Chapitre 38
"Il n'y a pas de fin. Il n'y a pas de début. Il n'y a que la passion infinie de la vie." - Federico Fellini
Je mâchouille la pointe de mon feutre surligneur en me penchant d'avantage sur le bouquin posé sur mes genoux. Je m'applique à mettre en lumière les idées principales avancées par Karl Marx dans Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, dans lequel il affirme que la religion est "l'Opium du peuple", qu'elle est là dans la misère et que si on venait à supprimer toute misère, alors il n'y aurait plus de religions.
Tous ses ouvrages que j'ai pu étudier jusqu'ici sont aussi crus et d'avis tranché, mais pour un économiste, il garde une jolie façon d'écrire et d'exposer les choses. Je trouve cela fou qu'il soit un homme du 19ème siècle mais qu'il arrive tout de même à décrire avec une exactitude effrayante la société basée sur une structure capitaliste dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Société qui fut notamment la cause du Krash boursier de 1929 et plus récemment de la crise des subprimes s'étant déclenchée fin 2006.
Faudrait-il alors révolutionner la société? Faudrait-il faire place au communisme? Si dans ses fondements le communisme part de ce que l'on pourrait appeler un bon sentiment, l'égalité pour tous, il n'empêche que dans l'Histoire, "communisme" rime presque systématiquement avec "dictature", c'est, ou ce fut notamment le cas à Cuba, en URSS, en Corée-du-Nord, pour ne citer qu'eux. La société qui se réclamait égale en tous points, se retrouve finalement séparée en au moins deux catégories, les prolétaires et ceux de la classe dominante. Il suffit de voir le patrimoine estimé à plusieurs millions de dollars de Fidel Castro qui se désignait comme homme du peuple, mais achetait pourtant des yachts pendant que sa population crevait de faim et s'exilait vers les côtes de la Floride au péril de leurs vies. A titre d'exemple, un médecin cubain gagne 50 dollars par mois.
J'aime beaucoup l'université et ses cours. Ce n'est pas comme au lycée, les profs poussent leurs recherches et cela se sent bien qu'ils sont spécialistes en leur matière. Je n'y vais que depuis deux semaines mais j'ai le sentiment d'avoir découvert plus de choses que dans mes quatre années de lycée regroupées.
J'ai fini tôt aujourd'hui et pour l'instant il n'est que 15 heures, j'ai donc tout le temps de réviser pour mes partiels de demain dans cette chambre calme, même si le bruit ronronnant de l'air conditionné est agaçant à la longue.
Mon portable se met à vibrer sur la petite table me servant de bureau et je m'empresse de l'attraper. Je pousse néanmoins un soupire en découvrant mon correspondant qui n'est autre que Charles.
— Allô? Je décroche à contrecœur.
— Hey, salut, tu vas bien?
— Ouais, je travaille et toi?
— Mais quel sérieux! Il rit doucement. Il y a une fête ce soir chez Nicolas, tu y seras?
— Non... je soupire, tu sais bien que non.
— S'il-te-plaît, s'il-te-plaît, il insiste, c'est la soirée de l'année, tu ne peux pas te permettre de la rater! Il faut que tu t'amuses. C'est déjà pas très fun de passer tes journées à l'hôpital alors rater cette fête ce serait vraiment trop.
Mon souffle se coupe, pas de stupéfaction parce que Charles n'a jamais été compréhensif et que c'est juste un mec super lourd et égotiste mais il pourrait au moins faire semblant d'avoir des émotions. Je ne sais pas quoi lui répondre. En fait si, je sais très bien quoi lui dire puisqu'il s'agit presque d'une formule magique pour moi.
— Vieux con! Je crache sèchement.
— Pardon, il s'excuse, ce n'est pas ce que je voulais dire... enfin tu vois, c'est pour ton bien que je te dis tout ça... tu t'empêches de vivre parce que tu veux garder l'espoir mais tu gâches juste ton temps... ta présence à l'hôpital n'est pas nécessaire... J...
Je n'entends pas la fin de son discours, j'ai écarté vigoureusement mon téléphone de mon oreille et l'ai lâché bruyamment contre la table. Je déteste Charles et tous ceux qui n'ont pas d'espoir. Je me mets à cogner frénétiquement mon pied contre le sol et ma gorge se noue. Le doute et la peur se manifestent une fois de plus, ils me hantent et j'ai beau tenter de me délester de leur poids, au fond, quelque part dans mon cerveau ou dans mon âme, je sais qu'ils sont là, à attendre que je craque une fois de plus.
Je laisse un temps Karl Marx et sa philosophie matérialiste de côté et pose ma tête contre la table. Je ferme les yeux et m'apaise progressivement.
Après une quinzaine de minutes, je me lève sous l'optique d'aller m'acheter quelque chose à grignoter dans un distributeur, mais l'horreur que je découvre me stoppe net et me glace le sang.
Une mare orangée a émergé sur ma basket jaune. Je me frappe la tête en essayant de comprendre son origine et finis par maudire Charles de m'avoir téléphoné alors que je n'avais pas rebouché le capuchon de mon surligneur, il a dû tomber et se dégorger de son encre sur Géraldine Van, le côté droit de mes Vans Old Skool Jaunes. Je me baisse pour savoir s'il est encore temps pour moi de réparer la casse mais je dois bien me rendre à l'évidence, Géraldine est mal en point et devra certainement passer par la case machine à laver dès que je rentrerai à la maison... ce qui signifie que jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau sèche je serai contrainte à porter autre chose que mes Vans jaunes cultes.
Je m'extirpe de la chambre n'ayant pas l'air très futée avec une tâche orange sur ma chaussure et sors du distributeur un paquet de cookies. En retournant dans la chambre, je constate que mon portable sonne encore et cette fois ce n'est pas Charles, heureusement, il s'agit d'Austin.
— Salut Austin! Je décroche en souriant.
— Salut Jen! Comment ça va?
— Hum... je me pince la joue, ça va... son état est stable.
— Ok... il lâche un long soupire. Les médecins en disent quoi?
— Je n'en sais pas vraiment plus que la dernière fois, eux non plus je crois, ou peut-être qu'ils ne veulent rien me dire. Tu viens quand? Je l'interroge en m'asseyant au bout du lit.
— Ce weekend, je viendrai avec Brandy, pourquoi cette question?
— Peut-être que les médecins t'en diront plus qu'à moi, tu es son frère.
— Et la vraie raison? Il s'éclaircit la voix.
— Qu'est-ce que tu veux dire par-là? J'hésite.
— Jen... tu ne me la feras pas à moi.
— Très bien... je ne sais plus quoi lui raconter. Je n'arrive plus à lui parler. Je croyais bêtement qu'il se réveillerait une fois que j'aurais achevé la lecture de mon journal intime, le jour de son anniversaire... je ne sais pas, ça aurait été vraiment magique qu'aux derniers mots il ouvre les yeux. Mais ça fait une semaine que j'ai fini de le lire... je lui ai raconté pour mon opération, je lui ai dit qu'il me manque mais toujours rien...
— Jen... ce n'est pas de sa faute.
— Je sais mais Austin... j'ai l'impression de le perdre petit-à-petit. J'ai l'impression que l'on fait fausse route, tes parents ont raison... on est juste en train de faire de l'acharnement thérapeutique. Et si il veut juste partir? Et si on le faisait souffrir d'avantage en n'abrégeant pas ses souffrances?
— Jen... s'il-te-plaît, ne perds pas ton espoir. Mes parents croient que c'est de l'acharnement thérapeutique parce que c'est dur pour eux de rester dans le suspens, ils voient l'ombre mais pas la clarté. Miles n'est pas mort, tout n'est pas fini. Miles... il voudrait toujours vivre, il veut toujours vivre et il voudrait que l'on soit assez fort pour le soutenir durant tout le temps dont il a besoin, parce que Jen, si les rôles étaient inversés, tu sais très bien que jamais il ne permettrait à qui que ce soit de te débrancher...
— Ça durera encore combien de temps? Je demande la voix fébrile.
— Personne ne le sait... Jen... sors, ne reste pas enfermée à l'hôpital, il ne t'en voudra jamais si tu n'es pas présente à son réveil...
Je décolle lentement le téléphone de mon oreille et me retourne vers mon meilleur ami. Un soupire s'évade de mes lèvres et mes yeux ne peuvent se retenir de me piquer, je sers sa main dans la mienne sans même m'attendre à avoir un retour de sa part et c'est comme ça depuis plus de six mois. Six mois qu'il n'a pas dit un mot, six mois qu'il n'a pas fait un geste, six mois qu'il n'a pas vu la lumière, six mois qu'il me manque un bout de moi-même.
Je pousse légèrement sa jambe afin de m'enfoncer d'avantage sur son lit d'hôpital. Mes pieds se décollent du sol et j'ôte Géraldine et Diane Van qui viennent s'échouer sur le sol. Mes petits pieds recouverts de mes chaussettes à pois rouges ont soudain froid mais ce n'est pas grave, je n'ai pas le droit de monter sur son lit et encore moins avec mes chaussures, mais je le fais souvent en chaussettes parce que j'ai l'impression qu'il peut m'entendre...
Je me colle docilement contre son torse, d'ici je peux sentir son cœur battre et ça me fait du bien, ça me rassure et ça suffit à raviver en moi une lueur d'espoir, même si cette lueur diminue au fil du temps.
Je ne sais plus vraiment comment a-t-il pu se retrouver dans un tel état, enfin si, j'ai quelques flashs, quelques sensations et quelques bruits qui me reviennent en tête... et quand il reviennent je me remplis de trouille.
Miles m'a emmené dans un road-trip, j'étais supposée me faire opérer du cœur le mardi 9, on devait me placer un pacemaker, et il tenait à tout prix à ce que nous le fassions avant mon opération. Face à son insistance, j'ai accepté, nous sommes partis le mardi 2 Mai dans la soirée direction San Francisco, voir le cercueil d'une fresque murale de Banksy, mon artiste préféré.
Sur le chemin de l'allé, nous nous sommes arrêtés un peu hasardeusement dans une petite ville appelée Klamath Falls. Ni Miles ni moi ne la connaissions, mais, il y avait dans cette petite ville à la frontière de la Californie un lac qui était somptueux à la clarté de la Lune. J'ai vraiment trouvé cet endroit magique, j'étais avec Miles alors la magie était forcément renforcée.
Le reste de notre périple fut un franc succès, Miles s'est bien occupé de moi comme il l'a pratiquement toujours fait et c'est peut-être à cause de l'éloignement de notre foyer, du fait que nous soyons livrés à nous-mêmes, mais je me sentais réellement libre. Libre d'être celle que je veux être et libre d'être tombée d'une façon ou d'une autre sous le charme de Miles. Il est vraiment beau, ses yeux verts en font craquer plus d'une et je ne savais pas que j'en faisais partie. J'ai toujours trouvé cela bizarre quand des filles me disaient à quel point il est beau parce que pour moi, Miles c'est mon Milou, celui qui avait des grosses joues et à qui ça arrivait de bouffer ses crottes de nez.
Je crois que c'est sa personnalité que j'aime tant. C'est vrai, il est toujours joyeux et plein d'initiatives. Il est drôle sans être lourd et puis il peut très bien être sérieux. Il tient systématiquement ses promesses. Et même si parfois il fait preuve de maladresse dans ses mots ou dans ses insinuations, même si ça m'ait arrivé de le détester, de vouloir qu'il crève ça ne durait jamais très longtemps. Tout était tellement naturel et pas forcé entre nous que nous revenions systématiquement l'un vers l'autre.
Non, le seul réel problème avec Miles, celui qui me blessait malgré mes sourires et mes encouragements, c'est qu'il ne me voyait pas. Non qu'il soit aveugle ou encore mal-voyant, ni myope, ni presbyte, mais il ne me voyait pas comme je le voyais. Il ne voyait pas que j'étais amoureuse de lui.
Enfin, lors de notre road-trip, il me portait tellement d'attention, il me prenait dans ses bras et... je ne sais pas, j'aurais aimé que les choses restent telles quelles pour toujours. Sans filles qui mobilisent ses bras si ce n'est moi... J'ai voulu lui dire ce que je ressentais vraiment pour lui mais j'avais tellement peur, je ne voulais pas qu'un froid s'installe entre nous puisqu'il ne ressent pas la même chose que moi et encore moins qu'il se force pour me faire plaisir.
Je m'étais déjà confiée à Derek sur le sujet, il est le seul au courant, enfin si on ne compte pas mon Cher journal. Il m'avait répondu honnêtement que Miles n'a jamais cru à l'amour et que de ce fait les chances que Miles ressente quelque chose pour moi étaient carrément nulles et je ne suis pas bête, je m'en doutais, je m'en doute, je ne suis pas son genre, je suis juste Jen, Jenny deux couettes avec qui il a grandit et qui porte toujours le même parfum au kiwi que quand elle était petite.
Sur le chemin du retour vers Corvallis, je lui ai demandé de s'arrêter de nouveau à Klamath Falls, je voulais voir le lac avant d'être clouée dans un lit durant plusieurs semaines. Il a accepté, non sans peine et nous nous sommes une fois de plus aventurés sur le sentier rocailleux menant au lac alors que la voiture sautillait presque.
J'étais tellement surexcitée à l'idée de retrouver de lac que j'ai laissé ma folie m'avoir et n'en ayant que faire de ma maladie je me suis élancée à toute vitesse à travers bois en direction du lac. Une fois sur la rive, je n'étais même pas essoufflée c'était comme si on m'avait toujours menti et qu'en réalité je ne suis pas malade. Je me suis mise en sous-vêtements à toute vitesse, même si je me doutais que Miles ferait certainement une réflexion sur mon tanga, qui comme il l'a dit n'est pas pour le genre de filles auquel j'appartiens, parce que selon lui nos sous-vêtements sont le miroir de notre personnalité. Oui, je suis consciente d'être tombée amoureuse d'un vieux con, mais bon...
Toute ma folie et mon courage se sont envolés quand l'eau dépassait déjà mon nombril. Je ne pouvais pas respirer, mon cœur battait vite et mes tympans se sont mis à siffler. J'entendais à peine qu'on criait mon nom. J'avais l'impression d'être la Terre en plein film apocalyptique, j'avais l'impression que j'allais vraiment mourir juste sous les yeux de Miles.
J'ai senti des bras m'encercler et j'ai cru qu'un ange m'emportait au ciel. J'ai finalement compris qu'il s'agissait de Miles quand il me répétait de me calmer de visualiser un papillon volant au ralenti mais ça me semblait impossible. J'ai essayé de me calmer mais je n'y arrivais pas, la peur se mélangeait à l'essoufflement. Je n'avais pas peur de mourir, j'avais peur de mourir devant Miles, de le laisser seul pour toujours sans lui avoir révélé mes sentiments. Mais je n'arrivais pas à trouver le calme.
Et puis il a posé ses lèvres sur les miennes et je ne sais pas par quel moyen du ciel, ce baiser a réussi à faire diminuer mon rythme cardiaque, la chaleur de notre échange avait suffit pour que j'arrête de grelotter. Miles m'embrassait, ce n'était pas notre premier baiser mais il avait un goût merveilleux. Il caressait même le bas de mon dos et je me laissais aller, mon ventre était rempli de papillons, je frissonnais et j'avais peur qu'il remarque quelque chose mais il m'a donné un baiser magique qui m'a sauvé la vie.
J'ai bêtement cru qu'il m'avait embrassé pour d'autres raisons que pour ma pré-crise-cardiaque, j'ai cru qu'il me voyait comme je le voyais lui et comme je voulais qu'il me voit. C'est pour cette raison que j'ai posé mes lèvres sur les siennes après que nous nous soyons décollés. Il ne m'a pas rendu ce baiser alors je suis simplement retournée sur la rive faisant mine de ne pas être blessée.
Je ne l'étais pas en réalité, blessée, parce que j'avais failli mourir et qu'il venait certainement de me sauver la vie d'une part, mais aussi parce que ce moment se propulse à la tête des meilleurs moments de ma vie. J'ai adoré ce baiser, j'ai adoré les sensations qu'il m'a fait ressentir, je l'aimais encore plus.
J'étais tellement heureuse, comme un enfant à Disney Land, je devais faire preuve d'un immense self-control pour ne pas sourire, mais j'en avais vraiment envie.
Et comme à chaque fois que je veux me confier sur quelque chose que Miles n'est pas en mesure d'entendre, j'ai pris mon Cher journal et je me suis mise à lui raconter les récents événements alors que nous avions déjà repris la route. J'avais allumé la lumière de la voiture mais Miles était curieux de savoir ce que je pouvais bien raconter dans mon journal bleu recouvert des patchworks multicolores. Je me souviens qu'il voulait que je le lui donne mais je lui ai répondu mot pour mot :
— Dans tes rêves.
Ce sont les derniers mots que j'ai pu lui dire avant que la voiture de son père qu'il conduisait ne divague vers un camion de marchandise qui roulait à notre droite. Je sentais le choc arriver, je savais qu'à la vue de notre position, c'était moi qui prendrait le choc de plein fouet. Mais Miles... je ne sais pas trop, je crois que quand il a saisi la situation, il s'est redressé immédiatement et qu'il a tourné violemment le volant vers la gauche. Dans un bruit monstre nous nous sommes écrasés contre la séparation de voies d'autoroute et c'est lui qui a pris le choc de plein fouet.
Après tout est devenu flou, j'ai entrevu des chaussures, des flammes, entendu des voix au loin, elles demandaient si nous étions encore conscients. J'ai toussé, parce qu'il y avait de la fumée et j'attendais que Miles fasse lui aussi du bruit ou alors un geste. Mais il n'y avait que du silence. J'ai tourné la tête vers lui, je voyais du sang alors que sa tête était appuyée contre la vitre, fissurée par le choc.
Après quoi ce fut un trou noir complet.
Quand j'ai ouvert les yeux la fois d'après, je me trouvais dans un hôpital et je ne croyais pas le connaître. Je n'étais pas à celui de Corvallis, ni à celui de l'Albany. Il m'a fallu plusieurs minutes avant de me rappeler comment avais-je atterri ici. J'étais tellement surprise d'être en vie. Mon cœur avait survécu à ça? Je n'avais aucun doute, Miles m'avait sauvé la vie une deuxième fois à moins d'une heure d'intervalle. La seule pensée de son nom a réveillé une peur chez moi.
Je voulais crier, appeler quelqu'un et puis je me suis dit qu'il devait bien il y avoir un bouton d'appel d'urgence sur ce lit. J'ai observé autour de moi et j'ai remarqué une télécommande. A force de passer ma vie dans des hôpitaux je peux affirmer qu'il s'agissait de la télécommande réglant l'inclinaison du lit, je me suis dit qu'il y avait peut-être un bouton d'appel d'urgence dessus. Elle était à ma gauche, alors j'ai essayé de tendre mon bras, mais rien à faire il me faisait un mal de chien un peu comme si... je venais de me faire opérer du cœur.
Je me suis mise à pleurer, je crois à cause des antidouleurs et des sédatifs. Une heure plus tard une infirmière est venue dans ma chambre, elle était heureuse de me voir éveillée et je ne lui ai même pas demandé dans qu'elle ville est-ce que nous étions, je voulais juste savoir où était Miles. Elle a éludé ma question avant de me demander si je souhaitais la télécommande, je lui ai dit non et elle est rapidement sortie de ma chambre.
A peine vingts minutes plus tard mes parents sont arrivés avec Tommy et Clyde. J'étais tellement contente de les voir, mais je cherchais Miles dans tout ce monde et il manquait tragiquement à l'appel.
Ma maman l'a compris et elle m'a raconté. Elle m'a dit que Miles et moi avons eu un accident de la route, un accident grave et que nous avions tous les deux perdus du sang, Miles bien plus que moi. Je l'écoutais attentivement et mes yeux s'embrumaient de larmes, elles me disait que trois jours sont passés depuis l'accident, elle peinait à trouver ses mots alors je lui ai demandé très sérieusement :
— Miles est mort?
Elle a hoché négativement la tête alors une pression s'est échappée de mes entrailles. Mais je voyais bien qu'elle gardait le silence, que quelque chose clochait. Des tonnes de scénarios me sont montés en tête et je ne voulais qu'aucun d'eux ne soit vrai. Je ne voulais pas que Miles souffre...
— Il n'est pas mort... mais il est mal au point, très mal au point, elle avait fini par dire.
— A quel point?
J'essayais de ne pas pleurer, parce que Tommy et Clyde étaient inquiets mais j'avais du mal.
— Il est dans le coma Jen... elle a murmuré.
Je crois que je me suis évanouie après ça. Quand je me suis réveillée ma famille était toujours là, il y avait même Derek et Aurore. Mais j'avais toujours mal dans ma poitrine et je voulais voir Miles, plus que tout.
— S'il-te-plaît papa, je répétais, il faut que je le vois, il faut que je le vois, j'ai besoin de le voir.
— Je suis désolé ma chérie, il secouait tristement la tête.
— Pourquoi? Pourquoi j'ai pris trois jours pour me réveiller? Pourquoi j'ai mal dans ma poitrine? J'ai demandé en me rendant compte que je ne savais pas grand chose quant à mon état.
— On... mon père s'est raclé la gorge. On t'a greffé un nouveau cœur.
— Un nouveau quoi? Je me suis offusquée. Non, non, non, non...
Je n'ai jamais voulu me faire greffer un nouveau cœur, je n'ai jamais voulu me sentir responsable de la mort de quelqu'un. Mes parents l'ont toujours su et même si l'hôpital nous a, à de multiples reprises appelé en urgence parce qu'un cœur potentiellement compatible avec moi était "disponible", j'ai toujours refusé.
— Je préférais mourir que de vivre avec un cœur étranger... j'ai crié.
Clyde et Tommy se sont automatiquement mis à pleurer et j'ai immédiatement regretté mes mots. Je me suis excusée plusieurs fois mais je pensais tout de même ce que je disais, je me sens mal à l'aise de vivre avec le cœur de quelqu'un d'autre... tout ça parce que mon cœur était malade.
Mes parents ont fini par s'en aller et seuls Derek et Aurore sont restés. Eux qui sont restés en retrait tout ce temps se sont levés et sont venus à mes côtés. Derek jouait dans mes cheveux ou essayait de dessiner un sourire sur ma bouche mais rien à faire, j'étais triste.
— Derek, tu peux me répondre honnêtement?
— Si tu veux, il a hoché la tête restant à l'affut de ma question.
— Tu crois que Miles va mourir?
— Non, il est fort, il t'a promis d'être toujours là pour toi, non? Il m'a sourit.
J'ai hoché la tête, pas vraiment satisfaite de sa réponse, il ment mal et il venait tout juste de me mentir. J'ai détourné mon regard vers Aurore qui me souriait avec ses jolis cheveux bleus.
— Vous croyez comme moi que j'ai volé la vie de mon donneur d'organe? Je leur ai demandé.
Ils se sont empressés de secouer la tête et Aurore a ajouté.
— Si tu as eu ce cœur c'est parce que ton donateur est mort d'une mort cérébrale et que comme ce n'est pas un con égoïste, il a accepté de donner ses organes pour sauver des vies. Mais Jen, c'est ton cœur.
— Tu pourras faire des recherches s'il-te-plaît? Tu pourras trouver son nom?
Derek n'était définitivement pas emballé par l'idée, il secouait la tête et demandait silencieusement à Aurore de ne pas céder à ma requête. Mais Aurore est ma pote, pas la sienne, alors elle n'en a que faire de l'avis de Derek. Elle hoche la tête et je lui offre un grand sourire.
C'est comme ça que j'ai appris que mon cœur appartenait à une fille de mon âge. J'ai hésité avant d'ouvrir mes yeux face à la photo d'elle qu'Aurore m'avait tendue. Elle était magnifique, elle était tellement parfaite, Aurore m'a dit qu'elle me ressemblait beaucoup, mais c'est juste parce qu'elle avait des cheveux blonds et des yeux verts. Sur la photo elle paraissait tellement heureuse et pleine de vie, elle est entourée de deux personnes, Claude et Lou, Aurore m'a dit qu'ils sont meilleurs amis, enfin, qu'ils étaient. Au départ elle ne voulait pas me donner son nom complet, par peur que je ne décide de faire des recherches dessus, mais je lui ai promis de ne rien en faire, elle a fait preuve de méfiance mais a fini par accepter.
Ma donneuse s'appelait donc Taylor Cooke, elle vivait à Klamath Falls jusqu'à ce qu'elle décide de mettre fin à ses jours. La nouvelle m'a choquée parce qu'elle semblait tellement parfaite... Mais apparemment sa vie n'avait rien d'agréable, sa mère est décédée quand elle était enfant et elle vivait avec un père tyrannique qui, selon sa lettre de suicide, la battait lui faisant "payer la mort de sa mère". Mais malgré tout, elle semblait avoir trouvé un repère en son petit-ami, mais celui-ci la vulgairement trompée après trois ans de relation. Elle s'est renfermée sur elle-même, repoussait tout le monde y compris Claude et Lou. Des photos à caractère pornographiques qu'elle avait envoyé à son petit-ami quand ils étaient encore ensemble ont circulé, le lycée a vite été au courant, moqueries et harcèlement, elle a choisi de s'envoler.
Elle a précisé dans sa lettre qu'elle souhaitait donner ses organes, que si elle n'a pas su rester en vie, elle veut au moins permettre à d'autres de vivre.
Je me serre d'avantage contre le torse de Miles, essuyant quelques larmes sur sa chemise d'hôpital.
Quand je l'ai vu pour la première fois, dans ce lit, c'était trois semaines après l'accident. J'étais obligée de rester à l'hôpital parce que les risques de rejets par l'organisme sont grands et lui a été rapatrié à Corvallis une fois son état stabilisé.
Au départ je croyais qu'au bout d'une semaine il se réveillerait, je venais toujours de bonne humeur dans sa chambre, ne prenant pas vraiment en compte la gravité de sa situation. La semaine s'est transformée en mois. Je voyais madame et monsieur Bell perdre progressivement espoir sous mes yeux démunis. Un jour ils m'ont avoué qu'ils réfléchissaient à le débrancher, parce qu'ils disaient que le pronostic était bien trop négatif, qu'à ce stade là c'était de l'acharnement thérapeutique, et qu'ils n'avaient plus de sous pour entretenir cette thérapie.
J'ai appelé en urgence Austin, son grand frère qui vient très souvent lui rendre visite malgré le fait qu'il déteste ses parents et qu'il vive dans un autre Etat. Quand il a appris qu'ils comptaient débrancher son frère il s'est mis dans une colère noire, il les a traité d'égoïstes, que s'ils tuaient l'une des deux bonnes choses qu'ils n'aient jamais faites, il se débrouillerait lui-même pour qu'ils connaissent le même sort que Miles. Oui il les menaçait de commettre un double parricide. Il a fini par se calmer, promettant d'aider financièrement ses parents à gérer les frais d'hôpitaux et de mon côté j'ai sollicité la générosité des habitants de Corvallis afin qu'ils cotisent tous un peu pour la survie de Miles.
— Miles c'est le parfait timing pour te réveiller, je lui dis. Enfin si tu te réveilles je crois qu'ils m'autoriseront à passer la nuit à l'hôpital, ce n'est pas comme si je ne suis pas une habituée des lieux! Dire qu'avant je me plaignais de mes chambres d'hôpitaux, alors que c'était le grand luxe si on les compare avec ma chambre d'université. Oui, je te l'ai sûrement déjà dit mais je suis en cité universitaire parce que mes parents sont partis vivre à Sacramento, comme je t'ai dit, ma mère a eu une opportunité là-bas, ils ne voulaient pas trop m'en parler au départ, mais je suis contente pour eux, son travail paie rudement bien et elle m'a dit que ça l'aide à payer mon nouveau cœur.
Je l'observe longuement, ce n'est pas comme s'il allait me surprendre et constate un défaut sur sa mâchoire.
— Mince, je t'ai mal rasé... mais c'est de ta faute, si tu tournais la tête quand je te le demandais. C'est pas grave, il faut que je te prenne en photos sinon Derek va m'en vouloir. Tu sais, depuis qu'il est dans le Maine il est encore plus casse-pied qu'avant! Je rigole. Oui, c'est possible. Bon ne bouge pas...
J'expire longuement face à la stupidité de ma phrase.
— Enfin... tu vois quoi...
Je récupère mon portable fourre un doigt dans son nez et le photographie ainsi. C'est Derek qui me demande de le faire et c'est toujours la même pose... c'est son délire, je ne suis pas vraiment allée me questionner sur sa logique.
Il est passé il y a une semaine, il n'est resté que deux jours mais a passé le plus de temps qu'il pouvait avec Miles. Je crois qu'il va bien, il fait toujours beaucoup de blagues, alors oui il va bien.
J'attrape ensuite mon journal intime, certaines de ses pages son tâchées du sang de Miles qui le tenait durant l'accident. Je le lui ai totalement lu parce que c'est à cause de mes envies de secrets qu'il se trouve dans cet état. Je lâche un profond soupire d'ennui.
— Tu veux que je te le lise encore une fois? Non, t'as raison une fois c'est déjà trop. Quand tu te réveilleras on pourra s'embrasser comme on l'a fait au lac? C'est la moindre des choses parce que j'aurais clairement pu abuser de tes lèvres à tout moment et tu ne t'en serais jamais douté. Ou peut-être que je l'ai déjà fait! Qui sait? Je rigole. Non tu ne tromperas pas Rima, ce n'est pas comme si elle s'était manifestée depuis que tu es ici. Je marque une pause. Si tu savais comme tu me manques Milou, je n'aurais jamais cru que la vie serait aussi terne sans toi... enfin si c'était carrément logique puisque je m'amuse avec toi comme avec personne d'autre. De toutes façons, tu as intérêt à te réveiller parce que tu me dois un bal. Je vais te laisser, c'est presque l'heure de fin des visites. Bisous Milou. Je t'embrasse où? Sur la joue? Je pouffe de rire. Oui, ne t'en fais pas.
Je pose mes lèvres sur sa joue, évitant tous les fils qui font le chemin entre son nez, sa bouche et plusieurs machines.
Je sors du lit en caressant sa main droite et son bras gauche qui portent de nombreuses cicatrices et une brûlure étendue tout du long de son avant-bras. Je trouve ça super sexy, ça fait survivant... enfin s'il survit réellement. Je m'abaisse pour chausser Diane et Géraldine. Quand c'est fait, je range soigneusement mon sac à dos.
Je m'approche encore de Miles pour lui dire au revoir une fois de plus mais j'ai un mouvement de recul, je lâche bruyamment mon sac contre le sol. Mon cœur accélère dans ma poitrine, parce que c'est la première fois que ça arrive... enfin, c'est la première fois que je le vois. Ses pupilles tremblent, comme quand l'on est dans une période du sommeil où les rêves s'intensifient, je crois. Je me penche précipitamment au-dessus de lui. Je n'hallucine pas, ses pupilles tremblent légèrement. J'avance ma main afin d'ouvrir par force son œil histoire de le réveiller, mais me ravise finalement. Je ne sais pas quoi faire, mais je ne veux pas appeler les infirmiers maintenant pour qu'ils l'emmènent loin de moi et que je ne sois pas la première personne qu'il voit à son réveil.
— Miles! Miles! Miles! Miles! Je répète son nom en m'égosillant.
Ses yeux ne sont à présent plus les seuls à bouger, ses doigts de la main gauche ont bougé. Je continue de crier son nom, posant cette fois mes mains sur son torse. Je froisse légèrement sa chemise d'hôpital à cause de la pression, de l'excitation et de l'adrénaline. Allez! Réveille-toi Miles, t'as assez hiberné marmotte! Je répète plusieurs fois.
Soudainement, ses yeux s'ouvrent. Il prend une grande inspiration dans son tube à oxygène en se redressant légèrement comme s'il venait tout juste de sortir d'un cauchemar. Il s'enfonce de nouveau dans son lit et regarde autour de lui. Je ne sais pas comment il se débrouille mais il aperçoit ma face pourtant située à moins de quinze centimètres de la sienne en dernière, un grand sourire est plaqué sur mon visage et je suis presque sûre que je pleure de joie.
Ses yeux s'écarquillent et il dépose sa main tremblante sur ma joue. Il secoue doucement la tête et je crois apercevoir que ses lèvres bougent. Je ne sais pas trop, ma vision est floutée par mes larmes. Le souffle court, je sèche mes larmes, ses lèvres bougent encore...
— Tu es morte... j'y lis.
Il secoue la tête en se pinçant les lèvres. Ses yeux se remplissent d'eau et il dégage sa main de mon visage. Je veux poser ma main sur la sienne mais je n'y arrive pas, j'arrive juste à chuchoter quelques mots.
— Je t'aime.
Il se met à pleurer et je ne sais pas si c'est normal alors je choisis d'appeler les infirmiers.
C'est Ludovic le premier à venir à ma rescousse. C'est un interne d'origine mexicaine qui passe son temps à faire des blagues et même si je trouve parfois son humour lourd, il est très gentil. Il m'a déjà aidé à couper légèrement les cheveux de Miles.
— Oh! Miles! Content de te voir bouger. Ne t'en fais pas tu seras bientôt remis sur pieds, tu pourras aller courir pendant des miles.
Il rigole face à sa blague, commençant à déverrouiller les roues de son lit tandis que d'autres infirmiers accourent. Ils emmènent Miles à l'extérieur de la chambre alors que ses yeux n'ont cessé de me scruter. Je ne sais pas quoi faire, alors j'envoie un message à Austin, à ses parents, à Derek, à Aurore et à mes parents, les prévenant de ce qui vient tout juste de se passer. Ça me paraît tellement surréaliste. Mais c'était aussi trop court, je veux lui parler, je veux le voir!
Malheureusement, j'ai dû attendre que les infirmiers finissent de s'occuper de lui. Ils me l'ont enlevé durant près de six heures, entre temps ses parents sont arrivés émus aux larmes, m'ont pris dans leurs bras. Austin est route pour Corvallis, tout comme mes parents, Derek montera dans le premier avion et Aurore m'assure qu'elle fera son maximum pour venir le plus rapidement que possible.
Quand les infirmiers l'ont ramené, ses parents lui ont quasiment sauté dessus, l'embrassant de tous les côtés, ils pleuraient et Miles semblait avoir du mal à tout gérer en même temps, mais il a réalisé. J'ai l'impression qu'il me jette des coups d'œil de temps à autres, vérifiant que je sois encore là. A chaque fois je lui souris et à chaque fois il détourne le regard sans aucune expression. Est-ce qu'il m'a oublié comme dans les films? Il en serait capable mais il n'a pas intérêt.
— Je crois que je deviens fou... je l'entends chuchoter à ses parents.
— Quoi? Pourquoi? Lui demande sa mère inquiète.
— Je vois Jen, juste là, à gauche. Il me jette un discret coup d'œil. Elle nous regarde en ce moment même. Elle est toujours belle. Il rigole en me regardant. Oh, elle a du feutre sur Géraldine Van, je parie qu'elle aurait été dégoûtée.
— Oui Miles, je suis dégoûtée, tu sais très bien que Géraldine a toujours été ma préférée, désolée Diane, je t'aime beaucoup aussi. Je lance jovialement.
— Est-ce que vous l'entendez aussi? Il chuchote encore à ses parents.
— Mais Miles, je suis là! Je m'exténue. Je ne sais pas pourquoi tu crois que je suis morte, mais non je suis là, je m'avance jusqu'à son lit, et si tu crois que je suis restée à guetter ton réveil pour que tu crois que tu parles à un esprit t'es juste un vieux con!
— Je suis pas le seul à l'entendre, hein? Il continue de chuchoter à ses parents.
— Oh mais merde alors! Allez-y dîtes-lui.
— C'est bien Jen, confirme sa mère, bien vivante, bien en forme et visiblement toujours aussi déchantée, elle me sourit gentiment.
Sa bouche s'entrouvre de surprise et il cherche à attraper ma main. Quand il le fait, un sourire béat naît sur son visage. Il me caresse doucement la peau à l'aide de son pouce dans un beau silence. Il la porte ensuite à sa bouche et y dépose plusieurs baisers doux. Je crois que même en y mettant toute mon énergie, je n'arrive pas à retenir mes rougissements.
— On va vous laisser seuls quelques instants, énonce son père.
Miles ne prend pas la peine de leur répondre, il garde juste son regard cloué en moi. J'aurais aimé qu'il dise non, parce là tout de suite je me sens intimidée et je ne sais pas trop quoi lui dire. Mais ses parents s'en vont nous laissant seuls. Je tente d'éviter son regard vert et intense mais je n'y arrive pas vraiment.
— Tu es ma Jenny. Il dit sans jamais rompre notre contact.
Je souris et suis presque sûre d'être totalement rouge. Miles, se pousse légèrement dans son lit et m'invite à m'asseoir près de lui. Je le fais silencieusement et il me regarde étrangement, il se retient de faire une réflexion. Comme je suis mal à l'aise, je détourne les yeux et les pose sur mes chaussures.
— Pas de questions? Il s'étonne. Je sais que six mois c'est long mais depuis quand es-tu aussi silencieuse? Tu peux me demander ce que tu veux.
Je suis prise de cours. Je ne savais pas que je devais préparer une liste de questions. Je panique, je dois improviser.
— C'était comment le coma? Je demande alors.
— Vraiment? Il rigole. Ce n'était pas horrible, je crois que je rêvais juste tout du long.
— Tu te rappelles de ton rêve cette fois? Normalement tu les oublies toujours.
— Oui, il hoche la tête.
— Et alors? Je le relance! Il était bien? J'y étais?
— Non... tu mourrais juste avant que je te dise un truc.
— Oh... qu'est-ce que tu voulais me dire, enfin à la Jen de ton rêve?
— Je voulais te dire que je suis amoureux de toi.
Je sursaute et puis je me mets à réfléchir.
— Amoureux de moi dans ton rêve ou en vrai? J'hésite.
— Dans le rêve c'est sûr, en vrai... il réfléchit, peut-être bien que je suis amoureux de toi.
— Peut-être bien que je suis amoureuse de toi... je dis tout bas.
— Tu es amoureuse du moi dans tes rêves ou du moi en vrai? Il sourit.
— Je ne suis pas amoureuse, j'ai dit peut-être, je le corrige, et je ne rêve pas de toi Miles.
— Cool.
Il me tire et je me retrouve presque dans la même position que tout à l'heure, quand il était endormi. Il a un sourire omniprésent et j'en veux à mon ventre de gargouiller autant.
— Cool. Je confirme.
— Est-ce qu'en ce laps de temps tu as trouvé un... il se racle la gorge, un petit-ami?
— Non, je secoue la tête, il y a un gars qui me colle et qui veut quelque chose avec moi, mais non. Cool?
— Génial! Il affirme. Je suis encore en couple?
— Honnêtement, je ne sais pas Rima n'est jamais venue prendre de tes nouvelles et elle s'amuse bien à Stanford selon Aurore. Génial?
— Aphrodisiaque! Il répond en rigolant. C'est le moment où nous sommes censés nous embrasser, non?
— Non, je suis bien dans tes bras. Je me colle davantage à lui.
— Tu m'as embrassé pendant que je comatais? Moi je t'aurais embrassé. J'aurais même peut-être profité pour un peu mieux découvrir l'appareil génital féminin.
— T'es dégueulasse, Miles, je grimace.
— Dis les deux petits mots Jen. Il me taquine.
— Vieux con. Je peste.
— Jouissif! Il s'écrie.
J'expire longuement regrettant presque l'époque où il ne parlait pas et dormait juste. Non en fait je suis trop contente qu'il vive pour regretter cette époque. Peut-être demain, parce qu'il semble vraiment en forme et d'attaque à se montrer chiant avec moi.
— Oh, je voulais te demander un truc Jenny. Il reprend calmement. Est-ce que le nom Taylor Cooke te dit un truc?
— Tu la connais? Je m'étonne.
— Non, mais elle était dans mon rêve et je ne sais pas trop ce qu'elle y faisait du coup...
— Tu m'entendais! Je m'offusque. Vieux con tu n'aurais pas pu le dire un peu plus tôt? Tu entendais aussi lorsque je te lisais mon journal?
— Tu me lisais ton journal intime? Il reprend surpris. Tu l'as tout près?
Je pose mon regard sur la petite table près du lit, mon journal s'y trouve. Miles s'empresse de s'en emparer, j'essaie de l'en empêcher et tout ce que je récolte est un mauvais regard de sa part. J'insiste, mais il retire vigoureusement ma main de mon journal.
— Tu me l'as déjà lu, alors je ne vois pas en quoi est-ce que ça te pose un problème que je l'ai. Il soupire.
— Mais c'était dans tes rêves.
— Est-ce qu'Austin est en couple avec une Brandy? Il me demande alors.
— Ils sont fiancés.
— Est-ce que les noms Claude et Lou t'évoquent quelque chose?
— Ce sont les meilleurs amis de Taylor. Je réponds pommée.
— Charles?
— Le gars lourd qui souhaite quelque chose avec moi.
— Je ne l'aime pas lui, il secoue la tête. Froy et Nikita?
— Froy c'est un ami de Derek et Nikita c'est la petite-amie de Aurore.
— Jen tu peux me faire confiance s'il-te-plaît. Je veux juste vérifier une petite chose.
Je rentre dans une profonde réflexion avec moi-même. Mais finis par le laisser faire. Je choisis néanmoins de ne pas le regarder faire, parce qu'il ne faut pas pousser le bouchon de ma bonne foi. Je crois qu'il a refermé le journal et qu'il l'a déposé sur la table. Ce fut vraiment court.
— Jen? Il dégage quelques cheveux qui me tombaient sur le front.
— Oui Milou? Je porte mon attention sur lui.
— Taylor, c'est qui?
— Celle a qui appartenait le cœur qui bat dans ma poitrine. Elle... elle est morte.
Il serre un peu plus l'emprise qu'il a sur moi, caressant mon dos et il reste silencieux. Il est perdu dans ses souvenirs. Je me redresse avec difficulté, tant ses bras me serrent, comme s'il voulait s'assurer que je ne m'en aille pas. Je le regarde dans ses yeux verts, tentant de faire abstraction à ses lèvres un peu plus bas. Il me regarde mais je crois qu'il est un peu triste et je ne sais pas vraiment pourquoi. Je crois que c'est lié à son rêve.
— Dis, tu me le raconteras un jour? Ton rêve?
— Promis! En parlant de promesse, pourquoi tes parents se disputaient à propos de Sacramento?
— Oh, ils ont déménagé là-bas.
— C'est tout? Il demande presque déçu.
— Oui Milou.
— Tu serais ok avec le fait que nous aménagions à Sacramento ensemble?
— Je... hum... quoi? Pourquoi? Je ne suis pas prête...
— Tu as raison, il hoche la tête. Nous en parlerons une autre fois.
Il pose sa main sur ma joue, qui rougit instantanément, il glisse ensuite son pouce jusqu'à ma bouche et dessine son contour. Il glisse son autre main dans mon dos et une chaire de poule naît à son contact. Les papillons de mon ventre dansent tous ensemble et mon meilleur ami est là sous mes yeux, il ne se dérobe pas. Petits on nous demandait souvent si nous étions amoureux l'un de l'autre. Là, je peux dire que c'est peut-être le cas. Je suis peut-être folle amoureuse de lui et il est peut-être fou amoureux de moi. Qui sait?
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Hey !
J'espère que vous allez bien,
Et que ce (long et dernier chapitre ) vous a plu!
Je crois , et espère, qu'il vous a apporter les réponses à vos questions. J'espère vraiment que cette fin vous aura plu parce que j'ai vraiment hésité à la faire... je vous expliquerai pourquoi demain quand je posterai une partie « Explications » afin de vous détailler les indices que j'ai éparpillé sur la condition de Miles et peut-être aussi répondre à de nouvelles questions !
Je ne vais pas m'étendre dans cette NDA parce que le chapitre est déjà long mais je vous remercie du fond du cœur d'avoir poursuivi votre lecture jusqu'à ici ❤️
L'épilogue sera posté la semaine prochaine !
Cœur cœur ❣
Noémie =)
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