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Chapitre 5 (11)


Les robots revinrent le 16ème jour.

Je revenais du restaurant avec Cassiopée, il était environ 9h du matin, j'avais enfin réussis à prendre un petit-déjeuner correct depuis des semaines.

Quand les drones lâchèrent le corps d'Anoushka comme un pantin à quelques mètres de nous, j'ai sentis mon estomac se retourner et j'ai vomis tout ce que je venais de manger.

Je n'ai presque rien vu, rien regardé. Une main couverte de givre donc la peau exsangue bleuissait au bout des doigts, Une boucle blonde figée par du sang coagulé noircit. Un bout de tissu sombre déchiqueté qui s'agitait dans le vent comme un drapeau.

Monokuma était juste à côté, et annonça assez fort mais toujours aussi froid :

- Anoushka ne pourra pas être exécutée en public, voici donc son corps. Mes drones l'ont retrouvé ce matin à 3h au fond d'une crevasse.

Il ajouta lentement, presque comme s'il luttait contre quelque chose: 

- Il y en a beaucoup sur cette montagne, surtout à cette saison, elle a dû mourir sur le coup, sans douleur, la chute était très haute et sa nuque s'est brisée dès le premier choc. 

Puis il reprit soudain de son habituel ton creux et indifférent : 

- Fin de cette affaire. Vous avez de nouveau 3 mois de ressource alimentaire.

Tout s'était passé en un seul instant. Un moment j'allais presque mieux, et cela faisait plus de deux semaines que personne n'avait entendu parler d'Anoushka, inconsciemment je m'étais convaincue qu'elle avait réussis à s'enfuir, et puis le moment d'après la vision d'à peine une fraction de seconde que j'avais eu de son corps s'était ancré au fer rouge dans mon cerveau comme une cicatrice indélébile. 

Cassiopée m'avait détourné, comme protégé de la vision avec son corps. Elle tenta de m'éloigner de la scène, de me faire rentrer dans un chalet qui me servirait de bulle de sécurité. Mais c'était trop tard. Le danger dont elle voulait me protéger était déjà entré dans ma tête. Il n'y plus d'abri nul part quand l'horreur vit avec toi au cœur de ton sanctuaire. 

En quelques secondes Monokuma avait fait le tour de l'affaire, mais comment pouvais-je juste tourner la page de la même façon. C'était impossible. 

Je me suis à peine rendue compte que Cassiopée m'avait amené dans le chalet abandonné de Mike (l'endroit le plus proche qu'elle a trouvé pour m'abriter). Une fois la porte fermée, elle se précipita sur moi pour prendre mes mains et mon visage et me demander comment j'allais. 

J'ai pas compris pourquoi elle semblait aussi agitée avant de me souvenir que j'avais vidé mon estomac. Je n'avais même pas essuyé mon menton, je me sentais fébrile et j'ai vu en baissant les yeux que mes mains tremblaient. J'étais également probablement très pâle comme sur le point de m'évanouir. En tout cas, je me sentais sur le point de m'évanouir. 

Voyez-vous le problème à cet instant c'est que mes émotions et mes pensées étaient si concentrés, si denses, s'enchaînent si vite l'une après l'autre et de façons si intenses, que je ne pouvais plus les rattraper. J'étais en retard sur moi-même, je n'avais plus à traiter les informations. Et par conséquent, j'étais comme une machine qui tente désespérément de charger la page. Sauf que rien ne vient, et la page ne charge jamais et reste blanche et vide. 

À ce moment je vous parle avec le recul, car j'étais bien incapable d'exprimer la moindre pensée cohérente, rongée par l'horreur, le dégoût, le chagrin, la haine, le regret, la colère, la douleur que j'étais, et luttant pour comprendre une seule de ces émotions. 

Mais si je devais démêler un peu ce qui se passait sous mon crâne, je peux vous dire que 2 pensées m'obnubilaient plus que les autres : 

Si Anoushka n'avait pas pu s'enfuir, personne n'y arriverait. L'absence de mur ne rendaient pas moins cet endroit une prison. La plus cruelle de toutes. 

Et maintenant que cette réalité était actée dans l'esprit de chacun, et que nos deux éléments les plus asociaux du groupe avaient disparu, alors il ne restait comme issue qu'une horrible trahison. 

Peu importe qui craquerait en premier, la prochaine mort se ferait d'un poignard planté dans le dos d'un camarade, ce serait d'un ami à un autre, d'une personne de confiance à une personne faisant confiance. 

Je n'avais plus l'espoir que les morts cesseraient. Elles allaient continuer jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un où que nous nous lancions désespérément dans la forêt et la mort certaine qu'elle représentait. 

J'ai fini par me calmer et j'ai redressé les yeux vers Cassiopée. Je me suis alors demandée l'espace d'un moment si ça n'était pas mieux pour elle que je meurs maintenant. Mes réactions violentes ne faisaient qu'encore et encore l'inquiéter, encore et encore la blesser, je la tirais vers le bas.

N'était-ce pas un blasphème que de lui faire essuyer le vomi sur mes lèvres, à genoux sur un sol froid, l'inquiétude brillant dans ses yeux ? La dévotion devrait venir des autres pas d'elle. Pas de quelqu'un d'aussi parfait que Cassiopée. 

C'est probablement cette honte là qui me permit de me redresser, me reprendre. 

Pour tenir le choc, je me suis assénée mentalement que j'étais l'idiote. Anoushka avait trahi. Anoushka n'était pas celle que je croyais. Il fallait l'oublier. Où s'en souvenir comme d'une erreur. D'autres gens étaient morts. On meurt tous. C'est triste mais c'est comme ça. Fin de l'histoire.


D'autres étaient encore en vie, moi y compris. Il faut continuer de vivre jusqu'à sa mort. Si la mienne était de la main de Cassiopée alors ainsi serait-il. 

J'ai posé mon front sur l'épaule de Cassiopée et j'ai serré sa main qui tenait la mienne. 

- Merci Cassiopée. 


Elle parut un peu surprise, mais rassurée. Elle serra ma main en retour, prête à me répondre quelque chose comme "ce n'est rien" ou "c'est le moins que je puisse faire", mais je ne l'ai pas laissé faire, j'ai continué : 

- Je t'aime.


Cette fois elle ne dit rien, mais je l'ai entendu retenir son souffle. Alors j'ai terminé : 

- Pardon de t'avoir fait attendre. 


Un soupir de soulagement la traversa, elle redressa ma tête qu'elle prit en coupe, et plongea ses yeux émeraudes dans les miens. Je n'y lu que joie, soulagement, reconnaissance. 

Curieusement je ne me sentais pas bien, j'avais toujours et encore plus honte de moi. Je n'étais pas sûre d'un jour réussir à m'en débarrasser. 

Mais j'ai choisi de l'ignorer, comme le reste de mes peines et je me suis laissée aller. 

Nous fument alors soudainement interrompu, par l'ouverture brutale de la porte :

- Lyslas, Cassiopée ?! Oh mon dieu vous êtes là ! 


Remington était en sueur et à bout de souffle. Je me suis retournée et j'ai demandé : 

- Qu'est-ce qu'il y a ? 


J'ai vu un instant la surprise se peindre sur son visage, et j'ai compris très vite que c'était le ton de ma voix, creux, froid et lugubre, qui l'avait pris au dépourvu. 

Hum... C'est que Monokuma demande à vous voir, et il a dit que vous aviez 10 minutes pour vous présenter au chalet de spectacle avant que vous ne soyiez punies... ça fait déjà 7 minutes qu'on vous cherchait...On commençait à paniquer. 


- Qu'est-ce qu'il nous veut ? 



Encore une fois, ma voix semblait changée. Remington répondit : 

- Comme la fois d'avant où quelques-uns d'entre nous sont choisis pour un évènement mystère. Cette fois c'est Cassiopée, toi et Violaine. 


J'ai tourné la tête vers Cassiopée en la sentant se tendre. Il y avait soudain une lumière avide dans ses yeux. Elle tenta de me cacher son empressement mais il était parfaitement clair à mes yeux. 

- Aller viens, il nous reste 3 minutes, il faut qu'on se dépêche. 


Elle attrapa ma main, laça ses doigts aux miens et me tira en direction du chalet de spectacle. Elle avait les mains moites, je pouvais presque percevoir son pouls affolé. Peu importe ce qu'il nous montrait ou donnait là-bas, Cassiopée en mourrait d'envie. 

Dans la pièce, Violaine était déjà présente. 

Monokuma se tourna vers nous. 

- Lyslas, Cassiopée. Vous étiez presque en retard. 


- Mais nous sommes là. 


- En effet. 


Il s'adressa alors à Violaine et moi. 

- Cassiopée le sait déjà mais si je vous ai réunis ici c'est pour vous donner des nouvelles du monde extérieur. Un petit récapitulatif de ce qui s'est passé dans vos vraies vies qui vous attendent dehors. Attention il est absolument prohibé d'en parler à qui que ce soit. 


J'ai vu Violaine sursauter. Elle ouvrit la bouche dans la tentative de lui rétorquer une raillerie, ou une réplique amère, mais rien ne lui vint. Alors Monokuma continua : 

- Sur ce, vous allez patienter dans la salle de procès, jusqu'à ce que je vous appelle et vous montre votre récapitulatif. Nous allons commencer avec Cassiopée puisqu'elle a déjà eu un aperçu la dernière fois. 


J'avais du mal à comprendre l'enthousiasme que j'avais vu chez Cassiopée... Pourquoi voudrait-elle voir ce qui l'attendait. Son mari, sa vie isolée... 

J'ai repensé à ses mains moites, son cœur battant. J'ai jeté un coup d'œil dans sa direction. Elle se rongeait les ongles. Son envie était maintenant clairement mêlée de peur. J'ai repensé à ce qu'elle m'avait dit en me chantant ses berceuses... Un frère c'est vrai, elle m'avait parlé d'un frère. Peut-être avait-elle encore d'autres membres de sa famille dont elle ne m'avait pas parlé...

La porte de la salle souterraine de procès s'ouvrit. Je suis descendue avec Violaine dans l'obscurité.

Le silence était assourdissant. La salle nous attendait comme dans mon souvenir, mais si silencieuse et vide que c'en était perturbant. Comme un énorme monstre endormi. 

Violaine rompit le silence et dissipa l'illusion. 

- Ça va aller Lyslas ? 


Je lui ai jeté un regard un peu surpris. Elle enchaîna comme pour se justifier : 

- On s'inquiète tous pour toi avec ce qui s'est passé. N'hésite pas à nous demander notre soutien.  


Je l'ai simplement remercié. Le soutien des autres ne pourrait malheureusement rien faire pour moi. Mes problèmes ne pouvaient pas être réglés de l'extérieur. 

Le silence retomba, mais visiblement elle ne le supportait pas. Elle me dit dans un souffle, comme si elle était intimidée : 

- J'espère voir mon frère. 


C'est vrai que je me souvenais qu'elle l'avait évoqué quelques fois. Celui pour lequel elle avait tué et était allée en prison. 

- C'est mon jumeau, mais il est né avant moi. C'est mon total opposé. 


L'espace d'un instant j'ai été agacé qu'elle me confie sa vie ainsi, je ne voulais rien en savoir. Et puis finalement... finalement ses mots vinrent apaiser une partie de moi enfouie qui voulait encore se lier aux autres, en apprendre sur eux. 

- Comment s'appelle-t-il ? 


- Otto. Comme le peintre. 


- le peintre ? Otto Dix peut-être... C'était une drôle de référence. 

- Il a toujours été ridiculement grand. Et ridiculement maigre aussi. Une tige. Il ne sait pas du tout se battre et pourtant il n'hésite jamais à provoquer les pires personnes. Il croit dur comme fer à ses valeurs et pourtant ne jugent jamais celle des autres. Parfois c'est extrêmement contrariant, ça me donnait l'impression qu'il me méprisait, on s'est souvent disputé à cause de ça. Enfin c'est plutôt qui me disputait avec lui. Lui il est toujours imperturbable. 


Elle rit doucement : 

- Un aimant à problème, on dirait qu'il ne peut pas s'empêcher d'attirer l'attention des pires individus. Il se faisait souvent harceler à cause de ça. 


Je me souvenais de son histoire. 

- C'est à cause de lui que tu es allée en prison. 


Elle se tut un moment, happée par les souvenirs. 

- Non... Ce n'est pas de sa faute. 


Je ne répondis rien à cela. Elle reprit alors : 

- Je sais que quand j'étais en prison, pour m'aider il a participé à des émissions débiles de culture générale. Il a beaucoup gagné. Il a toujours aimé en savoir plus que les autres. Tout le monde le pense humble, mais moi je sais qu'au fond il est un peu arrogant. Oh adorable ça oui, mais aussi un peu arrogant. Je suppose qu'à force d'être méprisé en permanence il a appris à mépriser encore mieux, d'une façon encore plus cruelle vu qu'elle pleine de douceur et de préoccupation.


Elle se tut à nouveau. Je n'avais rien à lui répondre, même si j'étais au fond de moi, heureuse d'en savoir plus. 

- Et toi ? ... Est-ce que tu as des frères et sœurs ? 


- Non. 


- ...alors, des amis proches peut-être ?


J'ai cherché mais non. Mes rapports les plus amicaux avec les clients les plus réguliers ne pouvaient pas réellement être qualifiés d'amis. Mon ultime me vient de ma polyvalence et de la qualité de mes fabrications, mais aussi du service que je propose. Chaque pièce est personnalisée, chaque client peut disposer d'un suivi précis des étapes, accompagné de mes commentaires. Il était fréquent que je converse avec eux pour m'assurer de la qualité de mon service. 

Madame Ishizaki, monsieur Shào, Monsieur Richecoeur, Madame Zayteva, et bien d'autres. 

Mais pas d'amis, juste des clients. 



Mes quelques amis d'enfance avaient depuis longtemps disparu. 

- Non. 


Violaine n'osa pas tout de suite continuer, mais finalement la curiosité l'emporta : 

- Et tes parents ? 


J'ai haussé les paroles. 

- Divorcés. Je vivais avec mon père, mais on ne se parlait jamais. 


Elle parut désolée. Je ne voulais pas de la pitié que je voyais dans ses yeux. Je vis très bien seule, ça ne m'a jamais posé de soucis, et peut-être aurais-je dû le rester encore. 

https://youtu.be/oZ-SPYCMgRg

(coucou, juste pour infos, je le fais pas souvent, mais cette musique est relativement bien timé pour la fin de ce chapitre et je trouve que ça rajoute un truc, alors voilà, sinon pas grave).

Soudain un bruit de porte nous interrompit. Cassiopée entra timidement dans la pièce. Elle avait l'air abattue, terrassée de fatigue et de lassitude quand elle souffla : 

- À toi Violaine. 


Celle-ci se raidit, inspira profondément et sortit remplacer la coiffeuse. Celle-ci s'approcha de moi. Tout son corps traduisait douleur et tristesse. L'enthousiasme s'était envolé. 

- Alors ? 


- Je n'ai pas vu ce que je voulais. 


J'ai tenté autant que possible d'adoucir ma voix, malgré ma tendance à la durcir au fur et à mesure que je tentais de contenir ma peine. 

- Et qu'est-ce que tu as vu à la place ? 


Elle baissa les yeux et ouvrit la bouche, prenant du temps pour formuler :

- Tu sais que je n'ai pas le droit d'en parler... 


j'ai changé ma question : 

- Qu'aurais-tu voulu y voir ? 


- Une... une amélioration... de ce que j'ai laissé derrière moi. Mais... ce n'est pas... Je n'ai pas vu ce que je voulais... La dernière fois... La dernière fois j'avais eu un peu d'espoir. Ce que j'avais vu m'avait donné envie d'en voir plus. 


J'ai doucement pris sa main sans ajouter un mot. J'avais compris que mes mots sonnaient souvent creux de toute façon, le seul réconfort que je pouvais apporter ne passait pas mes phrases maladroites. 

J'ai repensé à mes interrogations de plus tôt, et j'ai finis par lui demander : 

- Et, tu m'as dit que tu avais un frère ? 


- Ah... oui, mais... Je ne lui parle plus. Je me suis détachée de ma famille après mon mariage. 


- Si vous vous entendiez bien, peut-être que vous pourrez renouer un lien ? 


Un éclat de douleur illumina son regard. 

- Je-je ne crois pas que ça pourra être possible...


j'avais envie de lui poser plus de questions, mais je me suis souvenue du dé-confort que m'avaient procuré les questions indiscrètes de Violaine et j'ai renoncé à l'idée. 

Les 2 prochaines minutes passèrent en silence, et puis enfin Violaine revint, pâle comme un fantôme, le regard hanté d'inquiétude. 

- À toi Lyslas...


je craignais le pire. Quels genres de montage nous montrait-il pour ronger les restes de notre détermination s'écroulant déjà un peu plus chaque jour ? 

Le fond de la scène était devenu un écran de cinéma. La pièce était plongée dans une semi-pénombre, et Monokuma attendait sur le coin de la salle, aussi imperturbable que jamais. 

- Assis-toi là où tu veux Lyslas. 


Je me suis avancée dans l'allée entre les deux rangées de sièges. 

- Tu peux aussi rester debout bien sûr. 


Voyant que je ne m'asseyais pas, les yeux rivés sur l'écran blanc, il lança une vidéo. 

La première image, que je reconnu tout de suite, fut mon atelier. Dans le coin supérieur gauche, s'afficha une indication, une date. 3 semaines après mon arrivée ici. 

Au centre, il y avait une silhouette.

La silhouette était un homme, un peu courbé, une veste élimée sur le dos. Son visage était trop ridé, pour un homme de son âge, creusé par les soucis fréquents. Je le savais car cet homme était mon père. 

Il se balada dans la pièce, posant son regard sur le bric à brac d'objet, d'outil, de bois, de cordes, et d'archets. Il passa sa main sur le bureau usé, le regard hanté par les regrets. Il avait l'air épuisé. Mon bureau me paraissait si vide sans son activité habituelle pour l'habiter. 

Il s'assit lentement sur la chaise, posa son front sur le bois et resta immobile. Au bout d'un moment ses épaules s'agitèrent de façon presque imperceptible. J'ai compris qu'il pleurait. 

L'écran se brouilla, mais se recomposa, toujours sur mon bureau, cette fois remplie de carton. La date en haut à gauche indiquait 3 mois après ma disparition. 

L'endroit changea encore, pour venir me montrer le salon, dans lequel je m'étais toujours contenté de circuler. Lui aussi plein de cartons à moitié vidé. Mon père, absent de la scène, avait probablement décidé de déménager. 

L'écran se brouilla à nouveau pour cette fois-ci me montrer un jardin. La caméra bougea pour montrer le dessous d'un arbre, et une pierre planté dans le sol. J'ai compris de quoi il s'agissait, mais seulement au bout de quelques secondes. Une pierre tombale. 

Devant la tombe, une silhouette, féminine cette fois. Un tailleur noir, je la voyais de dos mais je savais que les longs cheveux gris qui balayaient son dos l'était depuis bien trop longtemps pour son âge, j'avais les mêmes. C'était ma mère après tout. 

La caméra s'approcha un peu, mais dans un angle étrange. Probablement pour prendre ces images sans que personne ne le remarque. 

Ma tombe peut-être. 

L'indication en haut à gauche indiquait hier même. 

M'avait-ton déjà considéré morte ? Étais-ce que voulais me montrer Monokuma ? 

Mais en montrant l'inscription de la tombe, ça n'était pas mon nom qui était inscrit dessus.

Ernest Bloom. 

Mon père. Mon père était mort. Ma mère venait visiter sa tombe. La première fois qu'elle venait le voir depuis presque plus de 10 ans. 

J'ai enregistré l'information presque de façon neutre, machinale. Des faits. Des faits. Des faits. Tout n'est que faits face auxquels je n'étais qu'impuissance. 

Soudain le son s'activa. La voix de ma mère, que je n'avais pas entendu depuis mes 9 ans, retentit dans la salle. Un murmure amplifié pour qu'on entende chacune des vibrations de sa voix : 

- Lâche.


Sa voix tremblait d'émotions. Je n'aurais pas pas pu dire si c'était la haine ou la tristesse. Probablement les deux. 

- Tu as préféré mourir plutôt que d'assumer les conséquences. 


Elle serra les poings le long de son corps. 

- Quand c'est moi qui la perds je suis une mère indigne et tu me l'arraches, et quand c'est toi, quoi ? Un père si aimant qu'il en meurt de chagrin. 


Elle était toujours de dos, je ne pouvais pas voir son visage, dont je ne me souvenais presque plus, mais j'ai entendu un reniflement. 

- Tu l'as brisé, c'est de faute si elle ne sortait plus, si elle travaillait comme une machine, je l'aurais soigné moi. J'aurais été une meilleure mère, j'aurais rattrapé mon erreur. J'ai retrouvé du travail, j'ai corrigé mes habitudes, j'ai fait tout ce qu'il fallait, mais tu as tout fait pour m'empêcher de la voir. Tu m'as volé mon bébé. 


Je ne voulais pas en entendre plus. Chacun de ses mots était un coup de bêches qui venait déterrer mes secrets et mes souvenirs enfouis sous une terre dure et glacée, au milieu d'une forêt en Allemagne. Et puis elle avait tort. 

J'aurais voulu lui dire : mon père a tout fait, il a tout essayé, il voulait que je reparte sur de nouvelles bases, que j'oublie le passé, il m'a inscrit dans tous les cours de danse, de dessin, de chant, de sport, qu'il a pu trouvé, il m'a emmené au parc, il m'a construit une cabane dans le jardin, un maison de poupée immense, un bureau incroyable, il a appris des centaines de recettes pour trouver mes préférés, il m'a montré tous les films que je voulais, il a tout fait, il ne m'a pas brisé, je me suis brisée seule, j'ai repoussé tout, j'ai refusé tout, c'est de ma faute, seulement ma faute, je suis la seule responsable. Ingrate du début à la fin. Ingrate, ingrate, ingrate. 

Elle cracha, d'une voix étouffée : 

- Tu as brisé notre famille. 


Soudain j'ai réalisé que je ne respirais plus. Je ne pouvais pas. J'avais envie de lui hurler : C'est moi qui l'ai brisé. C'est moi qui nous ait déchiré. Si j'avais guéris, si j'avais arrêté de m'enfermer de plus en plus, de rejeter le monde entier, il aurait accepté ton retour, tout aurait pu être réparé. Mais je suis restée comme une plaie ouverte qui ne se referme pas. Qui reste à vif. À jamais. 

- Maintenant elle est morte. Cette fois elle ne reviendra pas. Toi non plus. 


L'écran s'éteint brutalement, nous laissant dans le noir. Seul l'œil rouge de Monokuma produisait encore sa pâle lumière sanglante, se fixant sur moi un long moment comme la vérité venue me juger en silence, me hanter jusqu'au bout. 

La lumière de la pièce revint. Et Monokuma se détourna pour venir ouvrir la porte de la salle de procès. Il lança à l'intention de Violaine et Cassiopée : 

- Vous pouvez revenir. C'est fini. 


Et en effet. C'était fini.

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