Chapitre 12
Yuta était assis sur un banc, trempé. Son costume lui collait à la peau, il avait froid, mais son esprit complètement vide l'empêchait de ressentir les signaux de détresse provenant de son organisme. La Saint-Valentin tant attendue avait été un véritable fiasco. Il n'avait pas pu récupérer son téléphone, il avait été demandé toute la soirée et le couple était parti se coucher en oubliant qu'il détenait son mobile. Yuta n'avait pu prévenir personne de son contretemps, ni SiCheng qui avait dû l'attendre pour rien, ni ses amis.
Le seul hôtel, ou tout du moins ce qui y ressemblait, n'avait pas pu lui louer de chambre. Elles avaient toutes été réservées par les invités, chose logique, et le jeune homme s'était retrouvé à devoir presque supplier pour rester à l'accueil et espérer dormir quelques heures. Le gérant avait eu pitié de lui et l'avait laissé rester sur un fauteuil, à la condition qu'il ne soit plus là à l'ouverture du petit-déjeuner, soit six heures du matin. Depuis cette heure-ci Yuta attendait dehors, et la pluie n'avait pas tardé à le rejoindre.
Le jeune homme éternua en rafale et entoura ses genoux de ses bras. Il était glacé, ses cheveux rouges imbibés lui tombaient devant les yeux et ses lèvres étaient presque bleues de froid. Il ne pensait plus qu'à une chose, rentrer chez lui, ce qui était malheureusement impossible tant que le couple ne serait pas réveillé. DongHyuck possédait toujours son téléphone, et sa carte bleue était cachée dans la coque. Il n'avait aucun moyen de partir par lui-même.
Un bruit de moteur lui fit relever la tête et Yuta douta pendant un instant de ce qu'il voyait. Une grosse berline de luxe arrivait sur le petit parking devant l'hôtel, détonnant avec l'ambiance champêtre et simple des lieux. Elle s'arrêta juste devant l'entrée et Yuta se redressa immédiatement. Cette silhouette efflanquée, portant un sweat à capuche beaucoup trop large était loin de lui être inconnue. Les larmes aux yeux, résultats de son épuisement et de son espoir, Yuta se remit sur ses jambes et courut jusqu'au nouvel arrivant, lui sautant dessus sans réfléchir.
- Yuta ! s'exclama le jeune homme. Tu nous as fait flipper sérieux ! Tu vas bien ? Pourquoi t'es trempé ? T'as l'air malade en plus.
Le Japonais renifla et tourna la tête pour tousser sans contaminer son ami qui grimaça. DoYoung ouvrit la portière et le poussa dans la voiture sans attendre de réponse.
- Attends, je dois avoir de quoi te sécher dans le coffre.
- Vous souhaitez que j'aille voir monsieur ? intervint le chauffeur qui était resté silencieux.
- C'est bon merci, le remercia DoYoung.
Yuta se mit à grelotter contre le siège, et le conducteur se retourna vers lui pour lui tendre un paquet de mouchoirs. Le rouge le remercia en claquant des dents et s'essuya le visage, les mains tremblantes. Son cadet revint rapidement et s'assit à côté de lui avant de demander à son chauffeur d'aller se garer correctement un peu plus loin. DoYoung lui déposa une serviette sur la tête et une autre sur les épaules avant de frictionner doucement. Yuta était étonné de voir son ami comme ça, aussi attentionné, c'était rare de la part du noiraud qui avait des difficultés pour interagir avec les humains.
- Tiens, j'ai toujours des affaires de rechange au cas où dans le coffre. J'imagine que celles dans ton sac n'ont pas survécu à l'averse ?
- Tu devines bien, soupira Yuta abattu.
La tenue qu'il avait prise pour aller voir SiCheng baignait dans l'eau, celle-ci s'était faufilée dans le haut du sac non protégé ce qui rendait l'ensemble immettable. Le Japonais se sécha tant bien que mal avant d'enfiler le survêtement que DoYoung lui avait apporté, et il se laissa tomber contre l'épaule de son ami.
- Hé, s'inquiéta aussitôt le noiraud, ça va aller ?
- Non, marmonna Yuta. Ma vie est finie, j'ai plus aucune chance maintenant.
- Qu'est-ce que tu racontes encore ?
- SiCheng, j'ai pas pu le prévenir. Je suis sûr qu'il me déteste, c'est de ma faute.
Yuta se blottit contre son cadet. Si ce dernier se tendit il ne le rejeta pas et finit même par refermer ses bras autour du Japonais dans une étreinte maladroite. Le jeune homme se laissa aller à cette rare démonstration d'affection, grapillant un peu de chaleur et de réconfort.
- Monsieur, quelqu'un semble appeler votre ami sur le perron de l'hôtel.
Le rouge et DoYoung se redressèrent pour vérifier, et Yuta remarqua alors la silhouette de DongHyuck comme l'avait signalé le chauffeur. Il prévint le noiraud qu'il revenait dans un instant, le temps de récupérer son bien et qu'il lui expliquerait tout après. Le plus jeune soupira et sortit son téléphone, prêt à s'occuper le temps que Yuta soit sorti.
Le Japonais s'approcha du nouveau marié en se forçant à se composer un masque de façade. Il avait froid, était malade et passablement énervé, mais il ne pouvait le montrer face à celui qui était aussi l'un de ses clients. DongHyuck avait un air coupable et lui tendit son téléphone dès qu'il fut assez proche avant de baisser la tête.
- Yuta, commença piteusement le jeune homme, je suis sincèrement désolé. J'ai été horrible avec toi hier, mon comportement était vraiment affreux, je suis désolé. Tu ne méritais pas que je te parle comme ça et que je te traite de cette façon, même si j'étais stressé j'avais pas le droit et je regrette.
- C'est rien, c'est pas grave, mentit le Japonais.
- Si c'est grave. J'avais tellement peur que tout ne soit pas parfait, pas assez bien aux yeux de ma belle-famille que j'ai déchargé toutes mes mauvaises émotions sur toi, je t'ai même pris tes affaires pour te forcer à rester et ça ne se fait pas. Je n'ai aucune excuse pour mon comportement.
- Tu sais DongHyuck, je pense que juste le fait de voir Mark se marier et être heureux devait être suffisant pour eux.
Le jeune homme face à lui soupira dramatiquement et passa les mains dans ses cheveux.
- Si seulement. Tu sais, depuis le début ils ne sont pas pour cette union, ils pensent que je ne suis pas assez bien pour Mark et parfois j'ai envie de les croire. Je m'étais dit que si tout était parfait ils n'auraient rien à y redire et que tout s'arrangerait. Je sais que c'est stupide, et je m'en rends compte maintenant que la cérémonie est passée. Je te présente mes plus sincères excuses et si un jour je peux te rendre la pareille n'hésite pas à me demander d'accord ?
Yuta accepta rapidement, souhaitant simplement en finir et rentrer chez lui. Son vis-à-vis sembla comprendre le cheminement de ses pensées et ne le retint pas davantage, s'excusant une dernière fois avant de rentrer se mettre à l'abri dans l'hôtel. Le Japonais frissonna et se frotta les avant-bras en rejoignant la voiture où l'attendait son ami. DoYoung cessa de jouer dès qu'il monta et se tourna vers lui pour lui demander si tout allait bien.
- C'est bon, affirma Yuta, j'ai juste envie de rentrer chez moi pour le moment.
Le noiraud acquiesça et demanda à son chauffeur de se mettre en route, ce que ce dernier fit sans attendre une fois que ses passagers eurent attacher correctement leur ceinture de sécurité. L'aîné laissa sa tête basculer sur l'épaule de son ami et DoYoung se défit de son pull pour le lui mettre sur le dos, restant pour sa part avec un simple tee-shirt.
- Tu vas attraper froid, commenta Yuta à moitie somnolant.
- T'as pas vu ta tête, je veux rien entendre de la part d'un zombie en voie de décomposition.
- C'est pas gentil ça bébé Do.
- On s'en fout, dors. Tu m'expliqueras ton bordel plus tard.
Yuta dormit comme une souche le temps du trajet, et ne se réveilla que lorsque DoYoung le secoua et le prévint qu'ils étaient arrivés. Le jeune homme bailla, s'étira et porta sa main à son front. Il avait mal à la tête. Le noiraud l'aida à sortir ses affaires trempées de la voiture et se fit interpeller par le conducteur.
- Je repasserai vous chercher vers dix-neuf heures pour le dîner avec vos parents monsieur.
- Je serai prêt, soupira le noiraud. Merci.
Le Japonais mit un moment avant d'engranger l'information, et lorsqu'il y parvint son ami était déjà entré dans l'immeuble. Yuta pressa le pas pour le rejoindre, et ils ne parlèrent pas le temps d'entrer dans l'appartement. Ils se posèrent dans le salon, le rouge s'allongeant péniblement sur le canapé et DoYoung le regardant un peu inquiet. Finalement le plus jeune soupira, fit la grimace, et se dirigea dans la cuisine.
- Je suppose que t'as rien mangé vu ton état ?
- Bien vu, marmonna Yuta.
Son estomac se tordait pour avoir de la nourriture. Il n'avait rien avalé depuis le midi de la veille, le soir il avait été bien trop sur les nerfs pour envisager de grignoter quelque chose.
- Je vais te faire un truc, bouge pas de là. Raconte-moi plutôt ce qui s'est passé pendant ce temps-là. T'as inquiété du monde tu sais ?
- Ah ouais ?
DoYoung confirma dans un bruit de gorge, et pendant quelques secondes Yuta n'entendit plus que le bruit des placards qui étaient ouverts.
- Ouais. Déjà on trouvait ça bizarre avec Chi que tu répondes pas à nos messages et que tu ne nous envoies pas, on s'attendait à être bombardés mais rien du tout. Après on s'est dit que si tu bossais c'était normal et qu'on aurait des nouvelles plus tard.
- C'est vrai que je regarde pas vraiment mon écran quand je travaille, acquiesça le Japonais mollement.
- C'est quand SiCheng a envoyé un message à Chi pour savoir si c'était une blague qu'il m'a appelé à son tour et qu'on à commencé à paniquer un peu. Même si je suis pas très attentif je sais que tu attends ce moment depuis longtemps, alors que tu n'y ailles pas ce n'était pas logique du tout. Du coup j'ai dit à Chi que je m'en occupais. J'ai trouvé l'adresse où tu devais être, le truc c'est qu'à l'heure où j'ai trouvé le lieu il n'y avait plus de train donc j'ai dû retourner chez moi.
- Je suis désolé.
- Bah c'est rien, j'aurais bien dû y retourner un jour ou l'autre. Bref, mes parents ont accepté de me laisser emprunter leur chauffeur à condition que je rentre à la maison à partir de ce soir, et voilà tout.
Yuta toussa et se tourna sur le côté, un coussin sous la tête. Il ne se sentait vraiment pas bien. Il raconta rapidement ce qui lui était arrivé à son ami et il sentit la réprobation dans la voix de DoYoung qui lui disait qu'il était beaucoup trop gentil. Le Japonais ne put que sourire sans contredire son ami, et il s'endormit pour une petite heure de plus.
Lorsqu'il se réveilla, l'heure s'était en réalité transformée en une dizaine d'heures et la nuit était tombée. DoYoung était appuyé contre le canapé, le nez dans son jeu, et une bassine d'eau se tenait à côté de lui. Yuta tâtonna son visage et en retira une serviette humide, avant de mettre une main devant sa bouche et de tousser à s'en brûler la gorge. Le mouvement attira l'attention du noiraud qui mit son jeu en pause. Il aida le rouge à s'asseoir avant de lui tendre un petit peu d'eau.
- Vas-y doucement, le prévint DoYoung. Je suis désolé, mon chauffeur est en bas je vais devoir y aller et Chi est sur un tournage jusqu'au milieu de la nuit. J'ai tenté un truc mais je sais pas s'il viendra...
Yuta hocha doucement la tête, incapable de faire plus, et se laissa retomber sur le coussin. Il avait froid.
- J'peux avoir une couette bébé Do ? murmura le jeune homme.
L'appelé s'exécuta pour une fois sans râler et s'éloigna lorsque la sonnette de l'appartement résonna. Comateux, Yuta le vit vaguement partir et entendit quelques mots être échangés sans réussir à en comprendre le sens. DoYoung lui annonça qu'il devait vraiment s'en aller mais qu'il prendrait de ses nouvelles par messages, et lui souhaita un bon rétablissement. Le Japonais ferma les yeux un instant, et quand il les rouvrit le visage qui hantait ses rêves se trouvait en face du sien.
- Sérieusement, me planter pour aller crapahuter dans la forêt et danser sous la pluie... t'avais rien de mieux à faire ?
- SiCheng... pardon, je voulais pas, murmura le rouge.
- Je sais, désolé. Ce n'était pas vraiment le moment pour faire de l'humour. Attends, accroche toi à moi je vais te déplacer dans ta chambre, tu dépasses du canapé ça ne doit pas être très confortable.
Yuta, ayant du mal à croire qu'il ne s'agissait pas d'un fantasme sorti tout droit de son imagination obéit sagement. Les bras du châtain passèrent dans son dos et sous ses jambes avant qu'il ne se sente être soulevé. Sa tête bascula contre la clavicule de l'autre et il ferma les yeux. C'était le meilleur rêve qu'il avait fait depuis longtemps, il ne voulait surtout pas se réveiller.
Nda :
C'était la chapitre de la semaine, j'espère qu'il vous aura plu et que vous avez passé un bon moment à la lecture ! Je vous souhaite un excellent weekend et je vous remercie pour votre soutien :D
Ps : pour ceux que ça intéresse Salia a publié son histoire "Pour Aphéliote" et a ses commandes d'OS toujours ouvertes ;)
Dalion~ Kiss :3
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