Chapitre 29
Chittaphon gémit en portant ses mains sur son visage. Il avait affreusement mal à la tête et l'impression qu'un camion benne lui avait roulé dessus. Deux fois. Il roula sur le ventre pour s'enfouir sous l'oreiller et attendre que la douleur ne s'apaise. Il n'aurait pas dû abuser du rhum la veille, il ne se souvenait même pas de ce qu'il avait fait et en plus son corps en subissait les conséquences. Dur de croire qu'il n'avait que vingt-cinq ans alors que ses os lui faisaient l'effet d'être un nonagénaire.
Une sensation froide et humide courut sur son avant-bras qui pendait dans le vide. Il le ramena vers lui en glapissant et s'assit en sursaut sur le matelas. Ses yeux se posèrent sur le regard malicieux d'un gros chien qui attendait, assis et la langue pendante.
- Ah beurk, c'est toi qui viens de me baver dessus mon gros ? grimaça l'argenté. Où est-ce que je suis encore moi ? Je ne te connais pas.
Chittaphon baissa ses orbes noirs sur ses vêtements et remarqua qu'il ne portait plus que son boxer et un tee-shirt ne lui appartenant pas. Le jeune homme fit glisser ses doigts sur le coton avant de l'amener à son nez. Une fragrance inconnue emplit ses poumons, de la lessive avec un quelqu'un chose de mystérieux mais terriblement masculin. Il aimait beaucoup, même si ce n'était pas la question qu'il était censé se poser sur le moment. Sa main s'approcha de la truffe de l'animale qui s'y frotta avec plaisir et il le gratouilla entre les oreilles.
- T'es pas farouche toi dis-donc, commenta Chittaphon en continuant ses câlins.
- Pourtant il ne se laisse pas approcher facilement par les étrangers, c'est la première fois que je le vois agir comme ça avec quelqu'un qu'il ne connait pas.
L'argenté releva subitement la tête, surpris par cette voix profonde sortie de nulle part. Le jeune homme déglutit en découvrant l'homme de ses rêves dans l'encadrement de porte, vêtu en tout et pour tout d'un bas de survêtement. Le chien cessa immédiatement de s'intéresser à Chittaphon pour aller se coller dans les jambes de son maître et celui-ci flatta la bête d'une caresse entre les oreilles.
- Comment tu te sens ?
- Mal à la tête, répondit automatiquement l'argenté, et un peu largué aussi. Je me souviens pas de comment j'ai fini ici.
L'embarras se dessina sur le visage du bouclé qui détourna les yeux. Chittaphon se sentit aussitôt mal, il craignait de savoir ce qu'il avait pu faire la veille pour susciter une pareille réaction chez son vis-à-vis. Bon sang, il n'aurait jamais dû prendre cette sixième Margarita. Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas essayé de rassembler du courage avec un coca ? C'était bien le coca, ça avait des bulles, c'était sucré et frais. Et surtout ça permettait de ne pas faire n'importe quoi ou de perdre sa mémoire.
- Tes vêtements sont dans la machine à laver, tu peux regarder dans la commode là-bas pour mettre un truc. Je t'attends dans la cuisine, prends ton temps, annonça l'hôte gêné.
Il siffla une fois et le chien qui recommençait à aller vers le lit se stoppa pour finalement faire demi-tour et sortir de la pièce. Chittaphon resta les bras ballants et la bouche entrouverte. Il en avait connu des lendemains matins chez des inconnus mais c'était bien la première fois que l'un d'eux réagissait comme ça. Il était d'autant plus vexé qu'il s'agissait du fameux prince charmant qu'il cherchait depuis des semaines. Il était quand même celui ne se souvenant pas de la soirée, il avait été si embarrassant que ça pour que ce soit l'homme qui fuit ?
Maugréant contre sa mémoire défaillante, le jeune homme se releva et porta la main à ses lèvres. Déjà qu'il avait un sale arrière goût dans la bouche mais voilà que le contenu de son estomac essayait de s'enfuir. Chittaphon s'appuya sur le matelas pour se lever doucement et pria silencieusement pour ne pas se ridiculiser ou s'afficher encore plus qu'il n'avait dû le faire pendant toute la partie que sa mémoire avait décidé d'occulter. Son nez se plissa de dégoût alors qu'il fouillait dans ladite commode, son âme de styliste était en souffrance face à ce qu'il voyait. Que des débardeurs et tee-shirts unis et des jeans basiques. Il finit par renoncer à trouver quelque chose à la mode ou avec un minimum de style et enfila le pantalon où il fut obligé de faire des revers pour éviter qu'il ne traine sur le sol.
Chittaphon essaya de trouver un miroir en vain et il soupira. Il ne savait pas où était son téléphone et ne pouvait donc se servir de la caméra pour essayer de voir sa tête. Il espérait juste qu'elle n'était pas assez terrible pour repousser son hôte. Il aurait le cœur brisé. L'argenté se tint aux murs de la pièce pour avancer et réussit à gagner la sortie. Il déboucha sur un petit couloir desservant plusieurs portes mais il retint sa curiosité, il n'était pas là pour fouiller. Il le ferait la prochaine fois qu'il viendrait. Il devait se rendre dans la cuisine, concentration.
- Allez mon vieux Chi, porte tes cacahuètes comme un homme et assume tes conneries. Si ça se trouve tu t'es pas tant tapé la honte que ça, se motiva l'argenté à voix basse.
- Tout va bien ?
Il sursauta et rit nerveusement. Ses pas l'avaient guidé naturellement vers la seule zone accueillant du monde et il venait de parler tout seul devant son coup de foudre. Sa vie était foutue.
- Oui merci, je suis encore un peu dans les vapes je crois.
- Prends un cachet pour ta tête, ça devrait t'aider à aller mieux.
- Merci.
Chittaphon avala le médicament avec l'eau que lui tendit l'homme et il baissa les yeux. Cette situation était gênante et l'autre avait l'air encore plus mal à l'aise que lui. Le jeune homme prit une profonde inspiration et décida de tenter sa chance, foutu pour foutu.
- C'est déjà la deuxième fois que vous m'aidez. Je vais finir par croire que nous sommes destinés, sourit l'argenté.
Sa tentative de séduction déstabilisa l'homme en face et le Thaïlandais retint difficilement un rire en le voyant tousser avec son café. Au moins ce beau gosse n'était pas insensible, c'était déjà pas mal.
- Est-ce vraiment le destin tout seul ou est-ce que tu l'as provoqué ?
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Tu n'as pas l'air de t'en souvenir mais tu as raconté plein de choses intéressantes cette nuit, répondit naturellement le bouclé.
Chittaphon maugréa, voilà que l'autre n'était déjà plus déstabilisé et qu'il retournait ses techniques contre lui. C'était un acteur ou un agent secret pour se reprendre aussi vite ou quoi ? Il n'allait pas se laisser faire comme ça, place au Don Juan.
- Ce que je dis est toujours intéressant, mais avec un tel sujet de conversation sous mes yeux je ne pouvais être que particulièrement inspiré, susurra l'argenté en lorgnant sur le torse dénudé.
Il eut le plaisir de voir le noiraud rougir et son expression se troubler, bien, il se débrouillait plutôt pas mal. Dommage que l'autre ait autant de sang-froid, ça lui gâchait un peu son bonheur de le voir se reprendre aussi facilement.
- Au fait je m'appelle Chittaphon mais vous pouvez m'appeler Chi. A présent je suis prêt à entendre tout ce que j'ai pu faire de gênant hier et à m'excuser, soupira le Thaïlandais.
- YongGuk et tu peux me tutoyer, après m'avoir viré de mon propre lit je pense que les formalités ne sont pas vraiment nécessaires.
Chittaphon caressa les oreilles du chien en réfléchissant. Il s'en doutait mais venait d'en avoir la confirmation : ils n'avaient pas couché ensemble. Alors pourquoi s'était-il retrouvé là ? Il ne s'était quand même pas endormi juste avant quand même ? Mortifié à cette idée et un peu honteux, le jeune homme n'osa pas en demander plus. Sa dignité risquait de subir de trop gros dommages.
- Tu ne te souviens de rien ?
- Pas vraiment, rien après le bar en tout cas. Je me souviens d'avoir bu pour me donner du courage et après c'est le grand flou.
- Tu auras pu te mettre en danger, ce n'était pas malin.
- Tu ne me demandes pas plutôt pourquoi j'avais besoin de courage ? marmonna Chittaphon vexé.
- Non, je le sais déjà. C'est une des choses que tu as dites cette nuit et... je suis vraiment flatté que tu aies eu le coup de foudre pour moi mais ne refais jamais ça, je ne veux pas que tu prennes des risques pour ça.
L'argenté vit dans son regard qu'il se souciait sincèrement de lui et cette constatation remua quelque chose en lui. Il se sentait tout bizarre et son visage le chauffait. YongGuk était très honnête, un peu brutal dans son honnêteté même mais ça ne lui déplaisait pas, il préférait ça aux faux-semblants.
- Je n'étais pas dans un état si horrible.
- Tu étais ivre mort. Tu t'es accroché à mon dos et quand j'ai voulu appeler quelqu'un pour qu'il vienne te chercher tu as jeté ton téléphone, sans parler du fait que tu n'as pas voulu que je te ramène chez toi. C'est pour ça que tu es ici d'ailleurs, contra le bouclé en le toisant sévèrement.
Chittaphon baissa la tête piteusement.
- Bon d'accord, j'ai peut-être un peu abusé. Je suis désolé.
- Ecoute, cette fois il n'y a rien eu de grave mais je m'inquiète pour toi. Tu ne peux pas agir de manière aussi irresponsable, imagine si tu étais tombé sur quelqu'un d'autre de mal intentionné. Il aurait pu t'arriver n'importe quoi dans ton état.
- T'es aussi gentil avec tout le monde ?
- Avec ceux qui n'ont pas peur de moi, mais j'essaye d'aider mon prochain comme je le peux. Après tout ça m'aide moi aussi, ajouta YongGuk si faiblement que l'argenté n'était pas sûr d'avoir bien entendu.
Chittaphon termina son verre d'eau et se frotta les tempes. Même avec le cachet son mal de tête avait du mal à diminuer et le décès de son cher téléphone lui pesait sur le cœur. Ou plutôt sur le porte monnaie, il n'avait pas prévu d'en racheter un aussi tôt.
- J'ai pas dû faire une super impression hier soir mais est-ce que tu accepterais de me revoir ? T'es au courant du coup mais j'ai vraiment eu le coup de foudre pour toi et j'aimerais que tu me laisses une chance, sourit l'argenté.
- Je suis pas sûr d'être la personne qu'il te faut Chittaphon, tu ne sais rien de moi. Tu vas être déçu.
- On ne peut pas le savoir si tu ne me laisses pas essayer, j'ai confiance en mon instinct en plus.
- Ce que je veux dire c'est que les relations ce n'est pas pour moi, je vais juste te faire du mal. T'as l'air d'être un mec bien, joyeux, vivant, tu mérites mieux mais je pourrai pas te donner ce que tu veux.
- Je n'abandonne pas aussi facilement tu sais, le provoqua Chittaphon. Je suis certain qu'on est fait l'un pour l'autre et je te le prouverai, tu ne pourras plus te passer de moi.
La surprise se peignit sur le visage de YongGuk et Chittaphon laissa un sourire satisfait étendre ses lèvres. Il en était certain, cette beauté en face lui était destinée. Il n'y avait pas d'autres explications aux battements fous de son cœur et aux frissons qui le traversaient.
- Je m'en vais pour cette fois, mais je te retrouverai et je te ferai changer d'avis. Au fait je te laisse mes affaires, comme ça j'aurais un change pour la prochaine fois que tu me laisseras dormir dans ton lit et j'espère que je ne serai pas tout seul cette fois-là, sourit effrontément l'argenté.
- Espèce de sale gosse tu-
- J'y vais, on se revoit bientôt beauté ! Toi aussi mon gros chien baveux !
Chittaphon s'éclipsa en gloussant et il sauta dans ses chaussures avant de s'enfuir de l'appartement. Il avait tout un tas de choses à se souvenir et à raconter à ses amis, mais pour ça il devait déjà acheter un nouveau téléphone et prendre une douche. Il sentait l'alcool et le phoque. Il avait le cœur gonflé de joie d'avoir revu son prince charmant qui était aussi génial que dans ses rêves. YongGuk donc, il avait hâte de lui montrer à quel point il était génial et le faire tomber sous son charme ravageur.
Nda :
Ça y est, il est enfin là xD Il se sera fait attendre mais enfin ils se sont rencontrés et ont échangé quelques mots, c'est un début x) Je vais faire en sorte qu'ils se voient plus par la suite mdr n'hésitez pas à laisser vos avis !
Ps : on est pas mal actives sur le recueil NCT si vous voulez de la lecture ^^
Dalion~ Kiss :3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro