel étaient projetées différentes images. Le commandant placé à côté se tenait droit et leur donnait des renseignements ainsi que des instructions.
- Lors de cette offensive, votre mission sera de vous infiltrer. Vous infiltrer chez l'ennemi et nous aider à les détruire de l'intérieur. Vos vies seront mises en danger jours et nuits, ce pour quoi vous devez être extrêmement prudent. Ne faites confiance à personne, fondez-vous dans la masse mais ne vous reposez pas une seule seconde, elle pourrait être la dernière de votre vie.
Il leur distribua quelques feuilles qui indiquaient tout ce dont ils auraient besoin.
- Mémorisez tout ça. Vous ne partez que dans peu de temps. Je sais que cela peut paraître précipité pour vous, mais vous n'avez pas été choisi au hasard. Tout contact est interdit jusqu'à votre départ. Je vous le rappelle encore une fois, mais, une erreur et c'est finit.
L'homme quitta la pièce sur ces mots laissant six garçons apeurés, angoissés et préoccupés. Les instructions qu'ils avaient reçues ne les rassuraient pas vraiment, ils se trouvaient face à l'inconnu, face à une situation dont ils n'ont que les bases et sur lesquelles ce sera à eux de construire quelque chose de solide. Ce n'était que le commencement et leur appréhension n'allait qu'augmenter.
- On devrait y aller, dit l'un deux. On ne peut pas se permettre de perdre plus de temps.
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- On est resté assis sur un matelas pendant une bonne partie de la nuit à essayer de tout retenir, continua mon grand-père. Au final, nous n'avions même pas cherché à en savoir plus les uns sur les autres, seul notre objectif commun occupait nos esprits à ce moment. C'est un peu plus tard, que nous avons compris à quel point l'esprit d'équipe et de coopération allait être important. Matthieu, Pierre, Marcel, Jules, Martin et moi logions dans la même demeure pendant notre préparation. Mises à part les heures passées à la mémorisation, nous devions continuer les exercices physiques intensifs.
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- J'y arriverai pas, je ne suis pas assez fort pour ça, lâcha Jules complètement essoufflé.
- Debout, relève-toi et recommence.
- Je suis fatigué Matthieu...
Le plus jeune de tous était à bout de force, sa poitrine se soulevait rapidement, son souffle était irrégulier, il s'appuyait sur ses genoux, les jambes tremblantes. Du haut de ses 21 ans à peine, il était épuisé de pousser son corps jusqu'à ses limites alors qu'il avait, pour compenser, très peu de repos et d'heures de sommeil. Il ne pensait pas avoir la force mentale et physique pour continuer et endurer cette mission.
- Relève-toi Jules, c'est la dernière fois que je te le répète.
Il finit par s'exécuter avec peine. Le plus grand se posta en face de lui en posant les mains sur ses épaules endolories.
- Souviens-toi que tu n'es pas là par hasard. Ils ne t'ont pas choisi sur un coup de tête, tu sais que tout a été réfléchi et calculé au millimètre près. Tu te sous-estimes, parce que moi je sais que tu en es capable. Mais pour réussir tu dois être motivé et déterminé, tu abandonnes trop vite alors que tu as laissé la moitié de tes capacités au placard. C'est dur, ce qu'on fait est très dur mais on le fait pour le bien de la nation. Dehors, ils pensent tous que cette guerre est inutile, l'atmosphère est lourde. Ce n'est pas de l'enthousiasme mais de la résignation que l'on voit dans les yeux des gens. On fait notre boulot, on le fait bien, correctement, rapidement et cela pourra peut-être éviter des combats inutiles et des morts par milliers.
Matthieu c'était le garçon fort, un dur à cuire. Lui, la guerre il était fait pour ça et cette mission lui correspondait totalement. Il s'entraînait sans relâche, motivait les autres, il était la bonne personne pour diriger le groupe et l'avait fait sans vraiment s'en rendre compte, c'était simplement naturel chez lui. Mais sa détermination l'envahissait parfois trop, parce que ce gamin qui ne croyait pas en lui, il voulait lui mettre des coups dans le derrière pour qu'il se bouge et se prenne en main. Matthieu était comme le pilier de l'équipe, la poignée d'une dague sans laquelle on se coupe. Il les poussait et les aidait en même temps, il faisait de son mieux.
Lorsqu'ils partirent en direction de la Sarre, ils étaient anxieux. Le poids sur leurs frêles épaules pesait plus lourd à chaque minute qui passait, les rapprochant de leur destination finale. Leur appréhension, leurs doutes et leur crainte restaient enfouis au fond d'eux. Les autres soldats ne connaissaient pas leur réel objectif, ils ne parlaient pas vraiment avec eux en fait. Pourtant, l'une des choses marquantes de cette guerre était la relation entre camarades et avec les supérieurs, mais eux, l'équipe Bêta, n'avait pas tellement la tête à cela pour le moment.
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- Nous sommes arrivés en Sarre le 9 septembre, et la réalité m'a frappé brutalement au visage. Nous étions sur le point de débuter la lourde tâche qui nous avait été confiée, et jusque là, tout paraissait irréel. Ensemble, avec tous nos compagnons, nous avons traversé de multiples villages sans jamais avoir à faire face à une résistance de la part des Allemands. Les historiens disent aujourd'hui que cette offensive était devenue une promenade. Mais malgré l'absence de dangers apparents, nous étions chaque seconde en alerte, toujours sur nos gardes. Probablement pas assez, puisqu'au final nous nous sommes fait piéger par des terrains minés par l'ennemi.
Il prit un temps de pause, un temps très silencieux. On ne bouge pas, on ne parle pas, on respire à peine. Papy est submergé par les émotions que lui provoquent ces souvenirs, ses mains tremblent légèrement, presque imperceptiblement, son souffle se fait un peu court, son regard est baissé, vide, parfois fixé sur un point, mais jamais il ne rencontre le nôtre.
- Nous avons perdu notre premier membre alors que nous n'avions même pas encore commencé. Plusieurs mines ont explosées... Une dizaine, peut-être une vingtaine, de morts et quelques blessés. On a supposé que Marcel avait été touché et qu'il en était mort. Son corps... Son corps n'a pas été retrouvé et il fait partie des 114 disparus de l'opération. Je vous laisse imaginer l'état dans lequel Jules était. Pour dire vrai, nous étions tous comme lui mais nous cachions mieux nos émotions que le petit. Ça a duré des jours. Des jours qui se ressemblaient tous un peu, on marchait, quelques fois des mines explosaient blessant un grand nombre de soldats et nous retardant un peu, une seule fois nous avons dû faire face à une mitrailleuse allemande. Le 21 septembre on nous a ordonné la retraite, ce qui n'était pas forcément initialement prévu...
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Leur supérieur s'était approché d'eux et les avait menés à l'écart des autres, là où les murs n'avaient pas d'oreilles.
- Cet évènement n'était pas vraiment prévu, mais pas de panique, nous allons agir en conséquence. Tout est encore sous contrôle, dit-il le regard insistant sur Jules. La retraite n'est pas immédiate, les troupes vont repartir petit à petit, ce qui va vous laisser le temps de lancer la mission. Je m'arrangerai pour que votre départ soit compté dans la retraite, mais vous n'irez pas dans cette direction.
Sur la carte, il pointa du doigt leur destination, là où ils espéraient que tout se finirait.
Ce n'est que deux semaines plus tard que les hommes, désormais cinq, prirent la route. Ils avaient traversé de nombreux sentiers de terre et le vent, qui se faisait de temps en temps fort, leur jetait du sable et de la poussière au visage comme pour leur insinuer de faire demi-tour. Mais jamais ils ne renoncèrent.
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- Nous avons traversé beaucoup de choses ensemble, beaucoup d'épreuves. Tout d'abord pour arriver au bout du chemin, puis pour nous intégrer, nous fondre dans la masse. La peur prenait possession de notre âme petit à petit, parce que même Matthieu, ce grand gaillard, se doutait que la probabilité d'échec était plus élevée que celle de réussite. Il arrivait des jours où nous nous perdions de vue pendant un moment, puis la tension redescendait lorsque l'on apercevait les autres, toujours en vie et sans soucis à signaler. Mais comme je vous l'ai dit, nous avions plus de chance d'échouer, l'un de nous allait commettre une erreur, c'était inévitable. De mon côté, je n'étais pas grandement surpris lorsqu'un jour c'est Jules, affolé, qui m'a discrètement attrapé dans un couloir. L'erreur, c'est lui qui l'a commise...
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- Joseph, on doit partir. J'ai déjà réussi à prévenir Pierre et Martin, impossible de trouver Matthieu, mais nous n'avons pas beaucoup de temps.
- Que se passe-t-il ?
- J'ai... J'ai pas été assez attentif. Ma dague, je l'ai égarée, je l'ai laissé quelque part. Un endroit où les autres l'ont trouvée. Il faut croire qu'ils ne sont pas si stupides que ça parce qu'ils ont su qu'elle n'était pas commune. Ils savent aussi que c'est la mienne. J'ai paniqué, je n'ai pas réussi à leur mentir et j'ai fuie le plus vite possible mais ils vont me retrouver. Je ne v-veux pas... Je ne veux pas mourir.
Des larmes coulaient à flots sur ses joues. Ses trop fortes émotions, difficiles à étouffer, étaient son point faible, celui qui allait causer leur perte.
- En venant nous prévenir, tu leur as également signalé que nous sommes avec toi.
Matthieu venait de surgir de nulle part. Son visage était dur, plus que d'habitude, ses sourcils froncés et sa mâchoire crispée.
- Partons immédiatement, nous n'avons plus de temps à perdre
- Les autres sont déjà sortis, je ne suis pas sûr qu'ils nous aient attendus.
- Ils sont toujours là, je les ai croisés, c'est eux qui m'ont averti.
Encore une fois, Matthieu guidait prudemment ses amis vers la sortie du bâtiment, celui-ci même qui les tourmentera un long moment, chaque fois que le jour se laissera dévorer par l'obscurité.
Les autres étaient, en effet, toujours là, mais à peine une centaine de mètres vers la liberté, leurs ennemis étaient déjà à leur trousse. Ils couraient toujours plus vite, se débarrassant de tous les poids inutiles. Ils devaient réussir à atteindre la frontière en toute sécurité. Ce fut leur plus grand affrontement. Réussir à subtiliser un véhicule, un camion Renaud ADH et essuyer les tirs des Allemands qui tentaient de les arrêter dans leur fuite. Ils auraient bien pu tous y passer, mais leur entraînement intensif leur avait bien été utile cette fois-ci. Malgré cet exploit mené à bien, Pierre fut touché en montant à l'arrière du moyen de transport. Ils avaient pu stopper l'hémorragie mais c'est tout ce qu'ils purent faire, ils ne pouvaient pas se permettre de s'arrêter, pas maintenant. Les heures furent longues, un dernier soupir passa les lèvres de leur deuxième défunt compagnon. Martin le tenait toujours dans ses bras, priant pour que son âme repose en paix. Leur aventure était finie, leur objectif n'avait pas été atteint, l'équipe Bêta n'était finalement pas invincible, ils n'étaient pas l'élite.
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- Nous avions atteint la frontière, et c'est à ce moment que l'on a décidé de se séparer. J'ai pris le chemin vers la Belgique, je ne pouvais pas retourner à la ferme immédiatement. Je voulais être sûr d'être d'abord en sécurité pour ne mettre personne en danger. Là-bas, des gens m'ont recueilli, une famille calme, souriante, aimable et aimante. Je suis resté presque deux mois chez eux, le temps passait vite et j'en avais presque perdu la notion. Quand ce fut le moment, j'ai repris la route. J'ai traversé des villages abandonnés, vides de vie, laissés totalement dévastés par le passage des Allemands, la convention d'armistice avait été signée. Je suis passé à travers les mailles du filet jusqu'à atteindre ma demeure.
Il prend une grande inspiration avant de pouvoir continuer son récit. Il ouvre la bouche mais aucun son ne sort et Mamie lui prend la main pour le rassurer. Un sentiment de culpabilité s'est installé en moi, en voyant cette scène et en entendant son récit, je me dis que nous n'aurions pas dû le pousser. Mais comment étions-nous censé savoir ? Les informations qu'il me manquait était introuvables puisque cette unité, l'équipe Bêta, n'a jamais été révélée au grand public et n'a jamais fait partie des dossiers.
- La maison était totalement retournée et saccagée. Je me suis précipité dans la pièce principale et... D-deux corps étaient étendus là. Une odeur très désagréable s'en dégageait mais je m'en suis approché, pour découvrir mon plus jeune frère et Victoria. Ils étaient... Pâles, livides, froids, une vision d'horreur. Et je ne savais pas quoi faire, rien ne pourrait les ressusciter, alors j'ai pleuré, j'ai crié pendant de longues minutes. Je me demandais pourquoi nous, pourquoi nous alors que nous étions de simples paysans qui ne demandaient rien d'extravagant. Puis je suis sorti, les étables de mon père étaient dans le même état. Mais là... Là il y avait un bout de feuille déchirée. Je ne sais pas s'il a été déposé volontairement ou non. Mais sur ce papier étaient inscrits chacun de nos noms, sauf celui de Marcel dont ils ne connaissaient pas l'existence, et celui de Martin était grossièrement rayé en rouge. J'en aie déduit qu'ils savaient tout, qu'ils étaient à notre recherche et que mon camarade ne leur avait pas échappé.
- Et Matthieu et Jules ? Demande doucement Lia.
- Je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis. Je ne suis pas sûr que Jules ait survécu, parce qu'au final il avait raison depuis le début. Il n'était pas fait pour ça, ils se sont trompés sur lui en le choisissant. Mais Matthieu, je suis persuadé qu'il s'en est sorti. Ce gars, ce grand fou, était increvable, dit-il avec un sourire nostalgique.
- Et toi, qu'as-tu fait après ?
- J'ai changé d'identité. Je suis devenu Georges Sampol, en reprenant le nom de Marcel et mon deuxième prénom. Mais par respect pour lui, j'ai pris le nom de votre grand-mère à notre mariage.
C'est Mamie qui a caché Papy pendant une longue période. Elle avait dû être courageuse pour risquer sa vie pour sauver celle d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Mais lui, l'avait été encore plus. Il a subit tellement de choses dans sa jeunesse, des choses terribles, le destin s'était acharné sur lui, et il était encore là aujourd'hui. Si cela avait été moi, je me serais effondré depuis bien longtemps.
Mon grand-père est fort, combatif, droit, humble, juste, loyal, résistant, tendre, tolérant, et exemplaire, c'est un modèle.
Il est mon héro.
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