Chapitre 10
Chapitre 10.
J'avais cette manie – mauvaise, certains diraient – de toujours remettre les choses à plus tard. Ça m'évitait de devoir me faire chier quand je pouvais m'amuser ou de trop stresser avant le jour J. De ce fait, nous étions jeudi et je n'avais toujours pas trouvé de cadeau à offrir à Andreas. Oui, un cadeau parce que, voyant qu'il ne m'avait toujours pas répondu et en déduisant qu'il devait être encore un peu en colère contre moi, j'avais fini par m'énerver et lui envoyer :
Rob : Je n'aurais pas dû te dire que j'avais besoin d'y réfléchir, désolé. Tu peux venir jeudi soir. En fait, viens, s'il te plaît.
Je ne voulais pas perdre Andreas pour ça! Et tant pis pour ce que Alexandra pourrait en penser si elle venait à le découvrir par le biais de Léa qui ne savait pas tenir sa langue comme tout bon enfant ou par quelqu'un d'autre.
Il ne m'avait pas répondu, mais j'espérais qu'il vienne quand même. Le soir venu, j'avais acheté du vin, sorti deux coupes sur le comptoir et m'étais forcé à cuisiner un truc qui soit mangeable en suivant une recherche sur internet. Je n'allais tout de même pas faire manger du fast food à ma fille! Attablée, Léa me jeta un regard entre deux bouchées :
-Pourquoi est-ce que tu ne manges pas avec moi, papa?
Je lui souris.
-Parce que papa attend un invité avec qui il aimerait beaucoup souper.
Elle haussa les épaules et ne posa pas davantage de question. Elle savait que j'essayais de lui donner le maximum de mon temps, malgré son jeune âge, et elle connaissait aussi mon métier, savait qu'il m'arrivait d'avoir des dossiers urgents de dernière minute ou de recevoir des clients importants à la maison.
Je la regardai manger, la couvant d'un regard attendri tout en tripotant distraitement mon portable entre mes doigts, attendant un message, un signe de vie, n'importe quoi pouvant provenir d'Andreas. Je me faisais moi-même penser à une collégienne en chaleur... Étais-je donc descendu si bas? Jamais encore – excluant Dylan – je ne m'étais autant préoccupé de ce qu'un autre gars pourrait bien penser. Ça me jetait les boules!
Pour passer le temps, j'essayai d'appeler Dylan, mais bien sûr, lui non plus, ne répondait pas. Simon et Sam devaient être occupés au club, alors je n'osais pas les déranger. Me restait plus qu'Elijah. Étonnamment, il répondit.
-Hey, Rob. Tu as eu la demande d'un nouveau client?
-Ah... non, dis-je.
-Oh, alors de quoi il s'agit? Un nouvel investisseur?
Je me mordis la lèvre.
-Rien de tout ça. C'est un chouia plus... personnel.
-Personnel?
Je pouvais presque l'imaginer soulever son sourcil, en interrogation, d'ici.
-Eh bien, ça a rapport avec un gars...
-Tu sais, je suis avec Dylan depuis presque deux ans, je ne suis pas certain de pouvoir te conseiller sur tes one night. Je n'ai pas d'expérience avec ça!
Quelqu'un d'autre aurait pu penser qu'il était sérieux, mais je savais très bien que Elijah cherchait simplement à se moquer de moi. Je grimaçai.
-Je ne sais même pas ce que c'est avec lui..., maugréai-je.
Tout était confus dans ma tête. Je n'étais pas certain de vouloir quelque chose de sérieux. Ma vie libertine de célibataire couchant à gauche et à droite me convenait très bien. Je secouai la tête.
-Enfin, ce gars-là est supposé venir à la maison ce soir et je voulais lui offrir un cadeau, mais j'ai carrément oublié d'en acheter un et je n'ai aucune idée de ce qu'il aime ou pas...
-Du chocolat ou une rose?
-C'est trop impersonnel. Tu sais, je suis tout de même assez intelligent pour avoir penser à ça! De toute manière, je n'ai plus le temps d'arrêter en magasin!
-Alors, j'ai peut-être une idée. Ça va te demander de mettre un peu d'orgueil de côté, mais c'est le cadeau que j'ai offert à Dylan pour sa fête et il a semblé apprécier...
-Tu sais, je ne crois pas que le gars qui va venir et Dylan se ressemblent...
-Fais-moi confiance, c'est un truc infaillible.
Je me tus et le laissai parler, curieux malgré moi. Son idée n'était pas folle du tout... Certes, un peu timbré, mais j'étais prêt à un peu n'importe quoi pour me faire pardonner.
***
Il était passé 11h et Andreas n'était toujours pas venu. Léa était couchée depuis déjà trois heures et je commençais, moi aussi, à être fatigué.
Minuit moins le quart et toujours aucun signe de vie. J'étouffai un bâillement, me résignant : je devais me rendre à l'évidence, Andreas ne passerait sûrement pas ce soir. Mon texto l'avait sûrement vexé et il voulait me donner une seconde leçon sur la manière de traiter ses rencards. Je m'étais déjà mis à genoux une fois et j'en vins à me demander si cela me dérangerait de le refaire...
Je me levai du sofa, appuyant mes mains sur mes cuisses et me dirigeai vers ma chambre. J'avais sommeil et il était plus que temps d'aller au dodo.
Au moment même où je terminai de me déshabiller pour me glisser au lit, la sonnette retentit. Une ride apparut au milieu de mon front.
-C'est pas vrai? Pensai-je à voix haute. À cette heure?
Alors que je venais de perdre toute espoir et de laisser tomber? Je me glissai dans un peignoir que je nouai sommairement autour de ma taille pour aller répondre à la porte. J'étais persuadé qu'il devrait existé une règle pour le proverbe « vaut mieux tard que jamais », car il était réellement trop tard, là. Je tombais de sommeil!
Bien sûr, lorsque j'ouvris la porte, il était là, Andreas était là avec un gros bouquet de roses qui me jaillit en plein visage. Derrière les fleurs, il me sourit.
-Désolé pour le retard, je me suis dis que je ne pouvais pas venir les mains vides, mais tous les fleuristes étaient fermés à cette heure, alors j'ai dû faire beaucoup de stations de métro pour en trouver un qui le soit encore, considère que ça me pardonne pour le retard, ok? Encore désolé.
Comment lui en vouloir? Il était craquant! J'étais prêt à crever de sommeil d'une seconde à l'autre, mais un sourire éclaira mon visage et je lui pris son bouquet des mains, avant de le laisser entrer dans la maison.
-Merci, dis-je. Moi aussi, j'ai un cadeau pour toi. Je suis désolé pour toute cette affaire avec mon ex-femme et pour mon texto, ce n'était pas très délicat de ma part, je n'ai pas réfléchi.
Les yeux d'Andreas se mirent à briller, tandis qu'il me suivait à l'intérieur.
-Un cadeau?
-Hum... oui.
Je passai dans la cuisine prendre un vase que je remplis d'eau pour y mettre les roses dont les épines avaient été retranchées.
-Enfin, dis-je sans regarder Andreas, je ne savais pas ce que tu aimais, personne n'était en mesure de me renseigner dans les délais et j'ai pensé que du chocolat serait trop impersonnel et, quant aux fleurs, que cela te vexerait peut-être, ferait trop féminin. Enfin, je ne trouve pas que ce soit féminin, j'aime bien, rassure-toi, mais j'avais peur de ce que, toi, tu pourrais penser, tentai-je de m'expliquer avec l'impression que je ne réussissais qu'à m'enfoncer davantage à chaque mot.
Mes paumes de mains serrèrent le rebord du comptoir. Je fermai les yeux et pris une grande respiration. Je devais me calmer et aligner mes pensées d'une manière qui soit un minimum cohérente.
-Alors, j'ai choisi un cadeau un peu particulier... original, voire.
-Eh bien, qu'est-ce que c'est que ce fameux présent? Demanda Andreas avec curiosité.
Il semblait trouver ça drôle. Je me tournai vers lui et défit le cordon de mon peignoir sous lequel j'étais complètement nu. Les pans de ma robe de chambre s'ouvrirent tout grand, dévoilant tout ce qu'il y avait à dévoiler.
-Le cadeau, c'est... moi.
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