EMOTIVE LETTERS ✧ THIRD

⋆˚༘.

          LES RUISSEAUX ornant les sentiers s'étaient engagés dans une course effrénée, modifiant chaque parcelles des chemins auparavant dessinés à travers les feuillages et quelques arbres délabrés. La pluie torentielle était incessante, l'eau continuait de se frayer un passage dans la terre sur laquelle Jisung s'engouffrait dans un défi surhumain. Ses baskets patinaient à chaque pas effectué et il se sentait partir lorsqu'il manquait de tomber à plusieurs reprises. Parfois, des gouttes salées venaient se mêler à l'eau glacée se déferlant avidement contre son visage. Le corps tremblant de frayeur, le blondinet essayait affreusement de pouvoir atteindre sa destination tant désirée.

Lorsqu'il parvint enfin à voir cette faible lumière lointaine, il sentit son coeur chavirer. Jamais il n'aurait pensé, que distinguer la douce lueur d'un lampadaire lui aurait procuré un soulagement aussi immense. Puis, de ses mains tremblantes et glacées, il poussa difficilement le bout de ferrail brisé qui lui servait auparavant de vélo. Jisung redécouvrit les alentours de son village auquel il portait une affection des plus particulières, avant de continuer sa quête le corps frissonant aux vents violents.

La nuit obscure plongeait l'endroit dans un néant sans joie, par lequel les habitants semblaient habitués. Mais il y avait toujours cette ardente lumière verte qui s'émanait entre deux appartements délabrés. Un faible sourire naquit au coin de ses lèvres frileuses, lorsque ses pupilles s'étaient laissées hypnotiser par cette chaleur visuelle qu'offrait la belle pharmacie. Ses pas frappèrent rapidement contre le sol avant qu'il n'aille lâcher son vélo contre l'un des murs extérieurs il poussa bruyamment la porte d'entrée, essoufflé.

« Bons- ... un long silence s'installa, avant que le noiraud ne se lève brusquement du comptoir, Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? s'étonna-t-il presque. »

C'était comme si à l'instant leurs regards s'étaient mélangés dans un bain d'émotions.

« Je viens prendre les médicaments de ma grand-mère, expliqua Jisung en tenant son bras, et aussi des bandages. »

A l'instant même l'orage gronda et le blond eu l'horrible envie de s'accroupir et de disparaître.

« Le temps est vraiment affreux... Tu vas repartir chez toi ?

— De toute façon, je ne vois pas où j'irais. Je dois arriver chez ma grand mère demain.

— Je peux t'héberger, je dois surveiller la pharmacie ce soir, continua le brun en rangeant quelques boîtes à l'étagère de droite, et puis, viens je vais aller te chercher quelque chose pour te réchauffer.

— Ce n'est pas la peine, je peux rentrer chez-

— Jisung. S'il te plaît. »

Le blondinet déglutit, baissant nerveusement le regard sur ses baskets abîmées par la boue avant de se permettre de les retirer. Alors qu'il se dirigeait vers la réserve, il constata que même ses chaussettes parvenaient à laisser de légères traces humides contre le sol froid. Ses oreilles se laissaient bercer par la pluie qui frappait contre le toît et il sentait son coeur s'envelopper dans une légère chaleur lorsqu'il fermait les paupières.

« J'ai retrouvé ça, tu peux te changer dans la réserve si tu souhaites avoir ton intimité. J'espère que ça ne te déplait pas trop.

— Ça ira, merci, lui répondit Jisung en prenant les vêtements miraculeux, afin de se diriger vers l'endroit nommé pour se changer. »

La chaleur s'empreignait tendrement de son corps auparavant gelé par la pluie glaciale, et il huma le doux parfum des vêtements que lui avait procuré le jeune garçon. Il s'assit alors contre le mur, hypnotisé par le son qui s'écoulait contre les parois extérieures. La tête collée à celles-ci, il se permettait parfois de se baigner dans le plus doux des silences. Mais alors qu'il se laissait complètement envahir par cette rassurante chaleur s'émanant des vêtements, il se leva enfin, pour rejoindre le second homme.

« Merci beaucoup, de m'avoir prêté tout ça, marmonna presque le blondinet en ayant ses vêtements trempés dans ses mains, excusez moi, mais comment connaissez-vous mon prénom ?

— Ta grand-mère a prévenu la pharmacie.

— Donc vous saviez que j'allais venir ?

— Pas à une heure pareille, mais il faut croire oui, rigola le brun. Tu sais, on peut se tutoyer, je ne suis pas si vieux, on devrait avoir le même âge. Ça me gêne quand c'est beaucoup trop formel.

— Je pensais que v- ... Enfin, que tu étais le propriétaire ? Il marqua une courte pause, avant de reprendre, après tout, ce n'est pas comme si je te voyais toujours ici, enchaîna Jisung ironiquement.

— Je suis Minho, Lee Minho. J'aide ma tante à tenir la pharmacie le soir après le lycée. Ça me fait plaisir que tu décides enfin à me parler, termina-t-il avec un adorable rire.

— Désolé, je n'aime pas parler aux inconnus, déglutit Jisung, mais enchanté. »

Tendrement, il se laissa emporter par la douce voix du ténébreux, qui ne cessait de le faire voyager à travers de multiples histoires joliment contées. Et alors, parfois ça lui arrivait d'être autant charmé par de simples mots. Les lettres s'émoustillant à travers son être, les nuances verbales s'entremêlant dans sa tête. Il est séduit. Par tant de tendresse. Il est séduit. Par les courants émotifs. Pas même la pluie le distrait, il est oublié, noyé des échanges vocaux qui faisaient vibrer son coeur. Ses yeux mémorisaient. Ses oreilles oubliaient. Il n'écoutait plus, il regardait. Puis, il ferma les yeux, enfin caché de l'affreuse misère. Les paupières lourdes de porter le fardeau de la pauvreté. Et il se sentait écouté, même si aucun mot s'est échappé. Et il se sentait vivre, même s'il n'avait jamais existé.

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