Chapitre 6 (9)
https://youtu.be/66A_3uwuZ_I
(nda : J'ai mis une musique pour ceux que ça intéresse, je trouve qu'elle colle bien même niveau timing voilà, voilà, c'est pas obligé tough, of course)
Elle renonçait mais pas moi. Pas moi.
Enfin.
C'était déjà trop tard.
Sans un mot, tout le monde avait fait son vote contre elle, elle qui avait maintenant fermé les yeux, fébrile et au bord des larmes et qui s'efforçait de garder un peu de dignité.
Moi j'ai secoué la tête en forme de refus.
- Non, non, NON ! Ne votez pas pour elle, ATTENDEZ !
J'ai paniqué. J'ai senti mon esprit glisser dans toutes les larmes que je gardais au fond de moi, et s'effondrer intérieurement. J'ai craqué.
- Non, votez pour moi ! S'il vous plait, elle doit sortir d'ici, ne votez pas pour elle !
Qu'est-ce que je racontais, je venais d'interrompre le vote qui se passait si parfaitement pour moi-même désigner Cassiopée, pour condamner celle que je voulais sauver coûte que coûte, que j'étais sur le point de sauver, qui me faisait confiance pour la sauver. Et maintenant je voulais que les autres se sacrifient de leur plein gré, comme moi j'y étais déterminée.
Mais c'était déjà trop tard, les votes étaient déjà fait. Je continuais, devenant soudain suppliante :
- Non, je vous en supplie votez pour quelqu'un d'autre, vous ne comprenez pas, il faut qu'elle sorte, elle doit sortir d'ici, c'est pas grave si on meurt maintenant, on mourra plus tard de toute façon, elle, elle doit sortir maintenant vous comprenez !
Royale quitta son pupitre, de toute façon éteint et ouvert comme ceux des morts, et vint me rejoindre au mien. Elle posa les mains sur mes épaules, et essaya de me calmer.
- Royale, Royale elle doit sortir d'ici, tu-tu peux la sortir du jeu ? Faire comme pour toi ? Hein ? Juste simuler sa mort, elle ne doit pas vraiment mourir pas vrai ?
Ma voix était tellement éraillée et brisée, et mon ton un geignement ininterrompu, que je reconnaissais à peine ma voix. Royale me maintint un peu plus immobile, me disant à voix basse :
- Lyslas, il manque ton vote, il faut que tu votes.
J'ai secoué la tête de gauche à droite, évitant cette réalité. Royale me serra d'un coup contre elle et caressa le dos de ma tête en répétant :
- Je sais que c'est dur, mais il faut que tu votes, pour n'importe qui. S'il te plait Lyslas. Pour les autres. Pour Nikolaï, et Violaine, et Remington et moi. S'il te plait Lyslas.
Je suffoquais dans mes sanglots naissant, j'ai voté. J'ai appuyé sur mon propre nom, je n'aurais pas pu voter pour quelqu'un d'autre que moi. C'était inutile de toute façon, je savais sans le regarder que tout le monde avait voté pour Cassiopée.
J'avais soudain besoin de la voir, de lui parler, de lui dire autant de choses que possible dans les quelques secondes qui nous restaient. Je me suis extraite des bras de Royale et je me suis tournée vers elle, tout en face de moi dans le cercle, stoïque, mais visiblement terrifiée, ne dissimulant qu'à grand peine sa panique.
Monokuma disait déjà :
- Vous avez voté pour Cassiopée.
Il ne me restait que quelques secondes pour lui dire au revoir. En ignorant mes blessures une nouvelle fois, j'ai sauté la petite barrière qui m'enfermait avec Royale sur mon piédestal, droit dans le sable fin de l'arène, et j'ai couru de l'autre côté, manquant de m'écrouler à cause de ma jambe boiteuse, déficiente pour toujours, et je me suis agrippée au rebord de l'autre côté.
- Vous avez trouvé la coupable, c'était bien elle.
Il fallait que j'ai le temps, il fallait que je la serre une dernière fois, ils allaient la tuer, c'était tout ce qu'il me restait, je devais lui demander pardon, je devais toucher ses cheveux une dernière fois, tant qu'elle était vivante, écouter sa voix une dernière fois.
Je me suis hissée avec une force que je ne me connaissais pas sur son pupitre. Elle m'y attendait, elle me tira plus proche vers elle et se pressa de toutes ses forces contre mon torse, brisant enfin son image stoïque pour pleurer tout son saoul dans le creux de mon épaule.
Dans mon souffle enrouée j'ai demandé avec la ferveur de la prière d'un condamnée :
- Pardonne-moi, pardon, pardon, pardon.
Elle releva sa tête :
- Je te pardonne.
Les drones arrivaient déjà, il me l'arracherait d'un instant à l'autre. J'avais encore trop de choses à dire, je ne savais même pas par quoi commencer, rien ne me paraissait assez fort, assez important, assez désespéré pour représenter l'état de mon cœur devant ce que je savais allait être un au revoir définitif.
Rien n'était un adieu suffisant. Je n'étais pas prête.
Elle sourit, posa son front contre le mien. Ses yeux n'étaient pas verts, ses yeux étaient de la couleur de la liberté, des espaces sauvages, de la vie elle-même. La forêt dans laquelle je m'étais perdu des jours durant, celle qui m'avait abrité des hommes qui me voulaient du mal, celle de laquelle je n'étais jamais vraiment revenue depuis mes 9 ans.
- Promets-moi que tu le sauveras pour moi. Il s'appelle Ashley. Sauve-le. Promet-le moi.
Une promesse pour un adieu, les mots sortirent d'eux-mêmes :
- Je le promets.
Les larmes débordaient de ses yeux, mais au lieu d'essuyer les siennes, elle essuya de son pouce une des mes mienne, son sourire se faisant plus grand, plus éclatant, et alors que je m'attendais à ce que les robots l'emportent et la jette sur l'arène pour l'achever d'une manière cruelle et spectaculaire, quelque chose d'autre se produisit.
Cassiopée glissa lentement dans mes bras jusqu'au sol, comme pour une prière, ses yeux se voilèrent, et en baissant les yeux, je ne vis que du rouge. Du rouge, du rouge, du rouge.
Et à chaque battement de cœur, un peu plus de rouge.
Un couteau que je n'avais pas vu avant glissa de sa main, et fit un tintement métallique en heurtant le sol.
J'ai pressé mes mains contre son cou pour endiguer le flot de sang, alors que nous étions toute deux au sol, les drones bourdonnant autour de nous sans s'approcher plus, commandés sans doute par Monokuma qui avait compris la scène, mieux, et plus vite, que mon cerveaux engourdis.
Mon coeur battait si fort et me faisait si mal, que je me suis dit que j'allais en avoir la poitrine tuméfiée.
J'ai presser sa gorge pour maintenir futilement la vie en elle, et en chuchotant en boucle :
- Cassiopée, Cassiopée, Cassiopée-
Espérant qu'elle me réponde, qu'elle réagisse à son nom. Mais le sang me coulait entre les doigts, et je re-voyais en superposition les images de Royale se vidant du sien dans mes bras. Pas encore, pas encore. L'odeur métallique avait envahit mes narines, me donnant la nausée et le tournis.
Ses yeux ne fixait plus rien, ils étaient droit vers le ciel, vers un ailleurs invisible. De plus en plus pâle, de plus en plus froide.
Je la voyais partir, je la sentais mourir entre mes mains, un léger sourire au visage, emportant ma promesse comme une lanterne pour son dernier voyage. Mais je ne croyais pas en la vie après la mort, et je ne croyais pas au repos de l'âme. La mort c'est l'éternité, c'est la fin de son existence, et c'est la fin de la mienne un peu aussi.
J'ai laissé mes mains retomber dans l'océan écarlate qui nous entourait.
Elle s'était tuée plutôt que d'affronter une exécution grotesque et cruelle, une dernière action d'opposition à Monokuma, une sorte d'expiation finale de son pécher. Je ne l'avais même pas vu prendre le couteau, elle s'y était préparée.
Ce n'était plus Cassiopée devant moi, juste un corps.
Je me suis redressée, couverte du sang de Cassiopée. On aurait dit que je venais de l'assassiner, et c'est exactement ce que j'avais le sentiment d'avoir fait.
Les autres s'approchèrent de moi, cherchant visiblement à me donner du soutien.
Mais ce qu'avais dit Remington à Violaine me revint "Tu n'en voulais pas à la terre entière ?"
Oh si, je me sentais trembler, d'une colère nouvelle diriger vers l'extérieur, sans cible précise. Simplement "les autres", tout ce qui n'était pas moi. Je m'en voulais très certainement, mais je m'en voulais pour tout depuis si longtemps. Cette fois ma colère pour le monde dépassait mon sentiment de culpabilité.
Quand la main de Violaine se posa sur mon épaule, je l'ai dégagé d'un coup sec. Des larmes coulaient sur mes joues, brûlantes et enragées.
- Pourquoi vous avez votez pour elle ?!
Vous savez, j'avais conscience d'être injuste, j'avais conscience d'être égoïste et méchante. Mais le principe des êtres humains n'est pas d'être parfait, altruiste et logique. Et j'étais loin de l'être, tout ça. Si vous ne l'aviez pas déjà compris avec tout ce que vous avez déjà lu de cette histoire.
Je ne suis pas une très bonne personne.
J'ai poussé violemment Violaine, en criant avec rage :
- Pourquoi vous l'avez tué ?! Vous pensez que votre petite vie valait plus que la sienne ?! Où vous vous êtes dit, "on est plus nombreux, on est plus importants" ?! Vous allez tous crevez ici de toute manière ! Vous allez mourir les uns après les autres, en vous entre-tuant, en vous accrochant à la vie comme des tics, une vie misérable et pathétique, en pensant que vous faites la bonne action parce que vous sauvez d'autres gens avec vous, alors que tout ce qui vous importe c'est de sauver votre petite peau comme si c'était la chose la plus importante de cette planète.
J'ai éclaté d'un rire sonore et lugubre, ma voix encore brisée, mais toujours moins que mon cœur :
- Elle méritait de sortir, elle le méritait !
Remington s'approcha un peu, tentant peut-être de me dire qu'il comprenait comment je me sentais, qu'il avait ressenti cette colère, et cette impuissance, mais je ne voulais rien entendre.
- Lyslas, tu sais-
Je lui ai craché, en découvrant mes dents, un sourire presque carnassier aux lèvres, les joues toujours trempées de larmes, probablement l'air d'une folle avec ma chevelure blême et hirsute, mes joues creusées striées de pleurs, mes cernes violettes :
- Quoi ? Justice est faite ? Tu as tué le tueur, tu es content maintenant ?
Il allait rétorqué que "non, bien sûr, que ce n'était pas ça", mais je lui aie encore coupé la parole :
- Et bien tu sais quoi, ton Léo ? Il est mort pour rien. Pour rien du tout. Toute sa souffrance ? Inutile, gratuite. Ton deuil ? vide de sens, absurde. Léo a été tué pour du vent, pour des larmes et une poignée de cendre, voilà ce que tu as gagné Remington ! Plus de sang, plus de larmes, plus de morts !
J'ai repoussé les autres mains, je me suis éloignée d'eux, qui étaient tous à court de mots devant ma colère, et ma violence, et ma rancœur, et la façon dont la placide, sensible, douce Lyslas recouverte d'hémoglobine posait ses yeux trop bleus sur eux avec haine et ressentiment pour leur audace d'avoir sauver leur vie :
Je leur ai tourné le dos pour sortir de la pièce tout en concluant :
- J'espère que le froid vous tuera tous.
Et j'ai claqué la porte de la salle de procès.
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