Chapitre 3 - "Mon nom est Temari"
« Tu ne peux pas te pointer ici comme ça et nous dire que nous ne faisons pas notre boulot correctement. »
« Ce n'était pas si terrible comparé aux autres fois, tu sais... »
Le monde tournait rond un jour, se disloquait le lendemain, et sur cette terre instable, qui avait la prétention de tenir l'équilibre ?
Le liquide froid dévala sa gorge rapidement, trop rapidement, à s'en étouffer. Son esprit était encore trop clair, les souvenirs trop précis, la douleur trop cuisante. A cet instant, Shikamaru aurait donné n'importe quoi pour que l'alcool emporte sa conscience dans la seconde.
IDENTITY CARD N°2
Nom : Rin Nohara
Age : 23 ans
Date et lieu de naissance : ../../1992 à Konoha
Date et lieu de décès : ../../../ à .....................
Etudes / Profession : Aucun diplôme connu. Sans emplois.
Famille : Mère disparue. Père alcoolique, père violent, père... Géniteur Alcoolique et violent.
Relationnel : Uchiwa Obito – Hatake Kakashi – Nara Shikamaru – inconnus.
Évènements :
07/02/2014 – Commissariat Central : Interpelée pour tapage nocturne. Soin hospitalier / déposition. Relâchée le lendemain matin à 11h, raccompagnée à domicile. Officier en charge : Uchiwa Obito/ Mitarashi Anko.
Interpellation pour motifs similaires le 20 et 31/11/ 2014 puis le 22/12/2014 et 15/01/2015. Hospitalisation systématique. Relâchée au bout de quelques heures et raccompagnée à son domicile. Officiers en charges : Uchiwa Obito/ Mitarashi Anko.
01/04/2015 – Commissariat Central : Dépôt de plainte pour coups et blessures (et tentative de meurtre ?). Soin Hospitalier/déposition. Hébergement social. Officier en charges : Uchiwa Obito et Futtagiri Shiho.
03/04/2015 – Commissariat Central : Retrait de plainte (Intimidation présumée). Officier en charge : Futtagiri Shiho.
22/07/2015 – Commissariat Central : Interpelée pour racolage. Interrogatoire. Nuit en détention. Relâchée le lendemain après-midi à 15h. Raccompagnée à domicile. Officier en charge : Uchiwa Obito.
15/08/2015 – Commissariat Central : Interpelée pour vol à l'étalage. Déposition. Relâchée le soir même à 18h. Raccompagnée à domicile. Officier en charge : Uchiwa Sasuke.
02-10-16-22-28/09/2015 – Commissariat Central : Interpelée pour trouble du voisinage. Hospitalisation systématique / Déposition. Toujours relâchée le jour même. Raccompagnée à domicile. Officier en charge : Uchiwa Obito/ Uchiwa Sasuke/ Mitarashi Anko.
Shikamaru marqua une longue pause et leva les yeux sur la quatrième ligne de cette satanée fiche qu'il n'osait toujours pas modifier. Une fiche. Il y en avait une pour chaque personne liée de près ou de loin à Gaara, fastidieuse entreprise de grande rigueur pour un homme qui ne savait pourtant même pas faire ses comptes. Mais c'était aujourd'hui que le plus difficile restait à faire.
Il baissa les yeux sur la date inscrite en bas à droite de son écran d'ordinateur : 23/02/2016 – 17h20.
Et? rassemblant toute la force que lui donnaient la rancœur et l'injustice, il mut ses doigts sur le clavier à nouveau. Chaque lettre fut un coup de poignard, une explosion toujours plus douloureuse dans sa poitrine en feu.
« Date et lieu de décès : 22/02/2016 à Konoha. »
« 22/02/2016 – Résidence Amphitryon : Assassinée. »
Les verres se vidèrent et se remplirent alors que ses yeux parcouraient une nouvelle fois cette fiche indicative qui n'aurait jamais du être si complète. Il revoyait entre chaque date, chaque évènement macabre, les moments qu'ils avaient partagés, de leur première rencontre au jour où il la vu pour la dernière fois descendre ses escaliers. Ces journées planquée dans son taudis « pas trop mal » où ils avaient peu à peu appris à se connaitre, à se comprendre, à se soutenir dans un enfer supportable... tant que l'autre était là. Gaara aussi l'aimait bien cette petite, toujours à tenter de lui faire essayer des trucs et d'autres. Taré.
Elle était un peu la fille passe-partout, à laquelle tout le monde s'attachait, mais elle avait ce petit plus qui la rendait exceptionnelle. Obito et Kakashi en étaient dingues et lui, lui y était devenue presque accro à cette présence joviale, cette poupée fragile que l'on avait tant envie de protéger, si affectueuse, si forte aussi.
Son monde s'effondrait à nouveau si peu de temps après la perte de Gaara. Une impression morbide éclata à son esprit, l'impression que petit à petit la solitude dévorait son entourage pour l'enclaver, cette impression de perdre l'équilibre, de ne plus tenir par ses propres moyens alors que ses piliers s'effondraient les uns après les autres, l'entrainant dans un gouffre à l'ultime finalité. Et il le voyait... ce lien corrélateur de toute sa détresse, il sentait cette chose, cette idée paranoïaque lui soufflant que quelqu'un jouait contre lui, que quelqu'un prenait plaisir à lui ôter tout ceux qu'il aimait, un par un. Quelqu'un qui courait toujours...
Ce fut une colère diffuse qui se transforma en rage puis en haine vindicative inspirée par les brumes de l'alcool. Tout était clair, Kakashi, Obito... tout deux ne pouvaient qu'être ligués contre lui, aveugles volontaires dans une affaire qui ne cherchait qu'à lui faire vomir toute la souffrance possible. Tout était claire, oui. Si Rin était morte, ce n'était que part leur faute.
***
La bruine écarta quelque peu le voile de l'alcool, les idées se firent plus claires plus lucides mais subsistait la rage. Shikamaru en était persuadé, l'assassin de Rin et celui de Gaara ne faisait qu'un. Trop d'évidence. Trop de similitudes. Trop de hasard. Trop de douleur.
Il poussa la porte du commissariat attirant la plupart des regards mais lui n'en cherchait que deux. Pas de trace d'Obito mais Kakashi était là, à discuter avec un collègue. Son visage fermé et ses yeux ternes ne pouvaient être que la trace de leur récente épreuve commune. En y repensant, qu'est-ce qu'il pouvait l'aimer cette fille.
Shikamaru avança, ignorant la question de l'agent à deux pas de lui, et plus il avançait plus ce sentiment d'incompréhension et d'injustice le consumait de l'intérieur. S'il l'aimait tant, alors pourquoi n'avait-il rien fait ? Pourquoi n'avait-il pas senti le danger venir ? Pourquoi n'était-il pas là, comme il l'avait toujours été ? Le regard du lieutenant se tourna vers lui et s'éclaira de surprise.
Les cheveux dégoulinant d'eau de pluie, le regard noyé par l'alcool, une posture maladroite, fatiguée, Shikamaru lui renvoyait l'image d'un type cassé, anéanti... encore un peu plus. Le coup de poing parti et aussitôt les agents du commissariat se mobilisèrent pour contenir l'agresseur. Kakashi se redressa, essuya son nez, maculant sa manche de sang.
Incompréhension.
- Alors satisfait ? Et qu'est-ce que tu croyais ? Qu'en coffrant un pauvre type minable tout s'arrêterais ?
Les questions défilèrent dans le regard perplexe de l'homme.
- Mais putain, de quoi tu parles ?
- T'es vraiment aveugle... Tu ne vois pas que c'est lui qui l'a tuée ? Après Gaara ! C'est lui qui nous l'a enlevée ! Et tu sais quoi ? C'est ta putain de faute !
- Shikamaru, Rin a été battue à mort par son père. Oui, jusqu'ici elle avait toujours réussi à s'en sortir mais ce n'était que de la putain de chance et tu le sais ! Je ne suis pas plus coupable que toi.
- C'est toi qui es coupable... Coupable d'avoir laissé ce connard dans la nature par orgueil, coupable d'avoir laissé Rin à sa merci, coupable d'ignorer toutes ces coïncidences... Tu es plus que coupable... Tu es complice. Complice du salopard qui a tué Rin.
Tout deux se jaugèrent, se confrontèrent. Au travers du comportement instable lésé par l'alcool, Kakashi pouvait nettement sentir la folie gagner son ami, une folie bien trop consciente...
- Foutez le dehors, déclara l'homme d'une voix atone.
- On peut l'emmener en cellule, il n'est pas en état de...
- Je vous ais dit de le foutre dehors.
Deux agents trainèrent le trouble-fête à l'extérieur, sans se formaliser de ses gesticulations et de ses accusations hystériques.
Shikamaru fut poussé en bas des marches sans ménagements et trébucha lourdement pour se ramasser sur le bitume trempé, mais il lui en fallait plus pour le démonter. La porte du poste se referma derrière les deux flics et lui était déjà debout, la rage au ventre.
- Vous n'êtes qu'une bande de foutu lâches hypocrites !
- Nara Shikamaru ! claqua une voix dans son dos.
L'interpelé se retourna, interloqué. A quelques pas de lui se tenait une jeune femme, sous la pluie, appuyée contre une voiture sombre, les bras croisés sous sa poitrine. Son regard strict le vrillait d'une intensité troublante.
- Quoi ? Vous venez à la rescousse de vos copains ?
- Je ne suis pas flic.
Non, effectivement, elle n'en avait pas l'air, bien que sa posture relevait d'une droiture et d'un sérieux quasi militaire. Elle se redressa et fit quelques pas vers lui.
- Mon nom est Temari. Je suis la sœur de Gaara.
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