Yuta faisait face à une situation délicate et il se pinça l'arête du nez en essayant de réfléchir à une solution. Il avait réussi à ramener SiCheng chez lui en un seul morceau, ce dernier étant resté étonnamment calme, comme un gros koala qui n'était descendu de son dos que pour mieux s'écraser sur son lit. Le problème de Yuta résidait surtout dans le fait que son aîné souhaitait retirer sa chemise car il avait trop chaud, tout en lui demandant de rester dormir avec lui. Seulement le rouge avait conscience des difficultés que rencontrait SiCheng à se montrer torse nu et il ne voulait pas qu'il se réveille ainsi le lendemain matin alors qu'il était complétement bourré lorsqu'il avait pris cette décision. Il envisagea d'aller dormir dans le salon mais son poignet étant pris en otage, il capitula.

- Bien. Je dors ici seulement si tu gardes ta chemise d'accord ?

Le châtain fronça les sourcils et son visage se rembrunit mais accepta. Yuta l'aida à retirer son pantalon et ses chaussettes en veillant à ce que ses yeux ne s'attardent pas sur les cicatrices. Elles étaient moins présentes que sur le haut du corps, moins visibles aussi, mais il ne voulait pas mettre SiCheng mal à l'aise. Il borda le Chinois en baillant, et se dénuda en allant éteindre la lumière. Lorsqu'il alla dans le lit il se retrouva enfermé dans une étreinte ferme qui le surprit, il sentait le souffle brulant et alcoolisé du châtain sur sa nuque et fut pressé si fort entre les bras de SiCheng qu'il eut conscience des boutons de la chemise qui lui rentraient dans le dos. Néanmoins il était heureux de se retrouver dans cette position alors il ne tenta pas de mettre une distance entre eux même si ce n'était pas très confortable.

Yuta avait bougé pendant la nuit, il s'en rendit compte en se réveillant. Sa joue était appuyée sur la poitrine chaude de SiCheng dans un angle qui lui faisait un peu mal à la nuque et leurs jambes étaient liées ensemble. Le jeune homme gigota légèrement pour se reculer et reposer correctement son cou, ce faisant il se rendit compte que le châtain était parfaitement réveillé et l'observait. SiCheng était accoudé sur son oreiller, le visage appuyé contre sa main tandis que de l'autre il remit une mèche colorée derrière l'oreille du rouge. Le Japonais lui trouva un air étonnamment doux qui fit battre son cœur plus fort et lui déclencha une nuée de papillons dans l'estomac.

- Tu vas bien ? murmura Yuta.

- Hum, et toi ?

Le jeune homme manifesta sa réponse positive par un simple geste, hypnotisé par les prunelles sombres de son aîné. Il avait l'impression de pouvoir se noyer dans l'immensité noire. SiCheng se dressa lentement au dessus de lui, puis se baissa pour venir lier leurs lèvres en une simple pression qui laissa le plus jeune coi. Il se racla la gorge, son regard rivé dans celui de l'autre qui ne bougea pas d'un iota.

- C'était en quel honneur ? chuchota Yuta.

- Pour te remercier, pour cette nuit.

- Je n'ai rien fait pourtant.

- Tu m'as ramené alors que j'étais dans un état déplorable, désolé pour la scène au bar d'ailleurs. J'ai un peu honte, rougit SiCheng en détournant les yeux. Je me souviens aussi du reste, je sais que tu m'as fait garder mon haut alors que je voulais l'enlever, ça me fait plaisir que tu aies pensé à mon ressenti au réveil.

Yuta rosit à son tour et sourit, la fierté inondant sa poitrine sous les remerciements du plus vieux. Il était heureux de voir que ses efforts étaient reconnus. Il décida d'être taquin et de tester les réactions du châtain.

- Juste un baiser ? Je suis déçu, t'es radin avec les récompenses. Avec tout ce que j'ai subi, pleurnicha faussement le Japonais.

Il n'eut pas l'occasion de poursuivre que la bouche de SiCheng épousa à nouveau la sienne, et il cessa d'essayer de l'embêter pour nouer ses bras derrière sa nuque. La chaleur de son aîné se propageait jusqu'à lui, et il se fit la réflexion que l'autre était comme une bouillotte, tout le temps. Ce devait vraiment être super de l'avoir dans son lit en plein hiver.

- Je voulais aussi te remercier pour autre chose, souffla le Chinois contre ses lippes.

- C'est quoi ?

- Pour ne pas avoir profité de moi. Ne fais pas cette tête choquée, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai jamais pensé que tu étais ce genre de personne, mais je sais aussi que beaucoup n'aurait pas hésité s'ils avaient été à ta place. C'est... l'expérience qui parle. Alors merci, merci de m'avoir respecté.

Les larmes montèrent aux yeux de Yuta et il serra son aîné contre lui. SiCheng passa une main dans ses longues mèches pour le rassurer.

- C'était pas moi mais un de mes potes à la fac, ça fait longtemps, disons juste que maintenant je ne bois plus de manière complètement inconsciente. Enfin, sauf rares exceptions et quand je suis avec des personnes en qui j'ai un minimum confiance.

- Je ferai jamais rien sans le consentement clair de la personne, c'est la base de tout. Je t'aime, je suis sincère, je ne veux plus jamais te blesser de quelque manière que ce soit.

La main du châtain quitta sa chevelure pour caresser sa joue et il ferma les yeux lorsque l'autre l'embrassa une nouvelle fois. Le baiser était comme une bouffée d'oxygène pur, Yuta ne pouvait qu'en remander, encore et encore, et SiCheng était tout disposé à accéder à sa requête. Les lèvres du plus veux glissèrent jusqu'à l'oreille du rouge qui frémit.

- Et merci d'être resté cette nuit. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu fais une tête étrange. 

- On est quoi SiCheng ? chuchota le Japonais. Je ne veux pas que tu m'ignores après qu'on se soit embrassés comme la dernière fois, c'est douloureux. 

Le châtain fit glisser sa main le long du bras de Yuta jusqu'à trouver la sienne, et il entrelaça leurs doigts. Il avait un air sérieux qui tendit le rouge. 

- Je suis désolé pour la dernière fois, je ne savais plus trop comment me comporter avec ce qui s'était passé. J'avais peur de faire une erreur, que ça aille trop vite et de ne plus rien contrôler. 

- Alors tu n'as plus peur maintenant ? 

- Si, bien sûr que si, mais j'ai parlé avec des gens. Principalement mon frère et YukHei d'ailleurs, même si pour le coup c'est plutôt cet imbécile qui m'a harcelé pour savoir ce qui se passait entre nous et que j'ai fini par craquer, avoua SiCheng. TaeIl m'a vraiment aidé, il connaissait presque toute la situation donc ça a été plus simple de discuter avec lui. Il m'a fait comprendre qu'on était loin d'aller vite, que ça faisait quinze ans que nos conneries duraient et qu'il était temps qu'on passe à autre chose, que je me bouge moi-même. 

Le Chinois prit une grande inspiration, sa main serra un peu plus fortement les doigts de son cadet et son regard s'ancra dans celui de l'autre. 

- Je te l'ai déjà dit Yuta, je t'apprécie énormément, ça n'a jamais vraiment changé même si j'étais blessé. J'aime passer des moments avec toi, qu'on se parle, qu'on s'embrasse, j'aime tout ça. 

- Si tu m'appréciais encore, alors pourquoi tu n'es jamais venu me parler pendant tout ce temps ? 

- Parce que j'avais besoin que tu t'excuses pour ce que tu avais fait, pour pouvoir te pardonner et passer à autre chose. J'avais besoin de ça pour guérir définitivement Yuta. 

- Je comprends. 

Le rouge sourit doucement et pressa en retour les doigts de son aîné. Il comprenait et regrettait encore plus de ne pas avoir présenté ces maudites excuses plus tôt. Ils avaient perdu tellement de temps à cause de sa lâcheté, il en avait honte. 

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? murmura Yuta incertain. 

- Maintenant j'aimerais ne plus avoir de crainte, pouvoir te faire confiance les yeux fermés, mais je sais qu'il va me falloir un peu plus de temps pour ça. C'est stupide ce que je vais te dire, mais un peu comme une période d'essai ? 

- Pour savoir si je suis embauché à la fin ? 

Yuta le taquina pour le détendre, il sentait la crispation de SiCheng dans chacun de ses muscles et il ne voulait pas que le châtain se trouve dans cet état en voulant lui faire une proposition. Il voulait qu'il soit à l'aise, libre de lui dire tout ce qu'il désirait sans ressentir de pression. 

- On peut dire ça comme ça oui, sourit le Chinois. 

- Tu peux développer ton idée ? 

- Eh bien, qu'on passe du temps ensemble, qu'on se fasse des rendez-vous, des sorties, qu'on puisse s'embrasser ou dormir ensemble...

- Comme un couple donc ?

- Oui, mais sans ressentir la pression de cette relation. J'ai besoin de temps et de liberté pour être en totale confiance et m'abandonner à quelqu'un. Je sais qu'avec toi je pourrais le faire, tu es le seul à pouvoir me toucher ainsi, à pouvoir toucher mes cicatrices, alors je sais qu'avec toi ce sera possible. C'est juste que c'est encore trop tôt pour moi pour être dans un vrai couple, je ne sais pas si tu comprends. 

Yuta hocha la tête avec douceur. Ce que proposait SiCheng était totalement réalisable pour lui, au final c'était un couple sans en porter l'appellation qui effrayait tant son aîné. Il savait qu'il n'entendrait pas de "je t'aime" tout de suite, mais cela lui convenait, tant qu'il pouvait être avec SiCheng cela lui allait. Délicatement, ses doigts quittèrent l'étreinte du châtain pour aller se glisser sous la chemise froissée. Le corps ferme se contracta, mais comme la première fois il ne fut pas repoussé. 

- Tant que je peux être à tes côtés, peu importe le nom que tu donnes à notre relation, moi ça me va. Je te veux juste toi et puis, on a attendu quinze ans comme dirait TaeIl, on n'est plus vraiment à quelques mois près non ? 

- Tu vas perdre ton défi, tu le sais ça ? se moqua le plus vieux. 

- J'en ai rien à faire. 

Il se rapprocha de son aîné sans le quitter des yeux avant de poser sa bouche contre la sienne avec douceur. L'autre lui répondit immédiatement et Yuta fondit dans l'étreinte chaude en savourant les bras forts qui s'enroulèrent autour de lui.  

Le challenge de Chittaphon n'avait plus aucun intérêt à ses yeux, il s'en était servit uniquement pour se donner le courage qui lui manquait jusque là, il n'avait aucune autre intention le concernant. Qu'importe qu'il perde, il s'était rapproché de l'homme qu'il aimait, il avait gagné l'essentiel. 

- Tu as envie de faire un truc en particulier aujourd'hui ? 

Yuta regarda le châtain avec curiosité, surpris par une telle question, avant qu'un sourire heureux ne vienne poindre sur son visage. Ils avaient fait un énorme pas en avant, ils n'étaient plus de simples connaissances ou des amis, ils étaient à présent bien plus que cela et SiCheng semblait être déterminé à continuer sur cette voie. Le Japonais posa sa tête sur la poitrine de son aîné en réfléchissant, il sentait les battements lents du cœur du Chinois contre son oreille. 

- Si je dis que je veux passer toute la journée dans ce lit avec toi à regarder Netflix et à faire des câlins tu me réponds quoi ? 

- Je te réponds qu'il faut que je me lève pour aller chercher mon ordinateur et qu'il est hors de question qu'on regarde une série à l'eau de rose, sinon ça me va parfaitement. 

- Génial ! s'extasia Yuta. Je regarde ce qu'il y a de bien. 

SiCheng le décala afin de se lever et aller chercher son écran, puis il se réinstalla dans le lit. Il tendit le bras pour que le plus jeune vienne s'y caler et il lui embrassa le front ainsi que le bout du nez avec tendresse. Le Japonais se blottit confortablement contre lui, son rythme cardiaque augmentant autant que le bonheur dans sa poitrine. 

Tout était simplement parfait. 

Nda :

Hop, petit chapitre du vendredi en ligne :) j'espère que cette histoire vous plait toujours, merci pour vos retours !

Dalion~ Kiss :3