Chapitre 7 - Confidence
~ Masego & FKJ - Tadow ~
Stéphanie — 2 Octobre 2011 — Los Angeles.
En vue d'une semaine de boulot rudement chargée, une soirée au Hard Rock Coffee est de bonne augure. Cam et June nous ont faussés compagnie au dernier moment, mais malgré cela, Hayden et moi avons maintenu la soirée. Il s'est même proposé de venir me récupérer et cela m'évite de passer une demi-vie dans les transports en commun.
Plutôt cool de sa part
Et à l'heure dite, une Maserati V8 S se gare dans ma rue. Hayden m'avait parlé de son bolide, et elle était forcément plus impressionnante que sur l'écran d'un mobile.
— Hey ! J'ai pas été trop long ? demande-t-il en ouvrant la portière.
— Hello. Un peu, mais comparé au temps que j'aurais mis en bus, tu es pardonné, assuré-je en prenant place.
Un sourire matois étire ses lèvres. Et sans perdre son humour, il poursuit.
— Princesse, tu sais bien que je peux pas faire attendre les jolies femmes, glisse-t-il, un sourire pendu à ses lèvres.
Du Hayden tout craché !
Amusée par son attitude de séducteur, je me contente de lui sourire. La séduction fait partie de son être et il a un don réel pour la communication. L'avantage c'est qu'il ne sort pas l'artillerie lourde du dragueur de bas étage, mais l'inconvénient, c'est qu'il est coriace. Un chasseur que le refus motive d'autant plus que la victoire est compliquée. Il sait que je le considère comme un ami et pourtant il n'en démord pas. En ce qui me concerne, il est bien trop fugace pour être mon petit ami.
Il se concentre ensuite sur la conduite et le moteur de la Maserati vrombit en direction de West Hollywood. On
sent qu'elle a des chevaux sous le capot et qu'il n'exploite pas toute sa puissance. Les mains resserrées sur le volant, à présent plus rien ne le perturbe. Ce n'est plus Hayden qui est à mes côtés, mais un professionnel hors pair. Être aux côtés d'un pilote aussi talentueux est appréciable. À l'intérieur du Hard Rock coffee, les chromes et les lampes à led règnent en maître, le tout offrant une ambiance très rock and roll. Nous nous faufilons parmi la foule jusqu'à une table un peu en retrait. Et après avoir commandé deux bières auprès d'une serveuse montée sur roller, Hayden retire sa veste qu'il jette sur la banquette à ses côtés. Son teeshirt moulant laisse apparaître un torse divinement musclé. Et même si je me refuse de le reluquer, je ne peux m'en empêcher. Les notes boisées de son parfum me font déjà tourner l'esprit. C'est vrai qu'il est beau gosse et qu'il a du charme à revendre, mais tomber amoureuse d'Hayden est du suicide. Non seulement je bosse avec lui, mais en plus il est incapable de s'en tenir à une seule femme. Il doit sentir que je suis au bord du gouffre parce qu'il plante ses mirettes au fond des miennes. Le genre de regard capable de décortiquer votre âme.
— Alors ? Ça s'est bien passé Jeudi soir ? demande-t-il avec intérêt.
Hayden est aussi mon confident. Alors, je me suis confiée au sujet de Chris. Il me fallait un avis masculin qui tienne la route et il se trouve que le brun est parfait pour ce rôle. Puis, il est aussi un des amis de Chris.
— Plutôt bien. On a fait connaissance.
— Vous avez prévu de vous revoir ?
— Oui, il doit m'apprendre à piloter une voiture, dis-je, naturellement.
Hayden se marre presque instantanément. Et même s'il ne me semble que rien ne soit si ironique, je l'observe sans ciller en attente d'explication.
— Oh la blague ! Il a compris que t'avais besoin de cours en urgence !
— J'ai dit "piloter" et pas "conduire", nuance ! râlé-je.
Les bras croisés sur ma poitrine, je bougonne en silence. Il m'agace carrément, mais ma réaction ne fait que l'encourager de plus belle.
— Non mais, avoue que c'est pas ton point fort, se marre-t-il.
— Jamais !
— En tous cas, lui, il l'a vu !
S'il n'était pas un bon ami, je l'aurais rembarré depuis un moment. Et même si son rire pourrait m'entraîner dans son sillage, je me borne à le fusiller du regard, ce qui ne fait que relancer son hilarité.
Hayden s'est montré discret lorsqu'il est monté dans mon Alfa Romeo, aucun mot plus haut que l'autre. Mais le lendemain, les critiques pleuvaient du fait qu'il a une vision est plus technique que monsieur tout le monde.
— La seule chose c'est qu'on aime les voitures tous les deux et que je lui ai dit que j'aimerais apprendre à piloter , souligné-je en singeant le dernier mot.
— Ah ouais ? pouffe-t-il de rire, et bien il va vite comprendre alors.
— Oh t'es nul quand tu t'y mets ! grondé-je
Je feins une moue boudeuse qui finit par l'attendrir.
— Princesse ! Tu peux pas te vexer de ce qui est vrai, lance-t-il avec un rictus.
— Tu sais que t'es carrément désagréable, là !
— Non, pas du tout ! lance-t-il avec un sourire.
Et il penche la tête sur le côté, destinée à désamorcer ma colère. Et il y arrive très bien puisque je me sens très vite ridicule. Je troque ma mine renfrognée contre une sourire timide. C'est alors que le brun fourre sa main dans mes cheveux, comme pour solder cette plaisanterie.
— Bon, c'est bien. S'il se comporte comme un rustre tu me le dis et j'irai lui casser la tête. Ok ?
— Tout se passe bien pour le moment. On a même échangé tous les soirs depuis ce jeudi.
— Rien de plus classique quand tu es intéressé par une nana ! lance Hayden.
Et il croise les bras sur son torse, prenant appuie sur le dossier de la banquette.
— Oui et bien c'est pas ce que je connaissais avec mon ex !
— L'autre tordu qui te servait de mec ?
— Oui. C'était un abruti, pas un tordu.
Hayden rit jaune et bascule la tête vers la salle, comme pour éloigner une idée trop dérangeante. Ramenant
son regard sur moi, il retient un soupir.
— Il n'y a pas eu de harcèlement, Hayden ! je réitère.
Il me jauge un instant, évaluant les mots qui vont suivre, puis il se rapproche, les coudes posés sur la table.
— Princesse, appelle-ça comme tu veux, mais un gars qui te dit je t'aime et se tire avec sa meilleure amie, pour moi, c'est un connard ! Il n'y a pas d'autres mots !
C'est peu dire.
Hayden est le seul à qui je me suis confiée. Il a su repérer cette flamme éteinte au fond de moi et je lui ai déballé mon histoire.
— J'ai fait table rase du passé en venant ici ! Maintenant, je vais mieux.
— Pas tant que ça, je trouve !
Peut-être que je n'ai pas envie que mes faiblesses ne soient trop repérées.
— Je t'assure que oui ! simulé-je
— Princesse, tu peux bluffer qui tu veux, mais pas moi.
J'oubliais qu'il a sixième sens.
Ses prunelles avelines plongent au fond des miennes, sillonnant chaque recoin, chaque pensée qui pourrait germer. Et cela me met mal à l'aise car je n'ai pas pour habitude qu'on me devine aussi bien. D'ordinaire, c'est moi qui m'essaie à la tâche.
— Tu sais. Si tu avais été à moi, à l'époque. Rien de tout cela ne serait arrivé.
— Mais tu sors avec trois filles par semaine ! m'exclamé-je.
— Peut-être ouais, mais c'est parce qu'aucune ne me correspond.
Ses paroles me donnent l'intime conviction qu'elles me sont adressée et une sorte de communication silencieuse s'instaure entre nous. Le seul problème avec Hayden, c'est qu'on ne sait pas le temps qu'il restera amarré à un port. Et puis, mon intérêt est dirigé vers quelqu'un d'autre.
— Je suis plus compliquée que tu ne le crois !
— Oh ça, je le sais bien, se marre-t-il amusé.
La discussion ne prend pas la tournure que je voudrais. À la base, je comptais récolter un peu des informations sur Chris, de manière subtile, mais apparemment ce sera pas le cas. Alors je rumine et me mords la lèvre inférieure. Après tout, ce n'est qu'une question et j'ai le droit de la poser. Mais ne serait-ce pas trop intrusif ?
Mon cerveau bouillonne jusqu'à ce que je trouve une idée.
— Et je présume que Chris est comme toi ? Qui se ressemble s'assemble !
Voilà !
Balancé sur le ton de la plaisanterie, ni vu, ni connu. Connaissant Hayden, il va sûrement rebondir là-dessus.
— Non. Disons qu'une période de sa vie l'a fait changer mais c'est pas sa vraie nature. Et en ce moment il en train de s'en rendre compte.
— Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
— Il ne t'en a pas parlé ?
— Non.
Hayden prend un air grave, rassemble ses idées, et se lance. Impatiente, je bois ses paroles.
— Chris était avec une fille. Ça faisait un moment qu'ils se connaissaient. Elle s'appelait Beverly. Bonne élève, gentille et toujours de bonne humeur. Elle était appréciée de tout le monde. On savait qu'elle se faisait suivre à l'hôpital à cause de ses maux de tête, mais elle n'a jamais dit ce qui se passait. Elle se montrait vaillante aux yeux des autres. Jusqu'à la fin, on ne s'est douté de rien. Et cette saloperie de cancer l'a emportée pour toujours.
Je ramène la main sur ma bouche, horrifiée. C'est comme si le temps s'était arrêté, comme si on était dans une autre dimension.
Hayden baisse la tête sur son verre qu'il tripote d'une main et moi, je ne sais pas quoi penser ou seulement à regretter d'avoir tenter d'en savoir plus. Je tente des excuses, mais le brun m'assure que ce n'est pas ma faute. Et lorsqu'il se sent, il poursuit. Le temps reprend alors son allure normale.
— Chris a mis du temps avant de s'en remettre et lorsqu'il a recommencé à vivre, on l'a conseillé de sortir et de rencontrer du monde. Alors il a cumulé les relations d'un soir. Je pense que c'était une manière de réparer le mal. Mais c'est un mec très secret et je n'en sais pas plus. Je pense que si vous devenez assez proche, un jour, il t'en parlera.
Il marque une pause nécessaire, les yeux dans le vague. Face à cette tragédie, je me sens insignifiante. Un point dans l'infini. Hayden avale deux gorgées de bière avant de me considérer à nouveau.
— Je suis désolé, c'est pas très gai.
— C'est pas grave, rassure-toi, soufflé-je.
Il finit son verre et commande une autre tournée.
Le moral à zéro, il s'évertue à trouver un sujet de conversation ou même à se moquer des gens qui passent, mais rien ne prend, et le silence revient toujours.
Je réussis à l'intéresser lorsque je fais allusion aux courses de voiture. À cet instant, il balaye toute émotion négative pour se consacrer au sujet principal de la conversation. Et il mène le jeu, m'expliquant le début et la fin tout en me promettant de me conduire à l'une d'entre elles, un jour.
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