D'une voix sombre et sourde, lente de ce mal-être,
Tu dis ce que tu souhaites : tu veux faire disparaître
Toute trace de ton père de ta vie, ta maison.
J'ai entendu aussi ces mots que nous taisions.

On m'avait dit pourtant : « Pour être douloureuse,
Tu as pris pour agir une décision heureuse.
Elle construira ton fils de façon plus sereine
Que de faire croître en lui pour son père de la haine.

Un garçon, de tout temps, s'identifie au père.
Qu'on souille l'image de l'un, l'image de l'autre se perd.
Et rien n'empêchera alors le fils de voir
Tous les défauts du père dans son propre miroir. »

J'ai pris en moi l'amour pour éviter l'écueil.
Pour déterrer de sous mon chagrin, sous l'orgueil,
Les qualités, les dons, les talents de ton père,
Toutes les choses belles qui lui ont fait me plaire.

Tu as en toi de moi, de ton père, de nos pères,
Mais bien plus dont tu es l'unique dépositaire !
Alibi ou souffrance, peut-être que tu te perds... ?
Pas Dieu, ni Diable : un homme. Ta sentence est sévère