Chapitre 14
Un sourire béat illuminant son visage, Yuta prit une profonde inspiration de l'air saturé en pollution de la capitale. Après six jours sans avoir été capable de se servir simultanément de ses deux narines respirer était un vrai bonheur, même s'il passait pour un fou aux yeux du monde et ceux de son ami. DoYoung fit un pas en arrière et fit une grimace de dégoût.
- T'es bizarre mec.
- Juge pas, j'ai été cloué au lit toute la semaine je revis là. Le contact humain m'a tellement manqué que j'aurais presque envie de te rouler une pelle.
- Beurk, abstiens toi, fit mine de vomir le noiraud.
- T'es vraiment, mais vraiment pas prêt à te trouver quelqu'un.
DoYoung lui adressa un majestueux doigt d'honneur auquel Yuta répondit en éclatant de rire et en passant un bras autour de ses épaules. Il profita du fait que son cadet soit une nouvelle fois concentré sur l'écran de son téléphone pour regarder en arrière et foudroyer un étudiant du regard. Le jeune blond baissa piteusement la tête et cessa d'essayer de s'approcher après la mise en garde silencieuse.
- Hé Yuta.
- Hum ?
- Y a Chi qui me demande pourquoi tu réponds pas à ses textos, tu veux pas faire quelque chose ? Les notifications m'empêchent de me concentrer sur mon jeu, râla l'étudiant.
- Qu'est-ce qu'elle veut la drama queen pour être aussi impatiente, marmonna le rouge.
Il sortit son téléphone et grimaça en découvrant la dizaine de textos non lus. Tous aussi inutiles les uns que les autres puisque Chittaphon ne faisait qu'essayer d'attirer son attention sans évoquer de sujet en particulier. Fatigué, et résigné car il savait déjà qu'il allait se faire avoir, Yuta lança un appel.
- Ah enfin !
- Chi, j'ai pas regardé mon téléphone pendant vingt minutes. C'est pas la mort.
- J'ai attendu, grogna le Thaïlandais. J'avais un truc super important à te demander.
- Eh bin vas-y, je t'écoute.
- Je peux venir squatter ce soir ?
- Non.
Le jeune homme raccrocha avant d'entendre les plaintes de son ami et il bailla. Il peinait à croire qu'il était encore fatigué avec tout ce qu'il avait dormi au cours des jours précédents. L'écran se ralluma immédiatement après en affichant le surnom de l'argenté en gros plan.
- C'est toujours non Chi, décrocha Yuta.
- Mais laisse-moi une chance !
- Oui ?
- Shotaro a invité des potes à la maison, et mes parents sont partis à l'hôtel pour les laisser s'amuser.
- Où est le problème ?
- Le problème c'est que ces sales gosses ne veulent pas d'un vieux à leur soirée toute nulle et que du coup ma mère m'a foutu dehors en disant que je pouvais toujours aller chez toi. Ouais parce qu'on sait déjà que chez bébé Do ça passera jamais. Un vieux, moi ! tempêta Chittaphon.
- J'imagine que tu demandes mais que tu es déjà posé sur mon lit en train de t'enfiler un paquet de gâteaux ?
- Comment tu sais ça ?
- Tu me fais le coup à chaque fois, j'aurais jamais dû te passer un double, regretta Yuta.
- Tu chipotes, à toute à l'heure !
Cette fois-ci ce fut Chittaphon qui raccrocha et Yuta qui se retrouva à fixer son téléphone d'un air bête. Le jeune homme soupira, rangea son mobile dans sa poche, et attrapa le noiraud par la capuche pour lui éviter de se faire écraser.
- Sors donc le nez de ton jeu, tu vas finir en crêpe si tu continues.
- Tranquille, t'es là maman poule.
- Tu m'épuises, soupira dramatiquement le rouge.
- Il parait que c'est comme ça qu'on m'aime.
- C'est ça, bon il arrive à quelle heure ton chauffeur ?
DoYoung lui pointa la prestigieuse voiture qui s'avançait du doigt, un sourire effronté sur le visage. Yuta grogna et le poussa vers le véhicule, veiller sur son ami revenait à garder un enfant et cela l'épuisait.
- Tu veux qu'on te dépose ? Ca t'évitera d'attendre le bus, proposa le plus jeune en désignant le siège à côté de lui.
- Si son altesse veut bien d'un pouilleux comme moi dans son carrosse, ce serait avec plaisir.
- Fais ton Chi et je te laisse sur le trottoir.
Yuta rit et grimpa dans la voiture en poussant son cadet qui se plaignit. Il en profita pour envoyer un message à SiCheng sous l'impulsion pour lui demander s'ils pouvaient se voir ce soir-là. La réponse ne se fit pas attendre, mais à la grande déception du jeune homme elle fut négative.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- SiCheng bosse avec un collègue jusque tard ce soir, il ne sait pas quand il rentrera et du coup il ne peut pas manger avec moi. Je voulais le voir...
- Qu'est-ce qui t'empêche d'aller chercher un truc à emporter et de le rejoindre à son boulot ? Au pire tu prends aussi un truc pour le collègue et comme ça c'est fait, fit simplement remarquer DoYoung qui ne voyait pas le problème.
- Mec t'es un génie quand tu veux ! s'exclama Yuta. Attends, je lui propose.
Quelques minutes s'écoulèrent, et le rouge reçut la réponse après avoir été déposé devant chez lui par son ami. Il monta les marches, quatre à quatre, excité comme jamais. SiCheng était d'accord et lui avait envoyé l'adresse de son entreprise ainsi que l'heure à partir de laquelle il pouvait aller les rejoindre.
Comme il l'avait deviné un peu plus tôt, Yuta retrouva Chittaphon vautré dans son lit en train de grignoter un sachet de gâteaux. Il se jeta sur l'argenté et le prit dans ses bras, à l'image d'un ours en peluche qu'il serrerait contre lui. Sa peluche humaine lui rendit son étreinte avec joie, adorant le contact, avant de se résoudre à demander ce qui lui valait une telle démonstration d'affection. Non pas qu'elle s'en plaigne.
- Je vais voir ton frère ce soir, je suis trop content !
- Cool ! C'est vrai que vous vous êtes pas vus depuis un moment comme t'étais malade, grimaça le Thaïlandais.
- M'en parle pas, semaine de malheur... Bref, aide-moi à trouver une tenue potable, j'ai pas beaucoup de temps et faut encore que je passe chez le traiteur, le pressa Yuta.
Le jeune homme était angoissé à l'idée de manquer de temps pour se rendre présentable et comptait sur son ami, dont c'était le métier, pour faire des miracles. Chittaphon l'envoya se laver pendant qu'il cherchait dans l'armoire et lorsque Yuta revint une tenue l'attendait sur son lit. Il sauta dedans, se recoiffa et se maquilla légèrement avant de prendre son porte-monnaie. Chittaphon l'accompagna jusqu'à l'entrée en l'abreuvant d'un flot de paroles difficilement compréhensible mais qui eut le mérite de faire rire le rouge et de le détendre.
La main sur la poignée, Yuta referma la porte avec délicatesse. Une précaution inutile puisque l'objet lui resta dans la main. Stupéfait, le jeune homme tenta de le remettre en place et de rouvrir la porte sans succès, il ne pouvait plus rentrer chez lui. Il tapa à la porte en espérant que son ami soit encore juste derrière et Chittaphon pointa sa mine curieuse dans l'entrebâillement.
- Bah qu'est-ce que tu fabriques ?
Yuta lui montra la poignée qu'il tenait à la main et le visage du Thaïlandais se fendit d'un sourire hilare.
- Au lieu de te foutre de moi tu veux pas m'aider ? Je fais comment pour rentrer chez moi maintenant...
- T'inquiète pas pour ça, apparemment je peux toujours ouvrir depuis l'intérieur. T'auras juste à envoyer un message ou à toquer pour que je t'ouvre quand tu rentreras, répondit Chittaphon en haussant les épaules.
- J'ai l'impression que j'ai pas trop le choix, soupira Yuta. Je vais renvoyer un message à mon proprio, en espérant que cette fois il daigne me répondre et faire quelque chose.
L'argenté lui souhaita bon courage et le jeune homme descendit les escaliers, dépité. Il tomba directement sur la messagerie de son bailleur et soupira, il y avait des choses destinées à ne jamais changer. Il s'arrêta dans le hall pour envoyer un mail et un texto, multipliant les chances que l'homme remarque sa détresse et agisse. Il en profita pour vérifier le trajet jusqu'aux bureaux de SiCheng avant de se diriger vers la bouche de métro correspondante la plus proche.
Yuta savait que son aîné travaillait dans une grosse entreprise, mais il fut quand même surpris en arrivant devant l'imposant building de verre. Il y avait quelque chose d'impressionnant dans la structure transparente dominant les autres constructions, et le jeune homme pénétra dans le hall le nez en l'air. Une jeune femme se tenait à l'accueil malgré les dix-neuf heures passées, et elle l'accueillit avec un chaleureux sourire qui permit au Japonais de se détendre un peu.
- Bienvenue dans nos locaux, monsieur Nakamoto je suppose ?
- Oui, bonjour, la salua respectueusement Yuta.
- Parfait, j'ai été avertie de votre venue. Est-ce que vous souhaitez que je vous accompagne jusqu'à votre destination ou vous connaissez déjà ?
- Ne vous embêtez pas, j'ai déjà toutes les instructions.
Le rouge la remercia une dernière fois avec le sourire et se dirigea vers l'ascenseur après avoir récupéré le badge qu'elle lui tendait. Il dut le scanner afin de pouvoir activer l'imposant appareil, et son regard se perdit sur l'extérieur. La cabine de verre lui permettait d'avoir une vue à couper le souffle, si bien qu'il n'eut même pas conscience de la montée. Il sortit dans le couloir, ses yeux se portant sur chaque porte pour trouver le bureau dont SiCheng lui avait parlé, mais au lieu de la pièce il tomba littéralement sur un garçon d'environ son âge.
Il fut réceptionné entre deux bras forts et son visage se plaqua contre une veste de costume sentant un puissant parfum masculin. Il se redressa vivement, confus de ne pas avoir vu l'homme venir de l'autre côté de l'intersection.
- Tu ne t'es pas fait mal ?
Yuta secoua la tête pour s'éclaircir les idées et leva les yeux sur l'employé de l'entreprise. Il dut les lever plus haut que ce qu'il avait d'abord envisagé et fut surpris par la taille du blond face à lui. Il ne se considérait pas comme petit, mais l'autre faisait bien dix centimètres de plus que lui et avait une stature bien plus imposante.
- Non ça va, sourit Yuta. J'aurais dû regarder où j'allais.
- Super, tu cherchais quelque chose ?
- Quelqu'un en fait, il s'appelle SiCheng.
- Oh SiCheng ? Suis-moi, il m'avait dit que quelqu'un viendrait nous rejoindre ce soir mais il n'a jamais parlé d'un garçon aussi mignon que toi. Je suis sous le charme, au fait je suis YukHei, se présenta le jeune homme.
- Yuta, lui répondit le Japonais en souriant. Merci, c'est gentil.
- Et moi tu ne me trouves pas mignon ? susurra YukHei.
Le jeune homme esquissa un sourire maladroit. Cette situation se serait produite quelques mois plus tôt, alors qu'il tentait encore désespérément d'oublier SiCheng et qu'il était persuadé de n'avoir strictement aucune chance, il aurait très certainement répondu de manière positive au flirt du blond. Il était très beau et l'assurance qu'il dégageait était fascinante, mais à côté de l'homme qui occupait constamment ses pensées il paraissait presque fade.
- J'ai l'impression que mignon n'est pas l'adjectif que les gens doivent souvent utiliser pour te décrire, rit gentiment le rouge.
- Mais toi, qu'est-ce que tu en penses ?
- J'en pense que tu es presque aussi beau que l'homme de mon cœur, presque.
- Oh. J'aurais dû me douter que tu n'étais pas libre, quel dommage, soupira faussement YukHei. Enfin si jamais tu changes d'avis n'hésite pas à venir me voir, je suis certain d'être en mesure de te changer les idées.
- En tous cas tu ne manques pas de confiance en toi, pouffa Yuta.
- Tu me plais bien, à défaut de te séduire je peux au moins essayer d'être pote avec toi, t'as l'air bien sympa et clairement moins coincé que mes collègues.
Yuta leva les yeux au ciel alors que l'autre passait son bras autour de ses épaules dans une étreinte tonique et amicale. Il était lui-même du genre tactile et l'emballement de YukHei lui faisait penser à Chittaphon alors il ne s'étonna pas du geste. Il avait surtout hâte de voir SiCheng, le reste lui importait assez peu.
Le géant les conduisit jusqu'à une salle de réunion qu'il ouvrit sans prendre la peine de s'annoncer, révélant la présence d'une silhouette que Yuta connaissait par cœur. SiCheng tourna la tête dans leur direction, et son regard se posa sur le bras autour des épaules du plus jeune. Il leva un sourcil, seule expression de son visage de marbre, avant de retourner à son travail. Yuta ne s'attendait certes pas à une explosion de joie, mais il était quand même déçu de cette réaction alors il posa un peu sèchement le sachet de nourriture sur la table.
- Je suis passé chez le traiteur chinois, maugréa le jeune homme.
- Cool, s'extasia YukHei, j'adore ça.
Yuta l'aida à déballer les différents plats en jetant furtivement des coups d'œil vers la silhouette raide de SiCheng. Il y avait comme un froid entre eux, mais il n'arrivait pas à comprendre d'où il venait ou ce qu'il avait pu faire de mal pour mériter un tel changement d'attitude. Le blond lui désigna la chaise entre lui-même et le châtain afin que Yuta puisse s'installer pour manger. SiCheng resta silencieux presque tout du long, jusqu'à ce que YukHei ne posa sa grande main sur la cuisse du plus jeune et qu'il ne manque de s'étouffer.
Le Japonais repoussa la main du blond, lui offrant un regard aussi noir que SiCheng, mais il fut surpris quand le plus grand éclata de rire et lui tapa dans le dos. Il ne comprenait pas la cause de cette hilarité soudaine et avait l'impression désagréable de s'être fait avoir.
- Désolé si je t'ai mis mal à l'aise, mais c'est tellement drôle d'embêter SiCheng. Je l'ai jamais vu aussi expressif alors j'ai voulu pousser un peu le vice, pardon Yuta.
- Tu racontes n'importe quoi, grogna le châtain. Dépêche toi de manger, on a du travail.
- Oh que non, rit YukHei. Tu tires la tronche depuis qu'on est arrivés ensemble, et je t'explique même pas ta tête quand je l'ai touché, c'était tellement drôle.
- Abruti, siffla SiCheng entre ses lèvres serrées. Yuta, tu veux bien me suivre un instant ? Je voudrais te parler sans cet idiot aux alentours.
- Oui, bien sûr, accepta le jeune homme.
- Et pas de cochonneries dans les couloirs !
Yuta rit discrètement alors que son aîné retenait une floppée d'injures à l'encontre de son collègue, et il le suivit dans le couloir, l'esprit en ébullition. Il se demandait qu'elle était la raison de cette soudaine prise à partie.
Nda :
Le chapitre du vendredi est posté, j'espère qu'il vous aura plu ! J'ai dû le recommencer plusieurs fois parce qu'il n'allait pas, un grand merci à Salia qui m'a aidée à le rectifier :)
J'espère que l'histoire vous plaît toujours et un énorme merci pour votre soutien !
Dalion~ Kiss :3
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