Il n'a rien dit du tout
Est passé, comme un fou
Poings et visage fermés
Le regard sur ses pieds...

C'est gravé tant en profondeur
Ces traits tendus, et déjà vieux,  

Ce teint livide, presque terreux

Que ça en a fêlé mon cœur.

Il a traversé la cour
Pas rapide, souffle court
Épaules droites et dos raide
Il n'a pas crié à l'aide...

Je l'ai à peine reconnu
Vous l'ignoriez, je l'ai bien vu ;
Il semblait prêt à la violence
Ce corps n'avait rien de l'enfance.

Il a traversé vos vies
Perturbé vos jeux, vos envies ?
Vous préfériez ne pas le voir...
Ou le croiser, dans un couloir...

Je voudrais vous haïr si fort
Ses blessures à lui saignent encore
Votre cour de récréation
A été sa pire punition.

Mon fils, ma vie, mon âme,
Et son rire, et sa flamme,
Je rêverai faire un carnage :
Vous lui avez volé son âge !

Mon enfant n'aura plus 7 ans
Ni même 8, adolescent,
Il regarde, étudie, observe...
Mais ne se risque plus au rêve.