Chapitre 24
"Il a été convenu que les femmes feraient semblant d'être faibles et timides et que les hommes feindraient d'être forts et courageux" - Alphonse Karr
Je dépose mon sac à dos dans la petite pièce après la cuisine servant à tous les employés du C8H10N4O2 café. J'enfile mon tablier jaune pâle par dessus ma chemise bleue claire comme il est de mise dans l'uniforme puis ma casquette du même jaune que mon tablier.
Il est 7 heures et c'est le début de mon service. Je suis passablement épuisé par la veille, mais heureusement en tant qu'employé, nous avons droit à trois cafés maximum par jour. Je profite qu'il n'y est aucun client au comptoir pour m'en faire un serré.
En buvant mon café, j'aperçois Ludovic qui fait son entrée dans le petit commerce. Il a l'air totalement épuisé et porte la même tenue que la vieille au soir. Il baille tout en se rendant dans le vestiaire et je prends l'initiative de lui préparer, lui aussi, un café.
En arrivant derrière le comptoir, il me remercie en baillant, boit son café et s'en ressert un autre machinalement.
— Nuit agitée? Je lui lance tout en nettoyant une des machines à espresso.
— Nuit n'est même pas le mot.
Je rigole Lou et lui ont passé la soirée ensemble, dansant, se marrant, buvant et s'embrassant. Comme aucun d'eux n'était apte à conduire, je les ai déposé chez Ludovic en empruntant la voiture de son oncle, mon patron et suis rentré en taxi.
— Avec Taylor ça a été? Il me demande.
— Oui c'était tranquille.
— Il y a eu un bisou? Il me bouscule un peu.
— Non mais c'était tranquille.
— Tranquille c'est le synonyme de chiant?
— Non, c'est juste qu'à cause de son ex elle a du mal à donner sa confiance, alors elle était un peu... je réfléchis au terme adéquat, sur ses gardes.
Il hoche la tête, relève les yeux au ciel et esquisse un sourire. Je crois qu'il se remémore la nuit qu'il a passé avec Lou et autant dire que je n'ai pas du tout envie de savoir ce qu'ils ont fait.
J'ai passé la soirée en grande partie avec Taylor puisque notre balade s'est éternisée et s'est transformée en marche de plus de deux heures. Ça m'a permis de mieux la connaître et d'un peu mieux la cerner. Elle a toujours été une bonne élève de la maternelle au lycée et continue sur cette lancée étudiant l'économie à l'Université de Sacramento. Elle connaît Lou et Claude depuis le collège et forment un trio indestructible, si bien qu'ils sont colocataires depuis la fin du mois d'Août. A côté de ses études, elle a signé dans une agence de mannequinat cotée à Sacramento et pose ainsi pour des magasins et magazines. Elle aime les films à l'eau de rose, déteste les films d'horreur. Elle peut passer des soirées entières à écouter de la musique. Elle n'aime pas trop aller en boîte et préfère une simple sortie dans un parc avec ses deux amis.
Nous avons tous deux soigneusement évité des sujets trop sérieux comme la famille, moi, parce que je ne souhaite pas me perdre dans mes mensonges et elle certainement à cause de sa difficulté à faire confiance depuis Charles.
Je vois un peu mieux à qui j'ai affaire, Taylor est une belle fille ayant perdu un peu de sa confiance en elle à cause d'une rupture difficile. Elle est gentille et n'ose pas dire tout ce qui lui passe par la tête. Elle est rationnelle et réfléchie. Elle est calme mais si on la pousse trop à bout elle peu rapidement changer de caractère. Pour finir, elle est sensible.
En somme, elle n'est pas du tout comme Jen. Taylor est plus calme, plus sage, plus mature.
Je serre plusieurs clients, nettoie des tables, fais la vaisselle, remplis les réservoirs en eau des différentes machines, sors les bouteilles de laits de leurs pacs et ainsi de suite. Je regarde ma montre, 8 heures viennent tout juste de passer et je sais que le trio d'amis fera bientôt son entrée dans le café.
J'avais vu juste puisque juste après avoir préparé un Irish Coffee, composé d'expresso, de whisky et de crème fouettée pour un homme de la cinquantaine, je me retrouve à prendre la commande de Claude.
— Bonjour Miles! Il me lance jovialement.
— Salut, un café américain avec une part de cocodream?
— C'est ça! Il hoche rapidement la tête.
Je demande à un collègue de le lui préparer et je regarde Taylor en souriant. Cette dernière est focalisée sur la planche détaillant tout le choix de gâteaux que propose le café.
— Salut Taylor. Choix fastidieux?
— Hum... oui. Il y a trop de possibilités. Elle soupire en posant finalement les yeux sur moi.
— Un latté avec une part de diabolemon? Je propose.
— C'est quoi?
— Une tartelette à la crème de citron aromatisée à la menthe. Tu m'en diras des nouvelles.
— D'accord, je vais te faire confiance, elle sourit. Et avec ça il me faudrait un café lungo pour Lou. Elle désigne sa meilleure amie déjà assise près d'une table et semblant épuisée.
Je hoche la tête et lui prépare tout ça tout en essayant d'interpeller Ludovic afin qu'il aille voir sa belle, mais c'est l'heure du rush et il est bloqué par la vaisselle qui s'accumule. Quand j'ai terminé, je tends le tout à Taylor qui règle la somme avant de s'en aller avec ses amis.
J'enchaîne les commandes et les préparations mais je prends tout de même la peine de jeter de petits coups d'œil sur Taylor. A un moment nos regards se sont croisés et elle a levé un pouce vers le ciel tout en me désignant sa tartelette, je lui ai souris fièrement avant de me concentrer de nouveau sur les mugs que je devais remplir.
Le rush a cessé et même si les clients restent nombreux, le rythme est moins soutenu. Taylor et ses amis sont encore présents et ils sont penchés par-dessus un manuel scolaire pendant que la blonde écrit sur son ordinateur.
Ludovic s'est chargé de les débarrasser et je me suis permis d'observer avec curiosité l'attitude qu'il a adopté avec Lou. Au départ, ils faisaient presque ceux qui ne se connaissaient pas et puis quand Ludovic a récupéré sa tasse, elle a tiré sur son t-shirt, rapprochant leurs visages avant de partager un baiser long, langoureux et donnant la gerbe.
— Miles, on te demande. M'annonce un collègue tandis que je replaçais des grains de cafés dans un réservoir.
Je me retourne et vois que ce n'est autre que Brandy, elle me sourit et je constate que ses boucles noires sont plutôt décoiffées.
— Salut Brandy! Qu'est-ce que tu fais là?
— Je sors de la salle de sport, mon coach n'était pas là alors j'ai un peu bâclé ma séance je l'avoue et comme j'ai du temps avant mes premiers cours, je me suis dit que je viendrais te voir.
— C'est Austin qui t'a dit de jouer à la nounou avec moi? Je lève les yeux au ciel.
— Non, je te jure que mes intentions sont bonnes! Elle se défend. Je ne suis pas du tout venue ici pour t'espionner.
— Ouais... tu veux quoi?
— Un café américain, avec, elle hésite, il y a un gâteau sans sucres et sans gluten?
— Sans graisses, sans farine, sans œufs, sans goût et sans gâteau? Je me moque.
— Tu es aussi chiant avec tous tes clients? Dire que l'homme de ma vie partage le même sang que toi.
— C'est tellement mignon que je ne t'en veux même pas. Je hausse les épaules. Les cookarotts sont sans sucres ajoutés et sans gluten.
— C'est quoi ces noms? Elle grimace.
— Je ne sais pas non plus, je hausse les épaules, mais ce sont des cookies aux carottes, ils sont délicieux alors ça compense. Je t'en mets deux?
Elle hoche la tête et je prépare sa commande. J'entends des bruits d'appareil photo et je relève ma tête. Elle me photographie à l'aide de son portable et je la dévisage longuement.
— Qu'est-ce que tu fais?
— C'est pour ton frère. Je suis sûre qu'il te trouvera trop mignon avec ton uniforme et ton expression concentrée.
— Ok... j'expire et tente d'ignorer mon paparazzi. Ça te fera 7$. N'oublie pas le pourboire.
Elle me toise du regard et me règle la somme juste en petites pièces. Je m'attends à ce qu'elle ajoute mon pourboire mais elle n'en fait rien et se contente de fermer son portefeuille.
— Tu es vraiment désagréable comme serveur!
— Attends, je peux te dire un truc?
Elle est sceptique mais face à mon air sérieux, elle hoche la tête. Je m'approche alors de son oreille et lui chuchote le plus gentiment possible.
— Vieille conne.
Elle part dans un fou rire et s'en va du café sans avoir perdu une once de sa bonne humeur.
Je cherche une tâche à accomplir, Ludovic s'occupe des commandes avec Sarah. Il y en a un qui passe la serpillière dans tout le café alors je choisis de débarrasser les tables qui en ont besoin. Quand j'arrive aux abords de la table de Taylor, je remarque qu'elle me toise avant de reposer ses yeux sur son ordinateur. Je fronce les sourcils et me rapproche d'elle.
— Il y a un problème? Je lui demande.
— Non, tout va bien. Elle me sourit en s'éclaircissant la voix.
— Ok... elle était bonne ta tartelette?
— Ça peut aller.
— Je peux prendre ma pause dans deux minutes, tu voudras m'accompagner dehors? J'insiste.
— Je travaille.
— Ça ne répond pas à ma question. Je secoue la tête.
Elle me regarde avec un visage fermé avant de se retourner vers ses amis. Claude et elle semblent communiquer par des regards et quand elle reporte son attention sur moi, elle ne semble pas plus détendue.
— Va te faire foutre. Elle me dit pas très fort.
Claude se frappe la tête et j'examine Taylor. Elle ne se démonte pas mais je ne comprends pas son attitude. Je ne lui ai rien fait.
— Laisse tomber. J'expire longuement.
Je retourne derrière le comptoir, déposant les mugs sales récoltés dans l'évier. Je les lave rapidement et alors que je prévoyais de déposer mon tablier pour quelques minutes, je retrouve Taylor derrière le comptoir. Elle attrape deux paquets de chips et se rend jusqu'à la caisse. Je ne suis d'abord pas dans l'optique de l'encaisser, je l'ignore même, mais je me reprends rapidement quand je me rappelle que je fais ça pour honorer ma promesse à Jen et que j'ai plus besoin de Taylor qu'elle n'a besoin de moi.
Elle me donne un billet de 5 dollars, je lui rends la monnaie mais elle ne s'en va pas pour autant. Elle se pince la joue et prend une grande inspiration.
— Tu peux toujours prendre ta pause? Elle me demande doucement.
— Oui pourquoi?
Elle ne répond pas vraiment et se retourne vers la porte de la sortie. Je comprends qu'elle veut sortir à présent. J'expire face à son mutisme, enlève mon tablier ainsi que ma casquette et emprunte le petit portique séparant le comptoir de la salle où se trouvent les clients. Elle attrape les deux paquets de chips et me suit. Je lui ouvre la porte et elle se faufile à l'extérieur, j'en fais de même et nous marchons un peu plus loin.
— C'est pour toi. Elle me tend un des paquets de chips.
— Merci.
— De rien.
J'en grignote quelques unes et quand nous trouvons un muret non loin du café, nous nous y asseyons. Elle ne parle pas et pourtant c'est elle qui m'a demandé de sortir, elle a forcément quelque chose à me dire. Pendant son silence, j'observe les passants, il y a de tout, des jeunes, des travailleurs, des retraités.
— Tu ne m'avais pas dit que tu avais une petite-amie. Elle débite finalement.
— Parce que je n'en ai pas. Je secoue la tête.
— Si. Elle insiste.
— Ah, parce que tu connais mieux ma vie que moi? Je lève les yeux au ciel.
— La brune qui te prenait en photos dans le café.
— Ce n'est pas ma petite-amie. Je lâche une grande expiration en saisissant l'origine de son problème.
— C'est qui? Ta cousine? On me l'a déjà faite.
— Non, c'est la fiancée de mon frère. J'articule devant ses yeux verts. Tous les mecs ne sont pas comme ton Charles.
— Tu es sûr? Elle se détend un peu.
— Oui, je le saurais si ma belle-sœur trompait mon frère avec moi. Tu ne serais pas du genre jalouse Taylor?
— J'ai juste pas envie d'être prise encore une fois pour une conne.
Elle contracte sa joue durant une fraction de seconde. Je crois que c'est un tic puisque c'est loin d'être la première fois qu'elle le fait. Elle baisse les yeux et se triture les mains. Je pose délicatement ma main sur sa cuisse, je remonte les yeux vers elle pour observer sa réaction et ses yeux louchent dessus avant de remonter son regard sur moi.
Elle s'empourpre légèrement. J'observe son visage fin et parfaitement symétrique, ses yeux verts, son nez fin, ses lèvres légèrement teintées de bordeaux.
— Tu finis tes cours à quelle heure? Je lui demande sans la lâcher du regard.
— 18 min... euh... 18 heures. Elle bégaie timidement.
— Moi aussi. Tu veux qu'on fasse quelque chose après?
— Oui, elle hoche la tête, qu'est-ce qu'on fera?
— Je ne sais pas encore, je hausse les épaules, ce n'est pas comme si je connaissais bien cette ville mais je suis sûr que je trouverai quelque chose de sympa à faire. Je t'enverrai un message pour tout te confirmer et je viendrai certainement te récupérer.
— Je t'enverrai mon adresse, elle ajoute.
— Pas besoin, je sais où tu vis. Je lui fais un clin d'oeil
Elle a un mouvement de recul et est un peu perdue, alors je rigole et lui rafraîchis la mémoire.
— J'ai ramené Lou et Ludovic. Je regarde ma montre. Je dois y retourner.
Je me penche pour lui déposer un baiser sur la joue et elle devient aussi rouge qu'une tomate. Je ne peux nier que je trouve cela plutôt mignon de savoir que je lui fais autant d'effet. Voyons où ça nous mène.
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Hey!
J'espère que vous allez bien,
Et que ce chapitre vous a plu !
Je suis vraiment jalouse de vous parce qu'il neige presque partout en France!!! J'aurais adoooré qu'il neige en Martinique, je garde espoir :(
En attendant je ne sais toujours pas ce que je veux pour Noël!!! (Mais bon j'aurais un petit cadeau pour vous à Noël)
Cœur cœur ❣
Noémie =)
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