— Mesdames, messieurs, nous abordons notre descente vers Boston. Nous vous invitons à regagner votre siège et à vous assurer que vos bagages sont situés sous le siège avant ou dans les coffres à bagages prévus à cet effet.

Mon exemplaire d'Harry Potter et l'ordre du phénix refermé et posé sur mes genoux, je le glisse précieusement dans mon sac comme s'il s'agissait de la Sainte Bible et fais de même avec mon iPod. J'enfile ma veste en jeans bleu foncé, boucle ma ceinture et jette un œil vers le hublot pour observer la vue tandis que l'avion effectue sa descente.

Perdue dans la contemplation du ciel, un léger sourire vient étirer mes lèvres. D'ici quelques minutes, je serai enfin auprès de mon frère et cette nouvelle me remplit le cœur de joie. Je n'ai pas vu Ezra depuis plusieurs années puisqu'il n'a pas remis les pieds à Libby depuis qu'il a accepté le poste de coach qu'on lui a proposé.

Du haut de ses vingt-sept ans, mon frère est le coach des PHANTOMS de Grace Hill University, une équipe de hockey universitaire. Apparemment classée parmi les meilleures du pays en termes de résultats sportifs. Et si les PHANTOMS n'ont perdu aucun match depuis plusieurs années maintenant, c'est en partie grâce à Ezra.

Mon frère a toujours aimé le hockey. Lorsqu'il était lui aussi étudiant à GHU, il jouait pour cette équipe, mais suite à une grave blessure lors de son dernier match universitaire, il a dû mettre au placard crosse et patins ce qui n'a pas été facile pour lui. Il a également dû renoncer à son plus grand rêve, celui de devenir joueur professionnel. À la suite de ça, Ezra, a été nommé coach assistant pendant quelques temps, et au départ en retraite du coach, il a pris sa place.

Tous les deux, on est très proche malgré la distance et même si l'on ne s'est pas vu depuis longtemps, il essaie de ne rater aucune de nos conversations vidéo. Je me souviens encore de l'expression de son visage le jour où je lui ai annoncé que moi aussi j'avais choisi l'université de Grace Hill. Il a pratiquement sauté de joie avant de me proposer de m'installer chez lui plutôt que de prendre une résidence en cité Universitaire.

Un super appartement plutôt qu'une minuscule chambre d'étudiante, je n'ai pas hésité bien longtemps. J'ai bouclé mes valises et j'ai sauté dans le premier avion pour Boston.

Impatiente, je me tortille sur mon siège sans quitter le hublot des yeux. D'ici tout paraît minuscule et même si je n'aime pas vraiment prendre l'avion, je suis tout de même émerveillée de ce que l'on peut voir depuis les nuages.

De longues minutes s'écoulent avant que les roues de cet oiseau de fer touchent enfin le sol pour ensuite parcourir plusieurs mètres sur la piste afin de se diriger vers son terminal.

Les portes s'ouvrent et nous avons le feu vert pour quitter nos sièges. Alors sans attendre plus longtemps, les passagers se jettent sur leurs bagages pour ensuite se précipiter hors de l'avion.

Mon sac à dos récupéré, je remonte l'allée à mon tour et souhaite une bonne journée aux hôtesses de l'air lorsque je quitte l'avion. Mon téléphone en main, je m'empresse de le rallumer pour prévenir mon frère que je viens d'atterrir et tout en pianotant sur mon écran pour écrire mon texto, je suis la foule de gens qui se dirige vers le hall d'arrivée afin de pouvoir récupérer leurs bagages.

Après une attente interminable à fixer ce tapis roulant circulaire dans l'espoir de voir ma valise apparaître, elle pointe enfin le bout de son nez. Je râle d'avoir autant attendu et me précipite sur elle. J'agrippe la poignée et la tire vers moi de toutes mes forces pour la faire descendre.

Bordel, elle pèse une tonne.

Je souffle, épuisée tant par le voyage que par l'effort que je viens de faire. Mes affaires récupérées, je me dirige vers la sortie de l'aéroport tout en traînant ma valise bleu ciel à roulettes quand, à quelques mètres de moi, j'aperçois Ezra.

Grand, dans les un mètres quatre-vingt-dix. Les cheveux noirs, légèrement bouclés sur le dessus et parfaitement coiffés à l'aide de gel ou de cire. Des yeux marron foncé, identique à ceux de notre père, mon frère n'a pas vraiment changé. Il est exactement comme la dernière fois que je l'ai vu, lors de notre dernière conversation video, mais avec une barbe de quelques jours en plus.

Les yeux brillants de larmes, je me précipite vers lui et une fois à sa hauteur, je lâche ma valise brutalement.

— Ezra ! je m'écris tout en me jetant dans ses bras. Tu m'as tellement manqué !

— Toi aussi tu m'as manqué p'tite sœur.

Perchée sur la pointe des pieds et le visage enfoui dans son cou, je serre mon frère plus fort contre moi tandis qu'il me caresse le dos de façon réconfortante.

— Tu as fait bon voyage ?

Je hoche la tête pour confirmer et mets fin à notre câlin.

— Mon avion ne s'est pas écrasé, je réponds pour plaisanter, alors on peut dire que j'ai fait bon voyage.

— Très drôle.

Je me pince les lèvres pour tenter de masquer mon sourire et récupère ma valise qui, dans la précipitation de mes retrouvailles avec mon frère, s'est retrouvée sur le sol.

— On y va ? je demande impatiente de quitter l'aéroport.

Ezra acquiesce et me déleste de mon sac à dos. Il enroule ensuite son bras autour de mes épaules et m'entraîne vers la sortie. Quelques minutes plus tard, installés dans son petit cabriolet noir, nous quittons le parking de l'aéroport.

Le nez rivé sur la vitre, j'observe le paysage défiler. C'est la première fois que je mets les pieds à Boston et je dois dire que ça va me changer de Libby. Car même si j'adore mon ancienne ville, celle-ci semble géniale. Curieuse de savoir où je vais passer les trois prochaines années, je me tourne vers mon frère qui me jette un rapide regard avant de reporter son attention sur la route.

— Alors... je commence, où est-ce que tu vis ? Tu m'as dit que tu avais déménagé, mais tu ne m'as pas dit où.

Il sourit.

— J'ai un appartement sur Cedar Lane Way. C'est dans le quartier de Beacon Hills. Tu vas adorer, cet endroit est super.

— Beacon Hill ? je répète. Et ton quartier est loin de la fac ?

— Non, en voiture ce n'est qu'à quelques minutes.

— Cool, mais je n'ai pas de voiture.

— Je pourrais te déposer sur le campus où bien Ash en fonction de ses horaires de cours.

— Ash ? je demande en fronçant légèrement les sourcils. C'est qui ça ? Ta copine ?

Concentré sur la route, mon frère explose soudainement de rire.

— Non, Ash n'est pas ma copine, c'est mon coloc.

— Ton coloc ? Tu as un coloc et tu ne m'as rien dit ?

— C'est tout récent, quelques semaines. J'ai oublié de t'en parler, je suis désolé Zepp.

Pas vraiment emballée à l'idée de vivre en colocation avec une autre personne que mon frère, je fronce le nez et marmonne.

— C'est pour dépanner, ajoute Ezra. C'est l'un de mes joueurs et il était en galère. Et puis, il est sympa. Tu verras, je suis sûr que vous allez bien vous entendre.

— Si tu le dis.

Bras croisés, je ronchonne tout en reportant mon attention sur le paysage. Si ça avait été sa copine, j'aurais pu faire un effort, mais là, il s'agit de l'un de ses joueurs. Un mec que je ne connais pas et avec qui je vais devoir partager un appartement.

— Ne fait pas la tête Zeppelin, ce n'est pas la fin du monde.

— Est-ce qu'on arrive bientôt ? je demande pour changer de sujet.

— On sera à l'appartement dans une trentaine de minutes environ.

— OK. Tu me réveilles quand on arrive. Je suis crevée.

Mon frère acquiesce et je pose la tête contre la vitre, épuisée d'avoir dû me lever aussi tôt pour prendre mon avion. Pas contre l'idée de faire une courte sieste, je baille et me laisse bercer par la voiture.