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Chapitre 39 : Potion de vie x3

— Comment tu t'appelles ?

— Elo.

— Pas ton nom des Catas. Ton vrai nom.

— Eloïse... Moirel, ajouta-t-elle après une hésitation. Alors, vous me croyez ?

La cataflic posa une main sur ses hanches et consulta brièvement son collègue du regard. Max était dans l'angle mort d'Elo ; elle ne le voyait pas, mais sentait la présence du fusil qu'il tenait, comme s'il était collé sur sa tempe.

Les longues jambes de la cheffe, rivées dans le sol, donnaient le vertige à Elo. La cataflic se passa une main sur le visage, chassant un reste de poussière englué de sueur.

— C'est vrai que t'es bien habillée, mais tu sembles aussi bien blessée, dit-elle.

— Alors, relâchez-moi !

— Eloïse, c'est bien ça ? Tu as pointé une arme sur un officier de police.

Elle garda le silence en observant Elo, qui détourna d'abord le regard, avant de s'insurger :

— C'était de la... de la légit...

Pschit... Major ! ... Pschit.

Le crépitement gras d'une radio interrompit leur échange. La policière s'empara d'un énorme talkie-walkie encore accroché au sac de Max, puis elle s'approcha de la chatière d'un pas. Elo demeurait avec Max, aussi pâle que la pierre dans son faux attirail de guerrière. Depuis la remarque de la cataflic – du Major cataflic, son cœur bombardait sa poitrine, si bien qu'elle en avait perdu son souffle.

— Relais-2, ici Relais-1, répondait la cataflic.

Pschit... On vous reçoit Relais-1... Pschit.

Elle décrivit leur situation – si succinctement qu'Elo douta du chaos que ça avait été, puis requit de l'assistance, le tout entrecoupé de langages codés qui flottèrent autour des oreilles d'Elo sans s'y arrêter.

D'ailleurs, son attention s'attardait sur les morts à proximité... et sur tous ceux à venir. Et elle ne pouvait même pas aider. Non seulement elle avait été arrêtée par les cataflics, mais ils prévoyaient également de la faire escorter jusqu'à la surface.

— Attendez, lança-t-elle au major de police. Je peux vous conduire jusqu'aux otages. Je sais où ils sont retenus.

— Il y a des otages ? Depuis vendredi ?

— O... oui.

— Major, intervint Max, il va nous falloir un médiateur.

— Vas-y, fais remonter l'info.

Le major échangea de place avec son collègue, fusil contre talkie et lui indiqua le trou du menton.

— Passe de l'autre côté, la réception sera meilleure.

Max s'exécuta, disparaissant à nouveau dans la chatière. Quant au major, elle passa la tête dans la bandoulière. Le fusil orienté vers les morts gardait un œil sur le couloir et la prisonnière.

— Contre le mur, ordonna-t-elle à Elo qui ne se fit pas prier. Comment tu sais où ils sont retenus, tu les as vus ?

— Oui, répondit Elo en s'abandonnant contre la paroi. Je voulais les rejoindre, mais je devais d'abord...

Soudain envahie d'une impression de ridicule face à la policière entraînée, Elo haussa les épaules en expliquant ses intentions :

— Je voulais repérer le terrain et couper quelques balises.

Les rides du front du major se contractèrent :

— Des balises ?

— Les cailloux du Petit Poucet, version électronique, précisa Elo. Ça envoie un signal dans un rayon de quelques mètres seulement.

— Et il y en avait une pas loin d'ici, que tu as éteinte ?

Elo acquiesça. Le front du major se lissa subitement sous l'alarme qui s'était allumée derrière ses yeux. Elo blêmit, se rendant compte de sa bêtise.

Le major plongea la tête dans la chatière.

— Max ! Faut qu'on bouge ! Maintenant !

Puis, elle changea à la hâte son chargeur et ramassa le sac de son collègue. En quelques secondes, celui-ci était revenu, près à leur engager le pas.

Le sac sur le dos et le fusil en bandoulière, le major donna un coup de pied dans les chaussures d'Elo pour la faire se lever. Au moment où sa bouche s'entrouvrait, son propre doigt lui intima le silence. Après un échange d'ordre muet avec Max, ce dernier recula d'un pas sourd, puis s'agenouilla au sol.

Elo, le visage blafard, craignait ce qu'ils avaient entendu. Le major lui adressa également un signe et elle obtempéra ; se déplaçant maladroitement sur ses genoux, les mains toujours liées dans le dos, elle vint se tasser contre le mur, derrière les jambes de la cataflic. Elle comprit que le major couvrirait le couloir pendant que Max assurait la chatière. Il s'était positionné de biais, prêt à tirer sur ce qui s'apprêtait à en émerger.

Elo s'aplatit contre la paroi, ramenant ses chevilles contre elle. Son pouls s'emballa, craignant un nouvel affrontement. Quelle bêtise, elle avait faite ! donnant indirectement sa position en coupant l'une des balises... Luttant de toutes ses forces contre son souffle qui menaçait d'échapper à son contrôle, elle se retenait presque de respirer. Et malgré le sang qui battait à ses oreilles, elle perçut le bruit qui avait alerté les cataflics. Le mouvement régulier d'un corps qui se traîne.

— Major Ferraud ? souffla une voix. Major Juliette Ferraud ? C'est Secours-1.

Le corps de la policière se détendit d'un coup. Elle fit à nouveau signe à Max d'échanger de place avec elle, puis plongea les deux bras dans la chatière. Elle attira à elle d'un coup puissant la moitié supérieure d'un secouriste, casqué d'une coquille blanche salie par le jaune du remblai.

— Bon sang ! laissa échapper le major. Mais qu'est-ce que vous faites-là ?!

Les jambes du secouriste s'extirpaient avec difficulté du passage, retenu à bout de bras par le major Ferraud, on aurait dit un bambin apprenant à marcher. À sa suite, un énorme sac, épais comme un humain, pointait le bout de ses lanières. Alors la cataflic laissa le secouriste se relever seul et plongea à nouveau les bras dans la chatière.

— C'est qu'on ne savait pas quoi faire de la gamine, dit le secouriste au major.

La cataflic tira le sac sans ménagement, soufflant sous l'effort et l'envoya directement dans les jambes du secouriste qui s'empressa d'aller voir Elo. Max lui lança un coup d'œil, l'arme toujours au poing, tandis que le major continuait à garder la chatière. Elle paraissait énervée.

— Mais ce n'est pas à vous de vous en occuper, ça, s'agaça-t-elle lui montrant Elo d'un regard assassin. J'ai dit qu'elle n'était pas en danger immédiat.

— Non mais l'autre, rétorqua le secouriste.

Une seconde coquille blanche venait d'émerger du trou. Le major lui attrapa les poignets.

— Bon sang, Jasmine, je vous croyais devant ! continuait à rouspéter la cataflic.

— Major, intervint Max, il faut y aller.

— Nous aussi, on se croyait devant ! rétorqua la fameuse Jasmine en s'appuyant sur le major. Et puis le Commandant a dit « Relais-1 devant Secours-1 », alors on vous a attendus. Puis, Relais-2 a dit que vous étiez hors de portée, alors on a voulu retourner vers eux, mais c'est sur vous qu'on tombe ! Bref. Et sur le chemin...

La secouriste, enfin juchée sur ses deux pieds, lâcha les bras de la policière pour désigner l'ombre rampante qui la suivait.

En partie dissimulée par un sac rose de camping, une tête pointa ; le casque trop grand tombait sur ses oreilles. Elo se redressa immédiatement.

— Baudi ! Baudi, ça va ?

— Oh, Momie ! Bah, écoute, tranquille et to... Ouh, la, c'est quoi tous ces... Ils sont morts ?

Le Major Ferraud passa son regard de l'une à l'autre.

— Vous étiez descendues ensemble ?

— Major... intervint à nouveau Max sans succès.

Debout devant la chatière, Baudi époussetait son sac en pouffant.

— Quoi ? Pfff, non, on ne se connaissait pas il y a quelques heures, répondit la poète. On est tombé sur elle en descendant.

Les yeux de Juliette se tournèrent lentement vers sa prisonnière.

— Eloïse, depuis quand tu es là ?

Elle hésita avant de répondre, aussi à l'aise que si la cataflic menaçait de lui faire couper la tête. Dans son dos, elle tirait nerveusement sur les liens de serrage qui lui brûlaient la peau.

— Vendredi, dit-elle.

C'est la secouriste Jasmine qui s'étrangla :

— Vendr... ?! Jordan, file-lui un cocktail de vitamines.

À peine sorti de la chatière, le dernier secouriste du groupe s'exécuta. Le major le retint par le bras.

— Plus tard, notre position est compromise. En route !

*

Il y avait peu de place dans le couloir et il fallait faire vite. Le major Ferraud dut tirer Jasmine par le col et lui asséner « ils sont raides ! », afin de l'empêcher de tâter tous les pouls. Son air impassible et calme correspondait à son job, pas à la situation. Elo n'avait aucune idée du devoir de la brigade des cataflics en dehors de leurs descentes en souterrains. Était-ce la première fois qu'elle abattait quelqu'un ?

Comment ? se demandait Elo. Comment avait-elle trouvé la force de tuer pour sauver ; comment trouvait-elle la force de regarder ses victimes dans les yeux et de poursuivre son but ?

— Il faut avancer, lança le major à la troupe.

Quelques secondes plus tard, Elo et Baudi se retrouvaient au milieu du cortège bleu police et rouge pompier. On les poussait derrière et elles ne voyaient rien devant. Elo se collait au dos de Baudi pour éviter de perdre l'équilibre. Malgré le secouriste qui tentait de l'assister, elle se cogna plusieurs fois le menton contre son épaule.

— À gauche, lui souffla la poète.

— Chut, pesta Max à l'arrière.

De toute façon, avec les bruits de pas de sept personnes ainsi que les vêtements frottant contre les sacs et les sacs contre les murs, ils se déplaçaient aussi discrètement qu'un rat dans un paquet de pâtes.

Après quelques tournants, ils s'arrêtèrent pour une gorgée d'eau et de cocktail vitaminé pour Elo ; l'acidité lui provoqua une grimace, le sucre lui claqua au visage. En l'espace de dix secondes, Max avait coupé ses liens et lui ficela de nouveau les poignets aussitôt le liquide avalé, devant cette fois-ci. Le major Ferraud l'avait ordonné, pour gagner du temps si elle chutait. Une fois qu'Elo eut les mains immobilisées, Max lui vola sa montre – le lecteur de balise.

— Eh !

La plainte fut inutile, car Max lançait déjà la montre à sa cheffe qui la réceptionna sans surprise.

Le train repartit aussi vite qu'il s'était arrêté. Max fermait la voie, Ferraud l'ouvrait. Entre deux coups d'œil sur ses pas, Elo ne pouvait s'empêcher de fixer la tête du cortège, où la cataflic les guidait grâce à la montre.

Baudi, le visage baissé sur ses pieds, l'interpella à voix basse.

— Alors, tu les as trouvés ?

— Oui, chuchota Elo. Mais je n'ai pas pu chercher ton amie, je suis désolée.

Les lèvres de la poète s'étirèrent en un sourire triste. Elle raffermit sa prise sur les bretelles de son sac.

— Et tu as appris des choses ? demanda-t-elle.

Couvant Elo d'un regard implorant, elle trébucha. Elo la rattrapa in extremis, avant que son sac ne la fasse basculer. Le tissu crissa contre l'une des parois. À l'avant, le major jeta brièvement un œil par-dessus son épaule.

Leurs yeux se croisèrent. Ses prunelles noisette avaient quelque chose de profond. Et ravageur. Une vérité fascinante, au contenu terrifiant, mais enrobé dans tant de poésie qu'on ne pouvait lui en vouloir. Ses traits, appuyés, projetaient de l'ombre même sur les zones les plus claires de son visage. Le regard de Juliette Ferraud était Le Radeau de la Méduse des catacombes, plus on voulait l'admirer et plus il s'assombrissait.

Elo dut se faire violence pour la quitter des yeux, alors même qu'elle ne voyait plus que ses épaules. Elle reporta son attention sur Baudi, qui espérait une réponse.

— Je ne sais toujours pas pour qui ils travaillent, mais je crois que je sais ce qu'ils cherchent.

D'un doigt extirpé de ses liens, Elo pointa discrètement le sac à dos rose. Baudi répondit d'un « O » muet, qui faillit lui disjoindre les maxillaires. Puis, elle se para d'un air taquin et chuchota :

— Ils ne vont pas être contents, quand ils se rendront compte que tu les as doublés.

— Ça va, j'ai pas fait exprès...

— Donc..., sinon tu venais vraiment juste risquer ta vie pour libérer les otages et les faire remonter ?

Elo grimaça ; piquée au vif, elle se tourna vers Baudi.

— Comment ça, « juste » ? fit-elle d'une voix aigüe.

La poète se pencha vers elle, la voix encore plus basse :

— Rimbaud l'a dit, ils sont en train de détruire tout un pan du patrimoine des Catas. Ce ne sont pas les flics qui vont empêcher ça...

Elle enroula son bras autour de celui d'Elo et elles firent quelques pas en silence. Le cœur d'Elo battait brutalement. Elle était certaine que même Baudi pouvait le sentir. Son contact l'aida à naviguer dans le couloir accidenté, alors qu'elle se sentait flotter, noyée dans ses pensées.

— Et au fait, souffla Baudi. Comment tu as eu ces fringues ?

— Tu veux bien... faire signe à Ferraud pour moi, s'il te plaît ?

Baudi tapota l'épaule du secouriste devant elle, qui murmura à son collègue et, bientôt, Juliette Ferraud se mit sur le côté. Elle remonta la file, tout en faisant signe à Max d'échanger de place avec elle. Le major, désormais à l'arrière, lui confia la montre et il s'élança au-devant.

— Qui a-t-il, Eloïse ? demanda la cataflic.

— Je peux me faire passer pour l'un d'eux, dit-elle. Je peux vous aider.

— Tu es une civile, ni digne de confiance, ni en état.

— Mais je connais l'endroit.

— Alors dis-moi ce qu'il y a à savoir.

Les doigts d'Elo se tordirent, inconfortables dans leurs liens. Baudi lui lança un coup d'œil, vérifiant qu'elle allait bien. La poète avait lâché son bras, mais elle se tenait toujours proche. Dos à la cataflic, Elo avait l'impression de parler aux catacombes.

Elle se remémorait les lieux qu'elle avait traversés plus tôt et tentait de les décrire. Le major restait silencieuse.

— La grotte... est en partie circulaire, un bon soixante mètres carrés. Il y a donc deux accès. Parce qu'il y a celui par lequel je suis arrivée...

— Le conduit étroit où il faut ramper puis traverser une rivière souterraine presque sèche ? résuma Ferraud.

— C'est dangereux, j'ai failli y rester...

— Et l'autre ?

Elo laissa Baudi passer devant elle alors que leur couloir se rétrécissait. Puis, elle lança un regard en arrière pour vérifier qu'elle avait toujours l'attention de la policière. L'orage bitume de Judée, lui, sévissait toujours.

— Je suis repartie par une galerie un peu plus large que celle-ci. Il doit y avoir cinq ou sept personnes en otage ; il y avait un gardien qui rodait dans le tunnel et un autre en repos devant l'entrée.

— En repos ou assoupi ? la reprit le major.

— En « pause », se rappela Elo.

— Qu'est-ce qu'il foutait devant l'entrée ?

Pour toute réponse, Elo commença par hausser les épaules, puis les images se précisèrent. Lorsqu'elle avait pénétré dans la pièce, son esprit était brouillé par des maux de tête et la déshydratation, mais ça ne l'avait pas empêchée d'enregistrer les informations. Même quand elle s'était battue avec Morgan.

— Les otages sont attachés, ajouta-t-elle. Ensemble et à un mur. Et les mercenaires avaient tiré des câbles jusque dans la pièce, pour un chauffage.

Ferraud soupirait sur sa nuque.

— Ils doivent avoir des générateurs électriques, peut-être à pétrole... comment ils ont fait pour descendre tout ça ?

Elo garda pour elle que des Chérubins se cachaient probablement parmi les groupes de polices et de secouristes. Et qu'ils avaient préalablement préparé leur coup.

— Tu en as vu ? demanda le major.

Elo hocha la tête négativement : pas de souvenir de générateur.

— Et comment es-tu sortie de là s'il y a toujours deux mercenaires avec les otages, et que tu ne pouvais pas faire demi-tour ?

Prise d'un soudain mutisme, Elo considéra pendant plusieurs secondes ce que lui coûterait la confiance du major. Elle se remémora l'impasse, lorsque les secours étaient arrivés par la chatière. Elle se souvint de la terreur qui l'avait envahie en pressentant une nouvelle fusillade. Pendant un court instant, elle avait songé à fuir dans l'autre sens, avant d'y renoncer : elle avait besoin des policiers pour secourir les autres... et pour emmerder la Capitaine sans avoir à l'approcher.

— Je connais quelqu'un, dit-elle simplement.

— Quelqu'un qui pourrait nous aider ? s'enquit Juliette Ferraud.

Vous, je ne sais pas.

Elo lança une œillade à la policière, roulant des épaules sous sa veste tactique flambant neuve.

— Mmm, grinça Ferraud. Décale-toi.

Le major se glissa près d'Elo, avant de la dépasser et de remonter le cortège. Le froid s'installa à sa place et un froid abyssal mordit Elo à la nuque. Il n'y avait plus personne derrière elle.


Illustration : Le Radeau de la Méduse, Théodore Géricault, 1818-1819, huile sur toile, Louvre, photo Michel Urtado.

NdlA : le tableau est couvert d'un vernis à base de bitume de Judée – comme certaines momies, d'ailleurs – qui s'assombrit inévitablement en vieillissant, sans que les restaurateurs ne puissent intervenir.

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