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Bonus 4

"Sans confiance, est-ce que la vie est possible ?" - Jean Filiatrault
[NDA: en hommage au bac de philo, je vous laisse cette problématique, vous avez 4 heures]

Nous avons fait le déplacement jusqu'ici en avion. Enfin, il n'y a pas d'aéroport à Corvallis, nous avons donc dû nous contenter de la liaison Sacramento-Eugène. Ce sont ensuite mes parents qui nous ont récupéré, nous ramenant ainsi dans notre ville d'enfance, Corvallis.

Même si j'aime beaucoup Sacramento et que je m'y plais énormément, il n'empêche que je suis souvent nostalgique de Corvallis. C'est mon berceau, même si je n'y suis pas né. C'est là que j'ai grandi, que j'ai rencontré Jen, que j'ai rencontré le bonheur. D'ailleurs, si j'en crois les regards que me jetait Jen tout au long du trajet depuis l'aéroport d'Eugène à la maison de mes parents, elle aussi était prise d'une terrible nostalgie. Je suis content que nous soyons forcés d'y revenir dans d'aussi joyeuses conditions.

Oui, nous y sommes pour un événement tout particulier, que ni Jen ni moi, ni même les principaux intéressés n'attendions réellement.

J'aurais aimé pouvoir me vanter du fait que je sois celui ayant réussi à remettre Derek sur le droit chemin, l'écartant de tous les vices qui l'entouraient. Malheureusement, j'ai eu beau essayer, ça n'a pas été une tâche très évidente. J'ai essayé de le mettre en sevrage forcé, mais une fois en manque, il devenait vraiment violent et loufoque. Je sortais à peine du coma alors je me suis rendu compte que ce n'était pas la bonne méthode. Je me suis dit qu'au lieu de le priver de ses vices, je devrais plutôt lui apprendre à les contrôler.

C'est pour ça que j'entraînais Jen à chacune des fêtes auxquelles il se faisait inviter, parce qu'en plus de moi qui, depuis l'accident, ai terriblement de mal avec les espaces très bruyants, il devait également s'inquiéter du fait que Jen ne découvre pas le pot aux roses. Il ne voulait pas qu'elle se reproche d'avoir été égoïstement aveuglée par sa peine, parce qu'il est clair que ça aurait été le cas.

Jusqu'à maintenant, Jen ne sait rien, Derek et moi dérogeons peut-être à sa confiance, mais je crois tout de même que c'est mieux ainsi. De toutes façons, maintenant, c'est vraiment fini, Derek va beaucoup mieux, il ne se drogue plus du tout et ne bois pas non plus et ça c'est certainement grâce à la présence de Summer.

Je me rappelle que la première fois qu'il l'a rencontré au cours d'une soirée étudiante à Corvallis, parce que oui il avait quitté le Maine à la faveur de Corvallis, il m'a immédiatement dit qu'il la détestait, sans qu'il n'y ait à ça de raisons très cohérentes. Peu après, ils se sont mis à fréquemment traîner ensemble, et ce même si Derek m'assurait toujours la détester, pour que moins d'un an après la fin de ses études, Derek m'annonce qu'il va être papa.

***

Jen tient fermement le sachet cartonné, enfermant un coffret de cadeaux pour bébé : une peluche, un gel douche, une crème, un bavoir et d'adorables petits chaussons. Elle toque à la porte, remplie d'impatience et peut-être aussi stressée à l'idée de rencontrer ce petit être.

En tous cas, moi j'ai carrément les jetons, rencontrer autant d'innocence c'est stressant.

— Oui?

C'est Froy qui vient tout juste de nous ouvrir la porte. Ses cheveux bruns brillants contrastent avec ses yeux hétérochromes. Je ne l'avais jamais rencontré en réalité, je ne le connaissais que par le biais de photos et je croyais bêtement que ses iris aux multiples couleurs étaient uniquement dues à son utilisation de Photoshop. Il se trouve que j'avais tord, il a simplement des yeux...

— Magnifiques... t'es yeux sont magnifiques.

Je me retourne vers Jen et masque difficilement mon mécontentement. Elle détaille Froy et ce dernier se met à sourire avant de reluquer ma copine.

— Merci, tu es Jen, c'est ça?

— Et toi Froy? Derek nous a beaucoup parlé de toi.

— Désolé de vous interrompre mais moi c'est Miles, je m'éclaircis la voix, son copain.

Il hoche la tête et je n'ai visiblement pas droit au sourire chaleureux qu'il a offert à Jen quelques instants plus tôt.

— Salut, il me dit simplement. Summer et Derek vous attendaient.

On entre dans l'appartement que le jeune couple loue, Froy est en tête de ligne, j'en profite pour toucher deux mots à Jen.

— Tes yeux sont magnifiques, non mais t'es sérieuse ?

— C'est le cas, non?

— Oui mais t'aurais pu faire comme si j'étais là...

— Jaloux Milou ? Elle rigole.

— Vieille conne, je la toise du regard et m'éloigne d'elle.

Elle sait très bien que je suis rapidement jaloux, mais je sais aussi qu'elle s'en fout que je le sois. Même si nous sommes ensemble, elle n'a pas changé son attitude avec les autres mecs, elle se montre toujours proche d'eux. Ça nous a valu des disputes, mais je sais qu'elle ne changera pas pour autant. Jen, même en couple, est une femme libérée qui entend bien garder une forme d'indépendance.

Elle me demande juste de lui faire confiance, et c'est ce que je fais, je sais qu'elle ne dépassera jamais les bornes. Mais ce n'est pas pour autant que j'apprécie qu'un mec la reluque, encore moins Froy. Je ne le connais pas vraiment mais c'est un vieux con, je le sais.

— Encore fâchés vous deux ? Lance Derek quand nous arrivons dans le salon.

Je hausse les épaules en rejoignant Derek, assis sur le sofa. Jen reste debout, regardant Derek en mimant une moue triste. Puis son regard dévie sur moi, ses yeux verts m'analysent tandis qu'elle replace rapidement ses cheveux derrière ses oreilles d'elfe. Sans vraiment m'en rendre compte, je lui souris, la trouvant vraiment belle. Elle s'avance alors vers moi et alors qu'elle s'apprête à s'asseoir sur mes genoux, elle se stoppe, intriguée par de petits cris.

Nous tournons la tête vers une Summer qui semble bien épuisée. Sa coupe carrée qui est habituellement parfaite n'a plus vraiment de sens, sous ses yeux s'étendent des poches. Je descends ensuite mon regard sur leur fille dont j'ignore encore le nom. Elle s'agite dans les bras de sa maman, la bouche ouverte, elle crie.

— Tu l'as réveillée ? Se soucie Derek.

— J'ai essayé de la prendre délicatement pour Jen et Miles, mais elle s'est réveillée...

Jen me tire par la main et m'entraîne vers Summer. Elle observe la petite crevette de près, comme si ses tympans ne percevaient pas tous les décibels qu'il produit. Elle me tient toujours fermement la main. Mon regard voyage entre Summer et Derek.

— Comment est-ce qu'elle s'appelle ? Je leur demande alors.

— Elle s'appelle Cora.

— Cora... chuchote Jen.

Elle touche lentement la main de Cora, un sourire béat collé sur le visage. Summer nous observe Jen et moi à tour de rôle alors que Derek vient de se glisser derrière le dos de sa compagne, lui déposant un baiser sur la joue.

— Miles, tu peux la toucher tu sais. Fait Derek.

— Oui, je sais, je déglutis difficilement ma salive.

Ma main monte puis redescend. Je crois que j'ai peur de lui faire mal, elle semble tellement fragile. Elle a à peine une semaine. Je bloque, comme la première fois que j'ai vu Martin, le fils de Brandy et d'Austin. Jen ne semble pas percevoir mon blocage puisqu'elle dépose des bisous sur les jambes dodues de Cora.

— Tu veux la porter ? Lui propose Summer.

Jen hoche rapidement la tête, me lâche la main et réceptionne habillement le bambin. Elle danse sur un pied puis sur l'autre alors que l'enfant ne pleure plus depuis un moment déjà.

— Bonjour Cora, elle chuchote. Je m'appelle Jen et quand tu seras un peu plus grande tu pourras m'appeler Tatie Jenny.

Cora la regarde avec de grands yeux ronds, Jen s'assoit sur une chaise avant de reprendre.

— Lui c'est Miles mais tu pourras l'appeler tonton Milou. Tu verras, tu t'apercevras bien vite que je suis la plus cool de nous deux.

— C'est totalement faux ! Je proteste. Tu verras que c'est moi le plus cool, je t'apprendrai les règles du basket, je t'apprendrai à y jouer, on ira supporter les Warrios ensemble, je t'apprendrai aussi des insultes comme vieux con, connard, vas te faire en...

— MILES ! S'écrient les trois mamans poules en chœur.

— Tu vois j'aurais dû être le parrain, lance Froy définitivement ennuyé. Ça va te faire tout drôle quand le premier mot de Cora sera pute.

— FROY ! Ils s'écrient encore.

— Ne les écoute pas ma chérie, ne les écoute pas... chantonne Jen.

Je pivote mon regard vers Derek et il me sourit légèrement les mains dans les poches. J'ai encore du mal à me remettre de la bombe que vient de lâcher Froy...

— Je suis son parrain ? J'hésite.

Derek semble démuni de mots, peut-être sous le coup de l'émotion. Il se tourne alors vers Summer qui prend le relais en souriant.

— J'étais chargée de choisir la marraine et lui le parrain, elle explique. Nous voulions des personnes dont nous étions certains des intentions envers nous, des personnes aimantes, serviables, vraies, auxquelles nous tenons énormément. J'ai choisi Normi, ma meilleure amie depuis le collège. Derek t'a choisi parce qu'il sait à quel point tu as de bonnes intentions, parce que tu sais aimer et que tu sais aider. Tu es le genre d'ami que tout le monde rêve d'avoir et je suis contente que Derek puisse compter sur toi...

Derek baisse la tête et je crois qu'il rougit. Je suis tellement ému que je crois rougir également. Je ne sais vraiment pas quoi répondre.

— Si tu ne veux pas, parce que tu n'as pas le temps, que c'est un trop grand engagement pour toi c'est pas grave, je comprendrai... il ajoute en tournant les talons et en partant s'enfermer dans sa chambre.

— Pourquoi est-ce qu'il est parti ? Je demande en reprenant mes esprits.

— Sérieusement Miles? Jen soupire. Tu es resté plus d'une minute sans donner aucune réponse... il doit être vexé après tout ce que Summer a dit, parce que tout ça il le pensait.

— Il ne m'a même laissé deux secondes pour répondre...

— À ma montre ça fait deux minutes, baille alors Froy.

J'ai envie de lui répondre mais je ne le fais pas, je me contiens, réalisant qu'il dit peut-être vrai.

— Désolé... je m'excuse auprès de Summer.

Je dépasse alors le salon et m'enfonce dans le couloir, jusqu'à la chambre principale. J'ouvre la porte, la chambre qui est normalement épurée et rangée est pleine de vêtements de bébés, de produits de change et elle sent les produits pour bébé. Parmi ce fouillis, Derek est assis sur son lit, il me regarde brièvement avant de tourner la tête vers l'extérieur.

— Tu m'en as voulu ? Tu m'en veux ? Il me demande d'emblée.

— Non, pourquoi ?

— Tu ne m'en as pas voulu quand j'ai couché avec Jen ? J'ai été sa première fois, putain. Tu ne m'en veux pas ?

— Jen, je me racle la gorge, savait très bien ce qu'elle faisait, si elle t'a choisi toi c'est parce que c'est ce dont elle avait envie, j'étais son meilleur ami mais je ne contrôlais pas sa vie, on sait très bien qu'elle est incontrôlable. J'ai agi comme un idiot avec elle ce soir là, j'avais vraiment merdé, elle m'en voulait alors je ne pouvais rien y faire.

— Mais elle ne m'a pas forcé, il insiste. Nous étions deux, c'était un accord commun. J'ai choisi d'être sa première fois, j'ai choisi de te regarder droit dans les yeux et de te dire que je l'avais juste ramené chez elle, qu'elle n'avait pas ses clés alors pour ne pas réveiller ses parents je l'ai ramené chez moi, qu'on a regardé un film et on s'est endormis. Pourquoi tu ne me l'as jamais reproché ?

— Tu t'en veux pour ça Derek ? J'hésite. C'est vrai que je me doutais qu'elle n'était plus vierge parce qu'elle avait un peu changé. Je n'en étais pas certain et même quand nous nous sommes réconciliés, je n'ai pas osé lui poser la question, je lui parlais de mes aventures pour lui tendre la main mais elle n'en faisait rien alors j'ai supposé que j'avais tord. J'ai compris que j'avais en fait raison dans cet action ou vérité et j'ai compris que c'était toi l'heureux élu... je hausse les épaules. Ça m'a fait vraiment bizarre, j'ai même voulu t'en coller une sur le coup de l'alcool. J'avais l'impression que tu me volais un peu Jen mais je me suis aussi rappelé que nous nous étions dit qu'une fille ne nous séparerait pas. Tu n'étais pas en faute puisque je te rabâchais de sortir avec elle alors même si Jen était ma meilleure amie, celle que j'aimais le plus, que j'aime le plus, je savais que je devais accepter ce qui c'était passé entre vous... sinon vous perdre tous les deux et ça j'aurais juste pas pu.

— Wow... si tu savais comme je suis content d'avoir volé ton ballon ce jour sur le terrain de basket. Écarte bien tes oreilles parce que ce que je vais te dire est inédit. T'es vraiment un mec bien, tu mérites le monde, mais genre vraiment, tu mérites Jen.

— Oh mon chou, je souris, tu sais très bien que Jen n'est qu'une couverture, je n'aime que toi bébé.

Il grimace en se levant vers la porte de sortie.

— Oui bon je m'abstiendrai d'enseigner l'art des blagues à ma filleule, je souris.

— Donc... tu veux bien être le parrain de Cora?

Il s'étonne et je souris de plus belle.

***

Ça doit faire cinq minutes que nous sommes rentrés chez mes parents avec Jen, j'attends qu'elle me rejoigne dans le lit mais elle est occupée devant le miroir à faire je ne sais quoi. Elle a beau être merveilleusement belle, ça ne lui ressemble pas du tout de s'observer durant des plombes devant le miroir.

— Jen?

Elle ne me répond pas de vive voix mais ne m'ignore pas pour autant puisqu'elle se retourne brièvement vers moi avant de porter son attention, de nouveaux sur son reflet. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas du tout son attitude. Voyant qu'elle ne daigne plus me porter de l'attention, je m'extirpe du lit et me glisse derrière elle. Elle ne bronche pas, alors je suppose que je n'ai rien fait de mal, en même temps, je n'ai vraiment rien fait de mal, en partant de chez Derek tout allait bien, je crois donc que c'est juste elle qui réfléchit à un truc, que je ne tarderai pas à découvrir.

Je l'embrasse sur la jonction entre son cou et sa nuque, fermant les yeux, me laissant bercer par son odeur au kiwi. Je garde mes yeux clos, même quand je la sens récupérer ma main, la caresser en la faisant coulisser sur elle.

— Miles...

Elle m'interpelle, alors j'ouvre les yeux. Elle me fait un sourire innocent dans le miroir que je lui rends bien évidemment. Enfin, ça, c'était juste avant que je me tende en constatant qu'elle a posé ma main sur le bas de son ventre... comme si elle était enceinte, alors que c'est totalement impossible. Je l'interroge du regard, essayant de ne pas lui faire part de mon malaise.

— Tu ne voudrais pas qu'on ait un enfant nous aussi?

— Hein? C'est tout ce que j'arrive à répondre.

— Un enfant Miles, nous serions de tellement bons parents, tu ne crois pas?

— Si m...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, de lui exposer ma vision des choses qu'elle s'empare déjà de mes lèvres. Je me laisse faire et lui rends même ses baisers parce que je suis vraiment très faible devant elle. Elle ôte mon t-shirt et commence même à défaire ma ceinture tout en me dirigeant vers le lit. Je m'assois sur le matelas ferme et elle s'installe rapidement sur mes genoux. Je passe alors mes mains sous son t-shirt, entreprends de dégrafer son soutien-gorge, avant de me rappeler qu'elle n'en porte pas aujourd'hui. Je la libère alors de son t-shirt et c'est à peu près là que ma lucidité revient.

Je dois coincer son visage entre mes deux paumes de main et émettre une certaine résistance pour qu'elle s'arrête. Elle me regarde, ses yeux verts sont écarquillés, elle semble essoufflée alors que ses joues ont viré au rouge. Je descends, presque timidement, mes yeux sur sa poitrine dénudée tandis que la clarté de sa peau est altérée par des cicatrices un peu boursouflées. Il y en a beaucoup, aucune d'entre elle n'est récente, mais elles restent nombreuses.

— Mais c'est impossible Jen... je soupire. Je sais que tu n'es plus malade mais... même si tu ne le ressens pas vraiment, tu restes tout de même fragile.

— "Cela paraît toujours impossible jusqu'à ce que ce soit fait."

— Qu'est-ce que tu racontes?

— C'est ce que Nelson Mandela a dit.

— Je vois, mais là... ce n'est pas vraiment pareil.

— En quoi est-ce différent?

Je lui donne mon t-shirt qu'elle enfile après avoir émis un soupire. Elle s'enroule ensuite dans les draps bleus et je finis par la rejoindre. Elle pose sa tête sur mon torse, l'air boudeur. Elle utilise souvent cette technique afin de me faire craquer et changer d'avis, mais cette fois ça ne marche pas vraiment. Elle le comprend puisqu'elle se tend un peu, attendant des explications.

— Tu ne peux pas être enceinte Jen.

— Bien-sûr que si! Elle s'offusque.

— Non tu restes fragile, je secoue la tête.

— Tu crois que tu n'es pas fragile toi? Tu as quand même fait un coma durant plus de six mois.

— Je n'ai pas dit ça, arrête un peu. Je suis sûrement fragile mais moi je ne compte pas être enceinte au moins.

— Mais je peux être enceinte Miles, elle hausse le ton en se mettant debout. Je sens que j'en suis capable.

— Il te faut quoi pour te rendre à l'évidence à la fin? Il faut que tu me laisses élever un enfant seul parce que sa maman est morte?

Un éclair de colère passe dans ses yeux et je regrette presque instantanément mes mots précédents. Elle ouvre rapidement la porte de la chambre et la claque fortement. Je réfléchis un instant à la suivre, mais me rends à l'évidence que tout ce que je pourrais lui dire à présent ne pourra pas atténuer son mécontentement, alors autant nous laisser un peu d'espace.

Ma mère vient me trouver quelques instants plus tard, l'air paniquée et réprobateur. Je me redresse sur mon lit afin de l'écouter me faire ses mille et un reproches. Oui, depuis que Jen et moi sommes officiellement ensemble, mes parents ont tellement peur que je perde à la fois la fille que j'aime et ma meilleure amie qu'ils ne cessent de me mettre en garde sur ce que je fais mal avec elle. Je sais que je peux perdre Jen, c'est pour cela que je ne la prends pas pour acquise même après tout ce temps, mais parfois elle m'en demande trop.

— Elle veut que l'on fasse un bébé. J'expire.

— Un bébé?

— Oui, un petite être qui sortirait tout rempli de sang et de liquide bizarre de son ventre, après qu'un de mes spermatozoïdes ait fécondé avec une de ses ovules.

— Mais elle peut avoir un enfant? Ma mère demande sceptique.

— Je ne sais pas. C'est peut-être possible mais ça doit être super risqué... pour elle comme pour le bébé. Depuis que je la connais , j'ai cette peur qu'elle parte, que l'on m'annonce soudainement que je ne la reverrai plus jamais. Mais maintenant ça a changé, elle a un nouveau cœur, j'ai moins peur qu'elle parte sauf que maintenant elle veut tout remettre en cause... je peux pas maman...

— Tu devrais lui en parler Miles, elle est dans la chambre d'Austin.

— Je vais un peu attendre qu'elle se calme.

Ma mère hoche la tête avant de me laisser seul. Je retombe sur mon lit et attends que le temps passe en poursuivant mon projet à l'aide de mon ordinateur.

Trente minutes après notre dispute, je me rends au rez-de-chaussée, passe dans le salon depuis lequel mes parents me sourient. Je toque deux fois à la porte de la chambre d'Austin mais n'attends pas qu'elle me réponde pour entrer. Elle est allongée sur le lit, les yeux rivés sur son portable.

— Tu m'en veux? Je lui demande en m'asseyant au pied du lit.

— C'est soit ça, soit j'ai un baby blues.

— Mais je croyais que le baby blues c'était après la grossesse.

Elle me regarde comme si j'étais idiot et je comprends finalement le sens de sa phrase. Elle m'en veut. Je soupire longuement et je me lève jusqu'à la fenêtre. D'ici, je vois son ancienne maison, celle qui m'a permis de rencontrer cette petite blondinette.

— Tu sais, j'aurais adoré avoir un bébé qui serait le parfait mélange entre toi et moi Jenny, comme Derek et Summer en ont la chance, mais par-dessus tout je ne veux pas risquer de te perdre.

— Alors faisons un enfant! Elle s'exclame en se glissant dans mes bras.

— Tu en veux vraiment un, hein?

— Oui...

— Depuis quand?

— Depuis assez longtemps pour que je décide de t'en parler, elle répond en se mordant la lèvre.

— Jen... c'est pour ton bien quand je te dis non.

— Pour mon bien? Elle s'écarte vigoureusement de moi et passe follement sa main dans ses cheveux blonds. Je veux être enceinte, je veux être une mère, tu ne fais que me frustrer pour me protéger et blablabla. Tu sais quoi? Je peux toujours trouver quelqu'un d'autre, un bien, pas un vieux con comme toi.

— C'est quoi ça? Je souffle tel un buffle. Du chantage?

— Je crois que oui. Elle émet un discret sourire.

C'est à cet instant, qu'elle atteignit la ligne rouge, mon seuil de tolérance et de patience de la soirée. Je sens une chaleur se répandre à travers moi, mes sourcils se froncent et l'air se transforme rapidement en un champ électrique très actif. Jen réalise sûrement qu'elle a été trop loin puisqu'elle plaque sa main sur sa bouche, signe qu'elle souhaite retirer ce qu'elle vient de dire. Mais le mal est fait, et les mots sont sur le point de s'échapper de mes lèvres:

— Ecoute-moi bien, Jen. Tu fais chier. Jusqu'à il n'y a pas très longtemps tout ce qui m'inquiétait dans ce monde, c'était que ta vie s'arrête soudainement. Je me rappelle que quand j'entendais une sirène d'ambulance au loin, depuis ma chambre, je m'affolais, systématiquement je croyais qu'elle venait pour toi, que c'était la fin, que je t'avais perdu. Parfois elles t'étaient vraiment destinées et je te voyais te battre sur un lit de merde avec ton cœur qui ne voulait plus de toi. Tu sais ce que je pensais dans ces moments là?

— Tu ne voulais pas que je parte... elle dit tout bas.

— Exactement, comme un putain d'égoïste, je n'arrivais même pas à me dire "pitié, qu'elle ne souffre pas", non je voulais juste que tu restes avec moi, même si tu avais mal. Maintenant ça va mieux, tu vas mieux et tu veux partir? Tu veux partir parce que je ne veux pas féconder un truc qui va te tuer Jen. Et puis même si tu vis, qu'est-ce qui te dit que le bébé ne sera pas comme toi? Qu'il ne va pas hériter d'un cœur défaillant, que je devrais me remémorer cette peur constante de perdre quelqu'un que j'aime, sans même que je n'ai pu avoir une idée de la quantité de temps qu'il me reste à vivre avec. Je préfère te perdre en vie, plutôt que de revivre ça... ou alors que de te perdre pour toujours.

— Miles. Elle attrape mon bras tandis que ses yeux sont baignés de larmes.

— Tu n'as qu'à dormir dans la chambre d'Austin ce soir, je défais son contact, je demanderai à ma mère de te donner de quoi te couvrir.

— Et toi, tu seras où?

— Dans ma chambre, bonne nuit.

Elle m'observe, les lèvres pincées et les yeux humides, se reprochant certainement d'avoir foiré un truc. Je détourne difficilement le regard d'elle puis quitte la pièce, refermant la porte derrière moi. En passant dans le salon, je trouve mes parents à m'observer les yeux écarquillés, je sèche mes larmes en un revers, demande à ma mère de fournir une couverture à Jen et retourne dans ma chambre, tombant dans mon lit de fatigue et de remords.

***

Le soleil ne s'est pas encore levé quand j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Il doit être cinq heures du matin, mais je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je m'étire au-dessus de ma table de chevet et allume la lumière afin de découvrir l'identité de mon visiteur.

Sans grande surprise, je découvre Jen. Elle a eu un petit sursaut à l'apparition de la lumière mais elle s'est vite reprise, elle se pare désormais d'un infime sourire. Ses yeux ont la même lueur terne que quand je l'ai laissée dans la chambre d'Austin quelques heures auparavant, mais tout en elle me donne l'envie de faire renaître la joie sur son visage.

Je m'assois sur mon lit et elle m'y rejoint après hésitation. Elle est assise face à moi, silencieuse et belle, le visage triste et le regard fuyant. Si je savais que rencontrer la fille de Derek et Summer nous mettrait dans une telle situation, j'aurais tout mis en oeuvre pour que nous rations notre avion. Nous n'avions jamais lancé le sujet "enfant" mais je croyais que nous étions tous les deux d'accords avec le fait que nous n'en aurons jamais par voie "naturelle", parce que le facteur risque est bien trop élevé.

— Je suis désolée Miles, elle se jette à l'eau, je n'aurais jamais du te faire ce stupide chantage... mais...

— Mais tu veux vraiment un enfant et tout ce que je dirai ne pourra jamais modifier cette envie.

— Je crois... Miles, je veux au moins que l'on essaie... que l'on demande à quelqu'un si c'est possible et ce qu'on risque...

— On ira voir ton médecin ce matin alors... mais...

— Mais si les risques sont trop importants, alors on devra faire autrement, elle complète ma phrase.

— Viens là, je dis tout en m'allongeant sur le lit. Je vais enfin pouvoir trouver le sommeil, je l'embrasse sur l'épaule. Je t'aime Jenny.

Elle rigole un peu en se retournant vers moi. Elle pose ses lèvres au creux des miennes très rapidement et recommence à sourire. J'aime la voir sourire.

— Je t'aime aussi Miles.

*

L'horloge blanche et bleue, style marin, du cabinet de Dr Denver affiche onze heures pétantes. Nous sommes arrivés il y a plus de dix minutes après que la secrétaire nous ait prévenu qu'il n'a aucun trou libre dans son agenda et qu'il ne sera donc peut-être pas en mesure de nous venir en aide. Néanmoins, nous essayons, peut-être acceptera-t-il de nous recevoir entre deux rendez-vous, après tout, c'est le cardiologue de Jen depuis sa naissance.

Elle serre sa main dans la mienne, fixant du regard un adolescent ou peut-être pré-adolescent attendant face à nous. Lui, il observe la vue à travers la fenêtre, stressant d'avantage à chaque seconde.

On entend quelques cliquetis à l'intérieur du cabinet et Jen et moi portons simultanément notre attention sur la porte du docteur en cardiologie, sur laquelle est exposée une plaque couleur bronze. Une patiente en ressort et bientôt le docteur balaie la salle d'attente du regard, et ce, juste avant de récupérer sa liste de patients de la journée.

— Joshua Black?

Le jeune homme face à nous, lève la tête alerté. Il semble craindre une nouvelle qu'il apprendra certainement au cours de son rendez-vous. Jen l'observe tristement en scellant sa main à la mienne.

— Ça alors, Jen Hardee! Lance Dr Wes.

Jen sourit timidement en se mettant debout, le docteur la prend dans ses bras avant de l'examiner du regard.

— Je ne t'avais pas vu depuis quoi? Deux ans? Tout va bien?

— Oui, elle déglutit difficilement, mais nous aimerions avoir votre avis sur quelque chose, s'il-vous-plaît...

— Il faudra faire court mais suivez moi dans mon bureau. Il nous indique finalement. Joshua c'est ton tour dans cinq minutes!

— Est-ce que je peux être enceinte docteur? Interroge Jen une fois la grande pièce intégrée.

Dr Wes se retourne vers nous, le visage souriant. Ses yeux d'un marron intense voyagent de Jen jusqu'à moi, avant de se diriger vers son bureau en verre, sur lequel trônent de nombreuses brochures préventives.

— Oui, il finit par dire, il n'y a pas de contre-indication par rapport à une grossesse à la suite d'une greffe dans la zone pectorale, ça vaut pour le cœur mais aussi les poumons. Ton métabolisme devrait bien s'y faire. Cependant...

Le visage de Jen se décompose au fur et à mesure que le monsieur en blouse blanche face à nous nous détaille la situation. En clair et en enlevant les termes trop scientifiques dont il est le seul à connaître la signification dans cette pièce on comprend que: le bébé aura 50% pour-cent de chance d'être atteint d'une cardiomyopathie dilatée. Pour moi, il s'agit là de 50% de trop. Je pose ma main sur la cuisse de Jen mais elle ne semble pas vraiment le remarquer.

— ... mais grâce aux nouvelles technologies, on pourrait détecter cette malformation cardiaque bien avant la naissance. L'avortement pour raisons médicales pourrait alors être possible. Ou alors vous pourrez mener la grossesse à son terme et choisir de garder cet enfant avec vous, l'élever malgré son coeur défaillant.

— Qu'est-ce que vous nous conseillez? Elle demande faiblarde.

— C'est une décision très difficile, j'en conçois, mais vous et vous seuls pouvez y répondre.

Le retour à la maison a été difficile, surtout pour Jen, parce qu'elle voulait garder espoir tandis que moi je m'étais fait une raison. Elle a fondu en larmes dans mes bras, s'excusant à une multitude de reprises. Quand on a croisé un enfant sur le chemin entre le cabinet et la voiture, ça a été comme une sorte de petite apocalypse, Jen aurait pu s'écrouler au sol si je n'avais pas été là pour la soutenir, elle a pleuré et puis elle s'est calmée. Elle était calme mais je voyais très bien cette tristesse au fond de son regard, sur le coup, elle se maudissait d'exister.

— Tu devrais me quitter Miles, elle me dit en ôtant sa veste.

— Je n'en ai pas la moindre envie Jenny, je lui souris sincèrement.

— Je crains...

— Dit la plus belle femme, la plus intelligente, la plus amusante, la plus forte, la plus tenace. Viens ici, on va parler un peu.

— De quoi? Elle s'inquiète en faisant rouler son pied vers l'intérieur.

— Des alternatives afin de faire de toi une maman et de moi, un papa.

L'adoption, c'est ce sur quoi nous avons convenu Jen et moi. Au départ elle me disait qu'elle préférait que je couche avec une autre femme, afin qu'elle porte notre enfant. Je n'étais franchement pas embâllé, simplement parce que j'aurais bien trop l'impression de trahir Jen mais aussi parce que je ne voudrais pas qu'une fois l'enfant né, Jen se sente mal à l'aise quant au fait que ce soit mon enfant, biologiquement parlant, et pas le sien.

L'adoption est alors notre plus simple solution, puisque Jen et moi sommes convaincus que la parentalité s'acquiert à travers l'éducation, la prise en charge et l'amour. Ainsi notre enfant sera autant notre enfant que si nous l'avions fait. Cependant, nous savons que les processus d'adoption peuvent être longs et semés d'embûches, alors il nous faudra beaucoup de courage et aussi de motivation, mais je crois pouvoir m'avancer sur le fait que nous y arriverons.

— On peut s'inscrire maintenant sur Internet Miles? Elle me demande, son enthousiasme revenu.

— A deux conditions...

— Je t'écoute Milou.

— Premièrement, je veux un bisou, parce que ça me manque déjà...

Elle me coupe la parole en plongeant sur mes lèvres depuis le sofa du salon. Je la laisse tranquillement s'approprier mes lèvres tandis que ses mains font pression sur mes cheveux. Moi qui croyais que ça finirait par s'estomper, je ressens toujours ces mêmes papillons dans le ventre, aussi intensément que le premier jour. Elle m'allonge sur le fauteuil et je trouve que la tournure que prend ce baiser est très intéressante, succulente je dirais même. J'immisce mes mains sur la fermeture éclaire de son jean, la défais et Jen descend sa langue sur mon cou.

— Sapristi! Fait une voix non étrangère.

Jen se redresse immédiatement, manquant de justesse de tomber à la renverse hors du canapé. Elle a viré au rouge et je crois que c'est aussi mon cas. Je me relève également, ayant la présence d'esprit de fermer la fermeture éclaire du jean de Jen.

— Je hum... ma mère racle difficilement sa gorge. J'ai fait de petites courses, vous voulez m'aider à faire la cuisine?

— Non maman, je souffle en posant discrètement ma main sur la cuisse de Jen. On a déjà notre occupation, je dis afin que seule Jen ne l'entende.

— Oui, on arrive, me contredit alors ma partenaire.

Jen se lève, mettant définitivement un terme à notre échange se voulant passionel, que ma mère avait déjà fractionné. Je lui attrape la main afin de la garder pour moi juste quelques instants de plus.

— Ma deuxième condition, c'est que tu apprennes à notre enfant à donner des noms à ses chaussures, parce que c'est beaucoup trop mignon.

*******

Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce bonus vous a plu !

Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas été active sur Wattpad j'ai l'impression et ça m'a vraiment trop manquée de vous donner de mes nouvelles, prendre des vôtres, vous partager les histoires que j'ai en tête, c'était vraiment FRUSTRANT ! A la fin des révisions je n'en pouvais plus je voulais juste écrire et pas avoir mon bac lol. Mais j'ai résisté...Comment le Bac s'est passé pour vous? Les S le bac de maths???? J'espère que ça a été dans l'ensemble, moi je regrette l'époque du bac de français (à part l'oral hein) mais l'écrit je me suis trop amusée je sais je suis bizarre. Bonne chance à ceux qui passent le Brevet, fingers in the nose =)

Maintenant je suis en VACANCES! Je ne m'y fait toujours pas puisque je me suis levée très tôt aujourd'hui mais bon j'aurais enfin le temps d'écrire un peu plus et de profiter de ma vie donc... j'ai prévu d'écrire une nouvelle histoire, dont je ne vous révèle toujours pas le nom, mais j'espère que vous me soutiendrez toujours dans ce nouveau projet et qu'il vous plaira!

Cœur Cœur ! <3

Noémie =)

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