Chapitre 6
Les problèmes commencent dans ce chapitre-ci...
Chapitre 6.
Le lendemain, c'est une douce odeur d'œuf et de bacon qui me réveilla. Lorsque j'ouvris les yeux, les draps étaient froids et froissés à côté de moi. Je jetai un œil au cadran pour m'apercevoir qu'il était près de 10h du matin. Par chance, nous étions dimanche, alors je pouvais me permettre de faire la grasse matinée aussi longtemps que je le voulais. Pourtant, il fallait bien se lever un jour et la flagrance du bacon qui cuisait m'attirait irrésistiblement. Passant ma langue sur mes lèvres, je récupérai une paire de jean et un boxer dans mes tiroirs et les enfilai. J'étirai mes muscles, puis suivis le chemin de vêtements qu'Andreas et moi avions laissé, hier soir, en nous déshabillant sauvagement.
Rapidement, j'atteignis ma cuisine où s'échappait la douce odeur. Je m'en pourléchai les babines. Mais il n'y avait pas que le petit-déjeuner qui me faisait baver... ça, non! Andreas était debout devant la cuisinière, dos à moi, et ne portant rien d'autre que son sous-vêtement qu'il avait dû récupérer quelque part sur le sol en se levant. Chaque muscle de son dos, de ses cuisses ou de ses fesses était visible, sublimés même. C'était une vision à laquelle je pourrais facilement m'habituer au réveil. Loin d'être désagréable. Et je me surpris à songer à ce que ce serait de me réveiller avec mes bras autour de sa taille, le nez dans son cou...
Je secouai la tête pour chasser les pensées toutes plus niaises les unes que les autres qui avaient envahies ma tête, puis je m'assis sur un des tabourets de mon îlot de cuisine.
-Bonjour, dis-je pour commencer.
Andreas se tourna vers moi, décoiffé, mais souriant.
-Bonjour.
-Tu as fais le déjeuner?
-Ouais, je ne voulais pas te réveiller et je commençais à avoir faim. Et je me suis dis que tu ne devais pas avoir souvent le temps de manger de vrais œufs avec ton travail. Tu as l'air d'être le genre de gars qui se lève quinze minutes avant de devoir partir et qui mange sur la route.
-Bien vu.
J'aurais voulu le contredire, mais il avait visé en plein dans le mille. Je prenais toujours un café en passant, non-loin de la station de métro, avec une viennoiserie au hasard en guise de déjeuner. J'avais une grande cuisine, mais la vérité était que je ne m'en servais presque jamais. Je faisais des efforts pour préparer quelques trucs sains quand Léa était avec moi, mais là s'arrêtait ma relation avec la cuisine-maison. J'enviais vraiment Elijah et Sam qui sortaient tous les deux avec des chefs cuisiniers! Non pas que je veuille être en couple, mais je songeais juste qu'avoir de bons petits plats préparés tous les jours était un avantage considérable de la vie à deux.
Andreas utilisa une spatule dont je ne me souvenais même plus l'existence pour tourner son œuf, puis le mettre dans une assiette sortie à cet effet. Il rajouta quelques lanières de bacon croustillantes bien grasses, une tranche de pain grillée au beurre coupée en deux, puis déposa le tout juste devant moi.
-Bon appétit.
Il poussa une fourchette dans ma direction et je m'en emparai aussitôt.
-Ça a l'air foutrement bon, le complimentai-je.
-Merci. Quand j'étais en France, je vivais en colocation avec trois autres mecs, alors on faisait des rotations pour la cuisine. J'ai vite appris deux trois petits trucs, mais il faut dire que faire cuire un œuf et du bacon, ce n'est pas la chose la plus compliquée à faire : suffit de prendre le temps!
Je me fichais de savoir si c'était difficile ou facile à faire : c'était vraiment bon! J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je n,avais jamais rien mangé comme ça, entre mes cafés énergétiques et mes pâtisseries souvent à-moitié sèche dans leur petit sac de papier brun.
Andreas éteignit le rond, puis se fit lui-même une assiette, venant manger en face de moi de l'autre côté de l'îlot, restant debout.
-Tu arrives à marcher? Lui demandai-je un peu moqueusement, me souvenant qu'il avait plaisanté sur le sujet hier.
Il me sourit, taquin, en retour.
-Oui, mais pas à m'asseoir!
Je ris, me demandant si j'y étais vraiment allé si fort hier soir. Il était vrai que mon désir de lui était grand, mais avait-ce été à ce point ou Andreas exagérait-il la chose?
Tandis que je riais avec amusement de la situation, le bruit familier d'une sonnette que l'on actionne me fit instinctivement tourner la tête vers ma porte. Qui pouvait bien venir me déranger à une heure pareille?
-Je vais aller répondre, dis-je.
Je me levai et marchai jusqu'à la porte d'entrée, slalomant entre les vêtements éparpillés sur le sol : chemises, bas, souliers... etc. Une main sur la poignée, j'ouvris la porte pour tomber sur une grande blonde platine aux quelques mèches brunes. Elle tenait un sac-à-main de haute-couture dans une de ses mains aux ongles parfaitement manucurés et son portable argenté dans l'autre. Élancée, bien maquillée et élégante, elle avait tout de la femme moderne modèle du vingt-et-unième siècle.
-Rob, dit-elle, je devais te parler sans Léa, mais je n'ai pas pu trouvé de gardienne à cette heure-ci de la journée, alors elle est dans la voiture et attend : j'espère que ça ne te dérange pas trop de la prendre avec toi un peu plus tôt? Je me suis dit que tant qu'à passée avec elle, je te la laisserais. Puis, si tu pouvais la prendre, ça m'arrangerait assez parce que j'ai un brunch avec des amies à 11h.
J'eus une pensée pour Andreas, toujours dans la cuisine. Il n'était rien de plus qu'un gars avec qui j'avais flirté, puis mis dans mon lit : il ne pouvait pas rencontrer ma fille! Je n'étais encore sûr de rien concernant une soit-disant relation entre moi et Andreas, alors il Léa ne pouvait pas le voir. Je ne voulais pas risquer qu'elle s'attache à lui pour ensuite le perdre. Il n'était pas question que j'impose ce genre de souffrance à ma fille : elle en avait déjà eu assez comme ça en terme de perte depuis le divorce de moi et sa mère. En bref, Andreas devait partir, mais je ne savais pas comment le lui dire tout en restant poli.
-Je... ouais, tu n'as qu'à l'amener, dis-je en me massant la nuque d'une main.
-C'est bon, mais avant, je dois te faire signer deux trois trucs. Je peux entrer?
Je me mouvai sur le côté pour la laisser passer.
-Rob, qui c'est? Cria Andreas depuis la cuisine.
La blonde tourna la tête, cherchant à vois d'où provenait la voix.
-Oh, tu as un invité? Me demanda-t-elle.
-Ce n'est rien, répondis-je à Andreas avant de me préoccuper de l'autre. Oui, mais il part bientôt.
-Tant mieux, car il faut que nous parlions.
Elle commença à avancer.
-Allons dans la cuisine, nous serons plus confortables. Je souhaite amener Léa dans le Sud durant trois semaines, alors j'ai besoin que tu signes des autorisations parentales et tout ce qui sera nécessaire. C'est une amie à moi dont le mari possède un club med qui nous invite.
Elle continua de s'aventurer dans la maison, pendant que, le cœur battant, je la suivais sur les talons. J'avais peur de ce qui ce passerait quand elle verrait Andreas.
-Je... heu... tu veux dires que je ne verrais pas ma fille pendant trois semaines?
-Enfin, seulement une, car nous partirions sur ma semaine de garde et reviendrions sur la suivante.
Elle mit les pieds dans la cuisine et ses yeux d'un bleu saisissant se posèrent sur Andreas. Un pli apparut sur son front.
-Qu'est-ce que... – commença-t-elle.
-Écoute, Alexandra, dis-je, je peux t'expliquer... Je... voici Andreas, Andreas, voici Alexandra.
N'étant pas certain de comprendre ce qui se passait, Andreas lui tendit la main pour la serrer, mais elle l'ignora, ne pouvant pas s'empêcher de détailler sa tenue qui se composait d'un unique sous-vêtement. Alexandra se tourna lentement vers moi.
-C'est honteux! Je t'avais prévenu, Rob! Tu ne peux pas ramener tes conquêtes, juste comme ça, à la maison! Quel exemple penses-tu que tu donnes à notre fille? Imagine si elle avait débarqué avec moi de la voiture! Bon sang, tu es le pire père qui soit, irresponsable de surcroît! Léa doit déjà subir notre divorce, si en plus, elle doit supporter tes penchants sexuels anormaux! Est-ce qu'il t'arrive de réfléchir, parfois? Non, parce que ça ne paraît pas beaucoup! Tu veux que ta fille voit son premier homme pratiquement à poil à l'âge de sept ans?
Elle déposa lourdement son sac-à-main sur le comptoir et en sortit plusieurs documents, qu'elle posa juste à côté.
-Tu vas me faire le plaisir de signer cela sans discuter. Je vais annuler mon brunch pour garder Léa, car il n'est pas question que je te la laisse maintenant.
-Attend, Alex', tu n'es pas sérieuse, voyons..., tentai-je de protester.
-Ne m'appelle pas comme ça! Et je suis très sérieuse. Je t'avais prévenu, Rob, je vais demander la garde complète de notre fille, car tu n'es absolument pas apte de l'élever correctement!
Elle ramassa sa sacoche, puis marcha furieusement jusqu'à la porte d'entrée qu'elle claqua derrière elle. Je restai un moment immobile, totalement sous le choc. Puis, un mélange de colère et de tristesse me submergea d'un seul coup. Je frappai le comptoir violemment de mon poing.
-Merde!
D'un coup de bras, je fis voler toute la paperasse que Alexandra avait laissé. Je pris une grande respiration, sentant mes yeux piquer. Léa était tout ce que j'avais de plus précieux, ma seule réussite. Et sa mère menaçait de me l'enlever.
-Tout ça, c'est de ta faute! Criai-je en pointant Andreas du doigt. Si seulement tu étais parti hier, comme je te l'avais demandé!
Le pauvre, qui n'avait rien demandé, leva les mains en signe d'innocence, mais j'étais trop furieux pour réfléchir.
-Rob..., tenta-t-il.
-Sors de chez-moi!
Et, ramassant ses vêtements éparpillés un peu partout dans la maison, c'est ce qu'il fit. Avant de refermer la porte, il dit seulement :
-Appelle-moi quand tu te sentiras mieux, okay?
La porte se ferma et je fus seul. J'appuyai mes coudes sur le comptoir, prenant la tête entre mes mains. Je sentis la première larme dévaler mes joues. Je me sentais seul. Je n'aurais pas dû le chasser, mais j'étais trop orgueilleux pour lui courir après ou l'appeler.
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