Minho II.

Les cauchemars m'aspirent en même temps que les souvenirs. Je ne suis plus dans ma cellule aux côtés du brun, mais dans une petite pièce éclairée par une ampoule suspendue au plafond vert. Une chaise trône au milieu, et c'est d'ailleurs là ou je me trouve, pieds et mains liés.

Quatre policiers se tiennent devant moi, tout sourire. Je relève difficilement la tête vers eux, comme si je venais d'émerger d'un assoupissement.

Quand un des Yéménite s'avance finalement, ce n'est pas pour me faire un câlin, mais ça je m'en doutais. Il vient enfoncer son poing dans mon ventre, et putain, qu'est-ce que ça fait mal. Je me plie en deux, mais ne leur donne pas le plaisir de crier.

L'homme agrippe mes cheveux et relève mon faciès vers lui pour me regarder dans les yeux. Et là, je sais pas ce qui me prends, mais je lui crache dessus. Ma salive dégouline le long de sa joue. Il a perdu son sourire, et je ne peux retenir un petit rire.

Ma joue me brule. Il m'a giflé. Mon autre joue me brule. Il a recommencé. Puis, mon oeil est comme explosé en mille morceaux. Du calme, ce n'est qu'un coquard. Il aura disparut dans quelques jours. Du calme, ce ne sont que mes os qui craquent sous les coups, ça ne va pas me tuer. Du calme, ce n'est que sa verve incessante qui me détruit, ce n'est pas comme si ça pouvait m'atteindre.

C'est marrant car moi, j'ai pas le droit d'avoir peur, j'ai pas le droit de pleurer, j'ai pas le droit de crier.

Quand la pluie de poing cesse, je pense que c'est fini. Je m'autorise enfin à respirer. Mon cou retombe contre mon torse et je souris.

« -C'est mon tour! »

Je ne souris plus, le deuxième garde s'avançant vers moi.

☆

Je me réveille, mes cauchemars s'estompent. Cette scène, dans cette pièce, elle hante mes rêves depuis qu'elle a eu lieu.

Je passe ma main contre mon front humide, je transpire. Des petites gouttes parsèment mon visage, et mes mains sont moites.

Ma respiration se calme, j'essaye de reprendre mon souffle. Quand j'y parviens, je tourne la tête vers Han pour vérifier si il dort encore. Ce dernier a les yeux grands ouverts, je me demande si il me regarde depuis longtemps déjà.

Je me rallonge à ses côtés, et moi aussi je l'admire. J'admire ses yeux en amande d'un noir profond. J'admire ses cheveux bruns clairs qui ondulent sur son front. J'admire ses joues pleines, qui me font penser à des lunes. J'admire ses clavicules bien dessinées. J'admire son sourire discret.

« -Je t'aime, me dit-il dans un souffle.

-Moi aussi, à la lune aller-retour. »