Chapitre 15
Bonjour !
Si l'envie de me jeter des pierres vous prend en lisant ce chapitre, attendez de le lire au complet + de lire mon petit mot de l'auteure à la fin. Merci ! ❤️
Chapitre 15.
Sept jours. Sept putain de jours. Sept jours que je n'avais plus de nouvelles d'Andreas. Il ne répondait plus à mes messages ni à mes appels. J'avais pensé qu'une fois sa colère redescendue, il réaliserait sa méprise, mais ça ne semblait pas être le cas...
Il y avait une semaine, lorsque je suis rentré du boulot, j'avais trouvé un message sur mon répondeur. J'avais espéré entendre la douce voix d'Andreas, mais il s'agissait plutôt d'un appel pour me dire qu'Alexandra me convoquait en cours concernant la garde de notre fille.
Étant moi-même avocat, j'avais choisi de me représenter seul et aujourd'hui était le jour de l'audience.
Je serrai le nœud de ma cravate et jetai un dernier regard à mon reflet dans la glace. Léa était chez sa mère depuis lundi dernier et j'espérais pouvoir la revoir bientôt. Je n'allais pas laisser un juge se mettre entre moi et ma fille ! Léa était la seule bonne chose que j'avais fait dans ma vie et Alex' ne pourrait pas me l'enlever. Je n'étais peut-être pas le meilleur des pères, mais je faisais de mon mieux chaque jour pour m'améliorer. J'espérais vraiment que le juge qui serait chargé de la cause le comprendrait. Je soupirai, puis terminai de me préparer, rajoutant la dernière touche de gel dans mes cheveux. Je devais bien paraître face au juge.
Je sautai dans ma voiture, direction le Palais des congrès. Je répétai mentalement mon plaidoyer tout en conduisant.
En arrivant, je croisai Alexandra et son avocat dans le couloir. Je les ignorai superbement, mais en écoutant discrètement leur conversation, j'appris que Léa était chez une amie pour s'y faire garder. Elle ne viendrait donc pas témoigner aujourd'hui. Tant mieux !
Utilisant les contacts que j'avais ici, j'appris le nom du juge qui siégerait ce matin et ce nom fut loin de m'enchanter... Il était connu pour être homophobe sur les bords... Bien sûr, il se devait d'être impartial dès qu'il renfilait sa toge et sa perruque, mais je savais d'avance qu'il ne se montrerait pas tendre pour autant avec moi.
Je me posai sur un banc et attendit que la cours ouvre. À dix heures tapantes, les portes s'ouvrirent et j'allai m'installer avec ma mallette et mes dossiers. Comme à chaque fois que je représentais un client, j'étais un peu nerveux avant le début du débat, mais je savais qu'aussitôt que ce serait commencé, mon manque d'assurance s'envolerait miraculeusement en un claquement de doigt. Seulement, cette fois-ci n'était pas comme les autres, car l'enjeux était ma fille et je devais me représenter moi-même. J'étais plus stressé qu'à l'habitude ; je sentais mes mains moites trembler. Pourtant, je savais que je devais me calmer. Je ne pouvais pas gagner ma cause si je ne paraissais pas en confiance et en maîtrise de mes arguments.
Je pris une immense respiration. L'avocat d'Alexandra se leva et vint se poser devant le juge. La cours commença...
Je me débattis bec et ongle et quand le juge dut prendre un moment pour aller réfléchir au jugement à rendre, je pensai avoir fait bonne impression. Plus d'une fois, j'avais eu envie de sauter sur l'autre avocat pour lui faire avaler sa robe, tant ce qu'il disait me semblait absolument sorti de son contexte et débile, mais je me suis retenu et l'ai caché du mieux que j'ai pu.
L'avocat d'Alexandra avait cherché à faire valoir que j'étais un père absent et irresponsable à cause des hommes que je ramenais à la maison. Je m'étais défendu en disant que je n'invitais jamais personne lorsque Léa était là et qu'Alexandra ne faisait sûrement pas mieux lorsqu'elle avait sa semaine seule, mais ils m'avaient contredit en disant qu'elle avait croisé un homme torse nu chez-moi (Andreas), alors qu'elle venait me porter Léa. J'avais bouillonné. C'était ridicule ! Comment aurais-je pu prévoir qu'elle passerait aussi tôt ? À un moment, ils avaient même dit que les gays avaient une sexualité plus olé olé que la plupart des hétéros, qu'ils avaient plus de partenaires sexuels et qu'ils étaient plus susceptibles de contracter des MTS ! Ça m'avait mis hors de moi ! Putain de statistiques ! On n'était pas tous comme ça, bon sang ! J'avais des amis hétéros qui enchaînaient autant de one night que ce qu'ils rapportaient sur la sexualité des homosexuels.
L'attente du verdict final me parut interminable. Je tapai discrètement du pied contre le sol et tapotai la table de mes doigts. Je détestais ça. De mon métier, c'était ce que je haïssais le plus, ce moment où tu ne savais pas si tu t'étais fourvoyé ou non. Repenser à tout le procès, revoir ses erreurs, tout en sachant qu'on ne peut pas revenir en arrière. C'était tout bonnement horrible.
Pour me calmer, je décidai d'aller prendre une marche dans les couloirs du Palais pour me dégourdir les jambes un peu. Ça me ferait sûrement du bien.
Au bout d'une heure, peut-être deux, le juge annonça qu'il était prêt à rendre sa décision. Des papillons dans le ventre, je me rassis à ma place, tentant de calmer par de grandes respirations les battements frénétiques de mon cœur. Je posai mes mains à plat sur mes cuisses pour éviter de tripoter nerveusement mon stylo.
— Après avoir pris connaissance des preuves de chacun des parties, je suis en mesure de livrer un jugement hors de tout doute raisonnable. Pour commencer, il est pour moi clair que la défense n'est, pour moi, pas un mauvais père.
Je sentis un énorme poids disparaître de sur mes épaules.
— Mais, poursuivit le juge, un homme célibataire et gay accumulant les « coups d'un soir », comme vous les appelez, jour après jour, n'est pas apte à élever une enfant en bas-âge seul.
Je crispai imperceptiblement la mâchoire. Alexandra affichait un sourire satisfait. Un sourire de garce.
— C'est pourquoi je donne un mois à la défense pour se stabiliser. La défense aura un mois pour se marier et me prouver qu'elle est apte à prendre soin convenablement de sa fille. Durant la durée de ce laps de temps, l'enfant habitera chez sa mère. Si à la fin du mois, les conditions sont remplies, les semaines de garde reprendront comme à la normal. Dans le cas contraire, la garde de l'enfant sera attribuée de manière permanente à la mère. Vous êtes libres. Vous pouvez quitter le tribunal.
Le juge tapa son marteau et referma sèchement son dossier.
— Merci à vous. L'audience est levée.
Je restai un moment sans bouger, complètement figé. Depuis que j'avais commencé en droit, je n'avais jamais entendu pareil jugement... J'en étais tout retourné. Je refusais d'y croire. Moi, me marier ? C'était ridicule... Je ne pouvais pas... Ça n'avait jamais fait partie de mes plans. Ma vie de célibataire endurcie me convenait parfaitement. Et pourtant... si je ne voulais pas perdre Léa, il ne me restait qu'une seule solution envisageable... Je n'avais pas le choix. Avoir ma fille près de moi, même seulement une semaine sur deux (le paradis pour n'importe quel parent ne sachant pas ce que c'était), ça ne se comparait à rien... Ce n'était pas quelque chose que je pouvais mesurer. À côté, un mariage n'était rien. Alors, pour Léa, j'allais le faire...
J'allais me marier.
Ne restait plus qu'à savoir avec qui.
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Comment dire...? Non, je ne pense pas que ce soit possible qu'un tel verdict soit rendu dans une cours normale, mais c'était nécessaire à l'intrigue du roman. Puis, sincèrement, qui va s'en plaindre? ;)
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