Chapitre 10
Accepter de suivre Chittaphon faire les boutiques dans ce contexte était certainement la pire idée que Yuta avait eu depuis un long moment, et ce n'était pas Doyoung qui avait été traîné de force avec eux qui dirait le contraire. Cependant Yuta avait besoin des conseils de ses amis pour son rendez-vous avec SiCheng et, comme le Thaïlandais le lui avait fait remarquer, il n'avait rien de potable à se mettre. En tous cas rien de suffisamment bien pour se faire remarquer par l'homme qu'il aimait depuis quinze ans. Il avait donc accepté avec réserve l'invitation de Chittaphon à aller trouver une tenue tout en sachant très bien qu'il le regretterait le moment venu.
Cela ne loupa pas. A peine le pied mis dans l'immense centre commercial qu'il dut déjà rattraper DoYoung qui essayait de se faufiler en sens inverse et de repartir. Yuta aimait faire les boutiques, le shopping était l'une des passions communes qu'il avait avec l'argenté, mais devoir surveiller leur cadet récalcitrant enlevait tout de suite un peu de son entrain. Ils attrapèrent chacun une main du noiraud qui râla, mécontent, et le tirèrent derrière eux en ignorant ses plaintes d'enfant gâté.
- Je t'héberge gratos le parasite, lui rappela Yuta, tu pourrais faire un effort.
- J'ai fait la vaisselle hier, protesta DoYoung.
- Depuis trois semaines que tu squattes c'est pas la mort.
- T'es jamais content, bouda le jeune homme. Chi il squatte autant que moi et il fait rien non plus.
- Hé ! Je rappelle que notre base c'est chez moi à l'origine, on peut bien changer de temps en temps, protesta Chittaphon.
Le plus jeune cessa finalement de se plaindre ouvertement, clamant que tenir son téléphone en otage était déloyal, ce à quoi le Thaïlandais répondit qu'il n'en avait rien à faire sous les rires du dernier membre du trio. Celui-ci sentit un poids quitter sa poitrine. Comme à chaque fois qu'il passait du temps avec ses amis il se sentait plus léger et ses problèmes lui paraissaient moins graves. L'argenté désigna du doigt leur première cible, un magasin de vêtements pour homme tout ce qu'il y avait de plus classique et leur épuisant marathon débuta.
- Merde, Yuta !
L'appelé se retourna vivement, interpellé par le ton inquiet de son ami et reposa la chemise qu'il tenait à la main. Il se mit sur la pointe des pieds et repéra le Thaïlandais qui s'agitait à quelques rayons de lui. Il le rejoignit en vitesse, se débrouillant pour passer entre les clients sans leur rentrer dedans et s'arrêta devant l'autre qui paraissait bien embêté.
- Qu'est-ce qu'il y a Chi ?
- Tu ne remarques rien ? lui demanda plutôt l'autre en retour.
Yuta l'observa des pieds à la tête, cherchant ce qui pouvait bien lui échapper sans parvenir à mettre le doigt dessus et à comprendre ce qui n'allait pas.
- Qu'est-ce que je suis censé voir ? capitula le jeune homme.
- T'as pas l'impression qu'il manque un truc ?
- Je sais pas moi, t'as perdu une boucle d'oreille ?
- Comment ça j'ai perdu une boucle ? s'étrangla Chittaphon.
Il se mit aussitôt à tâtonner ses lobes puis à remonter tout en comptant ses pendants, une expression bien trop paniquée pour la question sur le visage. Yuta le regarda faire sans rien dire jusqu'à ce que l'autre expire de soulagement.
- Ah tout est là, tu m'as fait flipper crétin.
- Bon si c'est pas ça c'est quoi alors ?
Chittaphon l'observa, le visage neutre, avant de lui frapper le bras.
- T'as pas l'impression qu'on a perdu quelqu'un ?
- Merde ! Bébé Do !
Yuta se mit aussitôt à observer autour dans l'espoir d'apercevoir la chevelure noire de leur cadet sans succès. Il s'en voulut de ne pas avoir remarqué sa disparition plus tôt.
- T'as essayé de l'appeler ?
- Je te rappelle qu'on lui a confisqué son téléphone en arrivant.
- Ah oui c'est vrai, soupira le rouge.
Ils reposèrent le panier qu'ils avaient rempli de vêtements à essayer et s'excusèrent auprès d'une vendeuse qui les foudroya du regard. Yuta leva les yeux au ciel, comme si ça l'amusait de faire ça. Chittaphon le suivant comme son ombre, il remonta les allées du magasin avec une destination précise en tête : les magasins vendant des jeux vidéos dans le centre. Il y en avait quatre et il espérait ne pas devoir tous les faire avant de mettre la main sur DoYoung. Le premier s'avéra être un échec, alors ils convinrent de se séparer, les deux prochaines boutiques se trouvant à l'opposé l'une de l'autre, et de s'appeler si l'un d'eux trouvait le fuyard.
Yuta grommela en se faufilant dans la foule. Ils étaient venus lui chercher une tenue adéquate et il avait suffi de quelques minutes sans surveillance pour que DoYoung se sauve et qu'ils doivent partir à sa recherche. Ils le savaient pourtant qu'il détestait ça et qu'il allait se faufiler dans la première brèche, mais ils s'étaient encore faits avoir. Si seulement ils pouvaient le laisser sans crainte mais non, naïf comme il était le plus jeune était capable de suivre le premier lui proposant un sachet de bonbons.
Il attendit quelques minutes devant le store que le vigile le laisse entrer, il y avait tellement d'affluence que le magasin devait réguler les entrées et sorties des clients, puis il partit en quête de son ami. Il tourna en rond un instant, sa patience s'effritant rapidement, et était sur le point de faire demi tour lorsqu'il la vit. Cette capuche bleu marine qui camouflait une chevelure corbeau. Yuta s'avança dans le rayon pour vérifier ce que son instinct lui disait, et sa main s'abattit automatiquement à l'arrière du crâne de DoYoung.
Le plus jeune était accroupi au milieu du rayon, un jeu dans chaque main, et il leva un regard larmoyant vers son aîné qui se blinda pour ne pas céder. Son sweat trop large cachait presque parfaitement sa silhouette efflanquée, mais Yuta était habitué à devoir le chercher un peu partout et à présent il avait comme un sixième sens.
- J'y crois pas, se plaignit le Japonais. Tu sais que ça fait plus de vingt minutes qu'on te cherche avec Chi ?
- Vous m'auriez laissé mon téléphone vous auriez juste eu à envoyer un message, répondit simplement le noiraud.
- Ce n'est pas la question. Sérieusement bébé Do, t'es plus un enfant après lequel on doit courir partout.
- C'est vous qui me traitez comme ça, bouda le jeune homme.
- Pardon ? s'étouffa Yuta. Tu veux que je te rappelle ce qui s'est passé la dernière fois qu'on t'a laissé seul ?
- Non c'est bon, j'ai compris, capitula DoYoung en soupirant. Je vais rester à côté de vous.
- Parfait, maintenant on va retrouver Chi.
Yuta traîna son ami derrière lui, sa main dans la sienne pour être sûr de ne pas avoir de mauvaise surprise en se retournant. Cependant le noiraud se laissa faire sans plus se plaindre, la capuche enfoncée sur son crâne. Lui rappeler qu'il ne pouvait pas vraiment rester seul sans risques avait visiblement miné son moral et Yuta décida de s'arrêter pour acheter des boissons sucrées. La vision de l'amas de sucre et de fruits réussit à faire pétiller le regard sombre de son cadet et le Japonais fut content de son initiative, même si l'argenté râla qu'il les attendait depuis une éternité.
Le rythme du restant de leur expédition shopping fut tout aussi intensif, mais Yuta prit plus de plaisir à présent que DoYoung se tenait tranquille. Chittaphon lui fit essayer des dizaines de tenues, son œil affuté de styliste repérant facilement ce qui pouvait aller au Japonais et le mettre parfaitement en valeur. Ils quittèrent le centre commercial les bras bien chargés, le Thaïlandais ayant lui-même craqué pour certaines pièces.
- Tu veux vraiment pas passer ton permis Dodo ? gémit Chittaphon. J'en ai marre d'être collé de partout dans le métro.
- Non merci, je déteste les voitures.
- C'est quand même un comble, ricana Yuta. Les deux qui ont le permis n'ont pas de voiture, et celui qui pourrait s'en offrir une d'un claquement de doigts ne veut pas conduire.
- Le comble c'est pas plutôt qu'aucun de vous deux n'aime ça non plus ?
- Il a pas tord, un point pour le gros bébé.
- Je vais t'étrangler Chi.
Pendant que les deux autres se chamaillaient Yuta les regardait faire en souriant, avec la sensation qu'ils n'avaient pas évolué depuis leur première rencontre. Il leur mit un coup aux fesses chacun pour attirer leur attention, leur métro était arrivé et il n'avait pas envie de devoir attendre le prochain. Ses bras lui faisaient mal à force de supporter le poids des sacs et il voulait juste rentrer chez lui pour les soulager.
Yuta adressa une petite prière au dieu des portes quand sa clé refusa de tourner dans la serrure et soupira de soulagement lorsqu'enfin il put entrer dans son appartement. Il n'avait toujours pas de nouvelles de son propriétaire et le matériel ne cessait de se dégrader malgré les précautions qu'il prenait. Chittaphon les abandonna pour aller poser ses propres affaires chez lui en promettant de les rejoindre plus tard, ce à quoi le Japonais répondit par un long soupir. Il n'allait jamais pouvoir être seul dans son appartement, il allait finir par faire payer un loyer si ça continuait.
DoYoung qui avait enfin pu récupérer son téléphone s'était jeté dessus et était parti se vautrer sur le tapis. Yuta soupira une nouvelle fois, pourquoi donc avait il acheté des chaises, coussins et canapés alors que son cadet passait son temps sur le sol ? Le jeune homme se rendit dans sa chambre où il entreprit de déballer ses achats. Il en était plutôt content, maintenant il espérait juste que sa tenue plaise à SiCheng. Encore fallait-il que celui-ci le recontacte et valide leur rendez-vous, il n'avait pas eu de nouvelles depuis leur dernière rencontre, presque une semaine plus tôt. Yuta retourna dans le salon et se laissa tomber dans le canapé.
- Hé, Dodo, tu penses que je devrais lui envoyer un message ?
- A qui ? demanda distraitement le noiraud.
- A SiCheng, qui d'autre.
- Ah, bah j'en sais rien moi. T'as un truc à lui demander ?
Le Japonais grommela et se saisit du coussin sous lui pour l'envoyer sur son cadet. DoYoung le réceptionna à l'arrière de la tête et le fusilla du regard.
- T'avais qu'à m'écouter, râla Yuta. Je vous ai dit que je lui avais proposé un rendez-vous pour la Saint-Valentin, c'est même pour ça qu'on est allés faire les boutiques aujourd'hui.
- Ah. Peut-être.
L'incapacité du plus jeune à se concentrer sur un sujet ne l'intéressant pas était aussi fascinante qu'agaçante, et cette fois Yuta avait bien envie de le passer par la fenêtre.
- C'est sûr même. Bref, reprit le rouge, il devait me confirmer mais j'ai pas de message, tu penses que je devrais lui en envoyer un ?
- Si tu veux avoir une réponse t'as pas trop le choix non ? Il a peut-être oublié.
- Mais s'il me prend pour un forceur ?
- T'inquiète pour ça, il a grandi avec Chi, il est habitué, ricana DoYoung.
- Pas faux. Bon j'y vais.
Yuta tapota rapidement son message avant de poser son téléphone loin de lui, le stress le rongeant. Il se mordilla les ongles, jusqu'à ce que son ami ne manifeste bruyamment son dégout concernant cette pratique, et finit par migrer contre le noiraud qui se plaignit de l'invasion de son espace vital. Yuta entoura ses épaules de ses bras pour l'embêter et lui laissa un bisou baveux sur la joue qui fit bondir DoYoung.
- Ah c'est dégueu !
- Toi t'es vraiment pas prêt pour te trouver quelqu'un, rit Yuta.
- Ah moins que je me trouve un labrador il n'y a pas de raison pour que cette personne me bave dessus, se défendit le noiraud.
Le rire de Yuta dérida néanmoins le plus jeune qui le rejoignit avec un peu plus de réserves dans l'hilarité. Le Japonais s'était un peu détendu, mais l'angoisse revint en force lorsque l'écran de son téléphone s'illumina, lui indiquant la réception d'un nouveau message.
- Va voir au lieu de rester planté là, souffla DoYoung.
Le jeune homme s'exécuta la boule au ventre, et déverrouilla son mobile. Le nom de SiCheng s'afficha, attestant qu'il était bien l'expéditeur des quelques mots qu'il venait de recevoir. Yuta prit une profonde inspiration, se préparant mentalement à essuyer un refus, et tomba des nues en avisant la réponse positive. Il se retourna vers son ami qui attendait la suite de l'histoire, le visage marqué par la surprise.
- Il est d'accord, bafouilla Yuta sous le choc. On a rendez-vous à dix-huit heure trente.
- Tu sais que pour un mec qui vient de décrocher un tête à tête tu tires une drôle de tronche ? demanda DoYoung. On dirait que tu viens de voir un fantôme.
- C'est-à-dire qu'un oui est aussi inattendu que tomber face à une entité surnaturelle.
- Yuta, l'appela un peu plus fermement le noiraud. Tu as un date avec SiCheng.
- J'ai un date avec SiCheng, répéta mécaniquement le jeune homme.
Puis un large sourire éclaira son visage alors qu'il laissait éclater sa joie, les quelques mots s'incrustant clairement dans son esprit. Il avait sa seconde chance, il allait pouvoir prouver à l'homme qu'il aimait qu'il avait changé et qu'il était sincère.
Nda :
Voici donc le chapitre du vendredi ! Bon, il ne se passe pas grand-chose de très intéressant mais il faut un début à tout x)
J'espère qu'il vous aura quand même plu, et je vous dis à la semaine prochaine sur cette histoire ! Encore une fois n'hésitez pas à laisser vos avis, n'ayez pas peur ;) Merci à tous pour l'attention que vous accordez à cette fiction :)
Dalion~ Kiss :3
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