Chapitre 68 : Alastor doit s'expliquer
Il devait être pas loin de dix heures du matin lorsque Vicky et Alastor ouvrirent les yeux. Après le bal de la St Valentin qui s'était terminé assez tard et leur première fois ensemble, ils s'étaient endormis profondément l'un contre l'autre, la jeune femme n'ayant même pas pris la peine de regagner sa propre chambre, tellement elle se sentait bien dans les bras du démon de la radio. Le soleil de Pentagram City inondait depuis longtemps la pièce de ses rayons bien rouge, réchauffant les lieux comme à son habitude.
Alastor consulta sa montre à gousset, posée sur sa table de nuit et poussa un soupir en constatant qu'il allait (encore) se faire disputer par Husk, il avait deux heures de retard par rapport à l'heure habituel ou il préparait le petit-déjeuner, mais il était tellement bien avec Vicky qu'il ne souhaitait quitter son lit pour rien au monde. Le corps nu de sa compagne contre le sien lui faisait beaucoup tellement de bien...
-Tu vas encore te faire engueuler par Husk, pas vrai ? Lui dit la jeune femme, sur le ton de la plaisanterie.
-Je m'en fiche, répondit Alastor en se collant un peu plus contre elle, de toute façon il râle tout le temps, pour un oui ou pour un non.
Leur vêtements et sous-vêtements jonchaient le plancher de la chambre un peu partout, mais les deux amoureux n'en avait que faire, ils étaient tellement bien au chaud sous la couette, rien que tous les deux. Alastor attira une nouvelle fois Vicky contre lui et l'embrassa tendrement sur les lèvres, avant de lui demander :
-Tu as bien dormi ?
La jeune femme balada ses mains sur son torse nu et ses épaules, avant de répondre :
-Oui très bien, et toi ?
-A merveille.
Ils s'embrassèrent de nouveau, lorsque quelqu'un frappa soudain à la porte de la chambre, ce qui fit sursauter les deux démons.
-Eh Al ! T'es encore en train de dormir, espèce de feignasse ?! Magne-toi le cul, y'en a en bas qui ont la dalle !
C'était Husket il n'avait pas l'air content du tout, comme d'habitude.
-J'arrive mon ami, soupira Alastor, j'arrive.
Contraint, Alastor quitta donc son lit et surtout le corps chaud de son amoureuse. Il ramassa à la va-vite ses vêtements de la veille et les jeta dans son panier de linges sales, dans sa salle de bain et s'approcha de sa baignoire ou il tourna les deux robinets pour faire couler de l'eau, avec la ferme intention de prendre un bon bain, avant de descendre à la cuisine pour affronter Husk et se mettre au travail.
-Je suis navré ma chérie, dit-il à Vicky, le devoir m'appelle.
Vicky, toujours dans le lit, prit une bouille chagrinée, ce qui attendrie Alastor qui ne put résister à l'envie de lui faire un nouveau baiser sur les lèvres, avant de se diriger vers sa salle de bain.
-Si tu veux te laver, je te laisserais prendre la suite derrière moi !
-Oui je veux bien, merci ! Remercia Vicky avec un large sourire tendre.
Alastor lui rendit tendrement son sourire, avant de refermer la porte de la salle de bain derrière lui. Vicky, pour sa part, se saisit de son téléphone portable avec l'idée en tête de se balader un peu sur ses réseaux sociaux, pour patienter. Elle ne l'avait pas allumé depuis au moins trois jours, tant elle s'amusait bien avec Alastor et elle était sûr d'avoir plein de notifications au démarrage, du style des publications Instagram ou Tik Tok non vus ou alors... tiens, quatre SMS non lus et un appel manqué, qui cela pouvait-il être ?
Elle alla dans ses messages et se rendit compte avec effroi que ces quatre SMS venaient tous de Vox. Mince, se dit-elle, avec tout ça je l'avais complétement oublié ! Tous ses messages semblaient insistants et inquiets, comme si son manque de réponses l'avaient affolé, elle s'empressa donc de lui répondre, afin de le rassurer au maximum :
« Coucou Vox, pardon de ne pas t'avoir répondu, je n'avais pas vu tes messages. Tout se passe toujours bien à l'hôtel, je n'ai de problèmes avec personne. »
Son message était assez court, mais pas question pour Vicky de dire la vérité à Vox, elle ne voulait pas le blesser en lui révélant qu'elle venait de se mettre en couple avec son rival et pire encore, qu'elle avait couché avec lui la nuit dernière. Elle était sûr et certaine qu'il le prendrait vraiment très mal.
Vicky envoya son message à Vox et voulut reposer son portable sur la table de chevet, situé à côté d'elle, mais elle le posa mal et ce dernier tomba à terre, sur la moquette qui se trouvé sous le lit d'Alastor.
-Et merde ! Jura Vicky. J'espère qu'il n'est pas cassé !
Elle s'enroula le corps dans l'une des couvertures de l'Overlord de la radio, histoire de se couvrir un peu et s'agenouilla pour récupérer son téléphone. Elle le retrouva carrément sous le lit et dut s'allonger par terre, pour tendre son bras et le saisir, mais elle repéra soudain quelque chose un peu plus loin sous le lit qui l'intrigua, c'était un carton un peu poussiéreux, qui semblait contenir des vieux journaux, à en juger par une page en noir et blanc qui dépassait un peu de ce dernier.
Qu'est-ce que c'est que ça ? Se demanda-t-elle.
Elle ressortit du dessous du lit, son portable dans une main qu'elle posa sur la table de chevet et en trainant le carton de l'autre, qu'elle nettoya un peu, avant de le poser sur le lit de son amoureux. Sans hésiter, Vicky vida l'intégralité du carton sur le lit, laissant ainsi se répandre une bonne petite trentaine de journaux, qui semblaient tous dater du siècle dernier, à en juger par leur état. Pour la plupart, ces journaux étaient abimés par endroit, ils avaient tous les pages jaunies – typique de vieux papiers qui vieillissaient, mais ils avaient tous une chose en commun : ils dataient tous de l'année 1930 et chaque première page de ces derniers, relataient des faits divers qui s'étaient tous déroulé entre les mois de Février et Octobre 1930.
Dans un premier temps et pour y voir plus clair, Vicky prit tous les journaux en même temps et décida de tous les ranger par ordre chronologique, suivant les différents mois de l'année 1930, histoire d'avoir le déroulé des événements dans le bon ordre. Classé ces journaux lui prirent une bonne vingtaine de minutes, mais une fois qu'elle eut terminé, elle se saisit du premier journal en date du 28 Février 1930 et put lire en gros titre : « Charlène Barrow, grande figure de la mode à la Nouvelle-Orléans, retrouvée ce jour assassinée de façon atroce à son domicile ».
Plus qu'intriguée par ce gros titre, Vicky tourna les pages du journal jusqu'à arriver à l'article complet qui était consacré au massacre de cette pauvre femme et au fur et à mesure qu'elle lisait l'article, elle fut prise d'une effroyable envie de vomir son diner d'hier :
« Ce matin, vers 9h00, Elisabeth Coolson la femme de ménage de Charlène Barrow, a retrouvée sa patronne morte assassinée dans son salon de façon atroce.
En effet, en entrant dans la maison, mademoiselle Coolson affirme avoir sentit une affreuse odeur de sang séché et en pénétrant dans le salon, elle aurait retrouvée madame Barrow gisant dans une marre de sang, éventrée au niveau du ventre.
-C'était affreux, nous affirme Coolson, elle a été éventrée comme un porc dans un abattoir, ses organes vitaux étaient sortis et en partit dévorée ! Je n'avais jamais vu pareille horreur de toute ma vie !
Connue dans le pays pour être une créatrice de mode à succès, Charlène Barrow est donc décédée à l'âge de 32 ans seulement. La police lance immédiatement une enquête et un appel à témoin, mais il apparaitrait que le meurtrier qui a assassiné de cette façon madame Barrow se ferait appelé le « Boucher de la Nouvelle-Orléans », d'après les premiers enquêteurs. »
Vicky sentit ses mains trembler, elle craignait de comprendre qui était ce fameux « Boucher de la Nouvelle-Orléans ». Elle reposa donc ce journal et jeta un coup d'œil aux autres, qui affichaient tous des gros titres macabre du style : « Boris Crawford, le médecin de la ville, retrouvé mort, en partie dévoré dans son cabinet », « un groupe de six adolescents pendu et éventré dans une vielle grange abandonné », « La femme du maire morte éventrée à son domicile, nouvelle victime du Boucher de la Nouvelle-Orléans », « un chasseur retrouvé égorgée et éventré dans la forêt » ... et des gros titre de ce genre, il y en avait encore plein et l'un d'entre-eux attira plus particulièrement l'attention de Vicky.
Sur le dernier journal de la file, la jeune femme découvrit en première page la photo d'un jeune homme dans la trentaine, au regard fou, portant des petites lunettes rondes et avec un air que Vicky connaissait très bien. En haut de la photo, le gros titre disait : « Le Boucher de la Nouvelle-Orléans démasqué, Alastor Barrow l'animateur radio de la ville retrouvé mort ce jour, dans une ruelle, partiellement dévoré par des chiens ».
Après lecture de ce journal, Vicky tira des yeux encore plus ronds qu'avant, elle venait enfin de comprendre pourquoi Alastor avait atterri en Enfer et, chose encore plus décevante, elle fut forcée de reconnaitre que Vox avait bien raison lorsqu'il lui disait tout le temps que le démon de la radio était un vrai malade mental. Alastor, son Alastor, son nouvel amoureux qu'elle trouvait si tendre avec elle et si charmant... avait été un dangereux tueur en série, ayant trente assassinats à son actifs... quel horreur !
La porte de la salle de bain se rouvrit soudain et le démon-cerf en sortit, le sourire aux lèvres, une serviette autour de la taille, une autre dans ses cheveux et se sifflant un petit air joyeux.
-Me revoilà ma chérie ! Lança-t-il gaiement. Tu peux aller te laver si tu veux !
Mais Vicky ne lui répondit pas, n'en revenant toujours pas de ce qu'elle venait de découvrir sur son nouvel amoureux. Elle se contenta simplement de se tourner lentement vers lui, la peur se lisant très clairement dans son regard et le journal toujours dans ses mains. En voyant ce qu'elle tenait, Alastor coucha ses oreilles de chagrin et de peur mélangé et poussa un profond soupir.
-Oh non... je savais bien que j'aurais dû cacher ces fichus journaux ailleurs que sous mon lit...
Face à sa réponse, Vicky resserra la couverture sur elle et s'avança de façon un peu méchante vers l'Overlord de la radio, en lui brandissant le dernier journal annonçant sa mort, sous le nez.
-Tu... tu... tu as... tu étais... ? Bredouilla-t-elle de peur et de colère en même temps.
Alastor perdit son légendaire sourire charmeur habituel, il se saisit du journal que lui brandissait son amoureuse et, sans répondre, plongea ses yeux rouges sang dans le regard fou à lier de celui qu'il avait été auparavant, sur la photographie en noir et blanc du bout de papier. Il n'aimait vraiment pas ce qu'il voyait actuellement et redoutait vraiment la réaction de Vicky, maintenant qu'elle avait découvert la vérité. Les larmes lui montèrent aux coins des yeux, sans qu'il puisse faire quoi que ce soit pour les retenir.
-Oui, finit-il par répondre dans un murmure désespéré, j'ai été l'un des plus grands tueurs en série des Etats-Unis dans ma vie, j'ai tué 30 personnes en un an à peine...
-Et tu comptais m'en parler quand ? Se fâcha violemment Vicky. Le jour ou tu en aurais eu assez de moi et ou tu m'aurais tué, comme tu as tué cette pauvre femme !
Elle montrait le premier journal qui annonçait la mort de Charlène et à la vue de ce dernier, Alastor coucha encore plus les oreilles et choisit de s'assoir sur son lit, sans même penser à s'habiller. Il plongea son visage dans ses mains et sembla pleurer, car Vicky le vit trembler et entendit des sanglots s'échapper de lui.
-S'il te plait, supplia-t-il soudain en ressortant sa tête de ses mains, ne me juge pas comme ça... tu n'as pas idée à quel point je regrette tout le mal que j'ai fait dans ma vie...
Il renifla et laissa son chagrin s'exprimer quelques minutes, avant d'ajouter :
-Si j'avais voulu te faire du mal, je l'aurai déjà fait dès notre première rencontre.
Ses larmescoulaient le long de ses joues tels des torrents, ce qui fit beaucoup de peineà Vicky malgré tout.
En le regardant dans les yeux, elle se rendit bien compte qu'il était véritablement chagriné par sa réaction, même s'il l'a comprenait tout à fait et en y repensant, il était vrai que depuis le temps qu'elle trainait avec lui, Alastor n'avait jamais levé la main sur elle ou tenté de lui faire quoi que ce soit d'autre, au contraire, il l'avait protégé, réconforté à de maintes reprises et il lui avait même appris à se défendre. Donc, de toute évidence, il ne lui ferait jamais de mal et semblait n'avoir plus rien à voir avec le dangereux tueur en série cannibale qu'il avait été autrefois dans sa vie.
Aussi, elle calma sa colère et vint s'assoir sans aucune crainte à côté de lui, en lui prenant l'une de ses mains dans les siennes.
-Je ne te ferais jamais de mal, répéta Alastor en essuyant ses larmes d'un revers de main, je t'ai fait une promesse. Je t'aime beaucoup trop pour te faire subir la même chose qu'à mes précédentes victimes... et je regrette tellement ce que j'ai fait...
Il se remit à pleurer et cette fois-ci, n'y tenant plus, Vicky l'entoura de ses bras et l'invita à venir se blottir contre-elle. Alastor posa sa joue sur les seins de son amoureuse et se laissa bercer par ses caresses et ses mots rassurants, tout en fermant les yeux, afin de se concentrer sur les battements de son cœur, qui sonnaient à ses oreilles comme une douce berceuse réconfortante.
-Je suis désolée, s'excusa la jeune femme, j'ai un peu trop surréagis...
-Non, dit Alastor en se redressant, c'est moi qui suis désolé, j'aurai dû t'en parler bien avant. Normalement dans un couple, on est sensé tous se dire, mais j'avais tellement peur de ta réaction, j'avais tellement peur que tu me prennes pour un montre et que tu m'abandonnes...
De nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues, Vicky resserra donc son étreinte sur lui et le berça quelques minutes pour le rassurer.
-Raconte-moi ! Lui dit-elle.
-Quoi ? S'exclama Alastor.
-Raconte-moi en détail comment as-tu pu en arriver à faire tout ça ? Répéta Vicky. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans ta vie pour que tu perdes les pédales à ce point-là ?
Le démon de la radio regarda longuement sa compagne, l'air dubitatif, il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée de lui parler de ça, mais bon... il n'avait pas trop le choix visiblement. Alors, il se saisit du journal parlant de l'assassinat de Charlène, la colère grimpant en flèche dans son cœur en repensant à ce que cette sorcière lui avait fait, et il se lança dans son récit, Vicky l'écoutant avec une attention toute particulière...
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