Chapitre 30
"L'amour ? Suppuration sentimentale et physique !" - Claude Robillard
Je ne vais pas mentir, les révélations de la veille ont chamboulé mon esprit. J'ai eu beau me retourner plusieurs fois dans mes draps, je cogitais sans cesse et peinais à trouver le sommeil. Pourtant, je crois y être parvenu, juste avant que mon réveil ne sonne.
Je suis derrière le comptoir du café, dans mon uniforme bleu et mais je constate que quelque chose cloche quand je remarque que Lou et Claude passent la porte sans Taylor. Je ne lui ai pas téléphoné en partant de l'hôtel parce que j'avais dédramatisé la situation dans ma tête et que je croyais simplement la revoir le lendemain matin au café.
Ludovic m'a bien répété environ une centaine de fois qu'elle était vraiment triste hier soir, qu'elle est restée silencieuse après mon départ et qu'elle guettait fréquemment son téléphone ou la porte d'entrée espérant certainement un signe de ma part que je ne lui ai jamais donné.
Lou et Claude passent leur commande auprès de Ludovic et c'est à moi de les servir. Quand je tends son mug à Claude, il me dévisage longuement et je pousse un soupire.
- Où est Taylor?
- Elle ne voulait pas te voir, il répond sèchement. Elle est partie se commander un café à côté alors qu'il est totalement infecte.
Je jette un coup d'œil à Ludovic qui semble me gronder du regard et je me contente de servir le reste de la commande aux deux. Je ne peux m'empêcher de trouver sa réaction puérile, elle aurait très bien pu venir au café, c'est ridicule.
Encore plus ridicule ce serait qu'après avoir commandé son café chez la concurrence, elle vienne tout de même s'installer avec ses amis à sa table habituelle. Et c'est exactement ce qui arrive quelques minutes plus tard. Taylor arrive avec un gobelet blanc accessoirisé d'un logo vert. Elle ne m'adresse pas un regard et rejoint juste Lou et Claude.
- Vas lui dire qu'elle n'a pas le droit de venir ici avec ça, je dis à Ludovic.
- C'est ta copine Miles, il expire longuement.
- Je prends ma pause! J'annonce en abandonnant ma commande en cours.
Je me rends rapidement près des clients et me dirige sans vaciller vers la table de Taylor. Claude manque de discrétion quand il m'observe et je lève les yeux au ciel. J'exerce une pression sur le gobelet que tient Taylor et finis par l'attraper. Quand elle monte ses yeux vers moi, elle semble froissée.
- Tu n'as pas le droit de consommer ça ici. Je lui indique.
- T'es ridicule Miles.
- Si tu ne consommes rien d'ici, tu t'en vas. Je dis sèchement.
Elle a un mouvement de recul et ma froideur l'inquiète je crois. Elle se pince la lèvre et jauge ses amis du regard, elle prend une inspiration, avant de planter une fois de plus ses yeux verts dans les miens.
- Je peux passer une commande depuis ici? Elle me demande.
- Non.
- D'accord, je voudrais un petit-ami fidèle avec un supplément d'honnêteté.
- Qu'est-ce que tu racontes? Je pose brusquement la timbale sur la table. Suis-moi, il faut qu'on parle.
Elle se lève, non sans manifester son mécontentement et je la suis vers l'extérieur après avoir récupéré ma veste. Elle enfonce ses mains dans son slim noir et marche silencieusement. Ses cheveux blonds se soulèvent dans la brise parsemant une douce odeur de muguet. Rien à voir avec le parfum au kiwi de Jen.
Elle tourne à l'angle et j'en fais de même. En passant devant une petite boutique vendant des cookies à toutes les saveurs, mon ventre se met à gargouiller et je regrette de n'avoir rien pioché dans la vitrine du café ce matin.
Taylor jette un œil dans par-dessus son épaule afin de vérifier si je la suis toujours et son visage me semble tellement triste. Des remords pointent le bout de leur nez en moi et j'augmente l'amplitude de mes pas dans le but de marcher à son niveau. Je glisse ensuite ma main dans le creux de son dos et elle me laisse faire.
- Taylor, je ne t'ai jamais trompée, je me sens obligé de dire.
- Tu n'es pas le seul à m'avoir sorti cette phrase... elle s'exténue.
- Je ne suis pas Charles. Je me défends.
La seule évocation de son ex lui suffit pour qu'elle se stoppe et qu'elle se retourne vers moi, le front plié et les yeux remplis d'éclairs.
- Pardon, je reprends, mais c'est la vérité Taylor. Si tu crois constamment que je vais te refaire ce qu'il t'a fait, si tu te méfies de moi à ce point... je ne sais pas à quoi ça sert.
- Tu as déjà trompé quelqu'un dans le passé? Elle m'interroge.
- Sérieusement? Je ne vois pas ce que ma réponse changera. Je ne t'ai pas trompée ni avec Aurore, ni avec personne.
- Donc ça veut dire oui... elle sort la voix tremblante.
- Non ça veut dire que ça n'a pas d'importance.
- Elle avait quoi de mieux l'autre fille? Elle insiste.
Jen avait quoi de mieux que Rima? Tout simplement tout, à commencer par le fait qu'elle a eu le pouvoir de me faire tomber amoureux d'elle. Je secoue la tête, Taylor a les yeux recouverts d'une fine couche d'eau s'épaississant au fil de mon silence.
- On s'en fout... je réponds pas très fort en posant ma main sur sa joue.
- Non Miles, elle défait mon contact. On ne s'en fout pas. Tu ne sais pas à quel point on se sent inutile, en trop quand ça nous arrive. C'est tellement injuste que vous ne vous rendiez pas compte que ça nous blesse dans notre amour propre...
Des larmes coulent sur ses joues et ses lèvres tremblent, son visage est rougi et j'ai un pincement au cœur. Elle place ses mains devant son visage et camoufle à présent sa peine derrière. Je la serre contre moi et elle finit par m'étreindre à son tour.
- Je suis désolé Taylor...
- Tu peux me parler d'elles?
- Vraiment?
Je m'écarte et la jauge du regard. Elle sèche ses larmes et hoche la tête. Je dois lui parler de Rima? Je dois lui parler de Jen? C'est plus facile à dire qu'à faire. Je pourrais aussi lui mentir, lui dire que j'étais à une soirée, bourré et que j'ai couché avec une autre, mais je n'ai pas l'impression que ce scénario l'a rassurerait énormément.
Et puis... je n'ai pas envie de m'enfoncer dans mes mensonges, un bon menteur pioche souvent dans la vérité. Je prends une grande inspiration et presse sa main dans la mienne.
- C'était en dernière année du lycée, dans ma classe il y avait Rima, elle était vraiment très belle et crois-moi, elle le savait. C'était le genre de fille qui attirait tous les regards et qui était l'objet des désirs de beaucoup et c'est moi qu'elle a choisi.
- Tu l'aimais? Elle demande attentivement.
- Non, je hausse les épaules. Je n'étais pas sûr de ce qu'était l'amour. A côté de ça, il y avait une fille que je connaissais depuis mon enfance. Je ne sais pas pourquoi ça a pris autant de temps pour arriver, ni pourquoi je n'ai pas été capable d'attendre d'être célibataire pour que ça arrive... mais sur le coup, elle était tout ce qui m'importait.
- Comment elle s'appelle?
- Jen.
- Jen? Elle me sourit. Petite, j'avais une poupée, elle s'appelait Jen. C'était ma préférée, c'est ma maman qui a choisi ce prénom.
Je me force à sourire mais le fait est que je suis au bord des larmes. Je crois que Taylor le remarque puisque son sourire se fane peu à peu et elle pose sa main sur mon torse, l'air inquiet.
- Elle est où maintenant Jen? Elle hésite.
- Elle est partie...
Elle entrouvre la bouche mais aucun son n'en ressort. Elle se contente de se lover contre moi et son contact m'apaise vraiment, alors je laisse tomber ma tête qui vient se poser dans ses cheveux blonds et je m'imagine qu'ils appartiennent à Jen et que c'est elle que je serre en ce moment même dans mes bras.
***
Aujourd'hui, Taylor et moi célébrons notre premier mois de relation. Tristement, je ne suis toujours pas amoureux d'elle, enfin je veux dire qu'elle ne me fait pas ressentir les mêmes papillons dans le ventre comme Jen en avait le don. Mais comme chaque problème a sa solution, je sais parfaitement comment y remédier.
Je me regarde une dernière fois dans le miroir de plein-pied du couloir, je porte une chemise blanche, un pantalon bleu nuit et des mocassins empruntés à Austin. Je suis passé chez le coiffeur une fois mon service au café achevé et il a rafraîchi ma coupe. Je dévale les escaliers et récupère le sachet que j'avais posé dans le salon un peu plus tôt.
- Doucement joli cœur! M'interpelle mon frère son petit Jack-Russel dans les bras.
- Quoi? Je ne t'ai pas prévenu? Je vais chez Taylor pour que nous fêtions nos 1 mois.
- Oui, je t'ai dit que je t'y conduirais, mais ralenti un peu, tu me donnes le tournis. Et puis j'ai besoin que tu me donnes ton avis sur un petit truc.
- Je vais être en retard! Je ne veux pas être en retard! Je suis passablement paniqué.
- Du calme Miles! Il me reprend. Tu vas bien? Tu as l'air un peu trop sur le qui vive ces temps-ci...
- Ça va, ça va. Je m'assois sur le fauteuil et tapote frénétiquement mon pied contre le sol. C'est mon rendez-vous avec Taylor qui me stresse légèrement. J'ai peur de foirer un truc. Je marque une pause. J'ai peur d'être en retard. Je me mets debout.
- Assieds-toi! Me réprimande Austin. Je te demande deux minutes de ton temps, Taylor peut supporter deux minutes de retard.
Je fais rouler ma cheville hésitant un instant. Je regarde ma montre avant de remarquer que je n'en porte pas. Je l'ai certainement oubliée dans la salle de bain. Est-ce que j'ai le temps d'aller la récupérer? Je suis à quatre pas de l'escalier, il y a seize marches dans l'escalier et la salle de bain doit être à sept pas de la sortie de l'escalier. Je crois que ça me prendrait moins de trente secondes de monter, récupérer ma montre et redescendre. Trente secondes c'est beaucoup...
- Miles! Austin crie presque et je sursaute.
- Oui?
- Assieds-toi s'il-te-plaît.
- Ok, ok...
Je m'assois à côté de lui et remarque qu'il a disposé une panoplie de photos sur son canapé, je m'approche en plissant les yeux.
- C'est quoi? Je l'interroge.
- Les lieux sur lesquels ont réfléchi avec Brandy, pour notre mariage.
- Wow!
- Tu l'as dit! Tu préfères lequel?
J'observe attentivement, mais sans perdre trop de temps non plus, les différents dépliants et finis par pointer du bout du doigt celui exposant un terrain vaste au fond du quel se trouve un lac sur lequel on a aménagé plusieurs chapiteaux. Je suppose qu'avec des guirlandes et une belle décoration, cet endroit peut devenir un véritable havre de paix pour célébrer un mariage.
- Moi aussi, c'est mon préféré. Mais Brandy ne me demande pas mon avis, elle a déjà appelé le mec qui possède une salle des fête dans le centre ville sans me consulter au préalable. La salle est chouette mais ça fait un peu étriqué... Tu crois que je devrais lui dire ma façon de penser?
- Oh... je ne sais pas trop... je soupire. On peut y aller?
Il hoche la tête, caresse une dernière fois la petite boule de poils avant de se lever et d'attraper les clés.
Je sonne à la porte de la colocation située dans le midtown de Sacramento et Taylor vient rapidement m'ouvrir. En m'apercevant, elle est positivement surprise et s'empresse de me prendre dans ses bras.
- Tu es en avance! Elle embrasse chastement mes lèvres. J'ai presque fini de cuisiner mais je ne suis pas encore totalement prête.
- Joyeux 1 mois, je lui souris.
- Joyeux 1 mois, elle me rend mon sourire et m'invite à entrer.
J'ai demandé à Taylor si elle souhaitait que je l'aide en cuisine mais elle m'a interdit d'y mettre un pied ou même d'y aventurer un œil, je suis donc assis dans le salon, regardant une émission de télé-réalité qu'elle a mis un peu hasardeusement.
- C'est vraiment délicieux! Je m'exclame en prenant une bouchée dans mon risotto. Tu es vraiment certaine que tu ne l'as pas commandé à un traiteur?
- Promis! Elle pouffe de rire.
Ses yeux brillent de mille feux à la lumière des bougies qu'elle a posé sur la table, offrant à l'appartement une ambiance tamisée. Elle a rabattu ses cheveux dans une queue de cheval haute, c'est rare qu'elle se coiffe ainsi mais elle demeure tout aussi belle.
C'est une très bonne soirée, je suis avec Taylor. Claude et Lou nous ont laissé l'appartement pour la nuit, le repas est délicieux et la main de Taylor que je caresse présentement est très douce.
- Je t'ai acheté un petit quelque chose, j'admets.
- On avait dit pas de cadeau, elle se pince la joue.
- Je sais, mais ce n'est pas grand chose, je souris, c'est juste histoire de marquer le coup.
Je lui donne le sachet et elle soupire, mais je sais qu'elle le fait plus par principe qu'autre chose. Je sais que mon geste lui fait plaisir. Elle ouvre l'emballage toute souriante mais son visage se rempli d'incompréhension lorsqu'elle découvre son présent.
- C'est un parfum, je l'aide à y voir plus clair.
- Oui... mais c'est un parfum pour enfants, elle secoue la tête, au kiwi? Je ne savais pas que ça existait.
- Essaye-le, tu verras, il sent rudement bon.
- Je porte déjà mon parfum...
Ton truc au muguet super discret qu'on ne sent pas à moins d'avoir son nez collé à ta peau? Je pense fortement vexé.
- Tu ne veux pas l'essayer? Je demande en contractant mes mâchoires.
- Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas l'essayer tout de suite, je n'aime pas mélanger les odeurs, elle argumente.
Je fais claquer ma cuillère en la lâchant brusquement dans l'assiette contenant le fondant au chocolat préparé un peu plus tôt par Taylor. Je pousse ma chaise et me lève. Je serre fermement mon poing et me rends près de la baie vitrée afin de me calmer. Qu'elle vielle conne.
- Miles... elle m'appelle doucement. Tout va bien?
- Non, ça ne va pas bien, je lâche la voix pleine d'amertume. Tu te rends compte que c'est vraiment ingrat ce que tu fais?
- Mais Miles... elle pose une main sur mon dos et je pivote vers elle sur les nerfs. D'accord, je vais mettre ton parfum... mais il ne faut pas que tu te braques pour si peu... elle souffle.
Elle retire le bouchon du petit flacon d'un vert translucide et s'en asperge sur le poignet. Elle hume le parfum et en semble plutôt satisfaite alors elle l'oriente sur son cou et appuie sur le déclencheur. Je ferme les yeux en sentant les effluves du parfum me monter au nez. Cette odeur m'avait tellement manquée... cette senteur de kiwi.
Je pose mes mains dans le creux du dos de Taylor et scelle nos bassins entre eux. Elle me paraît un peu tendue mais je plonge tout de même ma tête dans son cou. Cette odeur est tellement enivrante et je me fou que les résidus du parfum me donnent un petit goût ocre dans la bouche.
Ça fait un mois que nous sommes ensemble, pourtant nous n'avions jamais sauté le pas. C'est donc la toute première fois que j'aperçois Taylor aussi dénudée devant moi, je caresse sa peau nue. Désirs et passion s'emmêlent ou alors c'est juste moi qui remarque que je n'avais plus couché avec qui que ce soit depuis Rima. Et puis il y a cette putain d'odeur de kiwi qui embaume mon nez, les draps et mon esprit. Je suis dans une sorte d'extase provoquée par cette jolie blonde dont j'ai du mal à discerner la couleur des yeux à la lumière de la nuit mais je sais qu'ils sont verts. Verts et que j'en suis amoureux. Vers comme la chaire du kiwi.
Je glisse mes mains le long de son corps avec une seule question en tête? Comment ai-pu patienter tant d'années avant de sauter le pas?
***
Je m'éveille précipitamment à cause d'une sonnerie qui vient de réduire à néant mon rêve. Je baille et la lumière soudaine me brûle les rétines. Ses cheveux blonds sont éclairés par le soleil et sont posés juste à côté de moi. Je caresse sa peau nue pour la réveiller et elle frissonne à mon contact.
- Tu veux que j'y aille? Je lui demande.
Pour toute réponse, elle hoche la tête et je m'approche d'elle, je pose un baiser sur sa nuque et profite brièvement de son odeur sucrée.
- Je t'appelle si c'est important.
Je m'habille à la vitesse de l'éclair et me rends à la porte d'entrée. J'ouvre rapidement la porte et j'ai l'électrochoc de ma vie quand je découvre le visiteur. Ma bouche s'ouvre de surprise et une migraine naît instantanément dans ma tête. Si j'étais dans Inception, cette visite serait la chute me permettant de me sortir de mon rêve.
- Miles? Qu'est-ce que tu fais là?
*****
Hey! Ne me tuez pas svp!!
J'espère que vous allez bien,
Et que ce chapitre vous a plu!
Selon vous, qui se trouve juste derrière la porte?????? Ohlàlà que de suspens. Je suis Didi Chandouidoui et voici les 5 théories sur qui se trouve derrière la porte: Jen, Noémie, Michael Jackson, Tincky Winky, Jacob de Lost. N'hésitez pas à me faire part des vôtres =)
Cœur cœur
Noémie =)
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