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Chapitre 20 : Cinématique

Deux sillons se dessinaient dans la poussière à la suite des pieds d'Elo, alors que quatre bras la trainaient à travers la pièce. Impuissante, il ne lui restait que son indignation :

— Hé ! Hé ! C'est mon t-shirt préféré, faites gaffe !

Une paire de boots se planta soudain devant eux. Un mercenaire à la même allure monochrome que les autres, mais avec un holster vide à la ceinture de son pantalon cargo sable. Il s'était délesté de sa veste tactique, contrairement aux deux qui la tenaient, dont les pans rembourrés et remplis de munitions leur dessinaient des carrures de gorilles. Le nouveau venu portait une grande lampe de chantier jaune sur l'épaule ; un Obélix et son menhir.

— C'est quoi, ça ? demanda-t-il à ses collègues.

— Un rat qu'on a trouvé dans la cave, répondit l'un des geôliers.

Des pas résonnèrent derrière les piliers sculptés. Une autre mercenaire tout en beige, les hanches chargées de sacoches, déroulait des câbles qu'elle tirait d'un bout à l'autre de la salle. Lorsqu'elle les aperçut, ses gestes se figèrent. Le coin de sa bouche frémit sous une soudaine incompréhension.

— Quelle cave ?! s'exclama-t-elle d'une voix cassée.

Les deux gros bras se tournèrent vers elle, entrainant Elo dont les pieds touchaient à peine le sol.

— Bah, je sais pas moi ! s'emporta celui de droite, tout en secouant Elo. La cave, là, avec des bouteilles rouges !

— Vous avez trouvé la cave ? reprit l'électricienne en s'avançant. Mais pourquoi on s'emmerde alors ?!

À côté d'elle, Obélix rejeta la tête en arrière, expulsant l'air par ses narines, avant de se délester de son fardeau. La lampe avait laissé une trace de sueur sur son t-shirt.

— Vous auriez pu le dire plus tôt... ! geignit-il.

— Il fallait qu'on la fouille d'abord ! se défendit le gorille de gauche en levant le bras d'Elo.

— Moi, reprit Obélix, ça fait un quart d'heure que je me trimballe des conneries d'instruments scientifiques. J'en peux plus ! J'arrête. J'attends les ordres.

— Pareil, dit Elo. J'en ai un peu marre là, vous pourriez me poser ?

Elle pencha la tête vers le mercenaire à sa gauche. Le poil brun sous sa casquette, il était rasé de près et sentait la menthe. Elo tourna les paumes vers sa situation.

— Honnêtement, lui dit-elle.

Ses deux gardiens la poussèrent dans un angle et la laissèrent s'échouer au sol. Son dos rebondit contre la pierre, lui arrachant une plainte saupoudrée de poussière.

— Parfait, suffoqua-t-elle.

Ce ne fut qu'un bref répit, car déjà, on lui saisissait les mains et les chevilles.

— Faut appeler la Capitaine, dit l'Après-rasage à l'électricienne. Christy, passe tes colliers de serrage.

— De quoi ? J'ai pas entendu, répondit-elle.

L'autre geôlier donna un coup de coude à son collègue.

— Sois poli, on a dit.

— Ouais, ajouta Elo. Sois poli, on a dit.

— Christy, alsjeblieft.

Alors qu'Elo s'attendait à ce que Christy lui réponde « à tes souhaits », l'électricienne s'avança à contrecœur, avant de lâcher une poignée de tiges blanches sur ses jambes. Puis, la mercenaire plongea des prunelles acérées dans les yeux de M. Après-rasage. Celui-ci ne se dégonfla pas.

— Tu peux aller chercher... ?

— Pourquoi moi ?

— Tu crois qu'on tricote, là ? s'emporta-t-il en passant les liens aux chevilles d'Elo.

Christy se tourna vers Obélix ; les bras et les jambes croisés contre un pilier, il semblait vouloir continuer à bouder tant qu'il n'aurait pas de nouveaux ordres.

— Vous faites chier, dit Christy en tournant les talons.

Alors qu'il avait ses deux grosses mains autour des chevilles d'Elo, le geôlier plus diplomate glissa un œil vers M. Après-rasage.

— Bien joué, le néerlandais, chuchota-t-il. Dommage que tu sois un con.

Le con prit la mouche et s'empara des poignets d'Elo.

— Faites gaffe, j'ai un bleu au br...AAH !

Épuisée, elle ne chercha même pas à lutter. Un mal lui enserrait le crâne et elle fuyait les lumières des mercenaires. Chaque faisceau lui arrachait des larmes. Ses cils humides ramassaient la poussière de ses joues et lui piquait les yeux.

Elle se rendit compte qu'elle était dans un piteux état quand aucun mercenaire ne prit la peine de la garder. Seul Obélix l'observait du haut de la caisse sur laquelle il s'était perché, comme un corbeau de mauvais présage. D'ailleurs, dans le reste de la cave-laboratoire, les deux autres déplaçaient tout un tas de caisses. Elo reconnut des marques d'instruments optiques. M. Après-rasage déballait de quoi effectuer des mesures laser de la pièce. Elle fit mine de s'y intéresser, tout en se redressant et testa discrètement ses entraves.

Obélix claqua la langue de désapprobation. Il lui montra sa ceinture de son index ganté, se rendit compte qu'elle ne contenait pas d'arme, pesta.

Soudain, la cheminée siffla. Une nouvelle personne venait de descendre à la corde. Elo tourna la tête : de l'autre côté des briques émergea une silhouette sombre, un mercenaire complètement dissimulé sous un équipement commando. De grosses chaussures montaient sur un treillis gris. À la ceinture : arme de poing et lames ; sur le torse, la veste tactique couvrait un col roulé, qui séduisit Elo, frigorifiée sans sa propre veste. Enfin, sa tête cagoulée et casquée ne laissait même pas voir ses yeux sous la paire de lunettes high-tech. Aucun cheveu ne dépassait, aucune cellule de peau n'était visible et tous les marqueurs corporels étaient gommés par l'équipement impersonnel. Même sa posture était illisible, rigidifiée par un maintien militaire. Elo fut parcourue d'un frisson.

Son regard s'accrocha désespérément à la silhouette, la seule cagoulée de la bande, avec l'étrange espoir de vouloir y reconnaître son agresseur de la Fontaine. Cette personne qui l'avait finalement laissée filer sans encombre. Une personne qui pourrait peut-être l'aider ?

Puis elle se surprit à vouloir la déshabiller du regard, lui ôter virtuellement toutes ses couches pour l'atteindre sans jamais la toucher. Et apprendre ; voir ce que ce corps pouvait révéler. D'habitude, lorsqu'Elo faisait ça, elle avait au moins en sa possession le squelette de la momie par radiographie pour se faire une idée.

Une autre silhouette parut. Une blonde gigantesque coiffée de tresses comme une Viking de l'History Channel était pliée en deux pour s'extirper du conduit. Tous les mercenaires relevèrent la tête à son passage. Elle s'avança vers Elo et s'arrêta à quelques pas d'elle. Elle en imposait, « tel un arbre centenaire au milieu d'une maison, pensa Elo, ça n'a rien à faire là mais c'est joli ».

— On l'a fouillée, dit M. Après-rasage. Pas de papier. Juste un vieux carnet dégueu, des allumettes mouillées, un couteau suisse et une bougie cassée. On lui a pris sa lampe aussi.

Les yeux marron de la grande blonde pesaient silencieusement sur Elo. Celle-ci déglutit, comprenant qu'il s'agissait de la « Capitaine », dont elle avait surpris l'échange avec l'un de ses mercenaires dans les décombres. La quarantaine lui allait bien ; c'était un de ces visages de femmes que les rides naissantes ne pouvaientrendre que plus charismatique.

Le face à face s'étira plusieurs secondes, puis la Capitaine se détourna. D'un claquement de doigts, elle interpella l'homme qui boudait sur sa caisse.

— On nous paie pas pour prendre l'air, dit-elle avec un accent alsacien. Qu'est-ce que vous attendez ?

— J'attends qu'on me considère un peu plus que comme le gros bras de service, expliqua-t-il.

— Le quoi ?

— « Salim porte-ci », « Salim déplace ça ». Je ne suis pas une bourrique ! Avec cette humidité, j'ai les genoux qui grincent.

— Si vous voulez pas que je vous décapsule les rotules à coup de crosse, vous feriez mieux de vous remettre au travail vite-fait. Mettez-moi de la lumière dans cette foutue cave et au trot.

L'homme se redressa, les fesses comme mordues par un cheval. Il remit la lampe de chantier sur son épaule et fila à l'autre bout de la salle. Les deux autres mercenaires se mirent également en mouvement avec autant d'empressement que si leur vie en dépendait... et Elo s'imagina que c'était le cas.

Christy arriva derrière la grande blonde, les jambes encore entourées de son baudrier. La Capitaine leva un doigt dans sa direction.

— Trouvez-moi par où est passé ce rat. Prenez deux chérubins.

La femme de main acquiesça et partit rassembler son équipe.

Elo se retint de rire : des « chérubins », vraiment ? C'est comme ça que la Capitaine appelait ses mercenaires ? Elle craignit soudain que la grande blonde surprenne son sourire et l'effaça, mais l'autre ne s'intéressait plus à elle. La Capitaine était occupée à faire le tour de la pièce. Près des caisses de matériels apportées par Salim, elle s'empara d'une chaise en métal, qu'elle déplia devant Elo. La Capitaine s'y assit à califourchon, ses avant-bras nus posés sur le dossier dévoilaient des muscles robustes.

Sur sa gauche, la silhouette cachée derrière son attirail high-tech se tenait bien droite, mains dans le dos ; stoïque.

— Comment ça va, Eloïse ? dit la Capitaine. T'as l'air d'avoir un peu froid.

Elo sursauta dans un frisson et rassembla ses jambes contre elle ; ses lèvres tremblantes aussi bleues que le bout de ses doigts. Son pouls s'accéléra.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'une voix éteinte.

— Je suis la capitaine à la tête de cette joyeuse troupe d'assassins fainéants. Et on est là pour trouver des trucs.

Son regard était aussi ferme que souple, à l'image des tresses plaquées contre son crâne, paradoxe qui déstabilisa Elo. Et elle poursuivit, la main tournant dans l'air pour animer son propos, comme si rien de grave ne pouvait arriver :

— Au départ, confia-t-elle, c'est vrai que j'étais un peu fâchée d'apprendre que tu furetais dans le coin. Mais, finalement, je me dis que t'es là pour une raison. Et que cette raison pourrait m'être utile. Hein, qu'est-ce que t'en dis ? Alors, tu vas te mettre à table sans faire d'histoires et me dire tout ce que tu sais.

— Merci, mais j'ai pas faim.

L'attitude leste que son interlocutrice manifestait avait au moins enrayé sa peur imminente de se retrouver face à elle.

— Bien, bien, acquiesça la Capitaine. Je suis contente de voir que tu as plus d'humour que ta cousine. Ça lui faisait terriblement défaut. En revanche, ton visage délicat de fille de la ville me laisse à penser que tu n'as pas sa résistance à la douleur. Je me trompe ?

D'un étui à sa ceinture, elle tira une lame et la jeta en direction d'Elo sans cérémonie. La doctorante se jeta sur le côté, alors que l'arme rebondissait contre le mur à quelques centimètres de ses oreilles. La Capitaine leva les yeux au ciel, puis fit signe à son mercenaire cagoulé.

— Lieutenant.

Elo sentit que le couteau avait atterri près de ses liens, mais elle n'osa pas bouger, voyant la silhouette noire s'approcher. Celle-ci se pencha au-dessus d'Elo ; ses doigts gantés se glissèrent dans son dos sans la brusquer.

La Capitaine n'attendit pas de récupérer le couteau pour en sortir un nouveau et le fit immédiatement tournoyer dans sa main.

— Alors, comment as-tu trouvé cet endroit ?

La lame scintillait sous la lumière crue installée par Salim. Elo se recroquevilla contre la pierre froide. Le regard franc, la tête penchée sur le côté, elle dit :

— Tout le monde sait qu'il y a des catacombes sous Paris.

La Capitaine soupira.

— As-tu la moindre idée d'où tu es réellement ?

Elo garda le silence. Non. Elle n'en avait aucune idée. Elle voulut envoyer une réponse vaseuse, pour donner le change, mais rien ne lui vint.

Trop tard, la Capitaine avait déjà compris. Elle ricana.

— T'es venue en touriste ?!

— Vous allez me tuer ? s'inquiéta Elo.

Le poignet qui brandissait la lame retomba et le sourire de la Capitaine disparut.

— Ce réseau n'est sur aucune carte, tu piges ? Ça a été savamment bouché au tout début du XIXème siècle pour préserver ses secrets de l'Empereur-tu-sais-qui un peu trop avide de savoir.

— Comment vous pouvez savoir ça ? s'offusqua Elo.

La méthodologie qui coulait dans ses veines exigeait des sources. Mais la Capitaine ignora la chercheuse.

— Brillamment, ta cousine a percé son secret et, comme d'habitude, elle nous a menés tout droit à lui. Ah... ça t'énerve on dirait. C'est qu'elle n'est pas très discrète, la Pilleuse, et particulièrement imprudente. On la suivait en Égypte et, après qu'elle ait détruit un magnifique site archéologique où nous voulions mener des fouilles... elle s'est volatilisée, tout en nous laissant une belle piste jusqu'à Paris. Et tu sais quoi, Eloïse ?

La Capitaine se pencha au-dessus du dossier de la chaise.

— J'ai entendu dire qu'elle était venue en Égypte pour devancer tes recherches. C'est si triste, la compétition familiale... Mais moi, je suis de ton côté, ne t'inquiète pas. Pourquoi ? C'est simple : j'ai vu la jalousie dans ses yeux, j'ai vu qui était vraiment Lana. Elle qui a préféré tout faire disparaître, plutôt que de te laisser voir ces trouvailles. Tu aurais dû voir cet atelier d'embaumeur... Mmm, délicieux.

Elo détourna le regard. Un seul atelier avait été découvert. Habituellement, les embaumeurs opéraient dans des structures mobiles au gré des nécropoles ; le désert avait donc tout balayé. Il ne restait ni tables, ni baumes ; seuls quelques outils, présentés dans les musées, et de rares recettes, gravées sur les murs des temples encore debout. Elo aurait rêvé en voir un en vrai, en entier.

La Capitaine redoubla d'ardeur.

— Mais elle a tout détruit, répéta-t-elle. Comme si elle était la seule à avoir le droit de profiter de cet incroyable héritage de l'humanité. Comme si elle était la seule à être digne de la vérité.

Elo ne se tourna vers la Capitaine que pour lui asséner un regard las.

— Vous me ligotez pour m'obliger à écouter votre obsession pour ma cousine. Vous êtes quoi, amoureuse ? Vous cherchez conseil ?

— Je veux t'aider à recouvrer ce qui te revient de droit.

Pfff... lui envoya Elo.

— Je veux qu'on fasse équipe... poursuivit la Capitaine.

Les yeux d'Elo s'écarquillèrent face à l'audace de celle qui avait massacré ses amis et qui lui avait envoyé un couteau à la figure quelques instants plus tôt.

Pfff et re-pfff, dit Elo.

—... pour rendre à l'humanité son patrimoine, acheva la Capitaine.

— Vous avez trop bu de chartreuse ou quoi ? Je ne comprends rien à ce que vous baragouinez.

— Ce que je veux dire...

— Écoutez, l'interrompit Elo. Je sens qu'on va être là pendant un bon moment. Et moi je suis incapable de me concentrer si je meurs de froid, de faim et de soif ! Et en plus, je suis blessée. Alors, si vous voulez qu'on sympathise, ou je ne sais quoi, la moindre des choses, ça serait de me proposer un goûter avec une boisson chaude.

Elo soutenait son regard, alors que la Capitaine se redressait sur sa chaise.

— Pardon, tu as raison, dit-elle en baissant la tête. Salim ? Salim ! Oh ! Tu peux nous ramener une bouteille de la cave ?

Au lieu de se plaindre, le boudeur de tout à l'heure s'exécuta avec un sourire carnassier. Il s'absenta quelques minutes. Elo et la Capitaine l'entendirent descendre l'échelle, s'emparer d'une bouteille puis remonter, tout en se dévisageant silencieusement. Tout, chez la Capitaine, aurait dû paraître désagréable à Elo ; pourtant son visage ne l'était pas.

Salim revint une petite bouteille à la main, le verre couvert d'une housse de poussière qui laissait toutefois voir une substance rougeâtre.

La Capitaine la reçut en arquant un sourcil.

— Faut croire que la couleur n'était pas encore au point.

Elle fit tournoyer le liquide à la lueur de sa lampe puis fit sauter le capuchon de cire d'un coup de lame. Il s'effrita entre ses doigts. Le goulot sous le nez, elle huma la liqueur, avant de l'éloigner aussitôt.

— Sacrément fort ! Je ne sais pas si tu connais l'histoire de cette boisson, mais...

Laissant la chaise derrière elle, la Capitaine fit quelques pas vers Elo. La bouteille à hauteur de ses yeux, elle la mettait en valeur à la manière d'une influenceuse en cosmétique.

— Tout a commencé avec l'élaboration d'un élixir. Une médecine si puissante qu'on l'appela : « élixir de longue vie ».

Elo tiqua. Elle avait déjà entendu cette formulation. La Capitaine changea subitement d'attitude. Tout en gardant son ton léger de speakerine, elle fit un pas de plus et arriva au-dessus d'Elo tel un prédateur.

— Et il serait mal venu de ma part de ne pas prendre soin de la vie de mon invitée impromptue. Trinquons !

Le poignet de la Capitaine pivota et une rasade d'alcool éclaboussa les bras écorchés d'Elo. Ses dents étouffèrent un cri serré. Sans échappatoire, elle se tortillait sous la douleur.

Pourtant aveuglée par la brûlure qui lui dévorait la peau, elle refusa de donner à sa tortionnaire le plaisir de lire la souffrance dans ses yeux. Elle fixa le sol où, à quelques pas, le lieutenant se balançait d'une jambe à l'autre.

— La proposition du goûter était intéressante, je ne le nie pas, dit la Capitaine. Mais je manque de temps pour te faire la cour. Dis-moi ce que tu sais sur l'élixir de longue vie. Le vrai, précisa-t-elle en agitant la liqueur.

Elo rejeta la tête en arrière, alors qu'elle émergeait du brouillard à grand-peine.

— Non, mais ça va pas ! aboya-t-elle. Vous êtes tarée !

Mais sa tête bascula à nouveau vers l'avant. Les boursouflures le long de son bras étaient désormais rouge vif. Elle souffla dessus pour se redonner du courage.

La Capitaine s'agenouilla à sa hauteur en remuant la bouteille devant ses yeux.

— Si tu ne veux pas une autre gorgée, je te conseille de suivre les consignes du Piccolo.

Elo adorait les jeux à boire. Mais elle détestait les défis.

— Je n'ai aucune idée de ce que c'est, espèce de fanatique de films hollywoodiens à gros budget !

Avant qu'elle n'ait pu finir sa phrase, la Capitaine lui attrapa le menton. Un pouce couvert de poussière s'enfonça dans sa bouche pour la lui faire ouvrir, puis une cascade rouge la noya.

Le liquide gicla jusqu'à son nez.

Elo toussait, se débattait, mais rien ne pouvait empêcher la liqueur de lui brûler l'intérieur de la gorge.

— Tu crois que je suis née de la dernière pluie ? Nous nous sommes renseignés sur tous les membres de la famille Magpie. Même ceux que Lana essaie de cacher. Mes chérubins de l'informatique m'ont dit que ça avait été une rigolade d'hacker ton ordinateur. Nous avons lu tout ce que tu as lu, et tout ce que tu as écrit. Tu mentionnes l'élixir à quatorze reprises dans ta thèse. Alors arrête de te foutre de ma gueule, ok ?

L'alcool était si fort que les yeux d'Elo pleuraient. Il lui avait rincé les sinus, désinfecté tout l'œsophage et ses poumons sifflaient. La moindre de ses plaies était piquée de mille dards de feu. Elle en eut du mal à respirer.

Son menton reposait toujours entre les doigts, désormais collants, de la Capitaine. Elo détailla le visage pâle entre ses larmes : des pommettes carrées jusqu'aux prunelles brunes. Sur la tempe gauche, une veine gonflée traversait son front dégagé.

Elo eut l'impression de voir la tête de sa grand-mère quand un étudiant lui disait qu'elle était bien conservée pour son âge.

Elle força sur la prise de la Capitaine pour pouvoir articuler.

— Votre plan c'est de me bourrer la gueule jusqu'à ce que je me désinhibe ? Parce que je vous préviens, l'alcool, ça ne me fait pas dire la vérité, mais je deviens excellente en espagnol.

La main de la Capitaine se leva et elle se prit le revers en pleine mâchoire. Sonnée par le coup, Elo valsa. Elle entendit toutefois la Capitaine se redresser en marmonnant : « J'en reviens pas qu'elle ait dit que tu pourrais être utile... ».

Elle fit sauter la bouteille vide d'une main à l'autre, puis se retourna vers son lieutenant :

— Mets-moi-la avec les autres, le temps qu'elle se rafraichisse la mémoire. Et donne-lui un truc à se mettre sur les épaules, elle va nous claquer entre les doigts la p'tite.

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