2.
Je perds mon sourire et tourne la tête vers l'intérieur du salon.
C'est pas vrai, elle était bien partie quand même !
En toute bonne foi, je n'ai vraiment pas envie de faire l'aller-retour jusqu'au salon, elle a beau faire un mètre de haut les bras levés, elle pèse quand même son poids la petite Léa.
— Non, tu iras la prendre demain ta poupée.
Léa se redresse dans mes bras, visiblement mécontente de ma réponse.
— NON. Je veux pas la laisser toute seule.
Bah voilà autre chose maintenant !
— Elle sera pas toute seule, je serai en bas avec elle.
— C'est pas pareil, elle a peur quand je ne suis pas avec elle.
Sur le moment, elle me fait penser à ma petite sœur. L'excuse ultime pour pouvoir ramener tous ses jouets avec elle partout où elle allait, c'était que les pauvres étaient malheureux sans elle. Merci au dessin animé Toy Story pour lui avoir mis cette idée dans la tête.
— C'est juste pour une nuit Léa, elle fait comment quand tu vas aux toilettes, hein ?
La gamine soupire. Je commence à avoir l'habitude de ses protestations, mais si ça avait été mon frère ou ma sœur, j'aurais trouvé ça à la limite de l'insolence. Elle ne rajoute rien mais d'un seul coup, sa figure devient un peu plus triste et elle baisse les yeux. Ça y est, elle boude. Je lève les yeux au ciel et prends une grande inspiration.
— Bon d'accord, je monte te mettre au lit et ensuite je te ramène ta poupée.
— Héloïse, me coupe-t-elle
— Héloïse. Si tu veux. Mais je veux que tu dormes, sinon elle reste en bas avec moi et on ira chercher la dame blanche pour toi, c'est compris ?
Léa sourit et acquiesce.
Affaire réglée.
Bon, j'admets : j'ai cédé. Mais elle avait l'air vraiment très contrarié, et très sincèrement je ne risque pas de me faire une bonne pub si je commence à priver les enfants que je garde de leurs jouets. Oriane, l'ennemi de ton doudou !
Je dépose Léa sur le palier de l'étage pour qu'elle me montre où est sa chambre. C'est la première fois que je la garde. Remarque, une porte recouverte d'images de princesses Disney, de dessins, et avec LÉA en grosses lettres 3D roses dessus, ça laissait peu de doutes sur la nature de la chose. Sa chambre était à l'image de toutes les chambres de gamines de moins de dix ans : bordélique. Ma mère aurait fait une syncope rien qu'en la voyant : c'était une véritable forteresse de jouets et de vêtements qui devaient traîner là depuis l'an 40.
Je ne fais aucune remarque, je suis baby-sitter, pas gouvernante. Et de toute façon, j'ai déjà bien assez à faire avec les chambres de mon frère et de ma sœur. Léa entre dans son lit et remonte la couverture jusqu'à son cou. Je m'assois au bord du lit pour pouvoir la border comme il faut.
— Tu peux allumer ma veilleuse s'il te plaît ?
Elle désigne de la tête un petit appareil ressemblant vaguement à ce que mes parents mettaient dans le berceau de mon petit frère avant. Je tends le bras pour l'attraper.
— Tu as peur du noir ? lui demandé-je.
Elle fait oui de la tête, l'air vaguement gênée. Je souris, compatissante. J'étais pareille à son âge : je dormais seulement si la porte de ma chambre était grande ouverte, et la lumière du couloir allumée, et ce toute la nuit. Heureusement pour le porte-feuille de mes parents, aujourd'hui c'est complètement l'inverse : je n'ai même plus de réveil parce la lumière du cadran me gêne.
Une fois allumée, la veilleuse se met à diffuser une agréable lumière ambrée dans la pièce. Je la repose sur la table de chevet de Léa et lui dépose un bisou sur le sommet du crâne.
— Bonne nuit, fais de beaux rêves.
— Oublie pas de me ramener Héloïse, hein ?, me rappelle-t-elle avant que je ne sorte.
Elle ne lâche pas l'affaire.
Je lève les pouces à son attention en souriant avant de fermer la porte de sa chambre.
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