❄️{ CHAPITRE 2 } ZEPPELIN
Agrippée aux bretelles de mon sac à dos, je fixe la petite maison en briques rouge foncé qui se trouve devant moi. Située en renfoncement, entre deux grands immeubles de briques rouges eux aussi, elle parait toute petite. En la regardant mieux, elle donne même l'impression de ne pas être à sa place, ici, coincée entre ces deux immeubles comme ça.
Dans ce quartier, tout est atypique. Chaque bâtiment est fait de ces même briques et les rues sont très fleuries et pavés de grosses pierres. Quasiment toutes les bordures de fenêtres sont décorées de jardinières de fleurs ; rose, jaune ou encore rouge vif. Ezra avait raison. Cet endroit est très chaleureux et d'après lui, ce quartier est l'un des plus beaux et des plus huppés de Boston.
Intriguée par cette petite maison dans laquelle se trouve l'appartement de mon frère, je prends le temps de la détailler minutieusement. Pas très grande d'extérieur, mais très jolie, elle possède deux portes d'entrée en bois et dont la peinture vert émeraude est un peu défraîchie. L'une d'elles se situe au premier étage de la maison et pour y accéder, il faut emprunter un escalier de métal noir qui ne semble plus très jeune. Il y a aussi deux grandes fenêtres aux encadrements de bois, vert également ainsi qu'une toute petite de forme ronde. Située juste à côté de la première porte d'entrée du rez-de-chaussée.
Je souris. Je n'ai pas encore mis les pieds dans cette maison et pourtant elle me fait déjà me sentir comme chez moi.
Mon frère à mes côtés, il me désigne la porte qui se situe à l'étage, mais curieuse de savoir qui vit au rez-de-chaussée, je me tourne vers lui et pointe la maison du doigt.
— Qui vit dans l'appartement du bas ?
— C'est Cassy, dit-il un énorme sourire aux lèvres. Elle a emménagé il y trois mois. Elle est photographe.
— Cassy... hein ? C'est moi ou j'ai l'impression que cette fille te plaît ? dis-je en souriant à mon tour.
Surpris, mon frère ouvre des yeux ronds comme des billes et à voir l'expression de son visage, j'en déduis que je ne suis pas si loin de la vérité.
— Quoi ? Pourquoi, tu dis ça ?
— Peut-être parce que ton sourire et ton air débile quand tu parles d'elle te trahissent.
— Mon air dé... peu importe. Oui, elle est cool. Oui, je l'aime bien, mais ça s'arrête là. On est juste voisins.
— Si tu le dis...
Mon frère lève les yeux au ciel, puis tout en marmonnant je ne sais quoi, il traîne ma valise qui claque sur les pavés. Arrivé devant l'escalier, il la soulève et grimpe jusqu'au palier qui mène au premier. Je me pince les lèvres, amusée de l'entendre râler et après un dernier coup d'œil sur cette jolie façade, je rejoins Ezra qui ouvre la porte et m'invite à entrer.
Si l'extérieur de la maison est atypique, l'intérieur, lui, est plutôt classique. L'entrée donne directement sur un séjour : salon et salle à manger. La pièce n'est pas très grande, mais décorée avec goût et très lumineuse grâce aux deux grandes fenêtres. Les murs sont blancs, un blanc immaculé et le sol, lui est recouvert d'un vieux parquet en bois foncé qui craque sous nos pas.
Impatiente de découvrir les lieux, j'avance dans la pièce et l'observe avec soin. La plupart des meubles sont blanc laqué et épuré. Près des deux fenêtres qui donnent sur la cour avant, une grande table blanche y est installée, avec autour de celle-ci, six chaises en cuir noir.
De l'autre côté de la pièce, où le coin salon est aménagé, deux canapés en tissus gris anthracite se font face. Au centre, une table basse, blanche et rectangulaire posée par-dessus un tapis noir à poils court. Il y a également un meuble télé, lui aussi laqué blanc et dessus, un énorme écran plat accompagné d'une console de jeu ainsi que de plusieurs manettes. Je remarque que sur les murs de cette partie de l'appartement, plusieurs cadres avec de superbes photos en noir et blanc de hockey sont exposés. Et d'après les infos que m'a donné Ezra sur notre voisine, quelque chose me dit que ces clichés ont été faits par cette fameuse Cassy.
Je continue ma visite par la cuisine, qui se trouve dans une autre pièce à gauche du salon et qui est tout aussi sobre et bien rangée que le reste du séjour. Mon frère a toujours été quelqu'un d'ordonné, limite maniaque. Je me souviens que quand on était gosses, sa chambre était toujours la mieux rangée alors que la mienne était dans un bordel permanent. Faut croire qu'il n'a pas changé parce que rien ne traîne ici. Tout est parfaitement en place et ordonné.
Pressée de découvrir la suite, je quitte la cuisine et suis mon frère, qui tire ma valise tout en se dirigeant vers un couloir. Nous passons devant plusieurs portes : sa chambre, suivie de la salle de bain et au bout du couloir, deux portes se font face. À droite la chambre de son colocataire et sur la gauche, se trouve apparemment la mienne.
Je l'ouvre avec empressement et pénètre à l'intérieur de la pièce. La chambre est chaleureuse et plutôt agréable. Ici, tous les murs sont peints en vert pastel et le sol est identique au reste de l'appartement. Il y a un grand lit en bois clair, avec une jolie couette fleurie ainsi que plusieurs petits oreillers dans des déclinaisons de vert. Le lit a été poussé contre le mur du fond, où une petite fenêtre donne sur un parc.
Il y a également un dressing, avec de grands rideaux blancs, qui prend toute la largeur d'un mur. Une petite commode en bois clair elle aussi et un bureau, très moderne en bois. Et bien sûr, une énorme bibliothèque blanche qui n'attend plus que mes livres.
— Où sont mes livres ? je demande aussitôt en voyant les étagères vides.
Mon frère pointe du doigt une grosse malle noire qui se trouve près du bureau. Un peu avant de quitter Libby, j'ai fait envoyer tous mes livres par malle et celle-ci est arrivée il y a deux jours. Et maintenant, elle m'attend sagement.
— Je n'ai jamais compris ton obsession pour les bouquins, lâche mon frère en fixant la bibliothèque. Tu ne pouvais pas les laisser à Libby et en racheter quelques-uns ici ?
— Tu es dingue ! Je ne vais nulle part sans mes romans. C'est toute ma vie !
Mon frère croise les bras et lève les yeux au ciel.
— J'ai l'impression d'entendre maman. Elle n'allait nulle part sans ses bouquins, ça rendait papa complètement dingue.
En entendant Ezra les mentionner, je laisse échapper un long soupir. Nos parents sont morts dans un accident de voiture il y a plusieurs années maintenant. Depuis leur rencontre, ils avaient pris l'habitude de fêter tout et n'importe quoi et je ne me souviens pas vraiment ce qu'ils étaient partis fêter le soir de l'accident, alors qu'ils rentraient d'un week-end en tête à tête, un chauffeur a perdu le contrôle de son camion. Il neigeait beaucoup ce soir-là et tout est allé très vite. Le camion a fait une embardée et a fauché la voiture de mes parents. Ils sont morts sur le coup.
Une pointe de tristesse me pince le cœur. C'était il y a longtemps, mais repenser à ce jour est toujours très douloureux. Mes parents me manquent, terriblement et parmi tous mes livres, il y en a qui appartenaient à ma mère. C'est pourquoi je ne voyage jamais sans eux. C'est un peu comme l'avoir avec moi.
— Au fait... souffle Ezra, comment va Félicia ?
— Elle va bien, mais tu devrais peut-être l'appeler pour le lui demander toi-même, tu ne crois pas ?
— Je te rappelle qu'on ne se parle plus, réplique aussitôt mon frère sur la défensive.
— Je sais. Et si tu veux mon avis, elle dure depuis trop longtemps cette embrouille débile.
— Mmm... je suppose qu'elle est contente maintenant que tu vas vivre ici, elle va pouvoir faire son voyage à la con.
— Ezra... je grogne.
— Je te laisse t'installer, je dois passer à l'université. Je serai de retour dans la soirée.
Je hoche la tête et mon frère s'approche de moi pour me serrer dans ses bras. Quand nos parents sont morts, c'est Félicia, notre ainée qui s'est occupée de moi. Notre sœur qui n'a qu'un an de différence avec Ezra, a mis ses études de côté afin que lui puisse réaliser son rêve. Mais lorsqu'il a dû arrêter le hockey après son accident, il n'est jamais revenu à Libby. Il a accepté le poste de coach et Félicia lui en a beaucoup voulu. Je déteste qu'ils soient fâchés, quelque part je suis la cause de leur dispute. Nos parents sont morts et je suis devenue leur fardeau.
— Je suis content que tu sois là, avoue mon frère en me serrant un peu plus fort.
— Moi aussi, Ezra. Parce que tu m'as vraiment manqué.
Il m'embrasse le dessus de la tête, puis il met fin à notre câlin et quitte la pièce. Seule dans ma nouvelle chambre et ravie de pouvoir m'y installer, je dépose mon sac à dos en cuir bleu ciel sur mon lit et fais la même chose avec ma valise.
Quatre heures plus tard, toutes mes affaires sont installées. Mes vêtements, plus ou moins rangés dans le dressing, mon ordinateur portable posé sur le bureau et tous mes livres rangés par couleur sur les étagères de la bibliothèque. Je ramasse ma saga Harry Potter qui est encore sur mon lit et l'expose sur l'étagère qui se trouve au-dessus du lit, juste à côté du cadre contenant une photo de mes parents.
Grande fan de l'univers Harry Potter depuis que je suis gamine, je me trimballe toujours avec un exemplaire dans mon sac. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai lu chacun de ces romans. Je ne me lasse jamais de les relire. Au fond, je crois que je rêve en secret de recevoir cette fameuse lettre de Poudlard moi aussi. De mettre le choixpeau sur ma tête et de l'entendre prononcer le mot : Serpentard. Parce que oui, contrairement à bon nombre de gens, la maison que j'affectionne le plus, est bien celle-là.
Alors que je glisse ma valise sous mon lit pour la ranger, mon ventre se met soudainement à gargouiller. Je grimace, me relève et voyant que mon estomac crie famine à nouveau, je décide d'aller me préparer quelque chose à manger dans la cuisine. Je fouille les placards, encore un peu perdue et mets la main sur du pain de mie, de la confiture et bien sûr, du beurre de cacahuète. Mon sandwich confectionné avec soin et posé dans une petite assiette, je me sers un grand verre de lait et me dirige vers le salon pour aller grignoter tout ça, installée confortablement sur l'un des canapés.
Assise en tailleur, je savoure mon encas tout en observant un peu mieux les cadres accrochés au mur. L'une des photos montre l'équipe que mon frère coach, mais les joueurs sont tous de dos et on ne voit donc que leur numéro ainsi que leur nom.
Ne connaissant ni le numéro ni le nom de famille du joueur qui vit ici, je ne peux donc pas savoir où il se trouve sur la photo. Pourtant un nom de famille attire soudainement mon attention. Le joueur numéro 19 qui a pour nom de famille : Stevens.
Je fronce légèrement les sourcils. Tout à l'heure, Ezra a dit que son joueur, celui qu'il héberge s'appelait Ash...
Soudain, un truc s'allume dans ma tête et, pas vraiment rassurée quant à l'idée que ce joueur soit le mec auquel je pense, je me lève d'un bond du canapé et fonce jusqu'aux cadres afin de mieux lire le nom des joueurs.
A. STEVENS
Paniquée, j'avale de travers le morceau de sandwich que j'avais encore dans la bouche et manque de m'étouffer avec.
Impossible.
Non, ça ne peut pas être lui. Ashley a arrêté le hockey à la mort de son père. Et après notre rupture, il a quitté Libby, pour je ne sais où. Après ça, je n'ai plus jamais eu de nouvelle de lui. Et j'étais tellement malheureuse après son départ, que je n'ai jamais eu le courage d'aller voir sa famille pour en avoir.
Mon rythme cardiaque s'accélère et l'idée que ce mec, ce Stevens puisse être le même qui m'a brisé le cœur, me donne des vertiges. Comment c'est possible ? Qu'elles sont les chances pour que je me retrouve dans la même université ? Pire encore, à devoir cohabiter avec lui ?
Une main plaquée sur mon ventre, je fixe une dernière fois la photo en espérant avoir tort quand la porte d'entrée s'ouvre, suivis d'éclats de rire. Je tourne la tête vers l'entrée et pour la seconde fois en quatre ans, mon cœur sort de ma poitrine pour venir rouler sur le sol.
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