Chapitre 16
A moitié endormi, Yuta suivit SiCheng jusqu'à l'appartement de ce dernier. Il retira sa veste et ses chaussures dans l'entrée, puis une décharge d'adrénaline le traversa alors que son aîné lui faisait signe de le suivre dans sa chambre. Timidement, le jeune homme pointa le nez dans l'espace sacré et un rire secoua doucement sa cage thoracique. SiCheng n'avait pas changé.
- Qu'est-ce qui te fait rire ? grogna le Chinois en tentant de cacher l'invasion de peluches sur son lit.
- Rien, démentit Yuta. C'est joli.
Il détourna le regard pour observer le reste de la chambre et les teintes claires l'aidèrent à calmer le rythme furieux de ses battements de cœur. Le camaïeu de brun et de crème était harmonieux, doux, il inspirait au repos et à la tranquillité. L'immense lit appuyé contre le mur du fond était bien différent du petit modèle une place qui se trouvait dans la chambre que son aîné avait occupé pendant son enfance et adolescence. Il était garni de peluches en tous genres et d'une épaisse couette à l'air très confortable qui donna à Yuta l'envie de se jeter sur le matelas. Il était épuisé et ne rêvait que de poser sa tête sur l'oreiller pour une bonne nuit de sommeil.
Pendant que SiCheng débarrassait le lit des objets qui l'encombraient, le rouge entreprit de discrètement observer ce qu'il y avait d'autre. Il ne savait pas quand est-ce qu'il aurait de nouveau l'occasion de se renseigner, ou si même il aurait un jour l'opportunité de revenir alors il comptait emmagasiner un maximum de chose dans son esprit tant qu'il le pouvait. Des étagères étaient suspendues aux murs, garnies de livres, de petites plantes en pots et de bibelots lustrés. Tout était soigneusement à sa place, rien de dépassait, comme si la chambre s'apprêtait à être prise en photo pour figurer dans un catalogue d'aménagement. Seulement il n'en était rien, SiCheng était juste pointilleux et très organisé, l'opposé du rouge qui peinait à être méthodique.
- Tu dors comment d'habitude ? lui demanda le trentenaire. On n'a pas grand-chose de différence donc je devrais pouvoir te prêter un truc.
- Je me contente d'un caleçon normalement, marmonna Yuta. Mais si ça te dérange je peux mettre un tee-shirt et un short.
SiCheng haussa les épaules pour lui signaler que ça lui importait peu, et il lui montra le chemin de la salle de bain. Lumineuse, elle était spacieuse et le rouge s'extasia en découvrant une large douche à l'italienne dans le fond. Dommage qu'il ne puisse pas en profiter, il adorait ça. Le châtain lui tendit une brosse à dents tout juste sortie de son emballage, et Yuta le remercia en y mettant du dentifrice. La sensation de la menthe qui se diffusa dans sa bouche était agréable. Il la remit dans le pot après avoir fini son affaire, emprunta du démaquillant au propriétaire des lieux, puis après s'être rincé le visage fut fin prêt à aller dormir.
- Tu veux un côté en particulier ?
Yuta sursauta. Il n'y avait pas réfléchi, dans sa tête il allait dormir dans une chambre d'ami ou dans le salon, mais visiblement ce n'était pas le cas et il perdit ses moyens. SiCheng resta impassible en attendant sa réponse, son regard noir scrutant son cadet sans laisser filtrer la moindre émotion qui permettrait de déterminer son état d'esprit.
- Je peux dormir dans le canapé tu sais, je voudrais pas te déranger plus que ça...
Le châtain soupira et s'adossa au mur, l'ennui passant sur son visage.
- Si je te demande c'est que ça ne me dérange pas. Mon canapé n'est pas fait pour qu'on y dorme, ce serait vraiment inconfortable, et je n'ai pas encore reçu l'ameublement pour la chambre d'amis. Après si toi ça te dérange je te laisse la chambre et je peux toujours aller dans le salon.
- Non c'est bon ! s'empressa de dire Yuta qui ne se voyait pas envoyer l'hôte dormir dans un endroit autre que sa propre chambre. Je vais prendre le côté droit.
Le jeune homme s'empressa de mettre ses paroles à exécution, soulevant la couette pour se glisser en dessous et posa sa tête sur l'oreiller. Il crut entendre un bref ricanement mais celui-ci s'éteignit aussitôt, tout comme la lumière. L'affaissement du côté opposé lui indiqua que SiCheng venait de se coucher à son tour, et sa poitrine se serra. Il n'avait pas été aussi stressé à l'idée de dormir avec quelqu'un depuis sa première fois, et elle remontait à assez loin pour qu'il s'en souvienne à peine. Le souffle irrégulier, le rouge se concentra pour l'apaiser et ferma les yeux, son envie de dormir était puissante et il ne lui fallut que quelques minutes avant qu'elle ne supplante l'effervescence de ses pensées.
Un flash lumineux le fit grogner, et il serra ce qu'il tenait entre ses bras plus fort, son visage se nichant contre une matière chaude et douce. Craignant les rayons du soleil, Yuta libéra une main qui alla attraper le bord de la couette et il fit en sorte qu'elle recouvre jusque sa tête. Satisfait de sa protection improvisée, le jeune homme sourit et se blottit confortablement.
- Dis donc l'asticot, t'as essayé de me tuer ou quoi ? grommela une voix un peu rauque.
Yuta papillonna soudainement des paupières, surpris, et il leva les yeux en direction de la voix. SiCheng s'était tourné comme il le pouvait pour le regarder et seule la luminosité basse de son écran permettait au rouge de distinguer ses traits dans la pénombre qui régnait sous la couverture. Rougissant, le jeune homme comprit qu'il serrait son ainé contre lui telle une peluche et que c'était de là que provenait la chaleur si agréable qui avait bercé son sommeil. Il sentit le torse du plus vieux onduler sous ses doigts alors qu'il les retirait, embarrassé, et il ramena ses bras contre sa propre poitrine. SiCheng se retourna cette fois-ci complètement et posa son mobile juste au dessus de leurs têtes, leur permettant d'être dans une semi-pénombre très intimiste.
Le Japonais retint inconsciemment son souffle, stupéfait par la proximité qu'il entretenait avec son aîné. Il pouvait entendre la respiration de celui-ci depuis sa position et sentait son souffle se mêler au sien.
- Alors, redemanda SiCheng, cette tentative de meurtre ?
- Désolé, déglutit Yuta, j'ai cru que c'était le soleil.
Les yeux de SiCheng se plissèrent doucement alors qu'il se moquait silencieusement de son cadet et le cœur du rouge manqua un battement. Il était si beau, semblait si proche, qu'il ne put empêcher sa main d'avancer vers le visage de marbre et d'en toucher la peau douce. En admiration, il observa une mèche claire s'entortiller autour de son index et un son ravi fit vibrer sa gorge. Yuta avait l'impression que la couette au dessus d'eux avait créé une bulle, un monde à part où ses craintes et la distance entre lui et SiCheng n'existait plus.
- Bien dormi ?
- Oui, et toi ?
- Chaud, mais ça a été.
La voix basse fit frissonner Yuta et il baissa les yeux sur le torse du châtain. Celui-ci était toujours couvert par un tee-shirt à manches longues, celui-là même contre lequel il avait niché son visage pendant la nuit. Le jeune homme accrocha ses doigts au bas du vêtement, son regard se plantant dans celui inexpressif de son aîné.
- Tu aurais dû le retirer s'il était de trop.
- Yuta, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, souffla SiCheng sans pour autant le stopper.
Les muscles du Chinois s'étaient tendus, le rouge le sentait sous ses mains, alors il lâcha le haut pour juste faire glisser ses doigts en dessous. Il n'y laissa que la pulpe pour ne pas brusquer le trentenaire et laisser l'opportunité à ce dernier de le stopper à tout moment. Mais le châtain se contenta de le regarder intensément, immobile et silencieux. Alors, avec délicatesse, Yuta fit légèrement remonter ses mains et les posa à plat sur la peau chaude. Il percevait la dureté de la chair et les irrégularités lisses de l'épiderme.
- Tu fais de la muscu ? hésita le rouge d'une voix aussi basse que celle de l'autre.
- Deux fois par semaine, confirma SiCheng dans un grondement sourd. Ca me permet d'évacuer la pression.
Yuta hocha la tête doucement, ses mains continuant de remonter en épousant la forme des muscles abdominaux. Il faisait chaud sous la couverture, l'air était saturé d'une étrange tension qui lui causait des fourmillements dans l'abdomen. Une ligne plus épaisse, totalement lisse, se dessina sous ses doigts et il se stoppa dessus. Le châtain était complétement contracté mais ne se soustrayait pas à son toucher, alors Yuta y apposa toute la paume de sa main, comme un pansement.
- Je suis désolé.
- Tu n'y es pour rien.
- Je n'ai pas arrangé les choses.
- Mais tu essayes de le faire maintenant non ? murmura SiCheng dans un souffle incertain.
Le rouge gagna un peu plus de terrain sur le visage du plus jeune, et il se rapprocha inconsciemment de l'autre. Peut-être était-ce à cause de cette bulle dans laquelle ils étaient, mais SiCheng ne lui avait jamais paru aussi accessible qu'en cet instant.
- Un jour tu me diras ce qu'il s'est passé ?
- Un jour, peut-être.
Le Chinois fronça les sourcils, un pli soucieux affectant brièvement son front, et sa main se referma sur le poignet de Yuta. Il retira la main du jeune homme de son ventre, sans relacher sa prise pour autant. Le rouge se laissa faire sans un mot, conscient malgré lui du combat qui se livrait à l'intérieur de son aîné. Il n'en connaissait pas la cause, mais son visage habituellement si froid trahissait une profonde réflexion.
- Quelque chose ne va pas ?
SiCheng soupira et ferma les yeux.
- J'ai failli me laisser emporter par le moment et faire quelque chose de stupide, ça va aller. Je devrais me lever avant que quelque chose ne dérape.
- Reste !
Yuta s'avança un peu trop brusquement pour l'empêcher de quitter leur cachette et son front percuta le nez du Chinois qui gémit de douleur. Le plus jeune s'excusa, confus, et prit le visage de SiCheng en coupe, la luminosité faible le forçant à s'approcher davantage pour évaluer les dégâts. Un souffle soulagé lui échappa et il se détendit.
- Ouf, j'ai cru que je t'avais cassé le nez, grimaça le rouge.
Son visage à quelques centimètres à peine de celui du Chinois, il vit ce dernier se rembrunir avant de sentir une pression sur ses poignets. Avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait, Yuta se retrouve sur le dos, SiCheng le surplombant. Le téléphone s'était retourné dans le mouvement, les plongeant dans une obscurité presque parfaite, et le rouge déglutit. Son aîné était au dessus de lui, la tête basse, et la tension irradiant de tout son être.
- Je viens de te dire que j'étais à deux doigts de faire une erreur, tu ne comprends donc pas ce que cela veut dire Yuta ? gémit presque douloureusement le trentenaire.
- Si, bien sûr que si, souffla son cadet en réponse.
Ses poignets immobilisés, Yuta usa de ses muscles dorsaux pour se soulever légèrement du matelas. Il sentit le souffle de SiCheng s'abattre sur son visage, avant que ce dernier ne bloque sa respiration. Le plus jeune resta ainsi jusqu'à ce que la position lui fasse mal et qu'il ne puisse plus se retenir. Il combla l'espace restant avec une crainte mélangée à de l'excitation.
La bouche de SiCheng, pincée au premier contact, épousa presque aussitôt la sienne et Yuta sentit ses bras être libérés. Il en profita pour faire remonter ses doigts le long des épaules du châtain, tâtonnant dans le noir, puis quelques mèches rebelles se firent sentir sous la pulpe sensible et il s'agrippa à la nuque de l'homme au dessus de lui. Il l'attira plus près, ses lèvres s'entrouvrant sensiblement en une invitation muette.
Le Chinois se laissa tomber sur ses avant-bras, chacun encadrant la tête du rouge, et son torse se colla à celui nu de son cadet. Le feu naissant dans le ventre de Yuta se transforma en une lave qui irrigua chacun de ses vaisseaux sanguins, le rendant avide et brûlant de plus de contacts. En réponse SiCheng l'embrassait lui aussi avec ferveur, tirant sur les cheveux colorés et s'imposant en conquérant. Yuta se laissa volontiers dominer, répondant positivement à chaque baiser qui lui était offert, et même si sa respiration commençait à être chaotique, que son cœur battait bien trop vite, il n'avait aucunement l'intention de faire en sorte que ce moment si parfait ne s'arrête.
Nda :
Je ne vous cache pas que j'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre :D J'espère qu'il vous aura plu et que l'ambiance était sympathique !
Ps : si je ne réponds pas aux commentaires c'est tout simplement car je suis juste passée poster, je suis en période d'examens donc je retourne réviser mais je vous répondrai dès que cette période sera terminée (donc jeudi prochain) <3
Dalion~ Kiss :3
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