Chapitre 34
Chittaphon ferma les yeux en soupirant. Il n'arrivait à rien et ce n'était pas faute d'essayer. Il tentait depuis des heures de terminer la modélisation d'une veste sans succès, il se trompait dans les mesures, s'était coupé avec son ciseau et avait mis dix minutes avant de retrouver sa boite à aiguilles. Tout semblait se liguer contre lui depuis quelques jours et le jeune homme se résolut à abandonner. Ce n'était pas que tout était contre lui, il le savait, c'était plutôt qu'il était incapable de se concentrer depuis l'appel de YongGuk un peu plus de deux semaines plus tôt.
Le sergent l'avait bloqué, il ne pouvait donc plus lui envoyer de messages ou l'appeler et ce sur toutes les plateformes qu'il avait essayées. Il avait alors tenté de le voir à la base mais YongGuk avait tenu parole, lorsque Chittaphon était arrivé un nouveau superviseur l'attendait et il fut dans l'incapacité de trouver le bouclé. Celui-ci faisait tout pour l'éviter et il le faisait bien. Il avait tenté une nouvelle fois avant se rendre à l'évidence : il ne servait à rien de forcer et il n'avait plus d'intérêt à venir à la base. Il avait alors informé l'homme en charge de lui qu'il avait ce qu'il fallait et que leur collaboration pouvait cesser.
Depuis il alternait entre des phases à rester amorphe sur son lit et celles où il tentait de travailler. Il en avait quand même besoin pour se nourrir. Chittaphon roula des yeux en se relevant, il n'arrivait à pas à croire qu'il soit en train de se laisser abattre par un vulgaire râteau, ce n'était pas comme si YongGuk était le seul homme sur Terre. Il y en avait des millions et des aussi bien que lui. Il attrapa ses affaires et ferma son atelier, dans le même temps il envoya un message à ses amis pour qu'ils se réunissent chez Yuta. Le concerné râla que son appartement n'était pas un squat mais ne s'y opposa pas, pour ce qui était de DoYoung ils n'auraient pas de réponse de suite. Le père du plus jeune était très strict sur l'utilisation des téléphones portables sur le lieu de travail, ils allaient devoir attendre que leur ami ait fini sa journée.
Chittaphon ne s'arrêta pas par chez lui et fila directement chez le Japonais, marcher un petit peu lui fit du bien même s'il suait abondamment en poussant la porte d'entrée : Juillet promettait d'être caniculaire alors il préférait ne même pas penser au mois suivant.
Il entra chez son ami comme s'il était chez lui, utilisant son double de clé pour passer la première porte puis la seconde. Yuta avait l'habitude depuis le temps et l'argenté se déchaussa avant de rejoindre le Japonais dans le canapé. Celui-ci était concentré sur son ordinateur flambant neuf, des lunettes de confort posées sur le bout de son nez. Un tableau Excel était ouvert devant lui et Chittaphon grimaça, il n'allait pas déranger son ami tout de suite, il détestait lorsqu'il était interrompu pendant sa comptabilité. Cette chose était une horreur à faire et devoir le recommencer parce qu'il avait été déconcentré était l'un des pires trucs au monde selon lui. Le jeune homme se dirigea donc vers la cuisine pour se servir un café dans le mug licorne. Il adorait cette tasse, et même si Yuta la désignait comme étant affreuse Chittaphon était persuadé que dans le fond il l'aimait bien.
Sa boisson chaude à la main, il huma le parfum du café en retournant dans le salon. Il posa les pieds sur la table basse et s'avachit dans le fauteuil, il espérait que son ami n'en ait pas pour longtemps, il avait envie de parler. Il savait que s'il restait dans le silence trop longtemps il allait recommencer à être envahi par de mauvaises pensées et il allait se morfondre.
Chittaphon alla alors se perdre sur les réseaux sociaux le temps que Yuta termine ce qu'il avait à faire. Il n'y trouva pas grand-chose d'intéressant, aimant des publications un peu au hasard pour s'occuper l'esprit.
- J'ai fini Chi !
- Enfin !
- Hé, c'est pas simple la compta ok ? En plus j'étais en retard, je devais la faire avant mais comme j'étais au Japon et que je n'avais pas mon matos...
L'argenté lui adressa un petit sourire en coin embarrassé, son ami portait des cernes importants qui trahissaient son état de fatigue assez avancé. Yuta n'était revenu que depuis peu, trois jours pour être exact, après que son père soit finalement sorti de son sommeil. Pour l'instant il était impossible de dire si l'homme aurait des séquelles de son accident mais ses jours n'étaient plus en danger, le blond avait alors pu prendre l'avion, rassuré, et retourner à son travail. Celui-ci s'était empilé pendant son absence si bien que Chittaphon s'était retenu de passer à l'improviste ou de le contacter pour le laisser tout rattraper.
- Tu t'en sors ? se renseigna l'argenté.
- J'ai pas dormi de la nuit mais ça va, j'ai presque tout réglé donc je me débrouille pas trop mal pour le moment. SiCheng est venu m'aider hier soir aussi, ça m'a été très utile, sourit doucement Yuta. Et toi ?
- Une catastrophe.
Chittaphon soupira dramatiquement en portant son regard sur le mug, le mot n'était qu'un euphémisme de la situation.
- Raconte-moi tout.
- Y a pas grand-chose à dire, j'arrive pas à le dégager de ma tête et du coup je n'arrive à rien, soupira le Thaïlandais.
- Est-ce que t'as envie de le dégager au moins ?
Le jeune homme fit la moue : touché coulé. Un point pour Yuta. Il n'avait aucunement l'intention de passer à autre chose. Certes il avait eu peur et son corps avait encore un bleu au niveau du dos mais YongGuk s'était excusé et ce n'était pas de sa faute, il faisait un cauchemar, il n'était même pas conscient à ce moment-là. Chittaphon savait aussi que c'était le risque de fréquenter un homme avec des traumas de guerre, YongGuk ne lui avait jamais caché le fait qu'il n'était pas revenu indemne de ses missions. Il pouvait l'encaisser, il l'aimait trop pour être repoussé simplement parce que son bouclé avec des difficultés à se remettre à la vie civile.
- J'avoue, je veux être à ses côtés.
- Alors qu'est-ce que tu fous à te morfondre sur mon canapé ? Tu devrais pas te bouger pour aller le trouver et le confronter ?
- Il m'a jeté, lui rappela Chittaphon en grimaçant.
Yuta leva les yeux au ciel.
- Oui merci je suis au courant, bébé Do m'a suffisamment déchiré de ne pas avoir été là pour toi. Après il te l'a dit par téléphone mais est-ce qu'il pourrait te résister en face à face ?
- Je sais pas, c'est vrai que je suis trop craquant pour qu'on résiste à mes charmes, ricana l'argenté.
- Au moins tout ça beau gosse, pouffa Yuta. Plus sérieusement, même s'il refuse une relation, que vous soyez en couple, est-ce que ce ne serait pas mieux d'avoir une explication ? Il t'a caché des choses et a pris des décisions de son côté mais Chi, j'ai pas souvenir que tu lui ai parlé de tes propres traumas ?
- Depuis quand t'es aussi sage toi ?
- Depuis que je fréquente ton frère faut croire, sourit Yuta, avec lui j'ai appris que pour que ça fonctionne les deux parties devaient faire des efforts et pas que l'une d'elles.
Chittaphon expira lentement, il avait conscience que son ami avait raison mais était-il prêt à s'ouvrir lui aussi ? Il avait peur que ce ne devienne une raison de plus pour que YongGuk ne s'éloigne encore de lui, il voulait qu'ils se rapprochent, pas créer de nouvelles failles entre eux. Les téléphones vibrèrent et le jeune homme en profita pour changer de sujet.
- Ah, on dirait que bébé Do a fini le travail, sourit l'argenté. Il nous rejoint juste après.
- J'ai vu, n'essaye pas de détourner la conversation petit malin, grommela Yuta.
- Mon frère déteint beaucoup trop sur tout, tu deviens un vrai rabat-joie...
- Excuse-moi de vouloir que tu sois heureux !
- Je sais, merci Yut'.
Le Thaïlandais serra son ami dans ses bras et posa sa tête sur son épaule. Il était reconnaissant d'avoir des amis pareils, et même s'il avait douté il était heureux d'avoir eu tort. Il pouvait compter sur eux, même s'ils râlaient.
- Au fait, va falloir qu'on pense à la rentrée et à gérer pour bébé Do. Je suis sûr que l'autre stalker ne va pas le lâcher, grogna Chittaphon.
- Très bien j'ai compris, ricana Yuta, on ne parle plus de YongGuk pour le moment mais tu ne vas pas pouvoir faire l'autruche toute ta vie.
- Du coup ?
- Je ne sais pas, peut-être qu'on est un peu trop protecteurs avec lui. Il n'a qu'un an de moins que nous, c'est aussi un adulte, réfléchit le décoloré.
- On parle d'un mec capable de suivre un inconnu lui proposant des bonbons quand même, j'ai pas envie de le retrouver dans une camionnette au fin fond de la Roumanie ! Tant qu'il ne nous dira pas qu'il ne veut plus qu'on vienne le chercher à la fac alors je continuerai de le faire, j'ai trop peur qu'il lui arrive des trucs sales si on n'est pas là !
- Ok ok, j'ai saisi. On continue comme d'habitude en fonction de nos plannings, mais faudra penser à une autre solution, on ne va pas faire ça jusqu'à nos cinquante ans non plus, soupira Yuta.
Chittaphon ne renchérit pas, Yuta avait donné son accord et c'était ce qui lui important le plus. Ils verraient le reste lorsque la situation l'exigerait mais ce n'était pas encore le moment. DoYoung apparut sur le pas de la porte une trentaine de minutes plus tard, alors que les deux autres s'étaient installés devant un film, du popcorn sur la table basse. Chittaphon rit en le voyant s'installer comme à son habitude sur le tapis au lieu de prendre un fauteuil ou de les rejoindre dans le canapé. Il s'abstint cependant de faire un commentaire, déranger le plus jeune pendant le visionnage d'un Marvel pouvait exposer à de sérieuses représailles.
Ils commandèrent des pizzas pour le diner, gracieusement offertes par Chittaphon pour se faire pardonner de la peur qu'il leur avait causé la semaine précédente, et optèrent pour un marathon de films. DoYoung ne travaillait exceptionnellement pas le lendemain matin et les deux autres étaient libres d'arranger leur emploi du temps à leur convenance, qu'ils prennent à huit ou quatorze heures cela ne regardait qu'eux. L'un des avantages non négligeables à être leur propre patron.
Chittaphon regardait sans arrêt son téléphone, pire que le plus jeune. Il attendait désespérément de voir le nom de YongGuk s'afficher mais ses espoirs ne cessaient d'être déçus. Soupirant, le jeune homme profita du changement de film pour se lever et allez vider sa vessie. Il profita d'être debout pour ramener les boites des pizzas dans la cuisine et se servir un verre d'eau. Perdu dans ses pensées il en loupa l'appel qu'il attendait tant.
Il ne se rendit compte des vibrations que lorsque ces dernières cessèrent dans sa poche, il en sortit son téléphone mais c'était trop tard. YongGuk l'avait appelé mais il n'avait pas décroché. Le cœur battant à mille à l'heure le jeune homme s'empressa de presser l'écran pour le rappeler. Il se rongea les ongles alors que la sonnerie s'éternisait.
- Chi ?
La voix était faible, mal assurée, même à leur dernière entrevue elle n'était pas aussi pathétique. L'homme au téléphone avait l'air vraiment mal et une sueur froide dévala le dos de l'argenté.
- YongGuk ? Tu vas bien ?
- Non... je suis désolé Chi.
Il explosa en sanglot et le jeune homme fut incapable de comprendre ce qu'il disait par la suite. C'était incohérent, incompréhensible.
- Je ne comprends pas ce que tu dis YongGuk, calme toi, tu me fais peur.
- Pardon... Chi je suis terrorisé... J'ai honte mais est-ce que tu peux venir ? Je sais pas qui appeler à part toi...
- Je pars immédiatement, je fais au plus vite. Je reste au téléphone alors ne raccroche pas d'accord ? Parle moi ou je parle si tu préfères mais je ne te quitte pas, promis !
Nda :
Je sais, ce n'est pas gentil de couper ici XD mais je ne pouvais pas couper plus loin sans que ça ne fasse vraiment très bizarre x) j'espère que vous avez aimé votre lecture et je vous souhaite une bonne journée :)
Dalion~ Kiss :3
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