20. Mélodie.
Ayden.
Quand Amanda est revenue dans ma vie, je savais que Rosalie n'allait pas tarder à en faire de même. Mon instinct ne m'a jamais trompé : elles étaient encore meilleures amies.
Heaven et Hell.
Personne ne pouvait les séparer.
J'ai toujours su gérer la colère de Rosalie, malgré son tempérament explosif. Elle accumulait les embrouilles comme d'autres collectionnent les timbres. Tout était un prétexte : un regard de travers, un pull identique au sien, ou juste parce qu'elle s'ennuyait.
Si Amanda la calmait avec des mots, j'étais celui qui gérait les dégâts. Bagarres contre des types plus grands qu'elle, heures de colle... Combien de fois j'ai dû recoller les morceaux après son passage ? En résumé, j'étais le seul à pouvoir canaliser la reine des enfers. Mais quand elle claque la porte contre le mur, je sais que cette fois, je vais morfler.
Rosalie n'a jamais eu besoin de mots pour annoncer une tempête. Je me cale dans mon fauteuil et j'écrase ma clope dans le cendrier, comme si ça pouvait empêcher l'incendie.
— Rosalie, ça fait plaisir.
J'aurais mieux fait de la fermer. Mais c'est comme ça qu'on fonctionne, elle et moi. On a toujours joué à la loi du talion, jusqu'à ce que l'un de nous cède. À se rabaisser jusqu'à toucher le fond, à tout balancer sans filtre, puis à repartir comme si de rien n'était.
Enfin... avant.
Les années ont peut-être changé la donne. Peut-être que je l'ai trop blessée pour qu'elle accepte encore ce jeu. Avec Heaven, j'ai une chance, même infime. Amanda est trop douce pour rendre coup pour coup. Rosalie, en revanche ?
Je suis à peu près sûr qu'elle rêve de m'étrangler et de planquer mon cadavre dans la Seine.
Mais je tente quand même.
— Moi aussi, réplique-t-elle en s'asseyant sur mon bureau, balançant son sac sur mes papiers sans vergogne. Mais pas pour les mêmes raisons, je pense.
Son sourire pourrait faire fuir Pennywise en personne. Son corps est tendu, chaque muscle prêt à exploser, mais elle retient son coup. Elle savoure. Elle veut que je flippe avant de m'achever.
Et venant d'elle, ce n'est jamais une partie de plaisir. Mais je l'accepte. Parce que je sais que je le mérite.
— Laisse-moi deviner, dis-je en croisant les bras. Tu comptes me torturer jusqu'à ce que je te supplie dans une cave humide et sans lumière. Et dès que je crève, tu me brûles dans un feu de camp sans te retourner ?
Elle fait glisser un ongle parfaitement manucuré sur mon bureau, l'air faussement absorbé, avant d'attraper un contrat que je m'apprête à signer.
Elle le parcourt d'un regard nonchalant, comme si c'était un menu de fast-food. Puis, lentement, trop lentement, elle le soulève du bout des doigts et le fait tourner entre ses mains.
Je sens venir la connerie sous son regard qui s'illumine.
— Non. J'ai dépassé ce stade. Maintenant, je réfléchis avant d'agir.
Du coin de l'œil, j'aperçois Amanda s'installer dans un fauteuil. Son geste est fluide, gracieux, presque calculé. Ses jambes se croisent avec cette précision naturelle, son dos reste droit, impeccable. Elle impose le respect sans dire un mot.
Nos regards se croisent, et c'est toujours aussi intense, comme si elle m'emportait dans une symphonie en un battement de cils. Elle ne dit rien, mais je la vois se délecter de la scène. Elle n'est pas aussi angélique qu'elle le laisse croire.
Et ça me fait marrer.
— J'ai fait des recherches sur toi, couillon à deux balles, reprends Rosalie en posant son talon sur un accoudoir de mon fauteuil.
Elle bascule légèrement d'avant en arrière sur mon bureau, savourant l'instant, comme un chat jouant avec sa proie. Puis elle prend une feuille du contrat et la déchire en deux. Je serre la mâchoire, mais je ne bouge pas.
Ce putain de contrat vaut dix millions.
— Directeur de Golden Book. Directeur de The Black Rose Collection. Une chaîne d'hôtels de luxe qui pèse plusieurs milliards et fait trembler la concurrence...
Elle pose les morceaux déchirés sur le bureau et relève les yeux, un sourire acéré au bord des lèvres.
— T'as fait du chemin depuis que t'as disparu comme une grosse merde.
Elle fait de mon contrat des confettis, et un sourire se forme sur mes lèvres. Elle sait qu'elle ne touche qu'à une petite corde parmi tant d'autres. Même si elle me déteste, jamais elle ne s'aventurera là où ça fait vraiment mal. Comme moi, je reste loin de tout ce qui touche à sa sœur. Chacun porte sa faille, ce point précis qui nous brise en silence.
Rosalie laisse tomber les confettis de mon contrat comme si elle dispersait mes ambitions au vent.
— Tu disparais pendant des années, tu reviens en jouant les grands manitous, et t'imagines que le passé est resté bien sagement derrière toi ?
Elle se redresse et me surplombe, son ombre s'étirant sur mon bureau. Sa furie suinte dans chaque syllabe, et son regard me cloue à mon fauteuil, brûlant d'une rage trop bien contenue.
— Laisse-moi te dire un truc, Ayden, continue-t-elle en claquant ses mains sur le bureau avant de se pencher vers moi.T'as peut-être changé de costard et de terrain de jeu, mais au fond, t'es toujours ce gamin qui fuit dès que ça devient trop réel.
Je ne réponds pas. Je la laisse cracher son venin. C'est comme ça qu'on fonctionne.
Dire que ses paroles ne me blessent pas serait mentir. Je sais le mal que je leur ai causé en partant, la blessure qu'elles ont ressentie alors que je restais indifférent à leurs tentatives de me retenir.
Je le sais, parce que mon âme porte la même cicatrice.
Et Rosalie vient de planter son couteau dedans. Elle l'enfonce jusqu'à la garde, jusqu'à ce que la douleur pulse dans ma cage thoracique. Je suis parti. Je les ai abandonnées. Si Heaven me mène au bord de la falaise, Hell me balance sans hésitation dans le vide, me laissant m'écraser au fond de ma culpabilité.
— Je me demande... C'est quoi, cette fois ? ricane-t-elle amèrement en faisant les cent pas dans le bureau. Un énième caprice ? Une crise existentielle de milliardaire en mal de sensations fortes ? T'es qu'un connard ! Tu nous as laissé sur la touche en te barrant. T'as aucune putain d'idée de la personne que je suis devenue à ton départ !
Elle avance vers moi, son corps tendu comme une lame prête à trancher.
— Ma famille m'a reniée pour ma sœur et t'étais pas là pour me dire que je valais mieux. Les mecs se jouaient de moi et t'étais pas là pour leur casser la gueule. Mon grand-père est mort... Putain, t'étais même pas là pour me serrer dans tes bras.
Elle s'arrête devant moi, son aura tremblante de rage, de douleur.
— Et je ne te parle même pas de tout ce que t'as raté dans la vie d'Amanda. Tu nous as abandonnées, piétinant ta promesse d'être toujours là pour nous. T'étais comme mon grand frère, et chaque fois que tu nous rejetait, c'était comme si on m'arrachait une partie de mon âme. À chaque épreuve que j'ai dû encaisser sans ton épaule pour me soutenir...
Sa voix se brise sur la fin, et avant qu'elle ne vacille davantage, Amanda se lève et s'approche d'elle. Je la vois se fissurer, pour la première fois depuis que je la connais. Sa carapace éclate, et dans les bras d'Amanda, elle s'effondre doucement. J'entends Heaven lui murmurer des mots, que je n'entendrai jamais, mais qui suffisent à l'apaiser. Elle ne se débat pas.
La fureur dans ses yeux a cédé la place à une détresse que je découvre pour la première fois. Elle me regarde, et je perçois tout ce qu'elle retient depuis mon abandon.
Ma reine des enfers n'est plus qu'une ombre d'elle-même, une cendre vacillante qui lutte pour raviver les braises.
Je me lève doucement, comme si le moindre geste pouvait la briser davantage. Amanda relève la tête vers moi, gardant Rosalie contre elle. Je vois dans son regard que chaque mot prononcé l'a touchée autant que moi.
Tout ce que j'ai fui, tout ce qu'elles taisaient, vient de m'exploser en pleine gueule et ça me tue.
— Non... souffle-t-elle en tendant la main pour que je n'essaye pas de l'approcher. Je crois que t'en as fait assez.
Elle se détache d'Amanda et la rassure du regard avant de faire demi-tour en claquant la porte derrière elle. J'ai envie de la rattraper, de lui avouer pourquoi j'ai fait cette putain d'erreurs il y a des années. Mais je me retiens. Je sais qu'elle ne veut pas de moi en ce moment alors je me tourne vers mon fauteuil pour m'y asseoir.
Je soupire en sentant mes pensées sombrer dans ses années où je n'étais plus qu'une ombre qui vivait parmi les titans avant de devenir cet homme impénétrable.
Je ressens tout. Chaque putain de mot. Chaque reproche. Chaque douleur.
Un, deux... Un, deux, trois... Un, deux... Un, deux, trois...
Mon index tapote sans relâche sur le bois du bureau et instinctivement, j'attrape mon paquet de clopes pour en sortir une cigarette et fais rouler la pierre du briquet pour l'allumer.
J'ai besoin d'un moyen de me couper de ce monde, de cette sensation qui je sens me détruit de plus en plus.
— T'es pas obligé de te tuer plus que tu ne l'ai, murmure Amanda en me la retirant de mes lèvres.
Je relève la tête pour essayer de me noyer dans ces yeux à la place de la nicotine. Son regard accroche le mien, sans colère, sans reproche. D'une intensité qui me trouble plus que je ne veux l'admettre. Comme si elle cherche à atteindre un endroit que moi-même j'ai abandonné.
Elle lève sa main et mon corps frissonne quand je sens sa main attraper ma mâchoire, ses ongles se plantent dans ma chair. Même en me faisant mal, je parviens quand même à ressentir ce besoin qu'elle me touche.
Elle pourrait continuer à me faire souffrir autant qu'elle veut si cela me permet d'avoir de l'importance à ses yeux.
— Fallen...
Ma gorge se serre. Ce simple mot m'explose en pleine poitrine avec une violence inouïe. Je l'avais enfoui, ce surnom. Enterré sous des années de silence et de regrets. Plus personne ne l'avait prononcé. Plus personne n'avait le droit de le faire.
Mais elle, Amanda...
Sa voix le murmure comme un écho du passé, un fil invisible qui me ramène à ce que nous étions. Et ça me détruit. Je me revois, gosse paumé, le cœur gonflé de fierté chaque fois qu'elle l'appelait ainsi. À l'époque, Fallen, c'était un défi, un jeu entre nous. Un surnom qu'elle m'avait donné parce qu'elle voyait quelque chose en moi que personne d'autre ne voyait. Une force. Une lumière.
Aujourd'hui, il n'a plus la même saveur. Il est chargé de tout ce que j'ai brisé.
— Tu nous as brisées, reprend-elle en gardant son regard larmoyant planté dans le mien. Plus fort que tu ne le crois et je ne peux rien faire pour arranger cela. Oui, c'est de ta faute. Oui, tu as été un gros con. Mais je sais qu'au fond de toi... que tu regrettes. Que tu crèves de remords. Et que tu donnerais tout pour revenir en arrière.
Ses mots s'infiltrent en moi comme un poison lent, gangrènent chaque parcelle de mon être. Je ne peux pas les rejeter, parce qu'ils sont vrais. Parce qu'ils me détruisent autant qu'ils me définissent. Puis son front se pose contre le mien. Mon cœur se fracasse dans ma poitrine.
Ce n'est ni le lieu, ni le moment. Et pourtant...
Son souffle caresse ma peau, et je perçois chaque nuance de marron dans ses pupilles, cet océan de douleur et de reproches. Mon corps réclame son contact, comme un condamné quémanderait une dernière prière. Je serre les poings sur l'accoudoir, je retiens ce foutu instinct qui hurle de la toucher.
Parce que si je le fais, je suis foutu.
— Tu veux qu'on t'aime encore, comme avant. Et même si je le voulais... je ne sais plus comment faire.
Elle comprend ma douleur et je me hais pour ça. Je suis égoïste de profiter de sa douceur, celle qu'elle pose sur mon âme par chaque toucher, chaque parole envers moi. Elle n'a pas besoin de mots pour s'imposer, pas besoin de crier pour me toucher.
Elle est là, simplement, et c'est bien plus dangereux que la colère de Rosalie.
Je suis toujours perdu dans la chaleur de sa proximité, ses lèvres proches des miennes, son souffle qui frôle ma peau. Mais un détail minuscule mais dévastateur me fait plonger hors de cette torpeur.
Elle est là. Violacée, marbrée de nuances jaunâtres, cachée sous une couche de fond de teint, mais suffisamment visible pour qu'elle me frappe en plein cœur.
Des doigts. Une pression trop forte, trop cruelle.
Pas besoin de réfléchir. Je sais exactement ce que c'est. Parce que moi aussi, j'ai porté ces marques. Parce que je sais ce que ça fait de manquer d'air sous la pression d'une main qui veut tout prendre. Mon souffle se bloque alors que mon regard s'assombrit, mon corps se tend comme un arc prêt à rompre.
— Qui t'a fait ça ?
Ma voix est rauque, plus sombre que je ne le voudrais, alimentée par une colère qui me ronge jusqu'au sang.
Elle tressaille, recule et coupe tout contact avec moi, se renfermant sur elle-même. Mais elle sait de quoi je parle et ne nie pas.
Merde.
— Amanda...
Elle relève lentement les yeux, mais il y a quelque chose de plus dans son regard, quelque chose que je n'arrive pas à saisir. Une ombre qui se glisse sous sa peau. Elle se contente de secouer la tête, comme si elle voulait me protéger de ce secret. Mais je suis trop près pour qu'elle m'échappe.
— C'est rien.
Ses mots tombent comme une tentative de voile, de dissimulation, mais tout en elle crie l'inverse.
Je secoue la tête, une éclatante douleur dans ma poitrine. Je suis sur le point de m'effondrer, et pourtant, chaque fibre de mon corps me pousse à avancer. Je me lève brusquement, mes pieds cloués au sol, l'air brûlant dans mes poumons. Mes mains viennent se poser sur le bureau, de part et d'autre de son corps, me rapprochant d'elle de quelques centimètres. La proximité entre nous devient une pression insupportable.
Je baisse la tête, mon regard scellant le sien dans une connexion électrique, froide et implacable. Le temps semble suspendu, chaque battement de cœur résonnant dans le silence, comme un compte à rebours. Je suis là, tout près, et je la regarde, attendant que son masque tombe. J'ai déjà vu les marques, et je sais ce que ça signifie, mais il faut qu'elle me le dise. Je veux qu'elle me brise, qu'elle me fasse sentir sa douleur, qu'elle me fasse comprendre ce qu'il en coûte.
Mais je reste là, sans un mot, mes poings serrés à m'en faire saigner, attendant qu'elle trouve enfin la force de répondre.
— Matthew, mon ex... murmure-t-elle en baissant la tête.
Ce nom me paralyse sur place. Azalea m'en avait parlé pendant notre rencontre, c'est à cause de lui qu'Amanda refuse de s'ouvrir à nouveau. Mais maintenant, ce n'est plus une simple information. Ce nom a un poids. Il me brûle.
Je ferme les yeux et inspire en reculant. Je passe une main dans mes cheveux, mes jambes refusant de rester immobiles. Mon corps me trahit. Tout en moi hurle de réagir.
Controle toi...
Je fais les cent pas dans mon bureau, la gorge nouée. La rage s'insinue lentement sous ma peau, venimeuse. Ce mec l'a touchée, il a marqué sa peau de ses mains. Un frisson glacial me traverse et je peine à respirer, à raisonner comme il faut. Mon cœur bat trop vite, mes mains tremblent et le manque de nicotine n'arrange rien, mais ce n'est pas ça. C'est autre chose, quelque chose que je croyais avoir enterré depuis longtemps.
Je ne sais pas où il habite, qui il fréquente, ni quels sont ses endroits favoris. Mais ça n'a pas d'importance, je vais le retrouver, c'est une certitude.
J'attrape mon manteau sans que j'en prenne conscience. Je ne réfléchis plus, je ne planifie pas, je suis seulement mon instinct. Je bouge, poussé par une force plus grande que moi. C'est dangereux. Je le sais. Mais c'est déjà trop tard.
La vipère en moi s'éveille. Son venin se répand, balayant ce foutu contrôle que j'ai toujours essayé de garder. Elle me murmure que Rosalie avait raison sur toute la ligne. J'aurais dû être là pour Amanda. J'aurais dû la protéger.
J'enfonce mon paquet de cigarettes et mon téléphone dans ma poche. Je dois y aller. Peu importe mon emploi du temps. Mais au moment où je m'apprête à sortir, une main se referme sur mon bras.
Heaven.
Je me retourne vers elle. Deux fois qu'elle me touche aujourd'hui, de son plein gré et mon esprit refuse de s'y faire.
— Non, Ayden, me coupe-t-elle. Je sais ce que tu t'apprêtes à faire, et c'est non. J'ai assez de problèmes dans ma vie pour que tu en rajoutes une couche.
Ses doigts serrés autour de mon bras ne sont qu'un infime point d'ancrage. C'est léger. Trop léger. Une infime pression comparée à la tornade qui rugit en moi. Pourtant, ça suffit.
Je devrais arracher mon bras de son emprise et me précipiter dehors, ignorer cette voix dans ma tête qui me murmure que c'est une mauvaise idée. Laisser mon instinct prendre le dessus, retrouver Matthew et lui faire regretter jusqu'au dernier de ses actes.
Mais elle ne me lâche pas. Ce n'est pas sa main qui me retient, ce sont ses prunelles noisette, là où danse sa détermination et je sais qu'elle ne me laissera pas faire.
Putain...
Je me mord l'intérieur de ma joue, ma colère cogne si fort contre ma cage thoracique que j'ai l'impression qu'elle va me briser en deux.
— Je vais juste lui parler, dis-je d'une voix rauque.
Mensonge. Elle le sait. Je le vois à la lueur de défi qui traverse ses yeux.
— Non, Ayden. Tu vas le tuer.
Son ton est calme, froid, implacable. Elle ne pose pas la question, elle affirme parce qu'elle sait exactement qui je suis, même après toutes ces années. Elle arrive encore à lire en moi pour la première fois.
Où est-ce moi qui me suis dévoilé sans qu'elle n'ai eu à bouger le petit doigt.
Mon poing se referme sur le tissu de mon manteau, mes ongles s'enfoncent dans ma paume. Mais Heaven est là. Elle ne me lâche pas.
Et ça m'enrage autant que ça me stoppe.
J'ai toujours su garder le contrôle. C'est mon armure, ma seule vraie protection. J'ai une maîtrise totale, une emprise implacable sur mes émotions, mes réactions, mes décisions. C'est ce qui m'a toujours permis d'avancer, de ne jamais vaciller.
Mais quand c'est elle...
Tout explose.
Mon contrôle, ma logique, ma foutue capacité à prendre du recul... Tout se fissure sous son regard. Amanda a toujours eu ce pouvoir sur moi. Depuis le début.
Depuis cette gamine au sourire insolent qui faisait naître en moi des émotions trop grandes pour moi. Depuis cet instant où je l'ai laissée entrer dans ma vie, sans savoir qu'elle finirait par en être la seule constante.
C'est toujours elle.
Elle qui faisait battre mon cœur plus fort, qui me faisait ressentir ce que je n'étais pas prêt à accepter, qui m'ancre autant qu'elle me bouscule.
Et putain, ça me terrifie.
Parce que je suis Ayden Johnson. L'homme qui pèse des millions, impassible et asociable. Qui garde la tête froide, qui ne laisse personne l'atteindre.
Elle n'est pas une simple note dans la partition. C'est la mélodie.
Celle qui résonne en moi depuis toujours, celle qui donne un sens à chaque silence, à chaque battement. Elle est la seule musique que je ne veux jamais voir s'arrêter.
Mais avec un regard, un mot, un simple contact, elle menace de m'exclure de sa symphonie, me poussant à m'accrocher toujours plus à chaque notes qu'elle me laisse apercevoir.
J'ai toujours su jouer avec maîtrise, diriger mon propre orchestre avec une précision implacable. Avec elle, je ne contrôle rien. C'est elle qui impose le tempo, qui dicte l'harmonie, et je ne peux que suivre, espérer qu'elle m'accorde encore une place dans sa musique.
Parce que Heaven est une putain de mélodie que je refuse d'oublier.
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