Chapitre 59 : Cynophobie, ou la peur des chiens
La fin de la journée arriva enfin, au grand soulagement d'Alastor et de Vicky, qui se sentaient un peu fatigués. Ils avaient terminé de préparer tous les plats pour le buffet du bal et ne demandaient à présent qu'à remonter dans leur chambres respectives pour prendre un bon bain, manger quelque chose et enfin se reposer.
-Et voilà, souffla le démon de la radio, c'était le dernier plat.
Il venait de ranger dans l'immense frigo de la cuisine un plat de viande, arrosé d'une petite sauce, avant d'en refermer la porte, soupirant de soulagement d'avoir enfin terminé.
-Je n'ai jamais autant cuisiné de toute ma vie, marmonna Vicky, j'ai besoin de me reposer.
-Moi aussi.
Alastor essuya un peu le plan de travail avec une éponge, avant de se tourner vers la jeune femme, avec un regard d'envie :
-Alors myladie, quel est donc ce film que vous voulez absolument me faire regarder, qui me rappellerait mon chez-moi ?
Face à l'enthousiasme dont faisait preuve Alastor, Vicky se mit à rire, avant de répondre :
-Vous verrez, rendez-vous dans votre chambre juste après l'heure du bain, nous pourrions même diner ensemble devant la télé, si vous voulez.
Face à cette proposition, le démon de la radio esquiça un large sourire, ce programme lui convenait parfaitement, à la différence qu'il n'avait pas du tout envie de se remettre à cuisiner pour préparer le diner, après la journée intense qu'il venait de passer. Néanmoins, pour ne pas laisser l'ensemble de l'hôtel crever de faim ce soir (et aussi pour ne pas se faire disputer par Husk), il décida de commander des centaines de pizzas, livrés directement à l'hôtel. La commande devrait arriver dans l'heure qui suivrait, normalement, cela laissait donc amplement aux deux amoureux le temps de se détendre un peu dans leur baignoire...
***
Charlie était occupée à l'accueil à trier quelques papiers avec Vaggie, lorsque quelqu'un frappa trois coups à la porte de l'hôtel. Les deux démones levèrent la tête de leur paperasse.
-C'est qui à cette heure-là ? Dit Vaggie.
Elle sortit son portable de sa poche de jupe.
-Il est 20h00 pile...
-Je ne sais pas, répondit Charlie, je vais aller voir.
La princesse des Enfers s'en alla donc vers la double porte d'entrée et l'ouvrit sans aucune crainte, elle se retrouva face à un démon crapaud, qui portait dans ses mains une pile de 22 pizzas et plein d'autres à l'arrière de son fourgon.
-Bonsoir princesse Charlie, dit-il, v'là vot' commande de 107 pizzas toutes chaudes !
La fille de Lucifer tira des yeux ronds en entendant le livreur. Qu'est-ce qu'il venait de dire là ? 107 pizzas ? Mais... qui a commandé ça ? Ce n'était pas elle en tout cas, elle en était sûr, ni Vaggie...
-Euh... deux secondes s'il vous plait, dit-elle en refermant la porte au nez du livreur.
Elle se dirigea furax dans le grand salon de l'hôtel et se planta devant Angel Dust, assis dans un canapé, occupé à lire un magazine pornographique pour hommes, en même temps qu'il fumait une cigarette.
-C'est quoi encore cette connerie Angel ?! Dit-elle les poings serrés. T'as commandé 107 pizzas ?!
Ce dernier levit les yeux de sa lecture plus que plaisante et écrasa son mégot dans un cendrier, situé sur l'accoudoir du canapé, avant de répondre en fronçant les sourcils :
-De quoi ? Mais j'ai rien fait moi !
-Ouais c'est ça ! Attaqua de nouveau Charlie. Tu commences à me gonfler avec tes farces débiles !
-Mais j'te dis que j'ai rien fait !!!
Husk fit irruption dans le salon, une facture à la main plus qu'hallucinante.
-Bordel de merde ! Dit-il. Je ne voudrais pas être à la place du couillon qui va régler la note !
Charlie se détourna d'Angel une seconde et se tourna vers le démon chat, qui lui tendit la facture des pizzas, que le livreur lui avait donné juste après le départ de la princesse des Enfers. La fille de Lucifer tira à son tour des yeux exorbités en voyant le prix net à payer, en bas de la feuille : 1605$ au total, en sachant qu'en Enfer la pizza à l'unité coutait déjà 15$... la carte bancaire allait avoir très, très mal.
-Oh putain Angel, t'es sérieux là ?! Râla Vaggie, qui s'était penché au-dessus de l'épaule de sa copine. La facture on dirait un SMIC d'un salarié débutant !
-Mais c'est pas moi bordel !!! S'énerva-t-il.
Mais ni Husk, ni Charlie et ni Vaggie ne semblaient convaincus par ses dires, si bien qu'une dispute éclata entre-eux...
***
Alastor se fit couler un bon bain bien chaud, heureux que cette journée se soit enfin terminé, lui qui d'habitude adorait cuisiner, il se sentait un peu comme un accro aux drogues ayant fait une overdose, après avoir trop ingéré de produits stupéfiants.
Retirant ses vêtements, il plongea dans l'eau bien chaude et commença à se laver, appréciant énormément le contact de l'eau sur sa peau, c'était limite s'il ne se serait pas endormie dans son bain tellement il s'y sentait bien. Mais bon, malheureusement c'était un luxe qu'il ne pouvait pas se permettre ce soir, il était attendu par Vicky pour diner et tandis qu'il se savonnait, il en vint à se demander de quoi la jeune femme parlait tout à l'heure...
-Bah, je verrais bien, se dit-il.
Il termina de se laver puis, après s'être séché, il entreprit de s'habiller et choisit de sortir de son armoire l'une de ses plus belle chemise rouge, ainsi que l'un de ses pantalons qu'il ne gardait que pour de très rares occasions. Après quoi, il quitta sa chambre et consulta l'heure sur la montre à gousset de son défunt père : 20h00 pile, le livreur de pizzas ne devrait pas tarder à arriver avec sa commande.
Vicky sortit de sa chambre, vêtue d'un simple jean et d'un tee-shirt blanc à fine bretelles.
-Rebonsoir Alastor, dit-elle toute joyeuse, on va voir si nos pizzas sont arrivés ? Vu l'heure qu'il est, je pense qu'elles ne devraient plus tarder.
Le démon de la radio coucha légèrement ses oreilles de cerf en arrière, il y avait quelque chose sur le tee-shirt de Vicky qui ne lui plu pas du tout et l'effraya même. Un petit animal à quatre pattes, avec de longues oreilles et tout crocs sortis se trouvait de dessiner dessus.
-Euh... Victoria, bredouilla-t-il les yeux exorbités de frayeur, est-ce que... est-ce que c'est un chien sur votre vêtement ?
La jeune femme baissa les yeux sur son tee-shirt puis, les leva de nouveau en direction de son interlocuteur, elle fronça les sourcils car ce n'est qu'à cet instant qu'elle constata la présence de la frayeur qui s'était soudainement emparé d'Alastor. Il avait réellement peur, ses oreilles plaqués en arrière le confirmait.
-Vous avez peur des chiens ? Se risqua-t-elle à demander.
Prenant appuie contre le mur, le démon cerf tenta de reprendre le contrôle de son rythme cardiaque et de penser à autre chose, mais c'était déjà trop tard, un affreux souvenir lui revint en mémoire...
Il faisait nuit noir dans les rues de la Nouvelle-Orléans, tout le monde étaient partie se coucher depuis longtemps et mis à part quelques promeneurs nocturnes et quelques musiciens de rue, il n'y avait pas un chat dehors.
-Allez voir dans cette rue les gars ! Et toi viens avec moi, on va aller voir par-là ! Cria soudain la voix d'un homme, au détour d'une ruelle.
-Il faut retrouver ce taré et le flinguer, avant qu'il ne fasse plus de victimes ! Ajouta un autre.
Un groupe d'une dizaine d'hommes, dont cinq policiers armés jusqu'aux dents, remuaient toutes les rues et ruelles de la ville, à la recherche d'un dangereux individus, qui venait de commettre un meurtre absolument horrible.
Tôt dans la soirée, le maire de la ville rentrait chez-lui après sa journée de travail, et découvrit avec horreur que sa femme avait été assassinée de manière extrêmement sauvage, en plein milieu du salon de la maison. Le pire étant certainement le fait que la pauvre femme avait été éventrée, telle une bête d'abattoir, les organes sorties et partiellement dévoré, en fait il manquait le cœur et une partie des intestins.
L'une des fenêtres ouvertes de la pièce et un fort courant d'air s'engouffrant à travers les rideaux, le maire avait croisé un court instant le regard effrayant, derrière une paire de lunettes rondes tâchés de sang d'un homme inconnu qui se tenait près du cadavre, un fusil de chasse dans une main et un couteau à viande plein de sang dans l'autre, des pieds à la tête il était maculait de rouge, mais principalement autour de la bouche...
Il faisait trop sombre à ce moment-là, le maire n'était pas parvenu à bien voir le meurtrier de sa défunte épouse, mais il parvint tout de même à mémoriser deux ou trois petits détails. L'homme l'avait toisé d'un regard fou, avant de lui dire, d'une voix sinistre :
-Votre femme s'est très mal comporté avec moi ce matin, je me devais donc de le lui faire payer !
Ces mots avaient résonnés longtemps et de façon lugubre dans les oreilles du maire puis, il vit l'individu repasser par la fenêtre.
-N'ayez pas peur, ajouta le cannibale, à vous je ne vous ferez rien. Sur ce, cher monsieur, je vais vous laisser et vous passer le bonsoir du « Boucher de la Nouvelle-Orléans » !
Et il s'était enfuie sans ajouter un seul mot, mais un rire sinistre digne d'un parfais psychopathe s'éleva dans les airs. Bien évidemment, paniqué et horrifié, le maire s'était aussitôt empressé de prévenir la police de la ville, fournissant les quelques désignations qu'il avait hâtivement retenu du Boucher de la Nouvelle-Orléans et ainsi cette traque avait commencé. Sept policiers et quelques habitants volontaire s'empressèrent d'aider à capturer le cannibale, qui sévissait dans la ville depuis maintenant plusieurs longs mois.
L'un des hommes, tenant en laisse trois chiens de races Doberman, tourna à l'angle d'une ruelle sombre, qui se terminait en cul de sac par un mur relativement haut, menant tout droit vers la forêt et un bout de campagne. Armée d'un pistolet militaire, ses chiens se mirent soudainement à aboyer avec férocité en direction du fond de la ruelle.
-Qu'est-ce qu'il y a les chiens ? Demanda leur maitre en fronçant les sourcils.
Là, dans la semi-pénombre de la ruelle, un individu tentait d'escalader le mur, comme s'il cherchait à s'enfuir, mais sans grand succès. L'homme et ses chiens se rapprochèrent de lui, les Dobermans devenant de plus en plus agressif au fur et à mesure qu'ils approchaient de l'inconnu, et une fois qu'ils furent à bonne hauteur, la lumière de la lune révéla un jeune homme d'à peine trente ans, ses vêtements, son visage et ses cheveux couvert de sang...
-Merde ! Jura l'homme avec ses chiens. EH !!! Cria-t-il pour appeler les autres. JE L'AI TROUVE, RAMENEZ-VOUS !!!
En entendant la cavalcade arriver en courant, le Boucher de la Nouvelle-Orléans se mit à paniquer et tenta une nouvelle fois de s'enfuir, mais un autre homme trois fois plus costaud que lui se jeta sur lui et le désarma sans aucune difficultés.
-Lâchez-moi ! S'énerva le cannibale.
En guise de réponse, l'homme costaud lui mit un coup de poing en pleine figure, faisant voler ses lunettes un peu plus loin.
-TA GUEULE ORDURE ! Vociféra son agresseur. APRES CE QUE TU AS FAIT A L'EPOUSE DE MONSIEUR LE MAIRE ET A TOUTES TES AUTRES VICTIMES, TU MERITES JUSTE DE CREVER, POURRITURE !!!!!!
Un œil au beurre noire et le nez en sang, le cannibale ne parvint plus à se débattre, il était bien trop sonné par le coup qu'il venait de prendre. L'homme costaud le releva et le maintenu debout, afin de mieux le présenter à ses camarades et aux policiers. Le commissaire de brigade s'avança aussitôt, armé d'une lampe à huile et vint éclairer le visage du terrifiant Bouchée de la Nouvelle-Orléans, celui qui terrifiait tout le monde depuis presqu'un an maintenant.
-Alastor Barrow? S'exclama le commissaire. L'animateur radio de notre ville ?
La foule d'individu entourèrent bientôt Alastor, chacun voulant voir le visage de celui qui avait assassiné pas moins de 30 personnes de la ville (des hommes, des femmes et des enfants), entre Février et Octobre de cette année 1930.
-Bonsoir Commissaire, salua Alastor sur un ton froid et inquiétant, merveilleuse soirée n'est-il pas ?
A cette question rhétorique, le policier donna un énorme coup de matraque dans le ventre du futur démon de la radio, lui arrachant un cri de douleur au passage.
-LA FERME ! Hurla-t-il. Espèce de taré, après tout ce que tu as fait tu as juste le droit de fermer ta sale gueule !
Un autre policier ricana et ajouta, sur le ton de la plaisanterie :
-Ca ne m'étonne même pas que ce soit lui le Bouchée de la Nouvelle-Orléans, son abrutis de père l'a eu avec une négresse, ça explique tout !
L'ensemble des policiers et habitants se mirent à rire, mais Alastor sentit un immense sentiment de rage incontrôlable l'envahir :
-Ferme ta gueule, fils de pute ! Vociféra-t-il dans une extrême vulgarité. Je t'interdis de parler de mes parents ainsi !
Les rires se turent et l'homme concerné donna un grand coup de pied dans l'entre-jambes d'Alastor, pour le punir de son insulte. La douleur lancinante arracha de nouveau un cri de douleur au pauvre Alastor, qui s'effondra au sol, des larmes de douleur inondant ses joues. Le commissaire le saisit par le col de sa chemise et le souleva du sol, pour l'avoir près de lui, il lui dit avec menace et en serrant les dents :
-Sale erreur de la nature, un taré comme toi ne mérite même pas que l'on perde du temps à te faire un procès ! Tu vas souffrir !
Il le laissa tomber à terre avec violence, comme s'il n'était rien du tout, avant de dire à ses collègues de se retirer. Avant de quitter la ruelle, il se tourna vers les cinq civiles qui étaient venus les aider dans les recherches et leur dit :
-On vous le laisse messieurs, faites-en ce que vous voulez, vous avez carte blanche ! La justice fermera les yeux pour cette fois !
En entendant ces mots, les cinq hommes esquicèrent tous des sourires sadique, y compris celui propriétaires des trois Dobermans. Une fois les policiers partis, ils se tournèrent vers Alastor et sans prévenir, chacun le rua de coups de pieds et de poings, partout sur le corps.
-Sale ordure, tu vas payer pour toutes les âmes innocentes que tu as prises !
Sous les nombreux coups qui venaient de partout en même temps, le pauvre Alastor ne put se défendre et au bout d'un bon quart d'heure de torture, il finit allongé par terre, grièvement blessé, sonné, les vêtements déchirés et incapable de se relever, tant il avait mal. Soudain, l'homme aux Dobermans s'avança vers lui, ses molosses grognant avec menace, il détacha les laisses et leur dit deux mots à l'oreille « achevez-le ».
Les Dobermans sautèrent sur Alastor et plantèrent leurs longs crocs aiguisés dans sa chaire. Sous des cris de douleur atroces et le bruit de chaires se déchirant, ils le dévorèrent...
Alastor se laissa glisser le long du mur du couloir, ses jambes ne parvinrent plus à le porter tout à coup, il lui semblait que le monde tournait autour de lui et cet immense sentiment d'effroi abominable lui perforait le cœur de partout. L'impression de ressentir de nouveau les morsures de ces molosses le fit éclater en sanglots.
Vicky retourna rapidement à sa chambre et en revint quelques secondes plus tard, avec un autre tee-shirt sur le dos, cette fois-ci de couleur rouge cerise. Elle s'agenouilla devant le démon de la radio et prit ses mains tremblantes de peur dans les siennes :
-Pardon Alastor, je ne savais pas, je ne mettrais plus jamais ce tee-shirt devant vous, je vous le promets.
Le corps tout entier tremblant de peur, les larmes dégoulinant de ses joues, Alastor se cramponna fermement à la jeune femme :
-Ils... ils vont me dévorer ! ILS VONT ME... DEVORER !!!! Hurla-t-il.
Surprise par sa déclaration, Vicky ne sut quoi faire. Elle entoura son nouvel amour de ses bras et le serra contre sa poitrine avec amour, plongeant les doigts de sa main dans ses cheveux rouges et noirs et dans la fourrure de ses oreilles toutes duveteuses. Elle le berçait contre elle avec espoir de l'apaiser.
-Chhhht, lui murmura-t-elle, calmez-vous Alastor il n'y a pas de chiens dans l'hôtel, vous n'avez rien à craindre.
-Pi... pitié, sanglota-t-il contre-elle, ne... ne les laissez pas me faire du mal... !
Chagrinée de voir le démon de ses rêves dans cet état, à cause d'un stupide tee-shirt, la jeune femme resserra sa prise sur lui et lui fit une promesse en guise de réponse :
-Alastor, je vous promet que jamais je ne laisserai aucun chiens vous faire du mal. Je vous en protégerai, promis.
Alastor pleurait encore dans les bras de Vicky et tremblait encore néanmoins, la sincérité de la jeune femme dans ses derniers mots semblèrent le rassurer quelques peu...
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